Synthèse de la première phase de consultation

Le rapport de synthèse concernant la première partie de la consultation sur les programmes de l’école primaire est paru. Plus de 2200 contributions recueillies dans les écoles et via le site du ministère sont résumées dans un document de 27 pages consultable ici et en bas de ce billet.

Ce rapport montre beaucoup de consensus, quelques divergences et son contenu est conforme aux remontées directes que nous avons pu recevoir, notamment à travers ce blog.

 

Le bilan des programmes de 2008

Les enseignants déplorent ne pas en connaître les auteurs, plébiscitent les découpages par domaines d’enseignement et les repères annuels tout en regrettant un manque de sens et de liens entre les disciplines. Les programmes de 2008 sont qualifiés de trop technicistes, mécaniques et systématiques, et les enseignants jugent négativement les conceptions didactiques et pédagogiques qui les sous-tendent. Ils souhaiteraient davantage de manipulation, d’expérimentation, de recherche, de découverte, de questionnement et d’observation. Enfin ils pointent l’absence dommageable d’articulation entre les programmes et les compétences du socle commun.

Cela rejoint tout à fait la réflexion en cours sur ce blog concernant la structure des programmes qui met en évidence le besoin de repères, de documents d’accompagnement, de cohérence entre socle et programmes et d’une vraie logique de cycle. Il va falloir inventer de nouveaux outils pour clarifier, relier, accompagner, le tout accessible et lisible notamment à travers un site donnant accès à tous ces éléments et permettant de les retrouver facilement au gré des besoins.

 

La maternelle

Le rattachement de la GS au cycle 1 est plutôt bien perçu comme une protection contre la “primarisation” (massivement dénoncée).  Toutefois, il y a aussi une crainte exprimée de perdre des avancées dans la liaison GS-CP.

Le fait qu’il n’y ait pas de répartition horaire favorise la possibilité du travail en projets transversaux avec une souplesse qui permet l’interdisciplinarité et la liberté pédagogique.

L’apprentissage nommé “phonologie” est jugé trop dense, trop précoce, trop abstrait et survalorisé, les enseignants jugent préférable de se concentrer sur le travail sur les syllabes. Ils regrettent aussi le peu de temps consacré au graphisme et l’introduction prématurée pour beaucoup d’enfants de la cursive… Ils souhaitent également un retour plus appuyé de la littérature de jeunesse et que les mathématiques soient un champ à part et non englobé dans la “découverte du monde”. Enfin, le “devenir élève” est l’objet de nombreuses critiques : il peut devenir du “dressage du petit écolier” et son évaluation est problématique. Le “vivre ensemble”, moins réducteur des programmes de 2002 est largement préféré.

Des programmes jugés trop lourds

Sans surprise les reproches sur la lourdeur des programmes de 2008 émaillent le rapport : certaines notions sont abordées trop précocement, le manque de temps empêche d’avoir suffisamment recours aux méthodes actives, ce qui génère des acquis très fragiles pour beaucoup d’élèves. Les enseignants réclament plus de temps pour la mise en projet et pour donner du sens aux apprentissages.

Ils souhaitent un recentrage sur les fondamentaux, certains se disent même favorables au déplacement des “éducations à” hors temps scolaire.

Concernant la lecture, on ne note pas de polémique sur les méthodes, cela semble enfin dépassé, du moins concernant les professeurs des écoles ! Les premiers apprentissages en grammaire, conjugaison, orthographe et vocabulaire jugés prématurés et hors de portée concentrent l’ensemble des critiques pour le cycle 2. Une mise en avant de la production d’écrit est demandée. Là encore on est en cohérence avec le chantier maîtrise de la langue ouvert ici.

En mathématiques, les opérations sont jugées technicistes et les élèves « mélangent tout » parce qu’ils apprennent les techniques sans le sens. Il est exprimé le souhait qu’au CP l’étude des nombres ne dépasse pas 69 et qu’on dispose de plus de temps pour le calcul mental et la résolution de problème.

En découverte du monde, le programme est ressenti comme trop lourd et trop vaste, il faudrait réaffirmer la démarche d’investigation et pouvoir “raconter” l’histoire.

 

Un lien école-collège qui reste à construire

Les enseignants déclarent que cette liaison est trop superficielle, voire inexistante ou factice. Ils veulent que cette liaison soit réellement effective. Ils affirment ne pas être entendus par le collège.

Le SE-Unsa a demandé que ce travail sur les programmes soit partagé avec les enseignants du collège pour une meilleure connaissance réciproque des attendus des programmes tout au long de la scolarité obligatoire. La deuxième phase, sur les propositions du CSP, sera-t-elle cohérente avec la continuité inscrite dans la loi?

 

Cette seconde partie de la consultation devrait avoir lieu au printemps. En attendant, la réflexion se poursuit sur ce blog où vous êtes invités à continuer de proposer vos idées pour ces nouveaux programmes.

La dictée à l’adulte

À travers une revue de la littérature et des comptes-rendus d’observations de classe, l’auteure de cet article montre comment la dictée à l’adulte contribue puissamment à faire entrer l’enfant dans la norme de la langue écrite et des différents genres textuels.

On retiendra, pour la présentation de ce travail trois idées force :

– La dictée à l’adulte produit un texte qui appartient à un genre textuel.

– Elle suppose la médiation d’un adulte expert, capable de maintenir et de contrôler le contenu, la forme du texte et la norme de la langue écrite.

– Elle constitue un outil d’intervention sur les représentations qu’ont les élèves de la langue orale et écrite et de développement de leurs capacités.

 

La dictée à l’adulte est définie comme :

– Une élaboration « conjointe et négociée » entre un adulte expert et un enfant non scripteur, « facilitant la transformation d’une énonciation orale en une énonciation écrite ».

– « Une médiation serrée visant une transformation de la représentation du langage allant de l’oral à l’écrit. » Cette médiation porte sur toutes les composantes de l’écrit, contextuelles et langagières.

On attend donc de la dictée à l’adulte qu’elle transforme à la fois : l’énonciation, dans le sens d’un réglage de la langue orale sur ce qui peut s’écrire ; et la représentation du langage du fait même d’une prise de conscience de la différence entre langue orale et langue écrite.
 

La dictée à l’adulte s’appuie sur la maîtrise partielle de quelques genres textuels « premiers » présents dans la langue orale du jeune enfant

Les jeunes enfants présentent à l’oral une variété de conduites langagières correspondant à des genres textuels dits « premiers » par l’auteure : la conversation, la lettre, la demande…, ces capacités dépendant pour chacun des expériences familiales et culturelles et de la fréquentation scolaire.

La dictée à l’adulte a pour objectif d’agir à partir de ces capacités et sur les représentations qui leur sont liées pour :

– renforcer et approfondir, en les mettant au format de l’écrit, les genres de texte dont les enfants sont capables à l’oral ;

– les initier à des genres de texte nouveaux dont la connaissance est un gage de réussite dans l’apprentissage de la lecture, de la compréhension et de la production écrite.

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Consulter le dossier « Langue écrite à la maternelle » sur Kilikili.fr


Cet article vous donne des idées concernant la maîtrise de la langue dans les programmes, partagez-les ici.

[1] Thérèse Thévenaz-Christen, Maitre d’enseignement et de recherche à la Faculté de Psychologie et de Sciences de l’Éducation de Genève. Dans la perspective d’une analyse des pratiques enseignantes, ses travaux portent sur l’enseignement et l’apprentissage de la production et de la compréhension de textes oraux et écrits à l’école enfantine et primaire.

Crédit photo : Gaetan Zarforoushan via photopincc