Renaud s’est lancé dans « la classe dehors », il témoigne…

Tu testes dans ta classe un nouveau dispositif, en quoi cela consiste-t-il ?

Je sors en « classe dehors » depuis la fin du mois de septembre 2021 avec ma classe de GS/CP. Nous sortons presque chaque mardi après-midi, par tous les temps. Nous avons eu beaucoup de chance avec de nombreux jours ensoleillés mais nous avons aussi subi quelques après-midi très fraiches et très pluvieuses. Cela fait partie du jeu et les enfants ne s’en plaignent pas ! En « classe dehors », nous travaillons des compétences comme dans une salle de classe, en essayant d’utiliser ce que l’on trouve sur place. L’avantage étant que les enfants peuvent s’exprimer de manière beaucoup plus libre que dans l’environnement de l’école. Ils découvrent, s’interrogent, parlent, se dépensent, coopèrent, créent,
inventent, deviennent autonomes… Nos après-midis dehors se déroulent toujours de la même façon : nous marchons une vingtaine de minutes puis nous « saluons » la nature et nous rappelons les règles en arrivant sur place. Nous mettons en place notre « classe dehors » (nous disposons une bâche qui sert de point de ralliement et d’abris en cas de mauvais temps). Un petit temps de langage arrive ensuite pour rappeler ce qui a été fait lors de la séance précédente puis nous présentons l’activité « plus scolaire ». Après ce temps de travail, les enfants ont un long moment de jeu libre (45 minutes). Ce temps est très important. Il va permettre aux enfants de construire des cabanes, de creuser, d’observer des insectes, de jouer avec d’autres enfants, … et à l’adulte de les observer. Intervient ensuite un moment calme. Chaque enfant rejoint son « petit coin de nature » afin de se retrouver avec soi-même pour réfléchir, se reposer, se ressourcer, ne rien faire, attendre, danser, … Certains vont au pied d’un arbre, d’autres préfèrent être au milieu du pré, quelques enfants montent dans un arbre et s’assoient sur les branches, des enfants font des mouvements de danse, … Le principal étant que les enfants trouvent l’endroit dans lequel ils se sentent le mieux.

Nous repartons ensuite vers l’école. Les trajets sont l’occasion de travailler l’orientation, la connaissance des panneaux de signalisation, découvrir le patrimoine local, les arbres, les fleurs, les différents graphismes sur les bâtiments, faire une chasse aux nombres, aux sons. Arrivés en classe, nous faisons un petit temps de langage pour revenir sur notre après-midi.

Qu’est ce qui t’a orienté vers cette pratique, qu’est ce qui t’a donné envie de te lancer ?

J’ai toujours eu envie de faire sortir les enfants de la classe. Enseignant dans un petit village rural, nombreux sont ceux qui ne sortent pas ou très peu de la maison pour aller jouer dehors, se promener. Dans un premier temps, je voulais donc les remettre en contact avec la nature. J’en avais l’envie mais je ne le faisais quasiment jamais. Lors du premier confinement, j’ai assisté à la projection en ligne du film « L’école de la forêt finlandaise » par la maison départementale de l’environnement. Ce film a joué le rôle de déclic… reconnecter les enfants à la nature, développer une attitude écoresponsable, apprendre en utilisant tous nos sens, motiver les enfants, lâcher prise. Une formation sur le thème de la coopération en juin 2021 avec l’OCCE a fini de me convaincre ! Je me suis alors procuré le livre « L’école à ciel ouvert » de
Sarah Wauquiez qui m’a éclairé sur des activités concrètes à mettre en place en dehors de la salle de classe. Enfin, les réseaux sociaux et notamment Twitter m’ont permis d’aller voir ce qui pouvait se faire dans d’autres classes, d’autres écoles. Cela permet d’échanger et parfois de se rassurer sur ce que l’on fait et sur comment il est possible de faire.

En cette fin d’année, quel bilan dresses-tu de cette expérience ? Pour toi mais aussi côté « élèves » ?

Après quelques mois, je garde le même enthousiasme qu’en début d’année. C’est une très belle expérience. En début d’année, j’étais très stressé. Avec le temps, j’ai appris à faire confiance aux enfants. Un vrai lien s’est noué entre les élèves et moi. Je leur fais confiance, je les laisse libres, je les laisse découvrir et faire leurs propres expériences. En contrepartie, les enfants me rendent cette confiance en ne se mettant pas en danger et en faisant attention aux autres. Cette expérience a permis de renforcer la notion de « groupe classe ». Elle a aussi été très bénéfique au niveau de l’autonomie et de la créativité des enfants. Dehors, les enfants s’écoutent, prennent soin de leurs camarades, s’entraident, coopèrent.
Ils acquièrent, dans la nature, confiance en eux et en leur capacité de faire. Pour cette première année, je vais surtout garder cette réussite en tête ! De mon côté, j’ai aimé observer les enfants. Observer leurs comportements, leurs attitudes, leurs apprentissages… chose que je ne faisais peut-être pas suffisamment avant, dans ma classe. Néanmoins, il faut que je continue à lâcher prise. En tant qu’adulte, nous avons l’habitude d’intervenir près des élèves au moindre petit danger (notamment lors des temps de jeux libres). L’intérêt de cette expérience est justement de laisser les enfants maitres de leurs apprentissages, de leurs découvertes. Mais attention, lâcher prise ne signifie pas pour autant mise en danger des enfants. Nos sorties en « classe dehors » sont très cadrées et ritualisées. Les repères visuels et sonores sont compris par les enfants. Le lien de confiance donc je parlais précédemment se trouve parfaitement illustré par le respect des règles édictées en début d’année.

Projettes-tu de continuer l’an prochain et si oui, sous quelle forme ?

Je souhaiterais continuer l’an prochain, toujours avec ma classe de GS/CP. Je pense que les enfants vont de toute manière réclamer ces sorties. Cette année, nous n’avons parfois pas pu aller en classe dehors. Les enfants étaient à chaque fois déçus. Le mardi après-midi était attendu, par les élèves mais aussi par l’enseignant ! Une fois que l’on commence à sortir, on ne s’imagine plus ne pas aller en classe dehors. Concernant le lieu, je pense rester au même endroit. Notre « classe dehors » a l’avantage d’être un terrain communal, avec un très grand pré et de la forêt tout autour. Ce lieu est idéal.
Néanmoins, je pense aller plus régulièrement à la découverte d’autres lieux, dans le village, par le biais de « classe promenade ». Je sens parfois que les enfants ont envie d’aller voir plus loin, d’aller voir ce qui se cache derrière notre « classe dehors ». S’il y a énormément de positif dans cette expérience, il y a selon moi aussi un frein à faire l’école dehors : le manque de connaissances sur la nature et le patrimoine local. En ce sens, j’apprends souvent en même temps que les enfants. Pour résoudre ce problème, il peut être intéressant de s’appuyer sur les compétences des parents mais aussi des habitants du village. J’aimerais donc créer du lien avec les habitants du village en les faisant participer à nos sorties. Les parents se sont investis dans ce projet, parfois même les grands-parents. C’est maintenant au tour des habitants du village ! Par ailleurs, nous n’amenons que très peu de matériel. Peut-être serait-il intéressant à l’avenir
d’apporter du petit matériel (pelle, râteau, pioche, couteau-suisse, …) Enfin, l’an prochain, je voudrais réussir à faire plus de liens entre le dedans et le dehors. Nous ne revenons pas suffisamment sur les découvertes et les apprentissages réalisés en extérieur.

Quels conseils donnerais-tu aux collègues qui souhaitent se lancer demain dans l’école dehors ?

Le conseil que je donnerais : osez vous lancer, vous ne voudrez plus jamais revenir en arrière ! Au mois de septembre, je savais que je voulais expérimenter la « classe dehors ». J’en avais parlé aux parents lors de ma réunion de rentrée. Et pourtant, je décalais à chaque fois la date de la première sortie. J’avais toujours de bonnes raisons de décaler ! J’ai dû prendre sur moi pour finalement décider de sortir. Mon stress et mon inquiétude se sont vite évaporés lorsque j’ai vu certains enfants très timides et effacés s’ouvrir aux autres dès la première sortie. D’autres conseils en vrac : appuyez-vous sur une famille très intéressée par le concept. Il est important d’avoir un relais parmi les parents. N’hésitez pas à vous rapprocher de l’OCCE qui peut vous être d’une grande aide. Bien sûr, je conseille également la lecture de l’ouvrage « L’école à ciel ouvert » qui permet d’avoir quelques idées d’activités. Sur internet, le site classe-dehors.org permet de recenser les enseignants intéressés par cette pratique de l’école dehors. Il y en a sans doute près de votre école !

Se lancer peut faire peur, quelles sont les démarches administratives (IEN…) à anticiper et à prévoir ?

Dans notre école, les sorties en classe dehors se font sur le temps scolaire. Il n’y a donc pas besoin de demander l’autorisation de l’IEN. Il est cependant conseillé de lui en faire part… c’est important qu’il sache que l’école est engagée dans cette dynamique de la classe dehors. Si la « classe dehors » est intégrée au plan de formation des enseignants dans quelques départements, ce n’est pas le cas partout. Il ne faut pas hésiter à en parler à notre hiérarchie pour faire évoluer notre pratique et nos formations ! Pour en revenir aux autorisations, seule celle du directeur est nécessaire lorsque la sortie ne dépasse pas la demi-journée (attention néanmoins à vérifier le niveau Vigipirate). Pour les règles d’encadrement, il faut se référer aux règles applicables en école maternelle ou élémentaire. Il ne faut pas hésiter à demander l’aide de plusieurs parents… cela permet de se rassurer, notamment lors des premières sorties. Concernant le
lieu de la sortie, il faut demander l’autorisation au propriétaire du terrain (particulier, mairie, ONF, …). Passées les questions d’autorisation, le point le plus important est d’exposer très clairement le projet aux parents. La réunion de rentrée peut être le moment idéal. Sans la participation des parents, le projet de « classe dehors » sera difficile à mettre en place. Il faut essayer des les impliquer au maximum, de les rassurer. Il y avait en début d’année des inquiétudes (quels apprentissages ? Quid de la sécurité ? Quid de la météo ?) qui se sont vite évaporées au fur et à mesure des sorties. Plus les parents participent à ces sorties, plus ils sont rassurés. Leur implication est également très importante concernant l’habillement de leurs enfants… Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse très chaud, il faut être très clair avec les parents sur la tenue à porter lorsque l’on va en classe dehors.

Renaud Frenot : professeur des écoles à Vyans-Le-Val en GS-CP

De PE à professeur d’anglais en collège, le parcours de Céline

Après 15 ans passés en tant que PE, vous faites le choix d’intégrer le secondaire en tant que professeur d’anglais. Quel a été l’élément déclencheur pour un tel choix ?

J’ai toujours eu dans l’idée d’enseigner dans le second degré mais, en sortant de l’université à 21/22
ans, la crainte du faible écart d’âge avec le public rencontré m’a conduit vers l’enseignement dans
le premier degré. A ce moment-là de ma vie, ce choix me paraissait plus adapté au développement
de mes compétences d’enseignante.

Par la suite, différents éléments m’ont encouragée à évoluer professionnellement :

– l’accompagnement d’un proche à l’épreuve du TOEFL (Test of English as a Foreign Language)
– davantage de maturité et de confiance face aux élèves
– le goût du « challenge » dans la nécessité de se remettre au meilleur niveau possible pour répondre aux exigences de l’enseignement dans le second degré.

On imagine le passage du premier degré au second degré comme un parcours semé d’embuches… Quelles démarches administratives avez-vous entreprises pour arriver là où vous en êtes aujourd’hui ?

J’ai suivi la voie hiérarchique, c’est à dire que j’ai eu un entretien avec l’IEN de ma circonscription pour parler de mon projet puis j’ai eu un entretien avec une IA-IPR d’anglais pour mieux jauger les attentes de l’enseignement de l’anglais dans le second degré.
J’ai ensuite monté un dossier de détachement dans le second degré. Je tiens à préciser qu’il est important de suivre une formation solide avant d’effectuer la transition. C’est pourquoi, j’ai intégré une licence de LLCER (Langues, littérature et civilisations étrangères) d’anglais en troisième année après validation des acquis linguistiques par l’université de Bourgogne Franche Comté (Dossier à demander auprès de l’université).
Cette formation a été permise grace à un congé pour formation professionnelle : huit mois m’ont été accordés pour suivre la licence LLCER d’anglais de septembre à avril. Cela signifie que j’ai monté un dossier de demande de congé professionnel à valider auprès de l’IEN de circonscription puis auprès des Ressources Humaines.
Enfin, j’ai eu un entretien avec deux IPR d’anglais sur les connaissances pédagogiques et linguistiques. Leur réponse favorable a permis à Mme l’IA-DASEN d’accorder le détachement.

Vous avez mis toutes les chances de votre côté pour réussir votre certification. Expliquez nous ce que vous avez engagé personnellement pour réussir à enseigner dans le second degré (reprise d’études, cours du soir…) ?

J’ai effectivement engagé beaucoup de temps et d’énergie dans cette reconversion puisqu’en parallèle des cours à l’université, j’ai fait le choix de suivre une formation complémentaire de langue au CLA (Centre de linguistique appliquée), ainsi que des cours à distance (3 heures par semaine pendant 6 mois) et un stage avec un organisme linguistique à l’étranger pour renforcer mes connaissances et prendre davantage confiance en mes compétences linguistiques.
Toutes ces formations ont été financées personnellement.

Vous enseignez aujourd’hui en collège. Votre expérience en école primaire et en milieu rural sont-ils des atouts dans votre vie professionnelle actuelle ?

Oh que oui ! Ce sont des atouts majeurs et je m’en rends compte au quotidien.
Tout d’abord, la connaissance de l’enfant de 3 à 11 ans et de son développement m’aide énormément dans l’appréhension des enseignements à des adolescents au collège. Le premier degré m’a permis de voir comment l’élève peut se développer dans les différentes disciplines enseignées.
Le fait de voir l’élève dans sa globalité est un atout majeur.
Par mon expérience de professeure des écoles (gérer les mêmes élèves 6h par jour, quatre jours par
semaine), j’ai l’impression d’être mieux « armée » dans la gestion de classe et face à la diversité des
élèves. J’ai développé des stratégies qui me permettent d’appréhender au mieux les différents
profils.
J’ai pu développer le travail en collaboration avec le RASED et une connaissance assez fine des dispositifs d’accompagnement à l’inclusion et de mise en place de différenciation d’enseignement.
Le fait de maîtriser la notion de différenciation pédagogique est donc un atout clef.
Enfin, dans le premier degré, j’ai appris à porter un regard positif et encourageant sur l’élève pour
lui permettre la prise de confiance, l’acceptation de l’erreur dans ses apprentissages dans le but de
favoriser son développement. Cette attitude est fondamentale face à des adolescents qui ont tout
autant besoin de bienveillance.

Demain, vous vous retrouvez face à un/une collègue aspirant au même envie de changement, quels sont les premiers conseils ou retours d’expérience que vous lui faites ?

Je lui conseille de foncer si c’est son envie ! Je ne regrette pas du tout mon choix même si cela m’aura demandé de longs mois de travail personnel. Je pense que nous gagnons toutes et tous à nous diversifier et à découvrir d’autres expériences professionnelles. J’ai beaucoup appris, tant sur le plan professionnel (compétences pédagogiques et linguistiques) que personnel (relever un challenge, se remettre aux études, APPRENDRE, tout simplement !)

Céline Michelin : professeur d’anglais à Vesoul

Le parcours de Moranne, professeure d’espagnol

Lors de vos années lycée, vous aviez notamment réfléchi au métier d’avocat et vous vous êtes orientée en faculté de droit après le Baccalauréat. Qu’est ce qui a été à l’origine de votre intérêt pour cette profession ? Pourquoi avoir fait le choix d’y renoncer ?

Le métier d’avocat m’attirait énormément car j’éprouvais toujours le besoin de défendre mon prochain. Ayant moi-même subi de nombreuses injustices durant ma vie, j’imaginais que ce métier comblerait et annulerait mes souffrances personnelles. J’avais une représentation erronée de ce métier, je n’avais pas pensé aux côtés administratif et formel, aux échecs qui peuvent faire partie de la vie quotidienne de l’avocat. Par conséquent, ne me sentant pas au bon endroit, j’ai quitté les bancs de l’université de droit. 
Le métier de vétérinaire m’attirait également énormément car j’ai toujours eu un lien particulier avec les animaux. Ils m’apaisent. Cependant, de trop nombreuses allergies m’ont empêché de m’engager dans cette voie… J’ai aujourd’hui un animal de compagnie qui me permet de vivre ma passion mais dans la sphère privée. 

Déjà passionnée de langues vivantes, vous vous inscrivez en BTS commerce international. Quels sont, selon vous, les fondamentaux de ce secteur d’activité ? Que retenez-vous de cette expérience et quelles sont les compétences que vous avez développées durant cette formation ?

La formation BTS commerce international m’a apportée des connaissances dans le domaine du commerce, de l’entrepreneuriat mais également du management. Cela est un bel atout face à une classe. Je sais mener à bien des projets, les adapter au monde du travail. Par exemple, lors d’un travail par groupe, mes élèves de 4e devaient se mettre dans la peau d’un restaurateur et devaient élaborer un menu avec des prix cohérents etc. Le BTS consiste également à apprendre comment créer une activité économique afin de répondre à un besoin précis. Dans la région où je vis, j’ai pu m’apercevoir de la forte demande dans le secteur de l’immobilier.  J’ai donc créé une société afin d’acheter des biens et de les mettre en location. La formation m’a également permis d’acquérir des compétences en termes de gestion d’entreprise et d’organisation. Grâce à cela, je peux aujourd’hui m’adapter à chaque situation et planifier mon travail de façon à ne jamais me trouver débordée. 

Motivée par la perspective de l’enseignement, vous vous engagez ensuite dans le cursus de Licence LLCE espagnol. Avec le recul de quelques années, gardez-vous un souvenir enthousiaste et nostalgique de vos années fac ? Y a-t-il une unité de valeur que vous avez particulièrement appréciée ? Laquelle et pourquoi ?

