Le parcours de Moranne, professeure d’espagnol

Lors de vos années lycée, vous aviez notamment réfléchi au métier d’avocat et vous vous êtes orientée en faculté de droit après le Baccalauréat. Qu’est ce qui a été à l’origine de votre intérêt pour cette profession ? Pourquoi avoir fait le choix d’y renoncer ?

Le métier d’avocat m’attirait énormément car j’éprouvais toujours le besoin de défendre mon prochain. Ayant moi-même subi de nombreuses injustices durant ma vie, j’imaginais que ce métier comblerait et annulerait mes souffrances personnelles. J’avais une représentation erronée de ce métier, je n’avais pas pensé aux côtés administratif et formel, aux échecs qui peuvent faire partie de la vie quotidienne de l’avocat. Par conséquent, ne me sentant pas au bon endroit, j’ai quitté les bancs de l’université de droit. 
Le métier de vétérinaire m’attirait également énormément car j’ai toujours eu un lien particulier avec les animaux. Ils m’apaisent. Cependant, de trop nombreuses allergies m’ont empêché de m’engager dans cette voie… J’ai aujourd’hui un animal de compagnie qui me permet de vivre ma passion mais dans la sphère privée. 

Déjà passionnée de langues vivantes, vous vous inscrivez en BTS commerce international. Quels sont, selon vous, les fondamentaux de ce secteur d’activité ? Que retenez-vous de cette expérience et quelles sont les compétences que vous avez développées durant cette formation ?

La formation BTS commerce international m’a apportée des connaissances dans le domaine du commerce, de l’entrepreneuriat mais également du management. Cela est un bel atout face à une classe. Je sais mener à bien des projets, les adapter au monde du travail. Par exemple, lors d’un travail par groupe, mes élèves de 4e devaient se mettre dans la peau d’un restaurateur et devaient élaborer un menu avec des prix cohérents etc. Le BTS consiste également à apprendre comment créer une activité économique afin de répondre à un besoin précis. Dans la région où je vis, j’ai pu m’apercevoir de la forte demande dans le secteur de l’immobilier.  J’ai donc créé une société afin d’acheter des biens et de les mettre en location. La formation m’a également permis d’acquérir des compétences en termes de gestion d’entreprise et d’organisation. Grâce à cela, je peux aujourd’hui m’adapter à chaque situation et planifier mon travail de façon à ne jamais me trouver débordée. 

Motivée par la perspective de l’enseignement, vous vous engagez ensuite dans le cursus de Licence LLCE espagnol. Avec le recul de quelques années, gardez-vous un souvenir enthousiaste et nostalgique de vos années fac ? Y a-t-il une unité de valeur que vous avez particulièrement appréciée ? Laquelle et pourquoi ?

Concernant mes années à la faculté, ce que je retiens le plus est la façon dont cela m’a fait grandir. Je suis devenue autonome tant dans ma vie personnelle que dans ma vie étudiante. J’ai parfois été confrontée à l’échec car la liberté que l’université nous donne est souvent attractive mais je me suis immédiatement ressaisie et ai acquis des compétences de travail personnel et d’auto motivation. Les matières qui me plaisaient le plus tournaient autour de l’histoire. J’étais passionnée par le siècle d’Or en Espagne. Cela guide mon travail encore aujourd’hui. Je propose de nombreux documents à mes élèves concernant l’histoire de manière générale mais également cette période en particulier. J’ai toujours davantage aimé être dans le feu de l’action. Pour moi il était difficile d’apprendre les leçons de grammaire car j’avais hâte de les mettre en application dans des livres ou dans des dissertations. Il me fallait sans cesse me recentrer.

Détentrice du CAPES, vous effectuez une année de fonctionnaire-stagiaire en collège. En quoi cette année a-t-elle été pour vous la confirmation de votre envie de devenir enseignante ?

