Céline ou la richesse d’une expérience de TZR

Céline Devaux nous fait partager son métier de CPE avec passion et conviction. « Itinérante » pendant quelques années, elle n’a jamais perdu son « Nord professionnel » : L’élève avant tout ! Affectée enfin sur un poste fixe, elle gagne une stabilité bien méritée et projette de s’investir pleinement dans son nouveau collège de Côte d’Or.

1) Vous êtes CPE TZR depuis 5 ans dans l’académie de Besançon. Vous avez exercé dans différents types d’établissement : collège périurbain de 700 élèves de la banlieue bisontine, lycée polyvalent d’une commune de Haute-Saône, collège rural de la région Doloise… Quel est le remplacement qui vous a le plus marqué ? Pourquoi ?

Le remplacement qui m’a le plus marqué est certainement le lycée polyvalent de Haute-Saône. C’était la première fois que j’exerçais dans un lycée avec deux autres collègues habituées à travailler en lycée.

Le travail de CPE est totalement différent en lycée. J’exerce ce métier car je veux être au service des élèves et œuvrer pour leur réussite. En collège, à chaque instant nous sommes sollicités de toutes parts, par les adolescents, les adultes et nous travaillons souvent dans l’urgence. Cette dimension « d’être au service des élèves » prend littéralement tout son sens car l’exercice de nos missions au collège implique que nous devons être sans arrêt à l’écoute des jeunes qui nous interpellent parfois pour de simples petits tracas. Nous devons être aussi extrêmement rigoureux par rapport au contrôle des absences, puisque les élèves sont soumis à l’obligation scolaire. Attentif également par rapport à leur circulation au sein de l’établissement, par rapport à leur sécurité dans les locaux. Nous faisons au quotidien des rappels au règlement intérieur. Nous travaillons aussi beaucoup avec eux sur l’éducation et l’apprentissage de la citoyenneté.

En lycée ce n’est pas la même chose, nous sommes également au service des lycéens mais ça se fait de manière indirecte : les adolescents sont plus autonomes, nous intervenons davantage dans le cadre administratif (plannings, « paperasses » administratives à gérer, constitutions des classes, préparation des examens…) Notre champ d’actions s’étend davantage sur l’orientation et le suivi des élèves.

Les lycéens sont moins demandeurs, moins présents dans notre bureau, le rapport à l’adulte est plus distant. Les entretiens avec les lycéens sont plus programmés qu’au collège.

En revanche, j’ai eu la chance de prendre en charge le dossier du du C.V.L (conseil de vie lycéenne), ce qui m’a permis de travailler au plus près d’un petit groupe d’élèves enthousiastes à l’idée de monter des projets pour améliorer leur cadre de vie.

2) De manière plus générale, quels sont les avantages et les inconvénients d’être CPE affecté en zone de remplacement par rapport à une affectation en poste fixe ?

Les avantages : les CPE TZR sont amenés à effectuer des remplacements dans des établissements différents (collèges avec ou sans SEGPA, ULIS, lycées, avec ou sans internat, LGT, LP, établissements ruraux, urbains à forts ou faibles effectifs..), ce qui demande une forte capacité d’adaptation. En fait, cela m’a permis de diversifier mon activité et, par voie de conséquence, d’étendre mes champs de compétences dans de nombreux domaines.

Les deux difficultés principales résident d’une part, dans la variété des responsabilités confiées au CPE, en fonction des diversités des établissements, des différences de fonctionnement propres à chaque établissement, et aussi des attentes différentes des chefs d’établissement.

D’autre part, le second inconvénient tient sans aucun doute dans la difficulté de conjuguer vie familiale et vie professionnelle dans la mesure où le CPE TZR peut être amené à faire plusieurs remplacements durant l’année.

Les horaires, les emplois du temps ne sont pas les mêmes en fonction des établissements et les chefs d’établissement n’ont pas non plus les mêmes attentes dans ce domaine pour organiser le service de vie scolaire. Cela implique que les collègues TZR doivent parfois trouver une assistante maternelle ou une garderie qui acceptent ces changements de planning.


3) Depuis le début de votre carrière, vous avez toujours eu à cœur de développer des projets mais aussi d’aller au-delà de vos missions de CPE. Qu’est ce qui vous pousse à vous investir à fond dans le métier ?

Tout simplement la réussite des élèves et l’épanouissement de chacun d’entre eux. Dans ma manière de servir, je poursuis l’objectif que tous les élèves progressent et trouvent leur voie dans leur projet personnel.

Si un élève se sent bien dans son établissement, si des projets qui répondent à ses attentes sont mis en place et si le cadre scolaire lui semble agréable, il aura le sentiment d’y être respecté et de vivre positivement son parcours scolaire.