Concernant mes années à la faculté, ce que je retiens le plus est la façon dont cela m’a fait grandir. Je suis devenue autonome tant dans ma vie personnelle que dans ma vie étudiante. J’ai parfois été confrontée à l’échec car la liberté que l’université nous donne est souvent attractive mais je me suis immédiatement ressaisie et ai acquis des compétences de travail personnel et d’auto motivation. Les matières qui me plaisaient le plus tournaient autour de l’histoire. J’étais passionnée par le siècle d’Or en Espagne. Cela guide mon travail encore aujourd’hui. Je propose de nombreux documents à mes élèves concernant l’histoire de manière générale mais également cette période en particulier. J’ai toujours davantage aimé être dans le feu de l’action. Pour moi il était difficile d’apprendre les leçons de grammaire car j’avais hâte de les mettre en application dans des livres ou dans des dissertations. Il me fallait sans cesse me recentrer.

Détentrice du CAPES, vous effectuez une année de fonctionnaire-stagiaire en collège. En quoi cette année a-t-elle été pour vous la confirmation de votre envie de devenir enseignante ?

Pour ce qui est de mon année de stage, j’avais obtenu le lycée Jules Haag, mon tuteur était fabuleux. Patient et à l’écoute, il était un modèle pour moi. Quand je le regardais faire classe avec une telle passion, cela me poussait encore plus à réussir. Je me souviendrai toujours de ma première heure de cours. Je tremblais tellement que je n’arrivais même pas à mettre la clef dans la serrure. Une fois la porte ouverte, j’ai su que je pourrais faire cela toute ma vie. Cette année de stage m’a donné confiance en moi, les difficultés s’enchaînaient et j’arrivais a les gérer. 

Pour des raisons personnelles, vous sollicitez et obtenez une période de disponibilité. Dites-nous comment vous avez vécu cette parenthèse et en quoi vous en avez fait un espace de développement professionnel ?

L’année de disponibilité a été pour moi une expérience positive avec le recul mais difficile à vivre durant l’année concernée. Je ne pouvais pas enseigner et cela me pesait. J’étais très triste de ne pas être devant une classe. Je me sentais inutile mais cela m’a permis de me former dans le secteur de l’immobilier et d’y réussir par la suite. Si je n’avais pas disposé de ce temps alors je n’aurais pas créé ma société cette année.

Professeur reconnue et appréciée des élèves et de vos collègues, vous vous sentez prête à transmettre vos connaissances et compétences à des collègues entrant dans le métier. Qu’est-ce qui vous pousse vers de tels objectifs ? Sous quelles formes voyez-vous votre investissement dans ce domaine ?

J’aimerais me tourner vers le métier de formateur et devenir tutrice dans un futur plus ou moins proche. J’ai tellement été aidée lors de l’année de stage que j’aimerais à mon tour transmettre mes connaissances, mes manières de travailler, mes méthodes. En effet, je crée des séquences sous forme de livrets qui sont distribués aux élèves avant de débuter la séquence de la même manière que le tuteur que j’avais à Besançon. Cela plait beaucoup aux élèves et aux parents car ils savent en permanence où nous en sommes et ce qui a été travaillé ou non. De plus, je suis soucieuse de bien faire, sans cesse en recherche d’amélioration et de développement personnel. Après chaque journée de classe, j’analyse ma pratique, je m’auto évalue dans le but de toujours faire mieux. Cela constitue une qualité essentielle pour un enseignant et j’aimerais pouvoir transmettre cela aux futurs stagiaires. 

Il y a une vie en dehors du travail ! Quelle place a la danse dans votre vie ? Quels sont les spectacles auxquels vous avez participé ? En quoi cette activité artistique est-elle source d’épanouissement pour vous ?

Depuis ma plus tendre enfance, je pratique la danse.  Cela m’a toujours aidée à me sentir bien dans mon corps, à me muscler, cela améliore également la posture. La danse m’a toujours permis de rester centrée sur mes objectifs car cela développe la mémoire, la concentration, le désir d’excellence. J’ai souvent participé à des spectacles étant plus jeune mais plus aujourd’hui. Maintenant ma pratique de la danse est moins variée, je l’expérimente surtout en salle de sport ou lors de stages ponctuels.
J’ai toujours également adoré les sports plus extrêmes comme le motocross ou le ski alpin. Voici la phrase qu’emploient mes proches pour me définir : « une main de fer dans un gant de velours« .
Je m’intéresse à tout et ne me laisse jamais impressionner par le risque.

Moranne Laffly, professeure d’espagnol

Le parcours de Lauryn, future PE

Durant vos « années collège », vous vous engagez dans la formation des JSP (jeunes sapeurs-pompiers volontaires). Comment est né ce projet pour vous ? En quoi consistait la formation suivie ? Quelles ont été les compétences développées pendant ces 2 années ?

Il n’y avait pas véritablement de projet. Il est apparu comme par magie. Je n’y avais jamais songé puisque je n’en avais jamais entendu parler. C’est lors d’une intervention de l’adjoint chef de centre, que je me suis engagée sans savoir réellement ce qui m’attendait. Mais lorsque la formation a débuté ce projet a pris plus de place que prévu puisque je me suis engagée dans le rang des sapeurs-pompiers volontaires. Pendant deux années vous apprenez les manœuvres incendies, les manœuvres spécifiques, le nom des véhicules, des tuyaux, de chaque grade. En d’autres termes tout ce qui fait référence au métier de pompier volontaire. À la fin de ces deux années, la formation est plus fine dans l’apprentissage puisque la clé est votre entrée dans une caserne. On vous apprend donc comment prendre en charge une victime, selon son état, les soins à lui administrer, quel type de matériel utiliser.
On vous forme pour venir en aide à des victimes, vous devez donc connaître le contenu théorique de A à Z. Vous ne pouvez pas avoir de doute. Lorsque vous arrivez sur l’intervention, on vous dirige, on vous donne des ordres, et vous devez les connaître par cœur. C’est en cela que cette formation m’a permis d’être rigoureuse. Il faut apprendre chaque geste, chaque parole, chaque commandement. J’ai su faire preuve d’intéressement et de rigueur pour être la meilleure possible lors de mes interventions.


Après le baccalauréat, vous vous lancez dans la préparation d’une licence STAPS. Qu’avez-vous envie de retenir de ce parcours universitaire ? Quelles sont les disciplines sportives qui ont votre préférence ? Pourquoi ?

Les premiers mots qui me viennent sont richesse et développement. La première année a été très difficile. Nous sommes en autonomie et la méthode d’apprentissage des cours est différente de celle du lycée. L’adaptation a été longue mais cela m’a permis de me rendre compte de quoi j’étais capable et que j’en étais capable. Ces trois années de licence m’ont permis de faire des rencontres avec des professeurs, m’ayant fait grandir et me découvrir.
L’apprentissage et la découverte de nouvelles disciplines a été un plaisir. Plus les années passaient, plus mon cursus me plaisait. La première année, c’est différent. C’est un tronc commun, nous apprenons des choses variées et non spécifiques. Malgré tout, les cours m’ont été très utiles et enrichissants. C’était un plaisir d’apprendre et d’aller en cours. L’année qui a suivi, l’envie a diminué. Le confinement est arrivé, la proximité sociale avec les professeurs n’existait plus et apprendre devenait très compliqué. J’ai eu des doutes, cela n’a pas été toujours agréable. Mais c’est en cette dernière année de licence que j’ai compris que ma voix était celle-là. Transmettre mon savoir à mes élèves.
Durant votre licence vous avez un sport prédominant : votre spécialité. Alors j’ai choisi la danse sans savoir ce qui m’attendrait. Et pour répondre à la question, c’est cette discipline qui m’a le plus plu. Dans un premier temps par le contenu théorique qu’elle m’a apportée mais aussi pour l’apprentissage personnel. La professeure qui dirigeait ce cours était particulièrement avenante avec ses élèves, à l’écoute, attentive. Elle installait avec vous une proximité et un lien qui séduit. C’est ce genre de professeure que j’essaye de devenir et j’essaie de mettre en place ces compétences lors de mes stages. On peut dire qu’en globalité les sports collectifs m’ont également beaucoup plus.
Alors que je me destine à être professeure des écoles, le travail en équipe est une des compétences que nous devons développer : mettre en place des stratégies, définir des pratiques en équipe ! L’esprit d’équipe est une des choses qui m’anime également dans la vie en générale.

Vous candidatez sur des postes d’assistant d’éducation et vous effectuez un premier remplacement dans un collège rural. Quelles missions vous ont été confiées ? Puis vous obtenez un autre contrat sur un poste à profil dans un collège urbain. Quelles sont vos attributions et vos motivations liées à cette nouvelle responsabilité ?

Alors que mon premier poste d’assistante d’éducation m’est offert, on m’a demandé de prendre les appels téléphoniques des parents, dresser la liste des absents et téléphoner aux parents si les absences ne sont pas justifiées, remplir les billets d’absences de retard. Durant cette période j’ai également fait la surveillance dans plusieurs lieux : à la cantine, en permanence et dans la cour lors des interclasses. Il n’y a pas que des tâches « administratives ». Lors des permanences il faut également aider les élèves qui en ont besoin, les écouter s’ils ont des soucis.
Dans le collège Albert Camus, mes missions sont différentes et plus adaptées à mon futur métier. Alors que le coronavirus fait augmenter le nombre d’absents, une de mes missions est de récupérer les différents cours de ces élèves. Mais pour moi celle se rapprochant davantage du professorat est le suivi de certains élèves. En d’autres termes, certains sont en décrochage, viennent très peu en cours ou rencontrent des difficultés, je reprends avec eux les différentes matières. On pourrait assimiler cela à du soutien ou des cours particuliers

Vous préparez actuellement le concours de professeur des écoles à l’Inspé. En quoi ce métier répond-il à vos attentes ? Les stages auxquels vous avez participé vous ont-ils conforté dans cette « vocation » ? De quelle façon ?

Alors que je doute de mon orientation professionnelle, cette dernière période de stage me rappelle pour quelles raisons je suis à l’Inspé : transmettre des connaissances, un savoir théorique mais également social et éducatif à mes élèves. Être enseignant n’est pas simplement synonyme de transmission de savoirs purement théoriques. Il est primordial de susciter un intérêt chez les élèves, de trouver ce qui les anime, ce qui leur donne du sens. Ce que je trouve important dans ma formation ne concerne pas seulement les disciplines et les programmes, mais également le lien, trouver une pédagogie qui corresponde aux besoins de élèves. Prendre en compte leurs différences. Nos stages nous permettent de prendre en charge plusieurs créneaux, « d’être sur le terrain » et de nous préparer au mieux pour notre futur métier. Lorsque vous vous tenez devant vos élèves, que votre leçon les intéresse, qu’ils participent vous êtes fière, et c’est cette sensation qui vous dit : « tu peux être fière de ton travail, c’est ta voie » !

Comment voyez-vous le stage rémunéré en tant que professeur des écoles en M2 et quels sont vos objectifs pour mener à bien en même temps la préparation du concours et la pratique pédagogique ?

Je le vois comme un défi. Cette dernière année de Master risque de présenter une charge de travail conséquente. La préparation au concours, le stage lui-même, l’obtention du M2 et la validation du mémoire sont des éléments faisant partie de la liste à entériner l’année prochaine. Néanmoins, ce stage me sera bénéfique notamment dans la préparation du concours. J’y vois ici une opportunité de mettre en place des séances, de tester différents types de pédagogies, de préparer personnellement mes séances. Avec ce stage, j’aurai un avant-goût de mon futur métier, je saurai à quoi m’attendre. Ce sera pour moi l’occasion de m’exercer, commettre des erreurs dans la construction de mes séances, de me perfectionner afin d’avoir de solides bases pour ma première année de titulaire. Grâce à ce stage, je pourrai développer de nombreuses compétences pédagogiques, didactiques et théoriques. La charge de travail qui m’attendant l’année prochaine est importante, cependant je vais transformer l’aspect « travail » du stage pour en faire une richesse. Je dois allier le stage et la préparation au concours pour en faire une force, un pilier sur lequel m’appuyer afin d’en faire quelque chose de bénéfique. En somme, ce stage sera pour moi l’occasion de me préparer au concours en consolidant me savoirs théoriques mais également didactiques avec les différentes séances que je mettrai en place. Il sera profitable pour les épreuves orales orientées sur la didactique et la construction d’une séance pédagogique.

Lauryn Mayeur, AED dans un collège du Doubs et préparationnaire du CRPE

Le parcours de Margot, CPE stagiaire

Après un BAC ES obtenu avec mention, vous faites le choix de préparer une licence de psychologie à la Faculté des sciences de l’Homme à Bordeaux. Parlez-nous de vos motivations pour vous inscrire dans cette discipline universitaire. Avez-vous le souvenir d’un travail de recherches mené pendant ce parcours que vous aimeriez partager ?

Vous vous souvenez de cette fameuse question, que veux-tu faire plus tard ? En ce qui me concerne je m’en souviens très bien ! Je me rappelle ma première réponse où je disais vouloir devenir maîtresse. Petit, nous sommes pleins de rêves mais en grandissant nos envies, nos choix évoluent. Ainsi, au cours de mon année de troisième, j’ai réfléchi davantage à cette question. Constatant que j’avais une aisance relationnelle, une aptitude à l’écoute, une volonté d’accompagner des personnes, j’ai cherché un métier qui me permettait de lier ces différentes qualités. De ce fait, avec l’aide de mes parents et d’une conseillère d’orientation, j’ai découvert le métier de psychologue. Je me disais que cette profession était la plus à même de me correspondre. Depuis ce jour, j’ai maintenu cet objectif et c’est ainsi qu’en septembre 2016 j’ai débuté ma formation en psychologie. Mes années de licence m’ont apporté un certain nombre de connaissances et m’ont initié au travail de recherche. En effet, en licence 3 j’ai réalisé un travail d’étude qui portait sur « Les processus liés au développement moral chez les enfants avec un trouble du spectre autistique ». Pour mon plus grand plaisir, ces années de licence m’ont conforté dans mon choix de devenir psychologue et m’ont permis de mieux me connaitre. Cependant, n’ayant pas été retenue en master à la rentrée 2019, mon souhait de devenir psychologue est pour l’instant devenu un rêve ! Qui sait ? peut-être qu’un jour il deviendra réalité !

Passionnée de pâtisserie, vous prenez la décision de rejoindre le statut d’apprenti afin de préparer un CAP dans ce domaine. Quel est le cheminement personnel qui vous amené à une telle orientation ? Comment avez-vous vécu cette expérience originale et quelles suites avez-vous imaginé ?

Á mes yeux, pâtisser ne signifie pas seulement réaliser des gâteaux. Au contraire c’est bien plus que cela ! Quand je confectionne mes pâtisseries, les mots amour, gourmandise, bonheur, partage, résonnent en moi. Autant d’émotions que j’exprime au travers de mes créations. Justement, l’une des raisons qui m’encourage à pâtisser, c’est de voir les sourires apparaitre sur les visages. Mais la pâtisserie c’est davantage. En effet, depuis mon plus jeune âge, je constate que ces petites gourmandises sont un bon moyen de rassembler les personnes, quel que soit leur âge. Je dirais même que c’est un outil de socialisation éphémère qui peut favoriser des rencontres durables. Pâtisser est un art culinaire qui envoute les cœurs de chacun, même celui du créateur. Par son apparence envoutante et appétissante, une émotion vous submerge et crée en vous un plaisir visuel, une sensation de bonheur qui peut aller jusqu’au plaisir gustatif si vous vous laissez succomber par cette douceur sucrée ! C’est pour toutes ces raisons que j’ai souhaité que ma passion devienne ma profession. Ayant l’opportunité de concrétiser ce souhait, j’ai suivi une formation de pâtisserie pendant un an. J’ai pu découvrir les recettes traditionnelles et me perfectionner dans des domaines plus artistiques du métier. Au cours de cette année, j’ai aussi appris à m’affirmer et à me faire respecter, car exercer son métier en tant que femme dans une équipe composée exclusivement d’hommes peut être déstabilisant. Mais au contraire, j’ai perçu cette différence comme une force et un moyen d’être complémentaire. De même, par mon statut d’apprenti, j’ai su m’imposer et montrer que je valais autant que mes collègues. Au fond, je me disais que j’avais autant à leur apporter qu’eux envers moi. C’était une expérience très enrichissante ! Cependant, mon année de CAP m’a fait prendre conscience de certaines difficultés, telles que la contrainte des horaires de travail. Face à cela, j’ai souhaité poursuivre mes études. Peut-être qu’un jour je ferai de la « pâtisserie thérapie » ou je créerai mon salon thé, je ne sais pas. En attendant, je souhaite utiliser ces compétences auprès des élèves, parents, collègues, en proposant quelques ateliers de pâtisserie pour renforcer les liens entre tous !

Durant trois étés, vous découvrez le monde de l’animation et des centres de vacances et de loisirs. Vous acceptez alternativement la responsabilité d’animatrice et d’assistante sanitaire. Diriez-vous que ces missions d’encadrement ont répondu pleinement à votre attente ? Comment ? Quels sont les objectifs pédagogiques qui vous semblaient les plus prioritaires à défendre avec les enfants et les adolescents dans ce contexte ?

