3 questions à Régine, conseillère pédagogique

1. Quelle est votre utilisation du numérique dans le cadre de vos missions ?

Dans mes diverses missions (accompagnement des enseignants, des équipes, groupes de travail départementaux, participation au pilotage de la circonscription…), j’utilise beaucoup le numérique pour communiquer avec les personnes : enseignants, directeurs, collègues CPC, IEN, secrétaire…

Dans le cadre de la formation continue des enseignants, j’utilise le numérique pour concevoir des parcours spécifiques en lien avec des sujets définis, en complément d’interventions en présentiel. Ces parcours sont disponibles sur la plateforme académique FCP et réservés aux enseignants de la circonscription. Il s’agit de proposer, en plus des supports utilisés lors des présentations, des liens vers des sites qui permettent d’approfondir la réflexion avec des conférences en lignes ou des exemples de pratiques, ainsi que des documents ressources produits par l’institution, les formateurs ou les enseignants dans un esprit de mutualisation.

En lien avec la pédagogie, je conçois des documents en versions numériques (supports de travail : programmations, séquences, séances), destinés à être communiqués aux enseignants.

Toujours en lien avec la formation des enseignants, dans le cadre de mes interventions, j’utilise la vidéo pour faciliter le lien entre théorie et pratique. Afin de rester au plus proche de la réalité du contexte d’exercice, j’ai réalisé la majorité de ces vidéos en allant tourner en classe avec un caméscope numérique et en réalisant des montages qui permettent de servir au mieux le propos abordé. Le caméscope et le logiciel de montage utilisés  sont des investissements personnels.

Enfin, en ce qui concerne ma propre formation professionnelle, j’ai également recours au numérique. Régulièrement, je consulte des sites qui proposent des problématiques en lien avec la formation, et qui s’adressent aux formateurs ; il s’agit notamment des sites de l’IFE ou de l’ESEN, avec des conférences en ligne ou d’autres supports qui traitent de ces questions. Un espace destiné aux CPC est d’ailleurs alimenté dans ce sens sur la plateforme FCP.

 

2. Les avantages et les inconvénients ?

En ce qui concerne la communication, le numérique permet d’entrer plus facilement en relation avec les enseignants, via leur mail académique. Je peux ainsi transmettre aisément des informations : se mettre d’accord sur un rendez-vous, envoyer des documents, proposer de la ressource en ligne, recueillir des besoins, etc. Je suis aussi plus souvent sollicitée par ce biais pour des demandes d’information ou d’accompagnement.

De cette façon, certains des enseignants néo-titulaires n’hésitent pas à me soumettre leurs documents de travail pour avis avant de se rencontrer (suivi en classe ou réunion de travail). Cela permet un premier retour pour régulation de la conception de leur enseignement avant la mise en œuvre pratique et l’analyse accompagnée.

  • Mais cela ne peut fonctionner que si les enseignants consultent effectivement leur boîte académique, ce qui n’est pas encore systématique.

Le numérique permet de réduire les tirages papiers.

Il permet également de travailler à distance plus facilement (les ressources restant accessibles) et impose moins de contraintes de déplacements grâce à un ordinateur portable fourni à chaque CPC depuis plusieurs années déjà.

  • Cela demande que la maintenance de l’équipement soit régulière ce qui n’est pas le cas actuellement. L’utilisation du matériel personnel est très souvent nécessaire pour pouvoir être plus efficace.
  • Et du reste, l’accès internet n’est pas toujours disponible dans les écoles.

Cette facilité de travail offre également plus de souplesse dans la gestion du temps.

  • Mais de ce fait, il est plus difficile de poser des limites entre le temps professionnel et le temps personnel. Il y a un risque de voir ces tâches professionnelles liées au numérique (notamment de consultation et de réponse aux mails) déborder sur le temps personnel (en soirée, le WE, durant les congés) en plus de la charge de travail déjà réalisée dans la journée.

 

3. Les besoins en formation : pour vous ?

Mes besoins en formation sont liés à l’appropriation de nouveaux logiciels qui faciliteraient l’usage du numérique dans le cadre des formations. Je pense notamment à la maîtrise de logiciel de cartes heuristiques pour faciliter la construction de documents de synthèses de façon collective.

Une formation approfondie sur la formation numérique à distance me semble également nécessaire ; il s’agit non pas d’être formée sur le développement de plateformes ou d’outils utilisables (ce qui a déjà été fait par le passé), mais de réfléchir aux problématiques qui freinent l’accès des enseignants à ce type de formation et de trouver des réponses efficientes.

