Le parcours de Mélanie, enseignante TZR de Lettres modernes

Lors de votre année de première, vous avez participé au « Prix Goncourt » des lycéens. En quoi consistait cette opération ? Quels souvenirs en avez-vous ? Diriez-vous que votre implication dans ce projet a joué un rôle dans votre désir de devenir enseignante ? Pourquoi ?

Notre professeure avait inscrit la classe et, dès le jour de la rentrée, elle nous a indiqué que nous aurions une quinzaine de livres à lire. Il s’agissait de la sélection de l’Académie Goncourt qui se trouve à Rennes que nous devions lire en seulement deux ou trois mois. Nous avons dû choisir notre trio de tête qu’un délégué “Goncourt”, élu par la classe, est allé défendre à l’échelle régionale, puis nationale jusqu’à élection d’un lauréat.
Ce projet, mené par la classe et dirigé par notre enseignante de français, a été très enrichissant sur plusieurs plans. D’abord, sur le plan individuel puisqu’il nous a fait lire, dans un temps très limité, de nombreux ouvrages variés.
Ensuite, sur le plan de la classe car nous ne nous connaissions pas ou très peu et il a fallu, dès les premiers jours de l’année, collaborer autour de ce projet qui nous paraissait complètement fou.
Ce projet a indéniablement joué un rôle dans mon désir de devenir enseignante, notamment de Lettres, car cela a totalement changé ma façon de concevoir les cours de français. J’aimais déjà lire, mais j’avais choisi la section L dans l’intention de devenir journaliste. Me retrouver face à une enseignante investie à ce point dans ce projet, qui a été très porteur pour chacun, m’a convaincue que c’était ce que je voulais faire à mon tour. Je souhaitais désormais transmettre le goût de la lecture avec autant d’enthousiasme et de dynamisme ainsi que susciter la curiosité de mes élèves.

Vos premiers pas en pédagogie ont eu lieu dans le cadre de cours particuliers. À quel public vous êtes-vous adressé ? Diriez-vous que votre accompagnement a permis le progrès de vos élèves ? En quel sens ?

Je me suis adressée à un public de jeunes collégiens scolarisés en 6ème et 5ème. J’ai pu apporter aux élèves une aide dans la méthode de travail, leur montrant ainsi que nous pouvons tous surmonter nos difficultés, à notre rythme, et y arriver sans se sentir dévalorisé. La principale source de motivation d’un élève, c’est de savoir qu’il peut progresser et atteindre le but visé.

En tant qu’étudiante, vous avez investi plusieurs emplois saisonniers. Que vous a apporté la diversité de ces expériences dans l’exercice de votre métier d’aujourd’hui ?

Les emplois saisonniers ont jalonné mon parcours depuis l’obtention du baccalauréat jusqu’à l’obtention du CAPES. Ils ont été, à chaque moment, autant de pas qui m’ont permis de parcourir mon cursus d’études supérieures.
J’ai pu y apprendre à être responsable, rapidement autonome tout en travaillant en équipe, et j’y ai aussi développé des compétences relationnelles. J’ai pu y côtoyer des personnes très différentes avec lesquelles j’ai appris à échanger et à collaborer. Bien que cette expérience dans sa globalité ait été très éloignée du métier que je pratique actuellement, elle a été très formatrice et certaines compétences, très transversales, ont pu être réexploitées dès mon année de stage.

Durant la préparation de votre Master MEEF, vous avez travaillé pendant plusieurs mois sur la romancière belge Amélie Nothomb. Quelles étaient les grandes conclusions de votre mémoire ? Quel regard portez-vous sur la bibliographie de l’auteur ? Quel roman préférez-vous ? Pourquoi ?

J’ai étudié plusieurs œuvres d’Amélie Nothomb avant tout parce que c’est à travers ses ouvrages que j’ai développé davantage mon goût pour la lecture. J’ai lu tous ses livres.
C’est le plus naturellement du monde que j’ai décidé de porter mon sujet de mémoire sur ses œuvres, une façon pour moi d’associer travail et plaisir. J’ai voulu montrer qu’une autrice contemporaine pouvait reprendre à sa charge des grands questionnements déjà traités en littérature en y apportant un éclairage neuf sans perdre en qualité. La littérature contemporaine doit être valorisée, d’abord parce qu’il n’y a pas de raison de la laisser de côté mais aussi parce qu’elle séduit davantage nos élèves.
Enfin, il me semblait intéressant de mettre en lumière les liens qui existent entre ses œuvres, rendant bien plus riche la lecture et l’interprétation de celles-ci. J’avais à cœur de rendre compte de cette conception que j’avais de ses ouvrages, autour de laquelle j’ai pu échanger avec l’autrice elle-même. Il s’agit, une fois de plus, de tenter de transmettre une part de mon regard sur les choses aux autres.

Lors de votre année de T1, vous avez piloté un club théâtre avec des élèves du cycle central. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Le club théâtre était une demande de certains de mes élèves. J’ai décidé de les accompagner dans cette aventure qui, comme tout projet, ne pouvait qu’être épanouissant.
Après en avoir brièvement parlé à mes élèves de 5ème, nous avons créé des affiches présentant notre projet aux autres élèves du collège. Parallèlement, le B.V.S. se chargeait de tenir le registre des inscriptions à la séance de présentation.