Je suis vraiment très heureuse d’avoir vécu ces trois étés ! Vous me proposeriez à l’heure d’aujourd’hui de refaire un centre de vacances, je dirais oui sans hésitation. Je ne sais pas comment vous exprimer mon ressenti, mais je peux vous dire qu’après chaque séjour j’en suis ressortie grandie. Je parle de ma maturité et non de ma taille, depuis le collège je ne grandis plus ! Plus sérieusement, ces expériences m’ont apporté plus que je ne l’espérais. Avant de débuter, je me disais que je souhaitais devenir animatrice afin d’acquérir des compétences auprès des jeunes. Cependant, dès lors que j’ai commencé dans le métier, je me suis rendue compte que détenir le BAFA ne se limite pas à cette notion. En effet, en plus d’une meilleure connaissance de ce public, j’ai pris conscience qu’être animatrice me permettait d’apprendre à travailler en équipe, d’acquérir des outils pédagogiques et ludiques ainsi qu’un nouveau rôle, celui d’éducatrice. Grâce à mes différentes missions, j’ai su transmettre des connaissances et compétences aux jeunes. J’ai aussi apporté un cadre sécurisant aux enfants en étant à leur écoute, bienveillante et réconfortante. Enfin, j’ai appris à croire en chacun des jeunes dans le but qu’ils deviennent à leur tour des êtres à part entière. Ainsi, mes principaux objectifs pédagogiques dans l’animation étaient d’apporter du bien-être aux enfants et adolescents, de leur apprendre la notion de vivre ensemble, de citoyenneté et surtout d’avoir et garder le sourire et la joie de vivre !

Vous intégrez en septembre 2020 le parcours de Master Meef à l’Inspé de Besançon afin d’y préparer le concours de CPE. Quels sont les arguments qui vous ont fait basculer vers cette formation ? Qu’attendez-vous du métier de CPE et comment le voyez-vous ?

Au cours de cette année, mes collègues m’ont posé la même question. Sur le ton de l’humour, ils m’ont demandé pourquoi j’avais envie d’exercer ce métier : selon eux, je risquais de vivre des conflits avec les parents, les élèves me percevraient comme une râleuse qui fait la police, plutôt que de continuer la pâtisserie, là où j’apporte du sourire et où je suis complimentée. C’est vrai que vu sous cet angle, je devrais vite courir, prendre mes valises et retourner en pâtisserie ! Nous pouvons nous demander, suis-je déraisonnable ou motivée ? Je dirais qu’en découvrant le métier de CPE j’ai été inspirée. Je dirais même qu’être CPE me permet d’exprimer davantage qui je suis ! Mais avant d’en venir à ce constat, il y a eu un cheminement de pensée qui a émergé. Cette réflexion a commencé au cours de mon année de CAP. J’appréciais beaucoup ce métier mais les contraintes physiques, les horaires, le fait de ne pas travailler avec des jeunes, étaient autant de points qui m’empêchaient de lier ma conception de vie future et cette profession. De plus, au cours de mon année de CAP, j’ai été touchée par les discours de mes camarades de CFA (Centre de Formation d’Apprentis). Ils m’expliquaient vouloir quitter rapidement le système scolaire en raison d’une perte de motivation mais surtout parce qu’ils ne se sentaient pas suffisamment intelligents pour faire de longues études. J’étais surprise de les entendre se dévaloriser de la sorte, alors même que les discussions que j’avais avec eux étaient très pertinentes. Je voyais en chacun d’eux un potentiel et des qualités qui faisaient d’eux des personnes admirables. Face à ces constats, j’ai souhaité recandidater en mars 2020 dans différents Master afin de trouver une voie me permettant de lier mes passions, ma motivation, d’être dans l’action et la collaboration. Je désirais trouver un métier où je pouvais accompagner les jeunes à devenir des êtres à part entière. Mais il n’est pas simple de lier mes différents souhaits dans un même métier. Pourtant en réfléchissant et en discutant avec des étudiants CPE, j’ai découvert que cette profession était la plus à même de réaliser mes souhaits. En effet, je retrouve dans ce métier des compétences qui me plaisent dans le métier de psychologue, telles que l’empathie, l’écoute, le fait de mener des entretiens, d’aider les jeunes. Mais aussi des qualités communes au métier de l’animation (mener des projets, animer un groupe, éduquer les jeunes, etc.) et de la pâtisserie (proposer des ateliers, travailler en équipe, apporter des sourires, créer, etc.). Ainsi, ce que j’attends du métier de CPE, c’est à la fois me réaliser et trouver ma place dans le monde professionnel mais aussi de croire en chacun des jeunes, leur permettre de réussir et de s’épanouir !

Un an plus tard, vous exercez la fonction de CPE stagiaire dans un collège rural du Jura. Comment avez-vous été accueillie dans l’établissement ? Avez-vous des projets en charge ? Lesquels ? Quel bilan provisoire dressez-vous de votre engagement à la moitié de cette année scolaire ?

Au cours de mon année de M1, j’avais réalisé 15 jours de stage dans cet établissement. J’avais beaucoup apprécié l’ambiance du collège et surtout la relation qui s’était installée entre ma tutrice et moi-même. Sachant que Carole, ma tutrice, est une femme bienveillante, qui partage les mêmes valeurs que moi et dont la posture professionnelle est admirable, j’ai accepté qu’elle me forme pour mon année de M2. Je savais qu’elle aurait confiance en moi et qu’elle croirait en moi. Je ne me suis pas trompée ! En arrivant en octobre, j’ai constaté que tous m’attendaient avec impatience. Elle a su préparer mon arrivée comme il se doit. Je me suis sentie reconnue comme une CPE. C’était un sentiment très agréable ! Grâce à cet accueil, Carole, ainsi que l’ensemble de mes collègues (infirmière, agents, enseignants, les élèves, etc.), ont su me mettre en confiance et me motiver. Cette énergie positive m’a inspirée et poussée à vouloir mener des projets au sein du collège. Ainsi, depuis mon arrivée, j’ai encadré, avec la collaboration de l’infirmière, une intervention sur le sommeil réalisée par des étudiantes en médecine. J’encadre avec Carole les réunions CVC (Conseil de Vie Collégienne) : une instance où les élèves sont concepteurs des actions mises en place au sein du collège. Par exemple, nous avons réalisé un jeu pour la journée des droits des femmes, des collectes solidaires et préparé une semaine sur le thème de noël. J’ai aussi mis en place, avec la collaboration du professeur documentaliste, un club journal pour les délégués. L’objectif étant de valoriser les délégués dans le collège et de mettre en avant les différentes actions menées dans l’établissement. D’autres projets sont en cours de réflexion, tels que « réenchanter la restauration scolaire » et lui redonner un sens éducatif mais aussi travailler avec les éco-délégués sur de nouvelles actions. Les idées ne manquent pas et les élèves sont très motivés !

Au regard de tout ceci, je réalise que mon stage a été très formateur ! Je suis arrivée en connaissant très peu de choses et je repartirai avec de nombreuses compétences. Le soutien que m’apportent les assistants d’éducation, Carole, les élèves et mes autres collègues est une source positive dans ma vie. Je me suis découvert de nouvelles qualités. Ce stage m’a confortée dans mon choix de devenir CPE. Je me sens épanouie dans cette posture professionnelle !

Afin de nous permettre de mieux vous connaître, montrez-nous comment le bénévolat a pris une place dans votre vie dans les domaines de la danse et de la solidarité. Quelles sont les valeurs humaines qui vous tiennent particulièrement à cœur et qui transparaissent dans le fil rouge de votre existence ?

Dans la vie, j’ai eu la chance (et je l’ai toujours) d’avoir une famille, des amis qui m’aident à aller de l’avant. Ce soutien affectif représente beaucoup pour moi et c’est ainsi que j’ai su me découvrir, trouver une force en moi et surtout garder le sourire. Connaissant les bienfaits de l’entraide, je me suis dit « pourquoi ne pas donner à mon tour du soutien et du bonheur aux autres ? ». Nous méritons tous de réussir et d’être heureux. Certes, il n’est pas simple d’arriver à cet objectif mais si, en donnant un peu, je peux apporter moi aussi de la joie, ceci permet d’avancer vers un monde meilleur. Du moins, c’est ce que je souhaite ! Ainsi participer à plusieurs actions solidaires avec le Secours Populaire, faire le ménage dans mon école de danse pour aider ma directrice et être bénévole à Astrée, pour aider les personnes se sentant seules, étaient des moyens pour moi d’agir dans ce sens. Voir que je pouvais apporter un peu de bonheur était un plaisir ! À chacune de mes rencontres, j’accueillais leurs sourires comme un cadeau. Grâce à mes proches et à ces expériences de vie, j’ai pris conscience que dans la vie il faut savoir donner pour mieux recevoir.

Comment vous représentez-vous le déroulement de votre carrière ? Avez-vous des évolutions possibles en tête ? Compte-tenu de votre diplôme universitaire, pensez-vous que la fonction de PsyEN pourrait, un jour, retenir votre attention ?

Il m’est difficile de me projeter pour le moment. Cette projection se fera en fonction de mon obtention ou non du concours. Si je l’obtiens, mon chemin sera tracé pendant quelque temps. Dans l’autre cas, je chercherai des postes de conseillère pédagogique ou autre. J’irai là où la vie me portera ! Dans tous les cas, je souhaite débuter dans la vie active. Lors de mes premières années, je souhaite acquérir de l’expérience, une certaine stabilité et mettre en pratique mes connaissances et compétences. Peut-être qu’un jour, j’aspirerai à une plus grande responsabilité, à travers des fonctions plus élevées, mais chaque chose en son temps ! Je manque encore de recul pour pouvoir me projeter dans une éventuelle évolution de carrière. En attendant, j’ai pleins de projets en tête et une curiosité grandissante, ce qui me pousse à vouloir poursuivre de futures formations. Par exemple, je pense à des formations de sophrologie, langage des signes, etc. Autant de connaissances et compétences utiles pour un(e) CPE. Concernant la fonction de PsyEN, j’apprécie travailler en collaboration avec eux, ils ont beaucoup à m’apprendre, mais pour le moment je ne me projette pas dans ce métier pour les raisons suivantes. Tout d’abord, cela signifie refaire un master de psychologie et un concours. Deux étapes qui requièrent de l’énergie et pour lesquelles je ne me sens pas prête. Ensuite, le point qui me retient à devenir PsyEN, c’est l’approche avec les élèves. Je trouve que la relation avec eux est beaucoup plus distante, ne nous permettant pas de participer activement au suivi de l’élève, tel un CPE ou un enseignant. De plus, la partie où je mène des projets avec les enseignants et les élèves me manquerait. J’ai besoin de cette posture dynamique du CPE !

Margot Lhuillier, CPE stagiaire

Le parcours de Laura, bientôt CPE

Pendant vos années Lycée, vous montrez un vif intérêt pour les projets cinématographiques (Festival de Cannes, Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul). Comment avez-vous pris part à ces projets ? Quels souvenirs gardez-vous de ces expériences ?

Bien que j’aie toujours été intéressée par l’audiovisuel, je dois avouer que le lycée m’a aidée à m’ouvrir davantage à cet art. Je me souviens par exemple d’une journée au cinéma dans le cadre du Festival des Cinémas d’Asie. C’était un moment très fort à partager avec les camarades de classe. Au cinéma, on peut aussi bien se retrouver capturés dans un film ou au contraire regarder l’heure toutes les minutes. C’est le jeu !
Concernant le Festival de Cannes, c’était un moment incroyable. Évidemment, monter les marches est un souvenir rempli de magie. Je crois que si je devais en retenir un, je parlerais de la montée du tapis rouge avec mes camarades. Après un repas tous ensemble, nous nous sommes préparés pour aller sur la place et récupérer des tickets pour rentrer dans le Palais des Festivals. J’avais alors eu la chance de visionner le film d’animation « Vice Versa ». Dans la salle, des grands acteurs étaient présents comme Clovis Cornillac. Dans tous les cas, ces deux expériences restent gravées dans ma mémoire et en parler me fait faire un retour en arrière.

À cette même époque, toujours liée au monde de l’image, vous développez des compétences dans le domaine de la photographie. De quelle façon ? Avec quels objectifs ?

C’était un hasard total ! Toujours au lycée, j’ai eu l’occasion de participer à un projet grâce à mon professeur de français. Nous devions imaginer quelque chose autour du temps et de l’espace dans le cadre du Festival International de la résistance culturelle, créé par Jocelyne Saab. Je me souviens très bien de cette période car la maison d’un membre de ma famille avait été complètement sinistrée par le feu. Appareil en main, j’ai alors décidé de prendre plusieurs clichés de ce drame. Sur ces photos, on pouvait voir des objets de la vie quotidienne qui avait été la propriété de mes proches et qui avait cessé d’exister. Je dois avouer que l’exercice s’est montré plus compliqué que prévu mais les retours de mon professeur ont été très touchants. J’ai eu beaucoup de chance de participer à ce projet qui m’a permis de dépasser, à travers la mise en image, le sinistre de la situation.

Passionnée de piano et de chant, vous vous dirigez tout naturellement vers des études de musicologie pour vos études universitaires. Pourquoi ce choix ? Diriez-vous que la musique a changé votre vie ? Comment ?

La musique est une grande partie de ma vie. Depuis le primaire, j’ai toujours aimé chanter et me produire devant un public. J’ai commencé le piano à la fin de mon année de terminale. Je dirais que la musique est quelque chose d’indispensable dans ma vie. J’ai toujours eu une « facilité » à faire ressentir des émotions aux gens qui m’écoutent. Dans ce domaine, j’ai toujours été soutenue par mes proches. Pour cette raison, je me suis naturellement dirigée vers des études de musique à Besançon.
Ces trois années ont été pour moi un véritable moyen de m’épanouir. Pendant ma première année, on se retrouvait entre amis pour improviser à la guitare, au violon et au chant pour ma part. Ces souvenirs sont tout ce que je garde de plus cher. Dans le cadre de nos cours de chorale, nous avions
interprété le titre « Bohemian Rhapsody » du célèbre groupe Queen lors de journées portes ouvertes. C’était un véritable défi pour nous mais nous avons partagé un moment mémorable.
Même si actuellement je ne pratique plus la musique autant qu’avant, je continue d’exercer personnellement. Aujourd’hui la musique est une partie plus intime de ma vie. Je suis persuadée qu’un jour, de nouveaux projets musicaux verront le jour.

En tant que qu’assistante d’éducation, vous exercez dans un lycée dans lequel vous étiez vous-même élève quelques années plus tôt. Comment avez-vous vécu ce « retour aux sources » ? Vous exercez une partie de vos missions en internat. Quel regard portez-vous sur les enjeux d’un internat du XXIème siècle ?

Retrouver les murs de mon ancien lycée a été très émouvant pour moi. J’ai pu découvrir ce que l’on pourrait appeler l’envers du décor. C’est très étrange de voir comment fonctionne l’établissement dans lequel vous avez « grandi ». Le plus intéressant pour moi a été de travailler en équipe avec les professionnels qui étaient déjà dans le lycée lorsque j’étais élève. Aujourd’hui je me sens en confiance dans mon travail et je suis heureuse d’avoir eu l’occasion de revenir « m’expérimenter » dans mon lycée d’origine !
Concernant le projet de l’internat du XXIème siècle, je suis convaincue que la redynamisation des internats pourra contribuer à l’épanouissement éducatif des élèves. Mon expérience d’assistante d’éducation m’amène à constater que les élèves sont attachés à leur espace. Pour les jeunes, c’est important de proposer un endroit qui leur correspond et dans lequel ils sont en sécurité. En s’adaptant au public de l’établissement, l’internat du XXIème siècle est un moyen de leur offrir un espace de travail, de convivialité et d’épanouissement personnel.

Depuis la rentrée 2021, vous préparez le concours externe de CPE en suivant un Master MEEF à l’INSPÉ de Franche-Comté. Quelles ont été vos motivations pour intégrer ce parcours ? En quoi diriez-vous que le métier de CPE correspond à votre personnalité ?

À la fin de ma licence, je souhaitais déjà m’orienter sur un Master MEEF et passer le CAPES. Je me suis alors renseignée sur les différents personnels dans un établissement scolaire et j’ai découvert le métier pour lequel j’étudie aujourd’hui : celui de CPE. Situer les missions du conseiller principal d’éducation est complexe, d’ailleurs on fait souvent des raccourcis pour le décrire. Sans parler de la gestion des absences, du comportement de l’élève et bien d’autre, le CPE n’a pas une journée identique à la précédente. La mise en place de projets, le travail d’équipe avec les membres de la communauté éducative, les partenaires extérieurs, la gestion de son équipe d’AED, la partie administrative, le suivi des élèves, la collaboration avec les parents… Il y a tellement de choses à dire sur ce métier que je trouve passionnant. Concepteur de son activité, le CPE fait évoluer ses différentes missions en fonction de l’établissement dans lequel il se trouve et du public qu’il rencontre. Finalement, je dirais que c’est la diversité du métier réalisé sur une année et le travail avec les élèves qui m’intéresse le plus. Mais en toute honnêteté, c’est un plaisir de découvrir ce qui représente véritablement le CPE dans un établissement et toutes les activités que cela implique.

Affectée en stage filé dans un collège de l’éducation prioritaire, vous vous investissez dans plusieurs projets de l’établissement. Quel est celui qui vous tient le plus à cœur ? Pourquoi ?

Depuis la rentrée de septembre, je suis en stage dans un collège en réseau prioritaire. J’avais déjà réalisé un stage de deux semaines dans un lycée et je souhaitais découvrir un public plus jeune. Très rapidement, je me suis aperçue que le suivi élève était totalement différent. Les élèves, généralement âgés de 11 à 15 ans, ont besoin de plus de temps en entretien éducatif et de médiation.

En parallèle, il est possible de mettre en place plusieurs projets, notamment avec le conseil de vie collégienne (CVC) par exemple. Cet établissement est très formateur et depuis quelques mois, j’ai déjà investi bon nombre de missions du CPE notamment grâce à la bienveillance et l’implication de ma tutrice. Nous avons travaillé sur plusieurs projets comme la confection d’affiches sur les éco-gestes, réalisé des séances avec les élèves du CVC sur l’évaluation de leur établissement etc. Dernièrement, il m’a été possible de travailler en collaboration avec les professeurs et d’organiser plusieurs séances de théâtre d’improvisation autour de situations de harcèlement. Un bon moyen d’analyser, de débattre et de réfléchir autour de ce thème très important. C’est un vrai plaisir d’organiser ces séances et de revoir les élèves dans la cour qui me demandent de refaire ce type d’exercices !
Nous sommes en 2032 : Où vivez-vous ? Quel métier exercez-vous ? Quels sont vos centres d’intérêts ?
Voilà une question qui demande beaucoup de réflexion ! Concernant le lieu de résidence, je ne peux donner une réponse précise. En effet, je me suis donnée le défi de découvrir plusieurs endroits de France et de voyager. Découvrir des nouveaux publics est aussi intéressant que passionnant. On en vient naturellement à faire un lien avec le professionnel. Je pense que cette envie de bouger et de découvrir le pays est en lien avec le besoin d’évoluer dans mon métier. Je me suis toujours laissée guider par mes envies et mes besoins. Lorsque l’on se trouve dans un corps de métier, j’imagine qu’il est important d’apprécier ce que l’on fait.
En tout cas, je pense que je travaillerais toujours en lien avec les enfants. Je me laisse l’opportunité d’évoluer sur différents postes en relation avec l’enseignement. Aujourd’hui je sais ce que je veux et j’imagine que d’ici 2032 mes choix seront encore plus précis avec l’expérience.