Pour ce qui est de mon année de stage, j’avais obtenu le lycée Jules Haag, mon tuteur était fabuleux. Patient et à l’écoute, il était un modèle pour moi. Quand je le regardais faire classe avec une telle passion, cela me poussait encore plus à réussir. Je me souviendrai toujours de ma première heure de cours. Je tremblais tellement que je n’arrivais même pas à mettre la clef dans la serrure. Une fois la porte ouverte, j’ai su que je pourrais faire cela toute ma vie. Cette année de stage m’a donné confiance en moi, les difficultés s’enchaînaient et j’arrivais a les gérer. 

Pour des raisons personnelles, vous sollicitez et obtenez une période de disponibilité. Dites-nous comment vous avez vécu cette parenthèse et en quoi vous en avez fait un espace de développement professionnel ?

L’année de disponibilité a été pour moi une expérience positive avec le recul mais difficile à vivre durant l’année concernée. Je ne pouvais pas enseigner et cela me pesait. J’étais très triste de ne pas être devant une classe. Je me sentais inutile mais cela m’a permis de me former dans le secteur de l’immobilier et d’y réussir par la suite. Si je n’avais pas disposé de ce temps alors je n’aurais pas créé ma société cette année.

Professeur reconnue et appréciée des élèves et de vos collègues, vous vous sentez prête à transmettre vos connaissances et compétences à des collègues entrant dans le métier. Qu’est-ce qui vous pousse vers de tels objectifs ? Sous quelles formes voyez-vous votre investissement dans ce domaine ?

J’aimerais me tourner vers le métier de formateur et devenir tutrice dans un futur plus ou moins proche. J’ai tellement été aidée lors de l’année de stage que j’aimerais à mon tour transmettre mes connaissances, mes manières de travailler, mes méthodes. En effet, je crée des séquences sous forme de livrets qui sont distribués aux élèves avant de débuter la séquence de la même manière que le tuteur que j’avais à Besançon. Cela plait beaucoup aux élèves et aux parents car ils savent en permanence où nous en sommes et ce qui a été travaillé ou non. De plus, je suis soucieuse de bien faire, sans cesse en recherche d’amélioration et de développement personnel. Après chaque journée de classe, j’analyse ma pratique, je m’auto évalue dans le but de toujours faire mieux. Cela constitue une qualité essentielle pour un enseignant et j’aimerais pouvoir transmettre cela aux futurs stagiaires. 

Il y a une vie en dehors du travail ! Quelle place a la danse dans votre vie ? Quels sont les spectacles auxquels vous avez participé ? En quoi cette activité artistique est-elle source d’épanouissement pour vous ?

Depuis ma plus tendre enfance, je pratique la danse.  Cela m’a toujours aidée à me sentir bien dans mon corps, à me muscler, cela améliore également la posture. La danse m’a toujours permis de rester centrée sur mes objectifs car cela développe la mémoire, la concentration, le désir d’excellence. J’ai souvent participé à des spectacles étant plus jeune mais plus aujourd’hui. Maintenant ma pratique de la danse est moins variée, je l’expérimente surtout en salle de sport ou lors de stages ponctuels.
J’ai toujours également adoré les sports plus extrêmes comme le motocross ou le ski alpin. Voici la phrase qu’emploient mes proches pour me définir : « une main de fer dans un gant de velours« .
Je m’intéresse à tout et ne me laisse jamais impressionner par le risque.

Moranne Laffly, professeure d’espagnol

Le parcours de Lauryn, future PE

Durant vos « années collège », vous vous engagez dans la formation des JSP (jeunes sapeurs-pompiers volontaires). Comment est né ce projet pour vous ? En quoi consistait la formation suivie ? Quelles ont été les compétences développées pendant ces 2 années ?