Une fois la pièce choisie par les élèves et moi-même, nous avons donc présenté le projet aux élèves curieux de découvrir ce club qui prenait vie. Les répétitions se tenaient toutes les semaines, le mardi sur la pause méridienne. La distribution des rôles a été assez facile : les élèves choisissaient et débattaient entre eux de la répartition des rôles puis nous avons trouvé des compromis quand il le fallait. Certains élèves voulaient des rôles avec moins d’interventions par souci de timidité ou d’apprentissage du texte, tout était une question de proposition adaptée à leurs souhaits. Nous avons pu travailler autour de petits ateliers pour que chacun s’épanouisse à son rythme dans cet exercice particulier du théâtre. Ensuite, nous avons rapidement joué, reprenant les moments moins faciles à interpréter jusqu’au moment de la représentation.
Il y en a eu trois : une qui servait de répétition générale, visant à habituer les élèves à jouer devant un public, puis deux durant la journée des savoir-faire devant des classes, des professeurs et quelques parents.

Vous êtes particulièrement sensible à l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers dans vos classes. Que souhaitez-vous partager sur une expérience d’inclusion scolaire dans un collège classé en éducation prioritaire ?

Dès mon stage d’observation en M1, j’ai rencontré des élèves à besoins éducatifs particuliers au sein de l’UPE2A du collège. Le contact avec ces élèves a eu une influence toute particulière sur ma vision du métier : ils étaient tous tellement demandeurs et investis. Lors de mon année de stage, j’ai eu l’occasion d’accueillir dans mes classes des élèves provenant de l’UPE2A. C’est une chance pour nous de les inclure puisque ça nous pousse à revoir notre contenu et notre approche pédagogique. Étant professeure de français, il est primordial d’apporter de l’aide aux élèves dans cette situation.
J’ai aussi enseigné à des élèves relevant de handicaps divers et c’est un enjeu majeur de parvenir à leur proposer un enseignement adapté.
Il est très gratifiant de pouvoir intervenir positivement dans le développement des élèves à besoins éducatifs particuliers.

Depuis votre titularisation, vous êtes titulaire sur zone de remplacement. Quels avantages et inconvénients voyez-vous à cette situation administrative ?

L’avantage majeur de cette situation, c’est de pouvoir découvrir des établissements très différents. En deux ans, j’ai enseigné dans trois collèges de profils différents : un établissement REP, un établissement de centre-ville et un autre, plutôt de périphérie. J’ai également enseigné en lycée, dans un très grand établissement et avec un public très particulier puisqu’il s’agit d’une classe de 1ère STI.
Tout cela a participé à enrichir considérablement mon expérience, à me pousser à diversifier mes pratiques d’enseignement, puisque j’ai exercé mon métier avec tous les niveaux du collège et deux du lycée. Il faut savoir s’adapter et la situation de TZR nous l’enseigne chaque jour.
Le principal inconvénient, c’est de ne pas toujours pouvoir se projeter sur des projets au sein des établissements puisqu’ils sont souvent préparés en amont. Il peut être plus confortable de bénéficier d’un poste fixe pour travailler davantage en équipe, sur des EPI par exemple ; mais on parvient tout de même à s’impliquer après un légitime temps d’adaptation et de découverte des collègues.

Vous réfléchissez actuellement à votre implication dans la formation initiale des collègues. Quelles sont les idées que vous avez en tête en la matière ? Quelles autres perspectives de carrière verriez-vous à moyens termes ?

J’aimerais effectivement m’inscrire dans une logique d’accompagnement des collègues dans tout ce qu’elle englobe. Il leur faut répondre à des attentes institutionnelles, tout en parvenant à s’épanouir dans le métier qu’ils découvrent.

Les années de master, durant lesquelles nous nous préparons au métier, sont intenses puisque nous devons apprendre à être en face des élèves, tout en fournissant un travail universitaire dans le même temps et ce n’est pas toujours évident de comprendre les attendus de chacun. C’est en ce sens que je souhaiterais les accompagner, en les épaulant et en facilitant leur expérience en établissement.

Il est également important pour chacun de parvenir à s’épanouir dans son métier et j’aimerais échanger autour des pratiques d’enseignement, qui varient d’une personne à une autre, afin d’apporter des éclairages différents sur la pratique des jeunes collègues. Le plus important est de se questionner, mais aussi de questionner les autres pour développer sa pratique. Sans ces temps d’observation et de réflexion, il est difficile pour les jeunes collègues, mais aussi pour l’enseignant qui les accompagne, de déployer une pratique épanouissante.

Parmi vos centres d’intérêt figurent l’environnement et les animaux. Quelles formes d’engagement recouvrent pour vous ces 2 thématiques ? Pensez-vous vous impliquer, en tant qu’enseignante, dans l’éducation au développement durable ? Comment ?

C’est un engagement au quotidien qui passe par toute sorte de petits gestes permettant d’améliorer notre positionnement sur ces thèmes.

Tout d’abord, il faut échanger et rester ouvert face à ces sujets qui sont primordiaux actuellement. D’ailleurs, l’un ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas de conduite parfaite à reproduire, il s’agit de faire au mieux selon nos capacités à nous défaire de certaines habitudes. Le plus important, c’est la prise de conscience et la volonté de s’améliorer.

Je soutiens des associations qui œuvrent dans ce sens comme Greenpeace, la SPA et L214, et je consulte également des contenus qui permettent de s’informer sur les réseaux sociaux et internet. J’utilise d’ailleurs des moteurs de recherches qui ont un impact positif dans ce sens : Ecosia pour qui plante des arbres et Youcare qui nourrit les animaux.

Dans mon quotidien, rien n’a drastiquement changé : je limite mes déchets en passant par du fait-maison, j’ai un compost, je trie, j’essaie de consommer au maximum local, je respecte la saisonnalité des fruits et légumes, j’utilise le moins d’emballages plastiques que possible, je me lance dans un petit potager et j’essaie de trouver des alternatives réutilisables ou durables à tout le jetable qui envahit notre quotidien.

Mélanie Pernot-Salvalaio,
enseignante TZR de Lettres modernes dans l’académie de Besançon

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