Laura Jeanrot, stagiaire MEEF CPE dans le département 70

Le parcours de Natalia, CPE contractuelle

Après les années lycée, vous vous dirigez vers des études universitaires en musicologie et vous suivez des cours au conservatoire de Metz. Qu’est ce qui est à l’origine de votre passion pour le Violoncelle ? Qu’avez-vous ressenti après l’obtention de votre certificat de fin d’études lié à la pratique de cet instrument ?


Depuis toute petite, j’ai été baignée dans la musique. Lorsque j’ai dû choisir un instrument, mon choix ne s’est pas tout de suite porté sur le violoncelle. Finalement, il est devenu mon instrument de prédilection. Grâce aux cours du conservatoire et à l’intégration d’un groupe de musique à l’âge de 14 ans, j’ai appris à apprivoiser mon violoncelle en m’émancipant de la pure interprétation d’œuvres musicales. J’ai joué d’autres styles, rencontré d’autres musiciens qui m’ont permis d’élargir mon répertoire. Je ne suis pas une virtuose mais je prends plaisir à jouer et à chanter en essayant de transmettre des émotions. C’est pourquoi, l’obtention de mon certificat de fin d’études m’a beaucoup émue et rassurée quant à mes capacités musicales.

Vous poursuivez votre parcours à la Faculté de Strasbourg en tant qu’étudiante dans un centre de formation des musiciens intervenants. Qu’avez-vous envie de retenir de ces 2 années sur les plans artistique, pédagogique et humain ?

J’ai eu la chance de pouvoir intégrer à 20 ans le CFMI (Centre de Formation de Musiciens Intervenants) de Sélestat. Ce fût deux années extraordinairement riches en enseignements pédagogiques et musicaux. Ce sont deux années plutôt intenses pendant lesquelles nous alternons les cours, les formations et les stages sur le terrain avec les écoles primaires et maternelles ce qui m’a permis de développer certaines compétences musicales et d’échanger avec différents musiciens professionnels, les intervenants et les professeurs du CFMI et les enseignants des écoles maternelles et primaires avec lesquels nous entretenions un partenariat précieux.

Vous avez enseigné dans des écoles de musique en Alsace et vous vous êtes investie dans des stages musicaux pendant la période estivale. Pouvez-vous nous parler des créations musicales pour jeune public auxquelles vous avez participé ? Avec le recul, quelles évolutions avez-vous perçu dans votre pratique professionnelle au fil des semaines ?

J’ai effectivement eu plusieurs casquettes dans l’école de musique pour laquelle je travaillais comme beaucoup d’autres professeurs. J’ai enseigné le violoncelle, le chant choral, le solfège, l’éveil musical, … cela m’a permis de balayer plusieurs domaines de compétences et d’enrichir les apprentissages pédagogiques que le CFMI m’avait dispensé.
Participer à la création de spectacles musicaux a fait partie de mon développement professionnel du côté de la scène. Encore une fois, j’ai rencontré des gens formidables avec lesquels j’ai partagé des moments musicaux et amicaux intenses et qui m’ont permis d’évoluer autant dans mon métier qu’à titre personnel. Pour donner un exemple, quand j’étais au conservatoire, les morceaux d’examen étaient à savoir par cœur, c’’était obligatoire. C’était à chaque fois une grande source d’angoisse pour moi car je redoutais le trou de mémoire. Et plus j’y pensais en jouant, plus ça arrivait, c’était un vrai cercle vicieux ! Grâce au CFMI et aux personnes que j’ai rencontrées pendant mes années de musiciennes, j’ai appris à travailler des morceaux et des chants sans partitions, seulement par transmission orale et j’ai développé mon jeu d’improvisation, chose qu’au conservatoire j’étais incapable de faire car ce n’était pas la même méthodologie d’apprentissage.

De la musique de chambre au théâtre, il n’y a qu’un pas ! Vous le franchissez allègrement en rejoignant les cours Florent. Pourquoi ce basculement vers un autre domaine artistique ? Quels principaux enseignements en avez-vous retiré ?

J’ai toujours été attirée par l’univers du théâtre. Plus jeune, j’ai fait partie pendant quelques années d’un atelier théâtre qui se nomme l’Atalante à Château-Thierry dans l’Aisne, ma ville natale. J’ai également rejoint une troupe amateure en Alsace lorsque j’y ai fait mes études au CFMI. Le théâtre a toujours plus ou moins était présent en filigrane dans ma vie et j’ai voulu franchir une étape en passant le concours d’entrée aux Cours Florent. J’y ai beaucoup appris notamment grâce aux professeurs que j’ai pu rencontrer même si je ne suis pas allée au bout de ma deuxième année pour des raisons personnelles. J’y ai rencontré des personnes formidables avec qui je suis encore en contact aujourd’hui et qui pour la plupart ont continué l’aventure. Avoir fait du théâtre m’aide aujourd’hui à dissocier ma fonction de CPE de celle que je suis au quotidien. Nous jouons en quelque sorte un rôle qu’il faut tenir pendant toute une année. C’est une longue pièce qui contient plusieurs actes !

Vous exercez ensuite la fonction d’Assistant d’Education dans un collège de Moselle. Quelles sont les responsabilités qui vous ont été confiées ? En quoi cette expérience vous a-t-elle donné envie de devenir CPE ?

J’ai exercé la fonction d’AED pendant 4 ans dans cet établissement. Quatre années formidables durant lesquelles j’ai travaillé avec des personnes complètement investies dans leur métier. C’était un collège très actif notamment au niveau du Comité d’Education à la Santé et à la Citoyenneté (CESC). Beaucoup de choses étaient proposées aux élèves et beaucoup d’entre eux étaient investis dans différents projets. J’ai eu la chance, entre autres, d’être nommée par ma cheffe d’établissement référente à l’égalité filles/garçons ce qui m’a permis de mener quelques actions en partenariat avec la référente académique de Nancy-Metz. J’ai pu pendant 4 ans m’imprégner de cette ambiance de travail et observer le fonctionnement d’un EPLE (Établissement Public Local d’Enseignement). J’étais membre du Conseil d’Administration et assistait également aux commissions éducatives et aux conseils de discipline. J’ai pu me rendre compte de mon évolution quant à ma capacité à interagir avec les élèves et leurs parents. Je me suis rendu compte à quel point l’adolescence était une période terriblement complexe au sein d’un établissement scolaire et, en tant que personnel éducatif, nous avons un rôle très important à jouer. Ce qui est très passionnant et vertigineux à la fois. Ce sont toutes ces choses qui m’ont donné l’envie de devenir CPE.

Depuis la rentrée 2021, vous occupez un poste de CPE contractuel dans un collège rural de Haute-Saône. Quelles ont été vos motivations pour postuler ? Comment vivez-vous cette découverte du métier, avec les enseignants, avec la direction, avec les AED ?

Après cinq années en tant qu’AED et pour les raisons que j’ai évoquées précédemment, j’ai eu la très forte envie de passer une étape dans mon parcours professionnel et d’avoir l’opportunité de continuer à découvrir sur le terrain ce métier de CPE avec comme ligne de mire le concours interne.
Grâce à l’aide du CPE du collège de Faucogney, que je remercie au passage très chaleureusement, et à un beau concours de circonstance, j’ai eu la chance de décrocher un poste de contractuel dans l’établissement de Melisey pour une année complète alors que je postulais pour être Assistante d’éducation dans l’académie de Nancy-Metz.
La découverte du métier est déstabilisante et passionnante à la fois. L’année dernière, je n’étais encore qu’AED et me voilà de l’autre côté de la barrière avec, pour toute expérience, 5 années de surveillance et d’accompagnement des élèves. Le changement de statut implique beaucoup de choses en commençant par la place que l’on occupe au sein d’une équipe de vie scolaire. J’ai eu encore une fois la chance de tomber sur des personnes très accueillantes et bienveillantes autant dans mon équipe, que dans l’équipe de direction et parmi les enseignants. Le Principal de l’établissement a lui aussi pris ses fonctions en septembre sans CPE jusqu’au début du mois d’octobre. Il a été très soutenu par l’équipe en place, ce que j’ai ressenti également quand j’ai rejoint le collège de Mélisey. J’en profite pour leur adresser un grand merci !

Natalia KLEIN

Laurine, future prof d’anglais, a plusieurs cordes à son arc

Après des études universitaires en anglais, vous faites le choix de la préparation d’un Master MEEF. Quelles sont vos principales motivations pour intégrer l’ESPÉ et devenir enseignante ?

Dès mon plus jeune âge, j’ai développé mon intérêt pour l’apprentissage des langues étrangères. L’anglais fut à l’origine de ma première approche avec les langues. Dès lors, cette matière a été celle de prédilection durant toute ma scolarité. C’est cliché, mais cependant vrai : j’ai toujours, depuis aussi loin que je m’en souvienne, voulu être enseignante. Il était important pour moi que de partager le goût de l’apprentissage d’une langue, mais surtout : le goût d’apprendre, tout simplement. Alors, quoi de mieux que de réunir la matière qui m’a toujours animée avec un rêve de petite fille ?

Vous effectuez un stage de pratique accompagnée dans la classe de CM d’une école rurale. Que retenez-vous de cette expérience pédagogique ? Quels atouts voyez-vous pour enseigner à la campagne ?

La-dite école était exclusivement composée d’une classe à double niveau CM1 et CM2. Les élèves présentaient des formes dys, incluant dyslexie et dyspraxie. Cela m’a amenée à mettre en pratique la pédagogie différenciée. C’est une méthode d’apprentissage qui privilégie les besoins et possibilités de l’enfant, en s’adaptant à lui afin de lui proposer des supports et outils spécifiques. La différenciation me tient à cœur car elle reste pour moi l’une des clés pour un apprentissage égalitaire pour chaque élève, lui permettant de progresser à son rythme.

Enseigner en territoire rural implique, selon moi, une confiance venant des familles qui favorise une sérénité chez l’enfant. La connivence parent-professeur permet un climat de bienveillance. Cela induit une relation d’écoute et de convivialité. Ce sont des points non négligeables pour le sentiment d’appartenance de l’élève vis-à-vis de l’école, ce cercle vertueux devenant une source de motivation pour l’élève face à la structure scolaire.

Pendant deux mois, vous découvrez une frange du système éducatif canadien. De quelle façon ? Quelles différences vous ont frappée avec le fonctionnement de l’école française ? Quels enseignements en tirez-vous pour votre pratique professionnelle ?

J’ai eu la chance de pouvoir partir au Canada lors de ma dernière année de master. J’ai alors enseigné en tant que professeur des écoles à Spring Park School, sur l’Île du Prince Édouard, au nord de la Nouvelle-Écosse. Bien que ce soit une petite province où le français est peu parlé, l’école proposait un cursus d’immersion français. Ce programme prend effet de la maternelle et dure jusqu’au collège. Pour ma part, j’étais en charge de la première année de maternelle, ce qui correspond à la grande section en France. Malgré le fait que les élèves n’ont l’équivalent que d’une seule année avant le cours préparatoire, ils terminent leur première année en sachant lire, écrire, et compter. Ce qui est impressionnant, d’autant plus quand il s’agit de compétences acquises dans deux langues. L’enseignement des matières fonctionne beaucoup par centres/ateliers tournants. Je me suis totalement retrouvée dans cette méthode qui rend les élèves incroyablement autonomes dès leur plus jeune âge. C’est une pratique que j’ai conservée mise en place lors de mon enseignement dans le secondaire et post-bac.

Vous ajoutez la vie scolaire comme une corde à votre arc en devenant assistante d’éducation dans un lycée général et technologique. Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans cette fonction ? En quoi est-elle, pour vous, complémentaire de celle d’enseignante ?

Être assistante d’éducation permet de voir l’élève sous un tout autre angle. Il est, je trouve, très intéressant de se rendre compte ce qu’il se passe en dehors de la salle de classe. L’élève est un individu à part entière avec ses idées, ses passions, ses craintes qui lui sont propres. Avoir rejoint la vie scolaire m’a permis de trouver le bon équilibre entre fermeté et tolérance.

Quand on devient assistant d’éducation, nous n’avons pas la même relation avec les élèves. que lorsque nous enseignons. Ainsi, découvrir les différents rouages d’un établissement scolaire est essentiel afin d’adapter son comportement aux situations auxquelles nous pouvons faire face.

Vous acceptez la mission de formatrice d’anglais au sein de l’UIMM (Union des industries et Métiers de la métallurgie) de Franche-Comté. Quelle est l’originalité de cette approche en milieu professionnel ?

J’ai fait ma rentrée en 2020 à l’UIMM, qui s’apparente à un lycée professionnel. Je suis en charge de CAP, BAC et BTS sur deux pôles en Franche-Comté. Ayant toujours eu comme première approche des élèves de maternelle et primaire, la découverte du secondaire s’est avérée incroyablement enrichissante. Le défi à relever était de valoriser une discipline générale en tenant compte de l’intérêt des élèves. L’objectif étant de progresser en suscitant le côté ludique qu’offre l’apprentissage d’une langue étrangère à travers la culture, les anecdotes, l’histoire, la géographie, les arts, et les actualités.

L’école vient tout juste d’être équipée d’une salle de classe insonorisée et décloisonnable composée de différents espaces : îlot, informatique, mange-debout, table ronde,… Un paradis pour une fan d’ateliers tournants autonomes telle que moi ! Une chance, lorsqu’on débute, d’avoir à disposition autant d’outils pédagogiques à exploiter.

Que souhaitez-vous partager de vos centres d’intérêt, vos passions ?

Le sport a depuis quelques années maintenant une place centrale dans mon quotidien. Parmi les quelques disciplines sportives que je pratique, c’est le body-combat que j’affectionne tout particulièrement. Outre le fait de pouvoir évacuer, c’est le dépassement de soi et les rapides progrès qui m’attirent le plus.

Pour aller plus loin dans cette lancée, j’ai décidé de m’engager dans la réserve en gendarmerie. À cet égard, je réaliserai ma préparation militaire cette année. J’ai besoin de me prouver que je suis capable d’aller toujours plus loin, et mon goût de l’aventure me pousse à vouloir découvrir de nouvelles expériences enrichissantes.

Laurine Grosjean

Pour en savoir plus sur l’école au Canada, retrouvez Laurine sur « École de demain » : Immersion imminente : découvrez le système éducatif canadien !

Le parcours de Céline enseignante d’histoire-géographie-EMC

Comment expliquez-vous que votre projet de devenir enseignante était déjà présent depuis votre enfance ?

J’ai toujours voulu devenir enseignante, petite je jouais à la maîtresse comme beaucoup d’autres enfants je suppose. Et puis au fil des années, mon projet s’est étoffé et je me suis très vite tournée vers la littérature et les sciences humaines. Ce que j’aime dans le fait d’être enseignante c’est d’apprendre plein de choses et surtout de les retransmettre à mon tour.

Après le baccalauréat, vous entrez en faculté des lettres et sciences humaines à Nancy. Vous faites le choix d’études supérieures en histoire-géographie. Qu’est ce qui est à l’origine de votre spécialisation en licence pour l’histoire antique ?

Je me suis spécialisée en histoire ancienne en 3ème année de licence du fait de mon parcours scolaire que je dois surtout à mon père. J’ai fait du latin et du grec ancien au collège puis au lycée. J’adore à la fois la rigueur que cette période de l’histoire nous impose mais aussi la culture et la civilisation antique. Donc en 3ème année quand il a fallu faire un choix j’ai choisi l’histoire ancienne non seulement parce que c’était facile pour moi ayant déjà des bases en latin et en grec mais aussi parce cette partie de l’histoire reste le fondement de notre civilisation et de notre langue. J’aime beaucoup expliquer aux élèves l’origine des mots, la mythologie et ce qu’il reste encore aujourd’hui en termes de traces archéologiques de ce passé pourtant lointain.

À quel moment de votre parcours avez-vous montré une réelle motivation pour la géographie ? Comment vous y prenez aujourd’hui pour sensibiliser vos élèves à cette discipline ?

Depuis la licence je fais de la géographie (quasiment autant d’histoire que de géographie) mais j’ai vraiment apprécié la géographie et tout ce qu’elle représente en master. N’étant pas la matière dans laquelle je me sentais le plus à l’aise je l’ai peut-être plus travaillé. Il faut aussi dire que j’ai eu la chance d’avoir des enseignants-chercheurs passionnés avec qui je suis restée en contact et qui m’ont fait apprécier cette matière souvent peu/mal connue. Les préjugés que j’avais les élèves les ont aussi. Mon objectif est donc de leur faire comprendre l’intérêt de la géographie afin de comprendre le monde actuel. J’essaie le plus possible de les faire voyager autour d’études de cas multiples et d’utiliser les réflexions géographiques pour leur faire comprendre l’actualité (géopolitique, aménagement du territoire etc). Avoir un esprit critique est essentiel dans notre monde actuel et c’est le rôle, à mon sens, de l’histoire-géographie.

Vous avez mis en œuvre le projet transversal « raconte ta ville » impulsé par le réseau Canopé. Pouvez-vous développer les grandes lignes de cette démarche ? En quoi ce projet vous a-t-il amené à diversifier vos approches pédagogiques ? Pour quels résultats ?