Il n’y avait pas véritablement de projet. Il est apparu comme par magie. Je n’y avais jamais songé puisque je n’en avais jamais entendu parler. C’est lors d’une intervention de l’adjoint chef de centre, que je me suis engagée sans savoir réellement ce qui m’attendait. Mais lorsque la formation a débuté ce projet a pris plus de place que prévu puisque je me suis engagée dans le rang des sapeurs-pompiers volontaires. Pendant deux années vous apprenez les manœuvres incendies, les manœuvres spécifiques, le nom des véhicules, des tuyaux, de chaque grade. En d’autres termes tout ce qui fait référence au métier de pompier volontaire. À la fin de ces deux années, la formation est plus fine dans l’apprentissage puisque la clé est votre entrée dans une caserne. On vous apprend donc comment prendre en charge une victime, selon son état, les soins à lui administrer, quel type de matériel utiliser.
On vous forme pour venir en aide à des victimes, vous devez donc connaître le contenu théorique de A à Z. Vous ne pouvez pas avoir de doute. Lorsque vous arrivez sur l’intervention, on vous dirige, on vous donne des ordres, et vous devez les connaître par cœur. C’est en cela que cette formation m’a permis d’être rigoureuse. Il faut apprendre chaque geste, chaque parole, chaque commandement. J’ai su faire preuve d’intéressement et de rigueur pour être la meilleure possible lors de mes interventions.


Après le baccalauréat, vous vous lancez dans la préparation d’une licence STAPS. Qu’avez-vous envie de retenir de ce parcours universitaire ? Quelles sont les disciplines sportives qui ont votre préférence ? Pourquoi ?

Les premiers mots qui me viennent sont richesse et développement. La première année a été très difficile. Nous sommes en autonomie et la méthode d’apprentissage des cours est différente de celle du lycée. L’adaptation a été longue mais cela m’a permis de me rendre compte de quoi j’étais capable et que j’en étais capable. Ces trois années de licence m’ont permis de faire des rencontres avec des professeurs, m’ayant fait grandir et me découvrir.
L’apprentissage et la découverte de nouvelles disciplines a été un plaisir. Plus les années passaient, plus mon cursus me plaisait. La première année, c’est différent. C’est un tronc commun, nous apprenons des choses variées et non spécifiques. Malgré tout, les cours m’ont été très utiles et enrichissants. C’était un plaisir d’apprendre et d’aller en cours. L’année qui a suivi, l’envie a diminué. Le confinement est arrivé, la proximité sociale avec les professeurs n’existait plus et apprendre devenait très compliqué. J’ai eu des doutes, cela n’a pas été toujours agréable. Mais c’est en cette dernière année de licence que j’ai compris que ma voix était celle-là. Transmettre mon savoir à mes élèves.
Durant votre licence vous avez un sport prédominant : votre spécialité. Alors j’ai choisi la danse sans savoir ce qui m’attendrait. Et pour répondre à la question, c’est cette discipline qui m’a le plus plu. Dans un premier temps par le contenu théorique qu’elle m’a apportée mais aussi pour l’apprentissage personnel. La professeure qui dirigeait ce cours était particulièrement avenante avec ses élèves, à l’écoute, attentive. Elle installait avec vous une proximité et un lien qui séduit. C’est ce genre de professeure que j’essaye de devenir et j’essaie de mettre en place ces compétences lors de mes stages. On peut dire qu’en globalité les sports collectifs m’ont également beaucoup plus.
Alors que je me destine à être professeure des écoles, le travail en équipe est une des compétences que nous devons développer : mettre en place des stratégies, définir des pratiques en équipe ! L’esprit d’équipe est une des choses qui m’anime également dans la vie en générale.

Vous candidatez sur des postes d’assistant d’éducation et vous effectuez un premier remplacement dans un collège rural. Quelles missions vous ont été confiées ? Puis vous obtenez un autre contrat sur un poste à profil dans un collège urbain. Quelles sont vos attributions et vos motivations liées à cette nouvelle responsabilité ?