  • Pour les enseignants ?

Certains ont encore besoin d’être accompagnés pour débuter dans l’appropriation de l’outil informatique. Il s’agit de leur permettre d’accéder à ce mode communication qui s’avère incontournable aujourd’hui.

Mais pour la plupart, il s’agirait de proposer une formation à deux niveaux :

  1. Une formation pour optimiser l’utilisation du numérique dans le cadre de leur enseignement.
  2. Un accompagnement pour leur permettre une utilisation du numérique au service de leur formation professionnelle personnelle. Cette utilisation ne va pas de soi, et demande à être explicitée et accompagnée, si on veut que se développe effectivement une formation à distance gérée par les personnes elles-mêmes au service de leur développement professionnel.

Régine Ballandras, CPC Strasbourg 5

Chroniques d’un Professeur des Ecoles devenu Prof d’EPS

Enfant d’enseignants, j’ai eu la chance de ne jamais quitter l’école depuis l’âge de 3 ans ; même mon service militaire chez les Pompiers de Paris m’a permis d’enseigner.

L’Éducation Nationale m’offre ce que j’ai toujours souhaité : les conditions pour m’épanouir dans mon métier. Enseigner c’est avant tout éduquer, partager, rendre heureux les élèves dans leurs apprentissages.

Dès ma première année d’enseignement dans le primaire en 1998, Porte de Champerret à Paris, j’ai découvert le monde de l’USEP (Union Sportive Enseignement Premier degré) qui permet de proposer aux élèves, dans et hors temps scolaire, un    complément des enseignements de classe, par le biais sportif.

Fraîchement arrivé en Dordogne, je me souviens de l’appel téléphonique en 2004 de Stéphane Crochet, alors secrétaire départemental SE-Unsa, m’annonçant l’obtention du poste de directeur dans le village de Chantérac. Quelle joie ! Quelles responsabilités ! Un nouveau défi professionnel. Je découvre à ce moment tous les rouages d’une école.

Acteur local pour l’USEP, je décide quelques années plus tard de passer le CAFIPEMF (Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Professeur des Ecoles Maître Formateur) et deviens maître formateur en EPS : en effet, j’ai la chance d’obtenir un poste de conseiller pédagogique EPS en Dordogne. Je m’investis également davantage à l’USEP pour en devenir quelques années son président départemental.

En 2010, un collègue et ami obtient son détachement dans le secondaire pour être Professeur d’EPS… une passerelle magnifique à mes yeux, moi qui valorise l’EPS au quotidien depuis le début de ma pratique professionnelle et personnelle.

Je tente alors trois années de suite des demandes de détachement qui n’aboutissent pas. Rappelons que le détachement est la position d’un fonctionnaire placé hors de son corps d’origine mais qui continue à bénéficier, dans ce corps, de ses droits à l’avancement et à la retraite.

Arrivé à 40 ans, je découvre qu’une autre possibilité s’offre à moi sous forme d’accès à la liste d’aptitude. En effet, en dehors de la voie des concours externes ou internes, l’accès au corps des professeurs d’EPS est possible par inscription sur liste d’aptitude, sous certaines conditions de diplômes, d’ancienneté et d’âge notamment.

Et c’est  Yann Chandivert, élu SE-Unsa en CAPN (Commission Administrative Paritaire Nationale), qui m’annonce l’énorme nouvelle à la fin de l’année 2014-2015. Je suis admis sur liste d’aptitude et serai Professeur d’EPS stagiaire à la rentrée scolaire dans mon département, la Dordogne. Actuellement en poste sur un lycée professionnel, j’ai le plaisir d’enseigner l’EPS et de participer aux différents projets fédérateurs de l’établissement.

Ce qui change pour moi :

– La découverte du monde du secondaire, les relations pédagogiques et humaines au sein d’une plus grosse équipe pédagogique.

– Le changement d’élèves à chaque cours contrairement au suivi continu dans le primaire.

– L’approche de la relation et du suivi dans les apprentissages est différente mettant en avant l’importance du partage entre collègues.

– La continuité, pour moi, dans l’apprentissage de l’EPS.

– Les liens USEP et UNSS.

– Le constat de l’importance de l’accompagnement et de la valorisation que chaque élève est en droit de   recevoir malgré les difficultés scolaires et/ou sociales rencontrées.