Le projet « raconte ta ville » est un projet à l’échelle nationale dont le but est de faire réfléchir les élèves sur la ville de demain sous forme d’un webdoc. Ce projet s’inscrivant dans le programme de 6ème, ma collègue professeure-documentaliste et moi-même avons décidé de nous lancer dans cette aventure. Les élèves ont dû imaginer la ville de Luxeuil-les-Bains dans le futur autour de 4 axes liés au développement durable (se nourrir, se loger, travailler, se divertir). Nous avons donc fait un état des lieux de la ville de Luxeuil-les-Bains et grâce à des recherches documentaires les élèves ont créé la ville qu’ils voulaient avoir dans le futur. Cela a été un travail de longue haleine mais les élèves ont pu ainsi découvrir une branche de la géographie qu’on appelle la géoprospective, ils ont acquis des compétences concernant la recherche documentaire. Nous avons eu aussi la chance de travailler avec ma collègue de français (rédiger l’histoire et la description de leur projet) et d’initier les élèves au monde de la radio avec l’enregistrement de leurs voix. C’était un projet transdisciplinaire qui montre que les connaissances ne doivent pas être cloisonnées.

On peut voir le webdoc ici, et des interviews sur le projet .

Parallèlement à votre fonction d’enseignante, vous avez été élue conseillère municipale de votre village des Vosges. Pourquoi relever ce défi citoyen ? Envisagez-vous un jour la responsabilité de maire ?

Plus jeune je faisais partie du conseil des jeunes de ce même village, j’ai toujours aimé participer à la vie de mon village. Je me sens concernée par ce village car ma famille s’y est implantée depuis plus d’une centaine d’années. Quand l’équipe m’a demandé de participer au futur conseil municipal j’ai trouvé que c’était une suite logique dans mon engagement citoyen. De plus, je suis également enseignante d’EMC, quoi de mieux que de connaître les institutions de l’intérieur pour les expliquer aux élèves. Cependant je n’envisage pas de me présenter un jour aux fonctions de maire car c’est une fonction avec de lourdes responsabilités. Par contre travailler en tant qu’élue au sein des intercommunalités pourquoi pas (je garde toujours un lien avec la géographie et l’aménagement du territoire finalement).

Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ? Où et dans quelle peau professionnelle vous voyez-vous dans 15 ans ?

Dans le futur j’aimerais passer l’agrégation apprendre et acquérir de nouvelles connaissances est vraiment quelque chose que j’aime. Ce que je souhaite c’est rester à jour sur le plan scientifique afin d’en faire profiter les élèves. Apprendre de nouvelles façons d’enseigner me semble important car aujourd’hui nous avons un public de plus en plus varié et notre objectif est de répondre aux différentes formes d’intelligence des élèves. Pourquoi pas me former pour former à mon tour les futurs enseignants et préparer les étudiants au CAPES, c’est quelque chose qui en effet me plairait bien.

Céline BIHR, enseignante d’histoire-géo dans le 70

Pour découvrir l’utilisation de genial.ly en collège et en histoire géographie par Céline, rendez-vous sur notre blog pédagogique École de demain

La littérature jeunesse, une bouffée d’oxygène !

En matière de parcours universitaire, Agnès a derrière elle un DEA de Sciences du langage (l’équivalent aujourd’hui du Master 2), et quelques expériences dans l’enseignement, en matière d’alphabétisation pour adultes, de cours de Français Langue Etrangère (FLE) pour les étudiants, ou encore à des ados malentendants. Elle a ensuite passé le CAPES de Documentation puis effectué plusieurs remplacements dans différents établissements avant d’obtenir un poste fixe en 2002 dans un collège de Vandoeuvre-lès-Nancy, en éducation prioritaire. Le SE-Unsa est allé à sa rencontre pour discuter « littérature de jeunesse ».

Quelle place la littérature jeunesse a-t-elle dans ta vie ?

Une place importante. C’est une bouffée d’oxygène ! Je l’ai découverte quand j’étais stagiaire documentaliste et elle ne m’a plus lâchée ! Puis j’ai continué à la fréquenter dans mon travail, dans mes loisirs, avec mes enfants…

Comment t’est venue l’idée d’écrire pour la jeunesse ?

Naturellement, au contact de tous les titres que j’ai lus. J’avais envie de participer à cette aventure extraordinaire des livres pour la jeunesse. Je ressentais le besoin de raconter mes propres histoires, particulièrement sur des sujets qui me tiennent à cœur (l’amitié, l’amour, le handicap, la différence …) et je souhaitais ouvrir les jeunes au monde, leur faire aimer la lecture.

Quels sont tes auteurs jeunesse préférés ?

Marie-Aude Murail, depuis toujours. J’ai eu la chance de la rencontrer dans le cadre de mon métier.

Comment as-tu concilié tes deux activités d’écriture et de prof doc ?

L’écriture reste pour moi un plaisir, une passion. J’ai pour habitude de séparer les deux activités. Ainsi, je n’écris pas sur mon lieu de travail. Mais elles sont néanmoins liées. Mon métier de professeure-documentaliste en collège m’a permis d’apprendre à connaître la spécificité et la variété de la littérature jeunesse. Il arrive aussi que certains de mes élèves soient une source d’inspiration !

Peux-tu nous dire un mot sur le livre que tu as écrit ?

« Anaïs » est l’histoire d’Aurélien qui, pour crâner devant les copains, s’invente une amoureuse. Mais ses amis ne le croient pas et ils veulent absolument la rencontrer ! Aurélien va donc devoir trouver une fille qui accepte de jouer le rôle de sa copine juste pour une journée… Je vous laisse lire le livre pour découvrir la suite ! C’est une histoire destinée aux enfants à partir de 6 ans, publiée aux Editions Kilowatt dans la collection Les Kapoches, superbement illustrée par Suzy Vergez.

Comment ce livre est-il né et que s’est-il passé ensuite ?

J’avais commencé cette histoire il y a quelques années et je l’avais laissée inachevée. Puis en 2017 j’ai repris le texte, je l’ai modifié et terminé. J’ai envoyé mon manuscrit aux Editions Kilowatt et il a plu à l’éditrice. À sa demande, j’ai effectué un travail de réécriture car le texte était trop court pour la collection. Puis l’éditrice a choisi une illustratrice et le livre a été publié en novembre 2018. J’ai ensuite eu l’immense plaisir de participer en tant qu’auteure au Salon du Livre sur la Place en septembre 2019 à Nancy, puis au Salon du Livre des Auteurs Lorrains en mars 2020 à Villers-lès-Nancy.

Que retiens-tu de cette expérience ?

Elle a été très enrichissante. Cela représente beaucoup de travail, de doutes, mais aussi beaucoup de joies, d’émotions et de rencontres inoubliables. Car écrire et se faire éditer, c’est aussi une aventure humaine incomparable. Publier l’une de mes histoires et participer au Livre sur la Place était mon rêve. Je l’ai réalisé. Mais j’aimerais pouvoir renouveler l’expérience !

As-tu eu l’occasion de faire du lien entre cette expérience d’auteur et ton métier de prof doc ?

Oui, avec une classe de quatrième. J’ai utilisé cette expérience pour montrer aux élèves le parcours d’un livre, du brouillon en passant par le manuscrit, pour aboutir à l’objet final.

Continues-tu à écrire ?

Oui, j’écris régulièrement, même si ce n’est pas aussi souvent que je le souhaiterais. Le temps me manque, parfois. J’écris des textes pour les enfants (albums, petits romans) mais aussi pour les ados. Ils n’attendent plus qu’un éditeur pour être mis à disposition des petits et grands lecteurs !

Crédit : Illustrations de Suzy Vergez

Formatrice FLE, AED en atelier relais… le parcours d’Hélène

Durant votre Master en FLE (Français Langue Etrangère), vous avez mené un atelier sur le thème « École et Parentalité ». Quel était l’objectif de cet atelier et comment les séances étaient-elles organisées ?

Cet atelier sociolinguistique mis en place sur trois quartiers de Besançon avait pour but de permettre aux stagiaires allophones et analphabètes d’entrer dans l’écrit via le thème de l’école et de la parentalité. En binôme, nous avons conçu une programmation durant 3 mois, à raison de deux demi-journées par semaine dans chaque quartier.

Il y avait donc un double objectif, celui de l’apprentissage de la langue, notamment écrite, et la connaissance du système scolaire français. Il s’agissait de permettre aux parents de participer activement à la scolarité de leurs enfants et tenter de réduire les risques de décrochage scolaire chez les élèves de familles issues de l’immigration. Pour cela nous avons utilisé des documents authentiques (carnets de liaison, documents informatifs) pris dans les établissements scolaires fréquentés par les enfants des stagiaires. Nous avons travaillé la phonétique et la graphie à partir du vocabulaire scolaire (les matières enseignées, les fournitures…).

Dans la continuité de vos études universitaires, votre première vie professionnelle s’est déclinée comme formatrice FLE et formatrice conseil au sein de plusieurs organismes de formation. Lesquelles ? En quoi consistaient principalement vos missions ? Comment s’est terminée cette aventure ?

J’ai très vite commencé à travailler en tant que formatrice conseil en Français Langue Etrangère, auprès de publics primo-arrivants dans le cadre de formations CAI (Contrat d’Accueil et d’Intégration) devenues aujourd’hui CIR (Contrat d’Intégration Républicaine). Cette formation est obligatoire pour les personnes étrangères arrivant sur le sol français. Il s’agit d’amener les stagiaires à un niveau A1, par le biais de thèmes tels que le logement, la santé, le travail, l’école, la culture. Ces formations doivent permettre, au-delà de l’apprentissage de la langue française de s’approprier les savoirs-être et les connaissances nécessaires pour vivre en France. La mission est ici de répondre à la demande de l’Office Français de l’Immigration et d’Intégration tout en prenant en compte les besoins et attentes des stagiaires.

Toujours en tant que formatrice FLE j’ai eu en charge divers ateliers sociolinguistiques, de réinsertions, cette fois le public était composé de personnes résident en France depuis plusieurs mois, années, voire décennies. Le but de ces ateliers est l’apprentissage de la langue, en particulier l’écrit, au travers de sortie dans des lieux tels que les bibliothèques, la Poste, la Caf… des ateliers cuisine, des récits de vie…

J’ai aussi été en charge de groupes en DFL (Dispositif de Formation Linguistique), pour préparer les stagiaires ayant fait leurs heures obligatoires (CIR) au Diplôme En Langue Française (DELF) du niveau A1 au niveau B2.

La particularité de ces différents dispositifs est l’hétérogénéité des publics, tant par leur niveau que par leur langue maternelle et leur date d’arrivée en France.

Dans une moindre mesure j’ai aussi travaillé pour le CREEDEV (Centre Régional d’Enseignement et d’Education Spécialisés pour Déficients Visuels) de Besançon en tant qu’assistante socio-éducative auprès de jeunes non et malvoyants. Mais aussi comme formatrice conseillère en insertion professionnelle en charge de la formation « élaboration de projet professionnel ».

Au fil des années j’ai exercé mon métier de formatrice dans divers centres de formation et associations, ce qui m’a permis de connaitre les différentes actions existantes dans le domaine du FLE. C’est alors que j’ai eu envie de changer de métier, de me réinventer. J’aime transmettre, accompagner, me sentir utile aux stagiaires.

Vous exercez actuellement comme assistante d’éducation dans un collège de Haute-Saône où l’on vous a proposé un poste à profil au sein d’un ateliers-relais. Quel public accueillez-vous au sein de ce dispositif ? Comment définiriez-vous le travail éducatif mené avec les élèves ?

J’ai donc postulé pour être assistante d’éducation à la rentrée 2020. J’ai eu la chance de me voir proposer un poste à profil, à 60% en atelier relais, en binôme avec l’enseignant référent de l’atelier. J’ai découvert le public adolescent en difficulté. Difficulté scolaire, sociale, psychologique et émotionnelle. L’atelier relais accueille des élèves en rupture/décrochage scolaire. Les causes de ce décrochage sont multiples. Certains élèves ont « juste » des problèmes d’absentéisme qui créent un retard dans les apprentissages, d’autres de comportement (violence physique, verbale). Certains paraissent même souffrir de troubles du comportement.

A l’atelier relais nous essayons de comprendre l’élève dans son individualité, les raisons de son comportement, de relever les indices qui permettent d’anticiper le point de rupture, de trouver des solutions avec lui pour éviter d’en arriver là, ce qui n’est pas toujours possible dans un groupe classe de 25. Il s’agit ici d’apporter un cadre, d’amener les élèves à renouer le dialogue avec les adultes référents, l’autorité, mais aussi avec les apprentissages dans le but qu’ils réintègrent leurs établissements d’origine de manière sereine, pour eux comme pour l’équipe pédagogique et éducative. Il ne s’agit pas là de remettre à niveau les élèves qui ont des lacunes ou du retard, mais de travailler sur les comportements individuels et au sein du groupe classe. J’aime beaucoup l’approche pluridisciplinaire que nous adoptons à l’atelier, les dimensions psychologique et sociale se mêlent à la dimension éducative et pédagogique de l’enseignement ordinaire. Il y a une fonction d’apaisement de l’enseignant/accompagnateur qui est très intéressante.

Cette expérience m’a donné envie de poursuivre ma carrière professionnelle auprès des enfants et adolescents à besoins éducatifs particuliers.

Pourriez-vous nous faire partager le portait d’un élève que vous avez suivi et nous décrire l’accompagnement dont il a bénéficié ?

Nous avons rencontré des profils très différents au sein de l’atelier relais. Un des élèves que nous appellerons Antoine a particulièrement marqué mon esprit. Antoine, élève de 5ème parait avoir des difficultés à entrer dans les activités pédagogiques, il met en place diverses stratégies d’évitement pour ne pas les faire. Il embête ses camarades en les regardant de manière insistante et moqueuse, leur fait des doigts d’honneur sans qu’on le voit, fait du bruit avec sa chaise ou ses pieds, se déplace pour prendre un Rubik’s cube, demande sans cesse quand est ce qu’on va en récréation, qu’on joue au Uno… Lorsqu’on le reprend, il entre « en crise ». Il se mure dans un silence sans fin, on ne parvient même plus à établir un contact visuel avec lui. La seule chose qui semble l’apaiser c’est les écrans : la tablette ou l’ordinateur. Dans son établissement d’origine il apparait que lorsqu’il fait une crise ou qu’il refuse de faire une activité, on lui donne sa tablette pour « avoir la paix ». Pour éviter qu’il ne perturbe trop les autres élèves dans leurs activités pédagogiques nous lui créons un espace en retrait des autres. Nous l’autorisons à garder un Rubik’s cube à sa table. Nous l’accompagnons dans toutes ses activités pédagogiques, il a un besoin constant de la présence rassurante de l’adulte. Nous la lui apportons autant que faire se peut. Nous limitons son accès aux écrans petit à petit. Nous étions d’accord sur le fait qu’Antoine devrait avoir un suivi spécifique, son attitude relevant du trouble du comportement. Grâce à la persévérance de l’enseignant de l’atelier relais auprès de l’équipe éducative de l’établissement d’origine d’Antoine et de ses parents, Antoine a bénéficié d’une seconde session à l’atelier relais, et de la mise en place d’un GEVASCO pour une prise en charge adaptée à son profil.

En appui à votre pratique professionnelle, vous manifestez de l’intérêt pour diverses lectures liées à votre champ de compétences. Quelle est celle qui a récemment retenu votre attention ?

J’ai récemment lu le mémoire d’une avocate qui est devenue enseignante en ITEP (Institut Thérapeutique éducatif et pédagogique). Cette lecture a retenu mon intention car les profils des élèves dont elle fait la description sont similaires aux profils de certains des élèves accueillis à l’atelier relais. Y sont décrits des enfants/adolescents qui sont en recherche de limites, qui attaquent le cadre, refusent d’entrer dans les activités bien souvent par le rejet et les insultes ; des enfants qui ont été mal-maternés, mal-construits, qui se cachent derrière une carapace agressive ; qui ont recours à des stratégies d’évitement comme une extrême lenteur, une grande agressivité envers les autres et/ou l’équipe pédagogique, de l’excitation extrême… des enfants psychiquement et émotionnellement indisponibles pour les apprentissages.

Votre passé de formatrice revient au galop avec le projet de transmettre vos savoir-faire aux personnels non-titulaires de votre bassin d’éducation. Quelles sont vos motivations pour un tel projet ?

J’ai toujours aimé mon métier de formatrice : transmettre des savoirs (être, faire), accompagner les stagiaires, les élèves dans l’acquisition de compétences, concevoir des ressources pédagogiques, une progression, adapter mes pratiques pédagogiques à mon public… tout cela fait partie de moi. Mes multiples expériences professionnelles m’ont amenée à un certain degré d’expertise concernant la gestion d’un groupe classe (adultes ou adolescents). Mon expérience en tant qu’assistante d’éducation a révélé mon aptitude à créer à la fois un rapport de confiance et de respect avec les élèves. L’équipe éducative est là pour faire respecter le cadre, les règles mais doit aussi apporter un sentiment de sécurité afin que les élèves puissent se confier en cas de problème. L’idée de transmettre les savoirs et compétences que j’ai pu acquérir au fil de mes expériences professionnelles me motive énormément. Savoir que mes compétences pourraient aider certains AED à adopter la bonne posture face aux élèves (gestion des conflits, recherche de solutions face à certains comportements) me donne envie d’explorer cette piste.

Vous appréciez particulièrement le visionnage de documentaires et films liés à la nature, à la cause animale et végétale, à l’environnement. En quoi ces reportages sont-ils source d’inspiration et d’épanouissement pour vous ?

Je suis quelqu’un de sensible à l’avenir de notre planète, aux questions environnementales et écologiques. J’aime m’instruire à ce sujet, comprendre le fonctionnement du règne animal, la manière dont les arbres communiquent entre eux… la magie de la vie. Je trouve particulièrement intéressant des films comme Okja du réalisateur Bong Joon-ho, qui mélange science-fiction et dénonciation de l’élevage industriel avec tout ce que cela implique de cruauté. Des reportages comme Home de Yann Arthus Bertrand, qui permettent à tous de voir la beauté de notre Terre et les dangers qui la menacent. Ces films et documentaires sont aussi facilement exploitables en classe afin de sensibiliser les enfants ou adultes aux questions environnementales.