Je suis persuadée qu’une partie de sa scolarité sera facilitée par ce contexte et je pense avoir un rôle central à jouer pour faciliter ses conditions d’apprentissage et son accompagnement au quotidien.

4) À la prochaine rentrée, vous serez affectée dans l’académie de Dijon. Une nouvelle page de votre parcours professionnel va s’ouvrir. Comment abordez-vous ce virage ? Quels défis vous donnez-vous dans votre futur établissement ?

Oui une nouvelle page se tourne à la rentrée. Je serai en poste fixe, seule, dans un collège de 650 élèves. Habituée jusqu’alors à changer d’établissements, de collègues et d’élèves quasiment chaque année, j’aborde cette stabilité positivement et sereinement. Le propre de notre métier c’est de savoir s’adapter vite et en toutes circonstances.

Ce collège de Côte-d’Or a été totalement reconstruit, donc j’aurai la chance de travailler dans de nouveaux locaux.

Mon challenge sera dans un premier temps de repenser la vie scolaire de A à Z en collaboration avec les AED et sous l’autorité de mes chefs d’établissements. Les élèves seront accueillis dans un nouveau bâtiment tout neuf. Ils découvriront en septembre leur nouvel univers, notamment les salles et les différents lieux (administration, vie scolaire, réfectoire, infirmerie….). Il s’agira donc d’organiser leurs déplacements, d’assurer leur sécurité, et d’être un maximum sur le terrain pour veiller à ce que les locaux restent en très bon état.

Dans un second temps, je m’appuierai sur mes prédécesseurs qui ont sans aucun doute mis en place de bonnes choses, et j’apporterai ma vision personnelle du métier. Une phase d’observation, même très courte, me semble nécessaire et me permettra l’élaboration d’un diagnostic et le repérage des difficultés ou des fragilités dans le fonctionnement quotidien. J’apporterai ensuite un regard neuf et proposerai des idées nouvelles à l’équipe éducative et pédagogique, en concertation avec l’équipe de direction.


5) Votre engagement professionnel laisse présager d’une progression de carrière accessible rapidement. Vous imaginez-vous occuper une fonction de personnel d’encadrement (chef d’établissement, IA-IPR…) dans les années à venir ?

Pour le moment non. J’attendais impatiemment d’être nommée en poste fixe pour enfin pouvoir travailler plus de 2 ans dans un même établissement et c’est chose faite à la rentrée de septembre.

Je vais pouvoir enfin développer mon champ d’actions en m’inscrivant dans la durée dans ce collège. Avec les années et le recul, je pourrai aussi assurer une continuité de service, observer et analyser davantage ma pratique et la remettre en question si besoin, avec pour seule ligne de conduite, « toujours faire mieux pour le bien être et la réussite de nos élèves. »

D’assistante en Angleterre… à prof d’anglais !

Avant de réussir le CAPES d’anglais, Morgane a vécu l’expérience enrichissante d’assistante de langue en Angleterre. Une aventure qui l’a marqué humainement mais qui a contribué à la confirmation de son projet professionnel de devenir enseignante…

Peux-tu nous préciser le contexte dans lequel s’est déroulé ton expérience d’assistante ?

J’ai été engagée par l’école de Woldingham, une école pour jeunes filles de 11 à 18 ans, située à 30 minutes en train de Londres. Nous étions deux assistantes de français, deux assistantes d’espagnol et une assistante d’allemand. Nous étions logées et nourries à l’école et nous recevions de « l’argent de poche » chaque semaine pour nos dépenses extérieures. Nous partagions toutes le même appartement. Ce fut ma première expérience en colocation ainsi que ma toute première expérience de « professeur » une année durant.

Mon travail se déclinait en deux tâches : je devais effectuer 15h au département de français et 15h à l’internat auquel j’avais été affectée. En effet, l’école accueillant de nombreuses élèves internationales, plusieurs zones d’internat étaient dispersées au sein du complexe. L’école était située en pleine campagne et la ville la plus proche, Woldingham, était à 15-20 minutes à pied, temps que l’on mettait également pour rejoindre la gare afin de se rendre à Londres. L’école comportait de nombreux bâtiments ainsi qu’un très grand terrain de sport.

Comment était organisé concrètement le service pédagogique de 15h par semaine ?

Les 15h de présence au département de français étaient elles-mêmes divisées entre les heures de bureau et les heures de conversation avec les élèves.

Lors des heures de bureau, nous créions par exemple des PowerPoint à la demande des professeurs, ce qui m’a permis de mettre en pratique mes cours de C2i2e et de me perfectionner. Nous devions également faire des photocopies et aider à la préparation d’événements culturels, comme la journée portes ouvertes, etc.