– …

La fin d’année verra ma validation, je l’espère, par ma hiérarchie pédagogique et administrative, me permettant de participer au mouvement intra-départemental en Aquitaine. De nouveaux horizons s’ouvrent donc à moi, pour mon grand plaisir.

Stéphane CHAGNON

Olivier, prof d’EPS en EREA témoigne…

Comment abordes-tu l’EPS dans ton EREA ?

J’aborde l’EPS par l’objectif «  savoir jouer ensemble dans une bonne ambiance » c’est-à-dire en mettant la priorité (et non pas l’exclusivité) sur les compétences psychosociales. L’apprentissage en EREA n’est pas secondaire, mais il est impossible lorsqu’il y a trop de tensions entre les élèves dans le groupe. Le savoir jouer ensemble est une étape avant « le savoir apprendre ensemble » qui est lui-même une étape avant « le savoir apprendre avec les autres » sans pour autant que ces étapes soient totalement cloisonnées.

Les programmes EPS te semble-t-il adaptés pour le public scolaire d’EREA ?

L’esprit du programme collège est adapté aux élèves de SEGPA, mais le niveau d’attente est souvent trop élevé , sauf si l’on se centre sur un nombre d’APS réduit. Les jeux traditionnels tels que la balle assise (APS qui ne figurent pas au programme) ont une grande importance pour moi dans la construction de l’ambiance de cours car ils produisent toujours beaucoup de plaisir chez les élèves à jouer ensemble.

Quelles relations as-tu avec les collègues EPS des collèges et lycées généraux ? Avec tes autres collègues à l’EREA ?

Je fréquente les collègues du collège à l’UNSS et lors des stages de formation continue. Je participe également à une commission académique portant sur les publics dits «  difficiles » où j’échange avec des collègues qui ont des élèves en difficulté.

Concernant les collègues de l’EREA , les relations sont très bonnes et nous échangeons travaillons beaucoup ensemble. La mise en place d’EPI ne sera pas un problème pour nous sachant qu’ils existent déjà officieusement.

La formation initiale et/ou continue te semble-t-elle suffisante pour enseigner l’EPS en EREA ?

Je pense que tout simplement que, quelque soit l’établissement dans lequel on travaille, la formation initiale n’est jamais suffisante. Nous avons un métier où il faut toujours aller de l’avant et pour cela se former constamment. Concernant la formation continue, les stages proposés en EPS ne sont pas toujours adaptés à nos attentes. Je serais intéressé par des stages portant sur la gestion de dynamique de classe et le développement des capacités psychosociales et méthodologiques à travers la pratique du sport sans pour autant mettre de côté le besoin de sens pour les élèves.

Qu’est-ce qui a motivé ce choix professionnel et quelles améliorations faudrait-il selon toi apporter dans ce milieu professionnel ?

Mon choix est dû pour une part au  hasard, étant TZR et ayant choisi l’EREA comme rattachement administratif. Ce choix de rattachement est dû au fait que j’ai enseigné pendant 8 ans, en LP difficile et que cela m’avait  plu.

Pour améliorer le travail en EREA, il faudrait sortir du cadre traditionnel de cours , donner du temps pour faire les choses sereinement et donner plus de temps d’échanges avec les élèves. Ce qui est important c’est de construire une relation de confiance entre les élèves et le professeur. Cette confiance passe par la réussite et les progrès significatifs identifiés et reconnus par l’élève…

Comment s’est passée ta première année en EREA, puis l’adaptation de ta mission sur les années suivantes ?

C’est ma première année  à temps plein à l’EREA et elle se passe comme je m’y attendais. Tous les projets que j’ai mis en place prennent forme. On verra ce que cela donnera en fin d’année et les répercussions sur l’année suivante. L’année prochaine, je pense m’impliquer encore un peu plus en mettant en place en grand nombre d’EPI.

Comment organises-tu le sport scolaire dans ton établissement ?

Je pense que l’AS à l’EREA est essentielle et doit être coordonnée avec les cycles EPS. Je pratique en interne et je participe aux journées sportives de l’UNSS. Pour moi l’AS donne une dynamique à l’ EPS. Les élèves de l’AS sont très souvent des élèves moteurs en cours d’EPS. Le temps de l’AS est un moment privilégié pour le dialogue avec les élèves et la construction d’une relation de confiance entre les élèves et le professeur.