Hélène Pernot, AED dans un collège de Haute-Saône

Entre khôlles et collège : trouver son équilibre

Paul est un jeune professeur de SVT. Il enseigne actuellement en collège et donne en parallèle des heures de khôlles* en CPGE scientifique.

Quel est ton parcours d’enseignant ?

Après ma réussite au concours de l’agrégation j’ai été stagiaire en lycée en Alsace. J’ai ensuite été muté dans l’Académie de Créteil où j’ai continué à enseigner en lycée. Puis j’ai pu revenir en Alsace en obtenant un poste spécifique au collège international à Strasbourg, notamment grâce à mes deux certifications complémentaires (DNL** allemand et anglais).

Comment en es-tu arrivé à assurer des heures de khôlles ?

J’ai fait la démarche de contacter une ancienne professeur de la classe préparatoire où j’ai étudié.

C’est pour moi un bon moyen de ne pas perdre les connaissances accumulées en préparant l’agrégation et de me faire plaisir avec de la science plus exigeante que ce que je fais en collège.

Je pense que je suis tombé au bon moment car ils avaient des besoins. La plupart des khôlleurs que je connais sont d’anciens élèves de CPGE qui se sont proposés, mais parfois les enseignants vont chercher des khôlleurs qui ne sont pas passés par la prépa quand ils ont besoin d’un·e spécialiste d’une discipline.

Cela ne passe pas par les inspecteurs mais chaque année je dois faire une demande d’autorisation de cumul d’activité, que mon chef d’établissement et que le rectorat doivent valider. Et ils peuvent l’un et/ou l’autre dire non.

En quoi est-ce différent d’enseigner à des élèves de classes préparatoires?

Alors enseigner et faire des khôlles c’est très différent. J’ai assuré un remplacement en CPGE donc je peux aussi en parler. Il y a beaucoup moins d’éducation : presque tout l’aspect vie de groupe, gestion de classe disparaît. C’est très vertical, je transmets et l’étudiant « consomme ».

En khôlle il y a beaucoup d’échanges car c’est un oral : les étudiants parlent beaucoup, ils posent des questions, je leur en pose beaucoup, je les interroge pour revenir sur certaines erreurs et approfondir certains points qui n’ont pas été traités. Je les aide à progresser. Ça n’a rien à voir avec ce que je fais au collège. C’est une prise de recul sur des connaissances précises, ça demande de l’esprit de synthèse, un retour sur ce qui a été fait en classe sous un angle différent.

Quel est le travail supplémentaire induit par la préparation des khôlles ?

Alors cela dépend de quelle discipline et dans quelle classe prépa on khôlle. Par exemple je khôlle dans une prépa où les étudiants viennent d’un bac technologique pour une classe et dans l’autre ils sortent d’un bac général.

Cela peut donc être simplement le choix de sujet et réfléchir à ce que j’en attends (plan, notions attendues) en fonction des programmes. Je révise éventuellement certains points sur lesquels je ne suis pas à l’aise.

Dans l’autre classe, un exercice d’analyse de documents scientifiques issus de publications s’ajoute. Je choisis donc dans une banque de sujets et je prépare les attendus ainsi que les questions qui articulent le sujet et l’exercice. La première année ça me prenait du temps mais au fur et à mesure on maîtrise mieux et on prend des habitudes, cela demande donc moins de travail.

En quoi trouves-tu cela enrichissant dans un parcours d’enseignant?

C’est déjà la possibilité de faire progresser les élèves, dans le mesure où c’est une relation plus individuelle, même si je ne les vois pas suffisamment souvent, contrairement à d’autres khôlleurs.

Ça me permet de rester au niveau intellectuellement, de prendre du recul.

Et cela m’apporte aussi une vision du niveau auquel doit arriver un élève en fin de secondaire s’il veut pouvoir faire des filières exigeantes.

Je considère cela vraiment comme une plus-value et j’y prends du plaisir même si c’est un travail vraiment intense.

Est-ce que l’aspect financier entre en ligne de compte dans ton choix de faire des khôlles ?

Alors il y a une idée répandue selon laquelle c’est bien payé. Mais quand je viens pour trois étudiants, je suis là deux heures (distribution du sujet puis trois passages de trente minutes) mais je ne suis payé que pour le temps d’interrogation. Et ces heures ne sont pas défiscalisées (NDLR : « Lorsque l’activité CPGE est inférieure à 50 %, les heures d’interrogation de CPGE n’entrent pas dans le cadre des heures défiscalisées).

Donc ce n’est vraiment pas pour l’argent que je fais ça. Je gagnerais plus en faisant des heures supplémentaires en collège, dans le dispositif « devoirs faits » notamment, qui ne demande pas de préparation et où une heure est comptée une heure.

Selon toi, est-ce un passage obligé ou tout du moins une porte d’entrée pour accéder à un poste spécifique en classe préparatoire ?

Oui je pense qu’intervenir dans le supérieur est une manière de se faire connaître. Parce que j’ai fait des khôlles, j’ai eu l’opportunité de faire un remplacement de congé maternité en CPGE. Je suis donc sur la liste des potentielles recrues si un poste se libère. Plusieurs collègues sont arrivés en prépa en ayant suivi ce chemin-là, ils se sont faits connaître de l’Inspection générale. Mais il doit exister d’autres moyens.

*Une khôlle ou colle désigne une interrogation orale, individuelle ou collective, s’inscrivant dans le cursus des classes préparatoires aux grandes écoles.
**DNL (Discipline Non Linguistique) est une matière générale qui est enseignée en langue étrangère.

Crédit photo : Ernesto Eslava de Pixabay CCO Public Domain

Mickaëlle, agrégée et enseignante à l’université

Mickaëlle a été recrutée sur un poste de PRAG en Martinique, à l’université des Antilles, depuis 3 ans. Après des études en CPGE et à l’université, en mathématiques appliquées, avec un parcours recherche et une préparation à l’agrégation, elle a enseigné comme TZR, au collège et seulement une année en poste fixe au lycée.

En quoi l’enseignement à l’université est-il différent de ce qu’on vit dans le second degré ? Comment es-tu devenue enseignante à l’université ?

J’ai candidaté sur l’application « Galaxie » pour un poste à pourvoir à l’université, j’ai été auditionnée tout comme 4 autres candidats par des enseignants de l’université. L’entretien a porté sur mon parcours, mes capacités, mes engagements professionnels, et j’ai pu mettre en valeur les khôles effectuées en prépa, mes vacations dans l’enseignement supérieur, et mes compétences en informatique.

Comment s’est passée l’arrivée sur ce nouveau poste ?

Quand on est recrutée comme PRAG, on formule des vœux auprès du responsable de filière pour savoir quels enseignements on veut assurer, la discussion est collégiale avec les autres enseignants de l’équipe, mais on a beaucoup d’heures à assurer comme PRAG, le double par rapport aux maîtres de conférences, donc on prend aussi ce qui reste, notamment ce qui est « non-spécialisé », ce qui est transversal. Cette année j’assure ainsi des enseignements en L1 (analyse, raisonnement), en L2 (algèbre, probabilités), en L3 (méthodes numériques) et un TD en master.

Assures-tu d’autres missions en dehors de l’enseignement à l’université ?

Je suis directrice des études en première année, je suis donc en première ligne pour répondre aux questions des étudiants sur leur orientation et j’interviens en commission pédagogique.

Avec ton expérience, quels sont selon toi les avantages et les inconvénients de l’enseignement à l’université ?

À l’université, les contacts avec les collègues sont différents, la hiérarchie est plus présente. Les enjeux politiques aussi sont plus forts avec l’autonomie des universités. Ce qui est très intéressant, c’est le rapport aux étudiants : ils sont motivés, respectueux, le relationnel est plus franc… en revanche, n’ayez aucune illusion : vous n’aurez pas plus de temps libre en étant enseignant à l’université !

Penses-tu qu’enseigner à l’université permet de faciliter la mobilité professionnelle des agrégés ?

Ce qu’on vit à l’université n’est pas forcément transférable dans le second degré, la façon d’enseigner n’est pas la même, on apporte surtout à l’université notre savoir-faire du second degré ce qui nous permet de sortir du clivage Cours Magistral / TD dans notre manière de faire. Enseigner à l’université peut permettre après de candidater pour un poste en CPGE ou pour devenir maître de conférences après un doctorat mais ce n’est pas facile. Il faudrait faciliter le passage de PRAG à maître de conférences. Une autre difficulté c’est de se réadapter pour l’enseignement dans le second degré après des années dans l’enseignement supérieur, ce qui n’est pas prévu aujourd’hui.

Valérie, prof doc et référente culture dans un lycée professionnel

Valérie est professeure documentaliste depuis 27 ans. Elle a passé le CAPES externe de documentation après un parcours universitaire en Lettres Modernes, puis en Tourisme Culturel. Elle a travaillé essentiellement en collège mais depuis 6 ans maintenant, elle a choisi le lycée professionnel. Celui dans lequel elle travaille propose, entre autres, des formations aux métiers d’art (bois, céramique…) mais également aux métiers de la mode. Le monde de l’art et de la culture occupe donc une place très importante dans les différentes filières où l’enseignement des arts appliqués est particulièrement valorisé. L’ouverture culturelle et les multiples projets artistiques menés viennent compléter la formation des élèves, en les rendant curieux du monde qui les entoure.

Tu es référente culturelle dans ton établissement, peux-tu nous présenter cette fonction ?

Sur proposition de la cheffe d’établissement, depuis 5 ans, j’assure la fonction de référente culturelle de l’établissement. Mon travail est rémunéré par une IMP de taux 3, soit 1250,01 €/an (répartie sur 9 mois d’octobre à juin). Cette fonction regroupe des missions de coordination de la vie culturelle de l’établissement, d’aide à la construction de projets artistiques et culturels et enfin de valorisation de ces projets. Tous les ans, je rédige un bilan et une évaluation de toutes les réalisations de l’année, que je présente au CA. C’est le moment de montrer à la communauté éducative les réussites et les points faibles de notre établissement afin de tenter de les corriger l’année suivante, et rendre ainsi plus cohérent le parcours d’éducation artistique et culturel des élèves.

La circulaire de missions des professeurs documentalistes intègre déjà l’ouverture culturelle, en quoi le rôle de référent culture enrichit-t-il cette mission ?

Il enrichit la mission des professeurs documentalistes car il permet d’avoir une vision plus globale de l’ouverture culturelle de l’établissement. Il met en relation les différents partenaires. Il facilite les projets. Le référent culture est « une articulation » entre les diverses personnes, les services internes ou externes à l’établissement, les partenaires locaux… etc.

Peux-tu nous présenter un projet dont tu es plus particulièrement fière ?

Il y a 2 ans, en établissant le bilan annuel, je faisais apparaître le manque d’ouverture à l’international de notre établissement. L’année suivante, les équipes ont mis en place 2 voyages à l’étranger : un projet en Italie à Milan autour du monde du textile et de la mode ; un projet à Barcelone autour des Jeux Olympiques dans le cadre du dispositif Génération 2024.

Des projets en tête pour l’année à venir?

Cette année, en raison de la crise sanitaire, les projets se recentrent beaucoup vers l’intérieur du lycée : nous pensons à faire venir à nous, intervenants et expositions. Nous avons accueilli récemment un slameur (Elvi Slam). Il est intervenu auprès d’un groupe d’élèves volontaires, avec le double objectif de travailler l’oralité et de sensibiliser les jeunes aux comportements addictifs. Une exposition photographique se profile à l’horizon, dont le thème sera la ville de Berlin, mais ce n’est encore qu’un projet…

Est-ce que le confinement a changé ta façon de réaliser ta mission ?

Dans un premier temps, le confinement a stoppé les projets. Puis dans un deuxième temps, cela nous a obligé à mettre à disposition des élèves et des adultes, des ressources numériques. Le monde de la culture a parfois réinventé avec beaucoup de créativité sa façon de fonctionner.

Suite au drame de Samuel Paty, l’EMI et le travail sur la liberté d’expression sont au cœur des préoccupations, qu’est-ce que le référent culture peut apporter dans ces domaines ?

Le référent culture peut impulser et/ou coordonner la mise en place d’activités (dans notre lycée ce sera une semaine de la Laïcité autour du 9 décembre) afin que chaque élève bénéficie d’un parcours cohérent autour de ces thématiques.

Ta vision du métier prof doc, si tu devais la résumer ?

Enseigner ; organiser et gérer un système d’information ; contribuer à l’ouverture de l’établissement. Mais en réalité c’est tellement plus que tout cela… et surtout impossible à résumer en une seule phrase !

De juriste à CPE, le parcours de Léa

Vous débutez vos études universitaires par un DUT carrières juridiques. Quelles ont été les temps forts et les grands enseignements de cette formation ?

Cette formation était principalement basée sur l’enseignement du droit. Les enseignements dispensent un solide bagage juridique, complété par une bonne connaissance de l’entreprise et de son environnement. L’étude du droit m’a permis d’acquérir des compétences notamment en droit des familles, en droit civil ou encore droit pénal qui me sont utiles au quotidien et notamment pour le métier de CPE. Cela m’a également permis de me familiariser avec le système juridique français, les lois et la manière de s’informer. J’ai bénéficié également de cours de communication où j’ai pu apprendre à animer des débats mais aussi à prendre la parole face à un auditoire. Ce furent vraiment des études enrichissantes, intéressantes et dans lesquelles je n’hésite pas à me replonger régulièrement dans la vie courante lorsque j’ai besoin de réponses à mes questions.

Vous vous orientez par la suite vers le domaine de l’immobilier en décrochant une licence puis un poste de négociatrice dans ce domaine. Quelles étaient vos motivations pour rejoindre ce secteur d’activité ? Pourquoi avoir décidé de le quitter ensuite ?

Cette décision fut le fruit du hasard. Ma curiosité m’a amenée à effectuer un stage au sein d’une agence immobilière en fin de DUT pour connaître les métiers de l’immobilier. À l’issue de ce stage de 6 semaines, le directeur de l’agence m’a proposé un poste en alternance pour la rentrée. Ce poste reposait sur un projet : l’ouverture d’un service dont je serais responsable et que je devais développer pendant une année. J’ai donc accepté cette proposition que j’ai perçue comme une réelle opportunité professionnelle. Quelques mois plus tard j’étais aux commandes de ce service en même temps que j’effectuais ma licence professionnelle. Après l’obtention de ma licence, j’ai signé un CDI avec cette agence afin de poursuivre le projet et de le développer davantage. Au bout de deux années à exercer ce métier et une fois mes objectifs atteints, j’ai décidé de changer d’horizon car je ne me retrouvais pas dans les fonctions commerciales que j’exerçais. La réalité de ce métier réside plus dans la compétition et dans les ventes qui doivent se faire nombreuses plus que dans la prestation de services pour satisfaire les clients. Je trouve que le côté « humain » se perd beaucoup dans cette profession et c’est dommage. Ce qui me satisfaisait dans ce métier était le contact et le sourire de mes clients lorsque j’arrivais à satisfaire leurs besoins et non pas le côté compétitif, rendement et rentabilité qui avait fini par prendre le dessus (au détriment de la clientèle parfois).

Vous entrez à l’INSPÉ en septembre 2019 afin d’y préparer un Master MEEF et le concours externe de CPE. Sur quoi repose votre projet d’intégrer alors le service public et l’Éducation nationale en particulier ? En quoi pensez-vous que votre personnalité et vos centres d’intérêts sont en phase avec le métier de CPE ?

En 2016, j’ai effectué un stage de 4 semaines à la brigade des mineurs de Marseille. Cela m’a permis d’être face à la maltraitance et la délinquance juvénile. Ce fut pour moi l’occasion d’être à l’écoute de jeunes en difficultés et d’apprendre à gérer au mieux les situations difficiles. J’ai ainsi compris que l’éducation a de multiples fonctions et constitue la base du développement de notre société. Comme le disait Kant, « l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation ».
Ainsi, lorsque j’ai compris que je ne voulais pas faire de l’immobilier mon avenir, j’ai pris le temps de réfléchir, et de faire le point sur mes précédentes expériences (dont celle-ci) et mes aspirations. Pendant une année entière, mon projet d’intégrer l’Éducation nationale a mûri. Le métier de Conseillère Principale d’Éducation me paraissait être le plus adapté à mes envies et ma personnalité. Je suis de nature dynamique et organisée. J’aime le côté relationnel de ce métier qui représente un vrai moteur pour moi. Mon sens de l’écoute et ma réactivité pourraient être des atouts pour réussir dans cette profession. De plus, le travail en équipe, dont j’ai pu mesurer les effets dans mes expériences professionnelles précédentes, est une véritable motivation pour moi.

Votre non-admission au concours 2020, pour seulement quelques points, est loin de vous décourager. Ainsi, vous avez déposé auprès du rectorat une candidature pour un poste de CPE contractuelle à mi-temps. Que pensez-vous pouvoir apporter à un établissement ? Qu’attendez-vous exactement de cette expérience ?

En effet, mon échec au concours a été difficile à accepter mais j’ai préféré rebondir pour ne pas laisser le découragement triompher. Ma détermination à m’engager dans ce métier est toujours présente et je suis impatiente de l’exercer. Mon cursus universitaire ainsi que le stage en responsabilité effectué en lycée professionnel en novembre 2019 m’ont permis d’acquérir des connaissances du système éducatif français ainsi que des compétences en termes de pédagogie et d’éducation. Force de propositions dans la politique éducative, je saurai mettre toutes mes compétences au service d’un établissement et m’investir totalement dans cette fonction.
J’attends de cette expérience d’en apprendre davantage sur le métier de CPE et la réalité du terrain. Ce sera l’occasion pour moi de mettre en place des projets avec les élèves et de démontrer mes capacités à assurer le suivi individuel et collectif des élèves. Sans oublier le travail en collaboration avec les familles et les autres partenaires extérieurs.