Les heures restantes étaient consacrées aux cours de « conversation » avec des élèves de la 3ème à la terminale, à raison d’une demi-heure par semaine pour chaque groupe de 3ème et 2nde et de 40 à 50 minutes pour les groupes de 1ère et de Terminale. Parfois, les professeurs nous demandaient de travailler un point de grammaire précis ou nous pouvions également répondre à des demandes venant des élèves elles-mêmes. Mais aussi parfois, nous pouvions travailler sur nos propres documents, tant que la thématique était respectée bien sûr. Ma relation avec les élèves était différente de celle qu’elles entretenaient avec un professeur. Nous étions là pour leur permettre de discuter avec une personne native car en classe, il est parfois dur de s’exprimer, si l’on est timide par exemple. En petit groupe, voire individuellement parfois, avec une personne native et jeune, les élèves étaient motivées, intéressées et très curieuses. Ces moments étaient privilégiés et j’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec ces jeunes filles car c’est exactement le mot qui convient. Il n’y avait pas de relation élève-professeur mais un vrai échange de culture, de traditions, d’avis et d’opinions.

Tu évoquais tout à l’heure une mission éducative, complémentaire à la mission pédagogique ? Qu’entends-tu par là et qu’est que cela t’a apporté ?

Le restant des heures stipulées dans le contrat était dédié à l’internat. J’ai été affectée à l’internat des 3èmes. Je travaillais 2 soirs par semaine et un week-end sur 2, du vendredi soir au dimanche soir. Les soirs, je surveillais l’étude et ensuite, je faisais des rondes dans les couloirs ou effectuais différentes « missions » pour mes supérieures. Les week-ends, je participais parfois à une sortie car, tous les samedis, étaient organisées des sorties shopping ou cinéma ou des visites. Mais la plupart du temps, je restais deux heures le samedi après-midi dans le bureau pour répondre aux demandes des jeunes filles si elles avaient besoin de quoi que ce soit et je faisais la permanence au gymnase le dimanche après-midi.

La relation avec les élèves était également totalement différente dans ce cadre, elles se confiaient et parlaient de leur vie, de leurs aspirations, de leurs passions et de leurs craintes. Certaines jeunes filles étaient mes élèves en cours de « conversation ». Mais à l’inverse des cours où nous ne parlions que français, à l’internat nous parlions anglais, et grâce à elles, j’ai gagné en confiance et en fluidité à l’oral. Partager un appartement avec 3 autres jeunes femmes qui ne parlaient pas français m’a également beaucoup aidé.

Durant ton séjour, as-tu confirmé ton intuition que la mission d’enseignante n’est pas uniquement tournée vers l’apprentissage de la langue mais aussi vers l’implication dans des projets ?

L’éducation anglaise est très portée sur l’artistique. J’ai ainsi eu l’opportunité de participer à la chorale de l’école mais une incompatibilité d’emploi du temps ne m’a pas autorisée à la saisir. En revanche, j’ai pu assister le professeur de théâtre, qui a monté avec les 1ères et les Terminales « Le songe d’une nuit d’été » au premier trimestre. Faire partie de ce projet et me voir accorder la confiance de ce professeur qui m’a complètement intégrée dans le projet m’a beaucoup touchée. Voir mon nom dans le programme lors de la représentation en tant qu’assistante du metteur en scène a été un moment très fort pour moi.

Avec l’autre assistante de français, qui est devenue une amie très rapidement, nous avons également chanté en duo « Je te donne » de Jean-Jacques Goldman lors de la « soirée internationale » organisée par une élève de terminale qui permettait aux personnes étrangères au Royaume-Uni de partager un peu de leur culture avec le reste de l’école.

Chaque semaine, chaque assistante avait droit à un jour complet et une soirée libres. J’ai décidé de me rendre à Londres et de prendre des cours du soir de théâtre lors de mon jour libre. De même, lors de mes week-ends libres, j’ai suivi des cours de comédie musicale. J’ai ainsi pu faire des rencontres et m’ouvrir à la vie citadine anglaise. Ces moments ont été uniques, ils m’ont permis de prendre davantage confiance en moi et de me faire un petit cercle d’amis, toujours là aujourd’hui.

Quelles perspectives après cette aventure ?

J’ai pris beaucoup de plaisir à vivre cette année à l’étranger et j’ai particulièrement apprécié les deux facettes de ce métier. Travailler au sein de cette école avec ces jeunes filles m’a conforté dans mon choix de carrière. Grâce à ce séjour, j’ai conforté ma pratique linguistique mais j’ai aussi développé de nouvelles compétences. Aujourd’hui, je me sens prête à exercer mon métier avec passion et dynamisme !