Alors que mon premier poste d’assistante d’éducation m’est offert, on m’a demandé de prendre les appels téléphoniques des parents, dresser la liste des absents et téléphoner aux parents si les absences ne sont pas justifiées, remplir les billets d’absences de retard. Durant cette période j’ai également fait la surveillance dans plusieurs lieux : à la cantine, en permanence et dans la cour lors des interclasses. Il n’y a pas que des tâches « administratives ». Lors des permanences il faut également aider les élèves qui en ont besoin, les écouter s’ils ont des soucis.
Dans le collège Albert Camus, mes missions sont différentes et plus adaptées à mon futur métier. Alors que le coronavirus fait augmenter le nombre d’absents, une de mes missions est de récupérer les différents cours de ces élèves. Mais pour moi celle se rapprochant davantage du professorat est le suivi de certains élèves. En d’autres termes, certains sont en décrochage, viennent très peu en cours ou rencontrent des difficultés, je reprends avec eux les différentes matières. On pourrait assimiler cela à du soutien ou des cours particuliers

Vous préparez actuellement le concours de professeur des écoles à l’Inspé. En quoi ce métier répond-il à vos attentes ? Les stages auxquels vous avez participé vous ont-ils conforté dans cette « vocation » ? De quelle façon ?

Alors que je doute de mon orientation professionnelle, cette dernière période de stage me rappelle pour quelles raisons je suis à l’Inspé : transmettre des connaissances, un savoir théorique mais également social et éducatif à mes élèves. Être enseignant n’est pas simplement synonyme de transmission de savoirs purement théoriques. Il est primordial de susciter un intérêt chez les élèves, de trouver ce qui les anime, ce qui leur donne du sens. Ce que je trouve important dans ma formation ne concerne pas seulement les disciplines et les programmes, mais également le lien, trouver une pédagogie qui corresponde aux besoins de élèves. Prendre en compte leurs différences. Nos stages nous permettent de prendre en charge plusieurs créneaux, « d’être sur le terrain » et de nous préparer au mieux pour notre futur métier. Lorsque vous vous tenez devant vos élèves, que votre leçon les intéresse, qu’ils participent vous êtes fière, et c’est cette sensation qui vous dit : « tu peux être fière de ton travail, c’est ta voie » !

Comment voyez-vous le stage rémunéré en tant que professeur des écoles en M2 et quels sont vos objectifs pour mener à bien en même temps la préparation du concours et la pratique pédagogique ?

Je le vois comme un défi. Cette dernière année de Master risque de présenter une charge de travail conséquente. La préparation au concours, le stage lui-même, l’obtention du M2 et la validation du mémoire sont des éléments faisant partie de la liste à entériner l’année prochaine. Néanmoins, ce stage me sera bénéfique notamment dans la préparation du concours. J’y vois ici une opportunité de mettre en place des séances, de tester différents types de pédagogies, de préparer personnellement mes séances. Avec ce stage, j’aurai un avant-goût de mon futur métier, je saurai à quoi m’attendre. Ce sera pour moi l’occasion de m’exercer, commettre des erreurs dans la construction de mes séances, de me perfectionner afin d’avoir de solides bases pour ma première année de titulaire. Grâce à ce stage, je pourrai développer de nombreuses compétences pédagogiques, didactiques et théoriques. La charge de travail qui m’attendant l’année prochaine est importante, cependant je vais transformer l’aspect « travail » du stage pour en faire une richesse. Je dois allier le stage et la préparation au concours pour en faire une force, un pilier sur lequel m’appuyer afin d’en faire quelque chose de bénéfique. En somme, ce stage sera pour moi l’occasion de me préparer au concours en consolidant me savoirs théoriques mais également didactiques avec les différentes séances que je mettrai en place. Il sera profitable pour les épreuves orales orientées sur la didactique et la construction d’une séance pédagogique.

Lauryn Mayeur, AED dans un collège du Doubs et préparationnaire du CRPE