Lors de votre future carrière de CPE, avez-vous une préférence pour exercer dans tel ou tel type d’établissement ? En externat ou en internat ? Pourquoi ? Diriez-vous que l’exercice du métier de CPE est comparable d’un établissement à l’autre ?

Aujourd’hui, je pense que toute expérience est bonne à prendre. Quel que soit l’établissement, je serais ravie d’y exercer. La présence d’un internat est un avantage. C’est l’occasion de travailler d’une manière différente avec les élèves. Dans ce contexte, nous entrons dans leur quotidien et de cette manière, nous pouvons mettre en place de nouveaux projets au centre de leur lieu de vie. Cela représente de nouveaux objectifs, notamment permettre aux élèves de vivre dans les meilleures conditions que l’on puisse leur offrir afin de les mener vers une réussite scolaire.
Je dirais que l’exercice de CPE est comparable d’un établissement à l’autre dans le sens où il n’existe qu’une seule et unique circulaire de missions commune à tous les CPE. En revanche, je pense tout de même que d’un établissement à l’autre, suivant le contexte de l’établissement, les problématiques qui l’accompagnent ou encore l’âge des élèves, les missions sont très diverses. C’est d’ailleurs, à mon sens, toute la beauté de ce métier, car nous pouvons évoluer en fonction des établissements, des élèves, des projets. C’est un métier où on ne s’ennuie pas et où l’on peut toujours évoluer que ce soit avec le temps mais aussi selon le contexte de l’établissement.

Et si vous nous parliez… voyages !

J’ai soif de voyages. Mon rêve serait de faire le tour du monde. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à admirer ce que nous offre la nature. Elle m’apporte, par ses bruits, ses couleurs, sa faune et sa flore, sérénité et bien être. Cela permet de réfléchir, décompresser et s’apaiser sans modération. J’ai déjà eu la chance de beaucoup voyager (en Europe, en Afrique, en Asie et en Océanie) mais si je devais ne choisir qu’un seul pays ce serait la France tout simplement. Je trouve assez incroyable la multitude et la diversification de paysages que nous offre notre pays. Dès que j’en ai l’occasion, j’en profite pour visiter nos régions riches en histoire, en architecture, en gastronomie et en paysages à couper le souffle.

Parmi vos loisirs figurent le théâtre et la danse. Pouvez-vous dire en quoi ces 2 activités vous apportent satisfaction et sans doute épanouissement ? Vous imaginez-vous, dans un futur proche, en capacité d’animer des activités de ce type en direction des élèves ?

La danse et le théâtre m’accompagnent depuis très jeune, c’est ainsi que j’ai rencontré mon amour pour la scène. Ces activités me permettent de m’évader le temps d’un instant en incarnant des personnages ou en effectuant une chorégraphie. Elles me permettent de m’ouvrir à l’art, m’enrichir de cultures différentes, de libérer mon esprit. J’aime autant les pratiquer qu’aller voir des spectacles.
Je m’imaginerais tout à fait animer un atelier théâtre au sein d’un établissement. J’ai d’ailleurs, moi-même participé à ces ateliers à l’époque où j’étais collégienne. Cela m’a permis, à l’époque, d’en apprendre davantage sur le théâtre et d’intégrer une troupe par la suite. Avec le recul, lorsque je pose mon regard sur mon expérience personnelle et sur l’évolution des adolescents membres de cette classe théâtre, en un an, nous avons pu constater beaucoup de progrès chez les élèves. Beaucoup se sont affirmés, ont progressé à l’oral mais aussi ont évolué en termes de relations sociales. Je pense vraiment qu’il s’agit d’une activité bénéfique pour les élèves. Ma pratique ainsi que mes connaissances dans ce domaine aujourd’hui m’ont donné les compétences pour guider à mon tour les élèves dans cette activité. De plus, cela pourrait être l’occasion à la fois de travailler sur ce projet avec un collègue enseignant ou un AED, donc améliorer la collaboration au sein de l’établissement. Ce serait également l’occasion de mieux connaître nos élèves et de les rencontrer, échanger avec eux dans un autre contexte qu’entre les quatre murs du « bureau de la CPE » ce qui peut établir, un réel lien de confiance.

Enseignement « Sciences Numériques et Technologie » : l’expérience d’une professeure documentaliste

Alexia est en poste au lycée René Cassin à Arpajon depuis 2 ans. Le SE-Unsa lui a posé quelques questions sur l’enseignement des sciences numériques et technologie, apparu avec la réforme du lycée, dans lequel elle intervient pour la 2ème année.

Quel est ton parcours professionnel ?

Après avoir obtenu une licence en Sciences du Langage, Information et Communication et un premier master dans le domaine de l’Édition, j’ai eu le sentiment de ne pas aller au bout des choses. J’avais besoin de donner un sens à ce que j’avais appris, j’avais besoin de transmettre. Ainsi, je me suis dit « et pourquoi pas prof ? ». Lycéenne, j’admirais certaines de mes professeures : cette faculté qu’elles avaient à se passionner pour leurs métiers, les nombreux savoirs qu’elles possédaient… Tout cela me fascinait ! Alors j’ai commencé à m’intéresser au métier de professeur-documentaliste, qui est un parfait mélange de plusieurs missions, qui regroupe mes centres d’intérêts comme la lecture, le numérique, la culture sous toutes ses formes. 
Je me suis donc, relancée, dans un master MEEF Documentation à l’ESPÉ de Limoges. J’y ai reçu une formation de très bonne qualité, avec des formatrices bienveillantes et très professionnelles. Puis, une fois le CAPES en poche, j’ai enseigné au collège Jean Monnet, de Bénévent-l’Abbaye en Creuse et j’ai été mutée, en Île de France, dans l’Essonne.

Quelle place occupes-tu dans ton établissement ?

Le lycée René Cassin est  un lycée général et technologique qui profite d’une équipe pédagogique performante et attentive aux besoins de ses élèves. De nombreux projets voient le jour et perdurent, c’est un établissement très ouvert à la diversité des profils, très accueillant . En tant que professeure-documentaliste, je profite d’une liberté pédagogique certaine. Ainsi, j’ai pu me faire une véritable place au sein des équipes disciplinaires. Le CDI est un lieu central que les élèves et professeur.e.s fréquentent régulièrement. EMI, SNT, culture, compétences numériques, webradio… en tant que professeure-documentaliste, je suis impliquée dans de nombreux projets pédagogiques et éducatifs!

Comment t’es-tu positionnée pour enseigner les SNT dans ton établissement ?

Il a fallu batailler un peu l’année dernière… Le fait que les professeur.e.s-documentalistes doivent « négocier » pour enseigner n’est pas nouveau. Mais c’est épuisant, à la longue. Pour les Sciences Numériques et Technologie (SNT), ce sont les collègues de mathématiques, chargés de cet enseignement, qui nous ont sollicités, mon collègue M. Warin (professeur documentaliste dans l’académie de Lille maintenant) et moi-même, sur le chapitre des réseaux sociaux. Nous avons donc informé notre équipe de direction de ce projet, pour lequel ils étaient réticents au départ.
Nous nous sommes donc réunis, les professeurs de mathématiques/SNT, l’équipe de direction et nous. Cette réunion nous a permis de présenter, à nouveau, nos fonctions, nos missions, de manière institutionnelle, en nous appuyant sur le cadre réglementaire. Suite à quoi, nous avons obtenu la possibilité d’enseigner auprès de 4 classes de seconde.
Constatant la pertinence de la place du professeur documentaliste dans l’enseignement de SNT, notre chef d’établissement est d’accord pour doubler le nombre de classes cette année. C’est donc une petite victoire, qui révèle bien la nécessité de faire connaître ou reconnaître nos droits et nos missions.
Nous sommes, je pense, dans un flou institutionnel et réglementaire qui peut, dans le pire des cas, nous contraindre à ne faire que le travail de gestion que l’on veut bien nous reconnaître. Chaque année, nous sommes nombreux et nombreuses à nous indigner face à de nouvelles réticences, à de nouveaux obstacles qui nous empêchent de faire ce pourquoi nous sommes formés !

Une conclusion pour résumer ?

Enseigner la SNT, l’EMI, la fiabilité de l’information, développer l’esprit critique des élèves, leur faire acquérir des compétences numériques concrètes, les former au monde qui les attend… Ce sont des missions, c’est un métier à part entière. C’est une nécessité au sein d’un établissement.

De l’ENS à l’Université de technologie, portrait d’un agrégé

Yacine est PRAG, agrégé de sciences industrielles, en détachement depuis 4 ans à l’Université de technologie de Compiègne, à la fois école d’ingénieurs et université. Il nous présente la palette de ses missions, en tant qu’enseignant du second degré détaché dans l’enseignement supérieur.

Comment as-tu obtenu ce poste à l’UTC ?

Je suis sorti de l’ENS Cachan en 2012 après avoir obtenu mon agrégation de mécanique. J’ai ensuite poursuivi mes études avec une thèse à l’université de Grenoble, et exercé un an la fonction d’ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche). J’ai été recruté il y a 4 ans sur un poste de PRAG (professeur agrégé affecté dans l’enseignement supétieur) à l’Université de technologie de Compiègne. Pour candidater, je suis passé par l’application Galaxie qui diffuse des offres de postes de détachement dans l’enseignement supérieur. Chaque entité y précise le profil des enseignants recherchés. On dépose ensuite un dossier et on est convoqué pour un entretien.

En quoi consiste ton service d’enseignement ?

À l’UTC, les étudiants choisissent leurs cours, on a affaire à des gens motivés. J’assure principalement des cours d’ingénierie mécanique : conception assistée par ordinateur, résistance des matériaux, technologie, fabrication… Mais j’ai une part de plus en plus importante d’enseignement dédié à l’éco-conception. Il s’agit d’intégrer la dimension environnementale en conception de produit. C’est passionnant, cela permet de repenser de façon plus globale le rôle de l’ingénieur face aux défis climatiques et aux enjeux de soutenabilité actuels.

De nombreuses d’activités se déroulent sous forme de projet. Les étudiants sont très autonomes et le suivi est enrichissant. Je pense qu’on apprend autant qu’on leur enseigne. Les cours se déroulent de septembre à janvier et de février à juin avec une pause inter-semestrielle de 5 semaines.

Dans cette période de confinement (mars/avril 2020), je travaille sous forme de capsules vidéos, des espaces ont été créés pour centraliser les questions, des visios sont organisées pour les échanges… Tout prend plus de temps, on a donc ouvert des créneaux supplémentaires pour éviter que des étudiants décrochent. Il faut surtout prendre en compte qu’ils n’ont pas tous les mêmes possibilités de connexion, la fracture numérique touche aussi l’enseignement supérieur.

Assures-tu d’autres missions, à part l’enseignement ?

L’accompagnement des étudiants est une tâche importante, le format de cours à la carte impose d’en suivre un certain nombre pour les guider au mieux dans la construction de leur cursus. En plus des activités d’évaluation classiques (examens, contrôle continu compte rendu de TP, rapport et visite de stage…), j’assure aussi des suivis de projet, qui sont intégrés dans mon temps de service. Pour donner un exemple, nous avons eu un partenariat avec Decathlon qui nous a proposé de travailler sur l’éco-conception d’un de leur produit, cela représente en moyenne une demi-journée avec 3 étudiants par semaine.

J’ai aussi des tâches administratives, je dois ainsi gérer les intervenants extérieurs, les accompagner dans les démarches en lien avec les services de l’université, acheter les logiciels, le matériel pour mes cours… Par ailleurs, je réussis à mener des projets en lien avec d’autres structures. Je participe à un projet de plateforme de ressource pédagogique avec l’Université de Grenoble Alpes ou au co-encadrement d’une thèse sur l’enseignement de l’éco-conception.

Comment se déroule ta carrière en tant qu’agrégé détaché comme PRAG ?

Je viens de faire mon premier rendez-vous de carrière il y a 3 mois. C’est la responsable du département dans lequel je travaille qui m’a reçu en entretien mais la grille d’évaluation n’est pas forcément adaptée aux missions que j’assure. Les relations avec les parents d’élèves, par exemple… J’ai produit un bilan d’activité pour ce rendez-vous, et maintenant, j’attends les résultats.

En conclusion, avec le recul de ces 4 années, comment juges-tu cette expérience dans l’enseignement supérieur ?

La manière dont on gère notre carrière est curieuse, on a l’impression d’être « invisibles » pour le rectorat. Mais dans le monde universitaire, les enseignants du second degré sont aussi un peu à part. Si je prends encore une fois l’exemple de l’éco-conception, c’est un thème en constante construction, il est impératif de suivre l’avancée des recherches sur le sujet. Mais les conférences ont un coût non négligeable (environs 650 euros sans l’hébergement ni les transports). Les enseignants-chercheurs bénéficient de contrat de recherche mais un PRAG n’entre pas dans les cases habituelles… Cela dit les départements d’enseignement peuvent parfois prendre à leurs charges ses dépenses. Ainsi, je participe ainsi régulièrement au colloque du réseau S.mart (ex AIP Priméca). Cela me permet de rencontrer d’autres enseignants du supérieur et de partager nos expériences.

Je suis très satisfait de mon travail, en revanche un agrégé doit bien être conscient que côté rémunération, son traitement est bien inférieur à ce qu’il peut percevoir en CPGE. Néanmoins, la liberté pédagogique dont on dispose est formidable.

Gestion des AED, Caroline CPE témoigne

Caroline exerce dans une équipe composée de 2 CPE et 10 assistants d’éducation (à temps plein ou mi-temps) pour 750 élèves dans un collège de l’académie d’Amiens avec SEGPA et ULIS.

En qualité de CPE, comment définissez-vous la posture éducative des assistants d’éducation ? Comment s’observe-t-elle ?

Sans trop réfléchir et concrètement, il me vient tout de suite à l’esprit de préciser au sein de la posture éducative : posture morale, posture langagière et posture physique. Il s’agit concrètement des paroles, des gestes du quotidien. Ces postures sont développées sur les missions de surveillance, par exemple dans la cour de récréation, les abords de l’établissement, aux entrées et sorties des élèves, pendant le service en restauration scolaire… au gré des situations qui se présentent et des interventions de l’AED en conséquence. Il s’agit aussi du savoir-être et savoir-faire dans des situations sociales davantage construites : prise en charge de la permanence, animation du foyer, développement et participation à des projets en externat ou internat, participation éventuelle au dispositif devoirs faits, tutorat…

Quelles sont vos attentes ? Pensez-vous que les attentes peuvent être différentes d’un établissement à un autre et/ou d’un professionnel à un autre ?

La toute première attente me semble être l’exemplarité. Afin d’apprendre aux élèves la courtoisie, la ponctualité, l’assiduité, le vivre ensemble… Tout ce qui compose la vie collégienne/lycéenne et donc la préparation de la vie en société, tout adulte du collège qu’il soit AED, CPE, enseignant… se doit de montrer le chemin. L’enjeu est d’être crédible face à un public adolescent pour qui la justice est essentielle. L’assistant d’éducation est un adulte référent pour l’élève, je dirais même un modèle. Les attentes sont majoritairement les même à mon sens : être dans le respect des valeurs et principes de la République en terme d’égalité, neutralité… J’attends d’un AED qu’il soit un minimum investi et intéressé par ses missions. Si pour lui, ce n’est qu’un « job alimentaire » alors ses semaines vont être subies. Nous devons lutter encore quotidiennement contre l’image du « pion ». Les quelques petites différences dans la posture éducative d’un établissement à un autre peuvent se ressentir selon les règles de vie de l’établissement, le règlement intérieur.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les AED et quelles hypothèses d’explications pouvez-vous émettre ?

Il n’est pas simple pour eux de se positionner et c’est normal. Je disais qu’ils étaient un modèle pour les élèves et il y a en ce sens un certain revers de la médaille. Il s’agit en permanence de doser proximité et distanciation avec les élèves. Un AED bien installé dans son établissement, en connait parfois beaucoup sur la vie de certains élèves : ses conditions de vie, ses passions, ses peines de cœur etc… Je dis toujours à la réunion d’équipe de prérentrée « vous êtes nos yeux et nos oreilles ». Ils en connaissent plus que nous parfois et que les enseignants. Ils ont un rôle de « coach en vie sociale » presque. Cette proximité peut engendrer des risques de dérives, lorsqu’un élève ne voit plus l’AED comme un adulte dans une situation de tension. Si l’AED se doit de toujours travailler son positionnement, sa posture et a donc ses responsabilités dans les relations construites avec les élèves, on ne peut pour autant le blâmer en cas de petites erreurs. Il faut être exigeant mais aussi bienveillant en tant que CPE vis-à-vis de ses AED. N’oublions pas qu’ils sont recrutés dès 18 ans, avec le diplôme du baccalauréat. Ils n’ont pas reçu notre formation de CPE ou d’enseignant. Ils sont toujours en première ligne, présents jusqu’à 41h/semaine en établissement, ils sont humains et ont donc tout comme nous, leurs moments de fatigue.

Dans le cadre de vos missions, que mettez vous en place pour développer les compétences des AED dans ce domaine ?

C’est là que la casquette de chef de service de la vie scolaire se porte. Nous nous disions récemment avec mon collègue « nous avons l’équipe que nous méritons », « à nous de permettre leur progression ». Le pack basic choisi avec mon collègue CPE est de mettre en place et stabiliser une gestion des ressources humaines. Nous programmons un entretien individuel par AED en décembre/janvier et un entretien de fin d’année dans lesquels nous abordons notamment la posture éducative avec un outil que nous avons repris à l’établissement et adapté : une grille d’évaluation. Comme les grilles d’évaluation pour enseignants ou CPE, elles sont annotées et chaque point est évalué entre « à consolider » et « excellent ». Nous faisons part de nos observations positives et de nos recommandations pour les perspectives de progression. La grille d’évaluation est reprise pour l’entretien de fin d’année et l’année suivante afin d’avoir un réel recul sur le parcours de l’AED. Nous avons instauré également une réunion d’équipe chaque premier lundi après les petites vacances scolaires. Ces deux rituels que sont les entretiens individuels et les réunions d’équipe sont des espaces de parole pour les assistants d’éducation. Ces rituels prennent du temps (de préparation, l’instant T, les comptes-rendus…) mais sont essentiels pour faire progresser les AED dans leur posture éducative et leurs missions.

Chaque AED a un potentiel, une compétence particulière que l’autre n’a pas. Il faut la repérer et tenter de l’exploiter. Des exemples sont nombreux : un AED référent TICE, un AED mobilisé dans l’ASSR, un AED mobilisé dans le dispositif devoirs faits, un AED organisant un club etc….

Enfin et pas des moindres, au delà de la simple GRH du service, il s’agit de penser la formation des AED. Elle peut être construite par les CPE eux-mêmes ou être mobilisée via des partenaires ou associations. Selon le diagnostic des CPE, les besoins en formation peuvent être différents.

Tout ce que je viens de citer sera développé dans le projet de service en cours de rédaction avec mon collègue et pour lequel les assistants d’éducations ont été sollicités pour leurs observations et idées pour faire évoluer le service.

Bien évidemment, c’est un exemple de fonctionnement de vie scolaire parmi d’autres, qui n’est pas plus valable que celui du voisin. Les stratégies varient en fonction des constats, des faisabilités et des besoins différents mais aussi pour le coup d’un CPE à l’autre peut être.

Quelles limites observez-vous des actions mises en place ? Selon vous, la politique éducative sur les fonctions d’assistants d’éducation devrait elle évoluer et pourquoi ?

Il y a un manque de temps et de moyens. C’est une horlogerie à part entière car par exemple pour réunir l’ensemble des manques de l’équipe, c’est forcément hors temps scolaires. Ces heures sont bien évidement comptées en heures travaillées et nous avons opté pour les faire intégrer dans la 3ème semaine administrative non stabilisée dans le calendrier.

Il n’est pas non plus évident de travailler la posture éducative, les compétences des AED en la matière alors que la priorité va être l’encadrement et la sécurité des élèves. J’ai une assistante d’éducation qui a par exemple un Master FLE et a donné des cours de français aux USA, elle passe d’ailleurs le CAPES et l’AGREG, mais nous ne pouvons lui donner qu’une heure par semaine de cours FLE en binôme avec une enseignante du collège. Nous avons beau avoir trituré dans tous les sens les fiches de postes, je ne peux pas lui en donner davantage sinon ce serait au détriment des postes de permanences, de la cour…

Étant dans mon établissement actuel depuis 6 mois, je n’ai pas encore le recul nécessaire pour mesurer pleinement les effets bénéfiques et les limites des actions mises en place.

Bien sûr que la politique éducative sur les missions des assistants d’éducation pourrait évoluer. Ne serait-ce qu’en termes de reconnaissance. Ils font partis des personnels les plus présents au sein de l’établissement en termes d’heures travaillées et sont pourtant les moins bien payés. En tant que CPE, j’aimerais aussi bénéficier de moyens pour leur formation. Chaque CPE ne peut s’improviser ingénieur en formation du jour en lendemain, il faut du temps, nous avons besoin de ressources, de moments de partages entre collègues…. Enfin, pour aller jusqu’au bout de la notion d’assistant d’éducation, je pense que pour tendre vers une vraie professionnalisation des agents, la création d’un corps à part entière est nécessaire. Si nous voulons rendre les agents impliqués, exemplaires, intéressés… nous avons besoin qu’ils aient un sentiment d’appartenance à l’Éducation nationale. Alors pourquoi pas les fidéliser ? Je crois aussi en la fonction « tremplin » pour certains étudiants et n’ai pas de déterminismes sur le sujet. C’est à débattre et à réfléchir concrètement…

Caroline Letot, CPE dans l’académie d’Amiens

Le parcours de Mélanie, enseignante TZR de Lettres modernes

Lors de votre année de première, vous avez participé au « Prix Goncourt » des lycéens. En quoi consistait cette opération ? Quels souvenirs en avez-vous ? Diriez-vous que votre implication dans ce projet a joué un rôle dans votre désir de devenir enseignante ? Pourquoi ?

Notre professeure avait inscrit la classe et, dès le jour de la rentrée, elle nous a indiqué que nous aurions une quinzaine de livres à lire. Il s’agissait de la sélection de l’Académie Goncourt qui se trouve à Rennes que nous devions lire en seulement deux ou trois mois. Nous avons dû choisir notre trio de tête qu’un délégué “Goncourt”, élu par la classe, est allé défendre à l’échelle régionale, puis nationale jusqu’à élection d’un lauréat.
Ce projet, mené par la classe et dirigé par notre enseignante de français, a été très enrichissant sur plusieurs plans. D’abord, sur le plan individuel puisqu’il nous a fait lire, dans un temps très limité, de nombreux ouvrages variés.
Ensuite, sur le plan de la classe car nous ne nous connaissions pas ou très peu et il a fallu, dès les premiers jours de l’année, collaborer autour de ce projet qui nous paraissait complètement fou.
Ce projet a indéniablement joué un rôle dans mon désir de devenir enseignante, notamment de Lettres, car cela a totalement changé ma façon de concevoir les cours de français. J’aimais déjà lire, mais j’avais choisi la section L dans l’intention de devenir journaliste. Me retrouver face à une enseignante investie à ce point dans ce projet, qui a été très porteur pour chacun, m’a convaincue que c’était ce que je voulais faire à mon tour. Je souhaitais désormais transmettre le goût de la lecture avec autant d’enthousiasme et de dynamisme ainsi que susciter la curiosité de mes élèves.

Vos premiers pas en pédagogie ont eu lieu dans le cadre de cours particuliers. À quel public vous êtes-vous adressé ? Diriez-vous que votre accompagnement a permis le progrès de vos élèves ? En quel sens ?

Je me suis adressée à un public de jeunes collégiens scolarisés en 6ème et 5ème. J’ai pu apporter aux élèves une aide dans la méthode de travail, leur montrant ainsi que nous pouvons tous surmonter nos difficultés, à notre rythme, et y arriver sans se sentir dévalorisé. La principale source de motivation d’un élève, c’est de savoir qu’il peut progresser et atteindre le but visé.

En tant qu’étudiante, vous avez investi plusieurs emplois saisonniers. Que vous a apporté la diversité de ces expériences dans l’exercice de votre métier d’aujourd’hui ?

Les emplois saisonniers ont jalonné mon parcours depuis l’obtention du baccalauréat jusqu’à l’obtention du CAPES. Ils ont été, à chaque moment, autant de pas qui m’ont permis de parcourir mon cursus d’études supérieures.
J’ai pu y apprendre à être responsable, rapidement autonome tout en travaillant en équipe, et j’y ai aussi développé des compétences relationnelles. J’ai pu y côtoyer des personnes très différentes avec lesquelles j’ai appris à échanger et à collaborer. Bien que cette expérience dans sa globalité ait été très éloignée du métier que je pratique actuellement, elle a été très formatrice et certaines compétences, très transversales, ont pu être réexploitées dès mon année de stage.

Durant la préparation de votre Master MEEF, vous avez travaillé pendant plusieurs mois sur la romancière belge Amélie Nothomb. Quelles étaient les grandes conclusions de votre mémoire ? Quel regard portez-vous sur la bibliographie de l’auteur ? Quel roman préférez-vous ? Pourquoi ?

J’ai étudié plusieurs œuvres d’Amélie Nothomb avant tout parce que c’est à travers ses ouvrages que j’ai développé davantage mon goût pour la lecture. J’ai lu tous ses livres.
C’est le plus naturellement du monde que j’ai décidé de porter mon sujet de mémoire sur ses œuvres, une façon pour moi d’associer travail et plaisir. J’ai voulu montrer qu’une autrice contemporaine pouvait reprendre à sa charge des grands questionnements déjà traités en littérature en y apportant un éclairage neuf sans perdre en qualité. La littérature contemporaine doit être valorisée, d’abord parce qu’il n’y a pas de raison de la laisser de côté mais aussi parce qu’elle séduit davantage nos élèves.
Enfin, il me semblait intéressant de mettre en lumière les liens qui existent entre ses œuvres, rendant bien plus riche la lecture et l’interprétation de celles-ci. J’avais à cœur de rendre compte de cette conception que j’avais de ses ouvrages, autour de laquelle j’ai pu échanger avec l’autrice elle-même. Il s’agit, une fois de plus, de tenter de transmettre une part de mon regard sur les choses aux autres.

Lors de votre année de T1, vous avez piloté un club théâtre avec des élèves du cycle central. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Le club théâtre était une demande de certains de mes élèves. J’ai décidé de les accompagner dans cette aventure qui, comme tout projet, ne pouvait qu’être épanouissant.
Après en avoir brièvement parlé à mes élèves de 5ème, nous avons créé des affiches présentant notre projet aux autres élèves du collège. Parallèlement, le B.V.S. se chargeait de tenir le registre des inscriptions à la séance de présentation.

Une fois la pièce choisie par les élèves et moi-même, nous avons donc présenté le projet aux élèves curieux de découvrir ce club qui prenait vie. Les répétitions se tenaient toutes les semaines, le mardi sur la pause méridienne. La distribution des rôles a été assez facile : les élèves choisissaient et débattaient entre eux de la répartition des rôles puis nous avons trouvé des compromis quand il le fallait. Certains élèves voulaient des rôles avec moins d’interventions par souci de timidité ou d’apprentissage du texte, tout était une question de proposition adaptée à leurs souhaits. Nous avons pu travailler autour de petits ateliers pour que chacun s’épanouisse à son rythme dans cet exercice particulier du théâtre. Ensuite, nous avons rapidement joué, reprenant les moments moins faciles à interpréter jusqu’au moment de la représentation.
Il y en a eu trois : une qui servait de répétition générale, visant à habituer les élèves à jouer devant un public, puis deux durant la journée des savoir-faire devant des classes, des professeurs et quelques parents.

Vous êtes particulièrement sensible à l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers dans vos classes. Que souhaitez-vous partager sur une expérience d’inclusion scolaire dans un collège classé en éducation prioritaire ?

Dès mon stage d’observation en M1, j’ai rencontré des élèves à besoins éducatifs particuliers au sein de l’UPE2A du collège. Le contact avec ces élèves a eu une influence toute particulière sur ma vision du métier : ils étaient tous tellement demandeurs et investis. Lors de mon année de stage, j’ai eu l’occasion d’accueillir dans mes classes des élèves provenant de l’UPE2A. C’est une chance pour nous de les inclure puisque ça nous pousse à revoir notre contenu et notre approche pédagogique. Étant professeure de français, il est primordial d’apporter de l’aide aux élèves dans cette situation.
J’ai aussi enseigné à des élèves relevant de handicaps divers et c’est un enjeu majeur de parvenir à leur proposer un enseignement adapté.
Il est très gratifiant de pouvoir intervenir positivement dans le développement des élèves à besoins éducatifs particuliers.

Depuis votre titularisation, vous êtes titulaire sur zone de remplacement. Quels avantages et inconvénients voyez-vous à cette situation administrative ?

L’avantage majeur de cette situation, c’est de pouvoir découvrir des établissements très différents. En deux ans, j’ai enseigné dans trois collèges de profils différents : un établissement REP, un établissement de centre-ville et un autre, plutôt de périphérie. J’ai également enseigné en lycée, dans un très grand établissement et avec un public très particulier puisqu’il s’agit d’une classe de 1ère STI.
Tout cela a participé à enrichir considérablement mon expérience, à me pousser à diversifier mes pratiques d’enseignement, puisque j’ai exercé mon métier avec tous les niveaux du collège et deux du lycée. Il faut savoir s’adapter et la situation de TZR nous l’enseigne chaque jour.
Le principal inconvénient, c’est de ne pas toujours pouvoir se projeter sur des projets au sein des établissements puisqu’ils sont souvent préparés en amont. Il peut être plus confortable de bénéficier d’un poste fixe pour travailler davantage en équipe, sur des EPI par exemple ; mais on parvient tout de même à s’impliquer après un légitime temps d’adaptation et de découverte des collègues.

Vous réfléchissez actuellement à votre implication dans la formation initiale des collègues. Quelles sont les idées que vous avez en tête en la matière ? Quelles autres perspectives de carrière verriez-vous à moyens termes ?

J’aimerais effectivement m’inscrire dans une logique d’accompagnement des collègues dans tout ce qu’elle englobe. Il leur faut répondre à des attentes institutionnelles, tout en parvenant à s’épanouir dans le métier qu’ils découvrent.

Les années de master, durant lesquelles nous nous préparons au métier, sont intenses puisque nous devons apprendre à être en face des élèves, tout en fournissant un travail universitaire dans le même temps et ce n’est pas toujours évident de comprendre les attendus de chacun. C’est en ce sens que je souhaiterais les accompagner, en les épaulant et en facilitant leur expérience en établissement.

Il est également important pour chacun de parvenir à s’épanouir dans son métier et j’aimerais échanger autour des pratiques d’enseignement, qui varient d’une personne à une autre, afin d’apporter des éclairages différents sur la pratique des jeunes collègues. Le plus important est de se questionner, mais aussi de questionner les autres pour développer sa pratique. Sans ces temps d’observation et de réflexion, il est difficile pour les jeunes collègues, mais aussi pour l’enseignant qui les accompagne, de déployer une pratique épanouissante.

Parmi vos centres d’intérêt figurent l’environnement et les animaux. Quelles formes d’engagement recouvrent pour vous ces 2 thématiques ? Pensez-vous vous impliquer, en tant qu’enseignante, dans l’éducation au développement durable ? Comment ?

C’est un engagement au quotidien qui passe par toute sorte de petits gestes permettant d’améliorer notre positionnement sur ces thèmes.

Tout d’abord, il faut échanger et rester ouvert face à ces sujets qui sont primordiaux actuellement. D’ailleurs, l’un ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas de conduite parfaite à reproduire, il s’agit de faire au mieux selon nos capacités à nous défaire de certaines habitudes. Le plus important, c’est la prise de conscience et la volonté de s’améliorer.

Je soutiens des associations qui œuvrent dans ce sens comme Greenpeace, la SPA et L214, et je consulte également des contenus qui permettent de s’informer sur les réseaux sociaux et internet. J’utilise d’ailleurs des moteurs de recherches qui ont un impact positif dans ce sens : Ecosia pour qui plante des arbres et Youcare qui nourrit les animaux.

Dans mon quotidien, rien n’a drastiquement changé : je limite mes déchets en passant par du fait-maison, j’ai un compost, je trie, j’essaie de consommer au maximum local, je respecte la saisonnalité des fruits et légumes, j’utilise le moins d’emballages plastiques que possible, je me lance dans un petit potager et j’essaie de trouver des alternatives réutilisables ou durables à tout le jetable qui envahit notre quotidien.

Mélanie Pernot-Salvalaio,
enseignante TZR de Lettres modernes dans l’académie de Besançon

Agrégée et conseillère en formation continue

Anne Françoise, agrégée d’EPS, est conseillère en formation continue dans l’académie de Poitiers depuis 2003 au sein d’un GRETA où elle développe et commercialise les accompagnements VAE et des dispositifs de formation. Quel a été son parcours ? Le SE-Unsa lui a posé des questions sur cette mobilité professionnelle.

Bonjour Anne Françoise, quel a été ton parcours professionnel ?

Je suis professeur d’EPS depuis 1986, aujourd’hui agrégée.
J’ai d’abord enseigné en collège, avant de diversifier mon parcours professionnel : détachement dans un établissement national du Ministère des Sports puis affectation en IUT.
Au cours de ma carrière, à travers ces différents postes, mes missions initiales d’enseignante se sont ainsi progressivement élargies à la formation, à l’organisation et au développement de dispositifs sportifs et de formation.
En 2003, je suis devenue CFC (Conseillère en Formation Continue) dans l’académie de Poitiers.
Depuis, j’exerce mes missions dans une agence du GRETA Poitou-Charentes, en développant et en commercialisant des accompagnements VAE et des dispositifs de formations (domaines tertiaire et industriel) à l’attention des demandeurs d’emploi et des salariés.

Comment fait-on, concrètement, pour devenir conseiller en formation continue ?

Il faut candidater dans chaque académie, généralement en début d’année civile pour la rentrée de septembre. Les procédures de recrutement s’appuient généralement sur un dossier complet et un ou des entretiens.
À l’issue de cette campagne de recrutement une liste d’aptitude est établie. Les CFC sont recrutés dans cette liste en fonction des postes à pourvoir. Ils font d’abord une année probatoire avant de pouvoir être confirmés dans ces missions.
Les informations sur le recrutement sont publiées sur les sites des Académies.

En quoi le métier de CFC est-il spécifique ?

Les conseillers en formation continue (CFC) exercent un métier original qui se structure autour des grandes fonctions d’un référentiel de compétences spécifique.

Ils participent à l’organisation et au développement de l’offre de formation continue de l’Éducation nationale et du réseau, notamment par :
• négociation de projets avec des partenaires publics et privés, commercialisation de l’offre
• conception d’actions et de dispositifs de formation, l’animation d’équipes de formateurs et de coordonnateurs
• pilotage, suivi et l’évaluation des actions
• conseil aux équipes de direction des GRETA (Groupements d’établissements) et auprès des acteurs de la formation continue

Ces missions demandent une bonne réactivité face aux évolutions du contexte -économique, social, réglementaire, législatif- mais également une bonne connaissance de l’institution scolaire, son fonctionnement, ses ressources humaines et matérielles et les possibilités de certification.

L’activité d’un CFC et l’organisation de son travail au quotidien ne sont pas comparables à celles d’un enseignant : nombreux déplacements, pas d’emploi du temps fixe ni d’activité pédagogique. Les CFC ont une lettre de mission. Les congés ne correspondent pas nécessairement aux congés scolaires.

Le métier de CFC s’exerce en relation avec de multiples interlocuteurs. Il nécessite donc des qualités relationnelles, d’écoute et de négociation ainsi qu’une grande disponibilité.

Du point de vue administratif, les CFC sont nommés auprès du recteur, sous l’autorité du délégué académique à la formation continue. S’ils sont titulaires, ils conservent leur statut d’origine (et la progression de carrière correspondante), assorti d’une prime forfaitaire exclusive.

Pour plus d’informations :