EPS et classe sans note, le témoignage de Valérie

Tu as testé une classe sans note l’an dernier, quel est ton bilan ?

Premier point positif : Titulaire dans cet établissement depuis 10 ans, cette expérimentation m’a amené à réfléchir sur mes pratiques pédagogiques et à « casser » la routine dans laquelle nous avons tous tendance à tomber. Nous sommes 2 collègues d’EPS engagés dans ce dispositif et nous nous sommes rencontrés plusieurs fois durant l’été afin de repenser nos grilles d’évaluation.

Deuxième point positif : Du temps a été dégagé pour mettre en place une heure de concertation et d’échanges pour l’équipe ( mardi de 13h à 14h ). Ces échanges ont été riches et constructifs, parfois parsemés de désaccords. Tout d’abord sur « qu’est-ce-qu’on évalue ? » mais aussi tout bêtement sur la conception du bulletin : bulletin disciplinaire ou totalement transversal c’est à dire uniquement par compétences ? Les collègues ont souvent fait appel à « l’expertise » des profs EPS. Nous avons réussi à trouver un consensus en évaluant des compétences mais en mettant des appréciations par discipline.

Ces moments d’échange nous ont aussi permis de cerner plus vite les difficultés des élèves et d’être plus attentifs à leur progrès. Un gros problème subsiste pour la remédiation en revanche. Pas mal de collègues se sont sentit démunis. C’est pour cela que lors de ces réunions, des collègues du primaire sont venus afin de nous expliquer leur façon de travailler et d’évaluer.

Nous avons choisi d’évaluer en termes d’ « acquis expert » pour motiver les bons élèves, « acquis », « presque acquis » , « en cours d’acquisition », « non acquis » que nous avons transformés en couleur ( vert, jaune, orange, rouge).

L’EPS est vraiment la discipline qui se prête à ce genre d’évaluation.

En EPS, depuis longtemps nous évaluons des compétences et les notes ne me semblaient pas adaptées à ce type d’évaluation. On fait une moyenne entre des haricots, des cailloux et des fleurs. C’est-à-dire des choses qui n’ont aucun rapport entre elles. Avec ce système, tout est plus clair et surtout plus formatif.

Le bilan est mitigé :

Au niveau des apprentissages des élèves , il n’y a pas beaucoup de différence  car en EPS on était déjà sur de la pédagogie différenciée même si on évaluait avec des notes. Ce qui est sûr, c’est que les élèves situent mieux ce qu’il leur reste à apprendre et comprennent mieux ce que l’on attend d’eux.

Par contre, même en EPS où les élèves viennent généralement avec plaisir, j’ai senti un changement d’attitude des élèves qui ne sont plus dans une course à la note , une compétition entre eux. Qui a la meilleure note ? Ce stress évacué, les élèves sont plus disponibles au niveau de l’écoute et de ce qu’on attend d’eux.

Valérie

Professeur d’EPS en lycée pro, le témoignage de Thierry

1°) Tu es enseignant d’EPS en lycée professionnel, quel regard portes-tu sur ton métier ?

Pour moi c’est toujours le plus beau métier du monde ! Même s’il  est toujours en évolution, la chance de transmettre des savoirs à nos élèves, les voir évoluer, grandir , progresser… est quelque chose de vivifiant pour l’enseignant d’EPS que je suis. Réaliser des projets grâce à l’association sportive également. En revanche, le métier me prend toujours autant de temps. Les conditions d’exercice ne sont pas toujours assez bonnes pour faire du bon travail

 

2°) Est-ce que l’enseignement de l’EPS en lycée professionnel te parait être spécifique par rapport au collège ou au lycée général ?

Tout à fait, car nous accueillons une population d’élèves bien différente des lycées généraux : ils se dirigent vers la vie active et sont là pour apprendre un métier

On aborde les activités de façon différente, on est vraiment dans l’action

 

3°) Peux-tu citer des faits marquants dans ta carrière ?

Oui, la grève des élèves de l’établissement pour défendre la pratique de l’Association sportive m’a particulièrement marquée. De 8 h du matin à 18 heures le soir , les élèves ont fermé l’établissement et sont passés dans les médias. Leur action a permis de rétablir l’AS, pratiquée par les 2/3 des élèves.

Je pense aussi à la participation de 24 élèves de l’établissement au semi marathon de Barcelone : un exploit pour tous ces élèves qui au départ n’aimaient absolument pas courir !

 

4°) Quelles sont tes attentes en tant que professeur d’EPS en lycée professionnel ?

Que l’on ait le même statut que nos autres collègues ! Pour l’instant nous effectuons 17h + 3h ( 3heures de forfait AS qui sur le terrain vont bien au delà de cette quotité horaire ) contre 18 h tout compris, c’est injuste.

 Thierry

 

 

 

J’étais PE, je suis devenue prof de mathématiques

« J’étais PE, je suis devenue prof de mathématiques au collège Jean Moulin » Perpignan (66)

Depuis combien de temps étiez-vous PE et quel type de postes aviez-vous occupé ?

J’étais professeur des écoles depuis septembre 2001.  J’ai occupé des postes de remplacement avant d’être adjointe en école élémentaire. J’ai ensuite été directrice de deux écoles dans l’Aude, puis à nouveau adjointe élémentaire dans les Pyrénées  Orientales. J’étais enseignante en maternelle avant de songer à une mobilité professionnelle.

Quelles dispositions réglementaires avez-vous utilisé pour votre projet de mobilité professionnelle ?

J’ai utilisé la voie du détachement pendant 1 an, avant de demander l’intégration définitive dans le corps des certifiés.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre projet ?

Cette voie de détachement est peu connue. Au départ, il a été un peu difficile de trouver des informations mais ensuite le détachement s’est fait plutôt rapidement. Au niveau administratif, j’ai rencontré quelques problèmes relatifs au salaire et à un passage d’échelon mais ils se sont résolus en quelques mois. Je n’ai rencontré aucun problème concernant mon affectation.

Quelles aides avez-vous trouvées dans la réalisation de ce projet ?

Un ami à moi avait déjà réalisé ce projet et il m’a orienté. Les délégués du SE-Unsa (tant du 1er que du 2nd degré) m’ont accompagnée dans cette demande mais aussi lors des commissions d’affectations. Les modalités d’affectation sont complètement différentes dans les deux corps.
Êtes-vous satisfaite d’avoir réalisé ce projet ?

Oui, totalement. L’année de stage se révèle un peu difficile car ma formation se rajoute à un service déjà complet mais je suis ravie d’avoir pu donner un nouveau tournant à ma carrière professionnelle.

Axelle Soto

Crédit photo : MyScienceWork

CPE et secouriste, un axe original de l’éducation à la citoyenneté

Pascale, CPE en collège, s’est donnée les moyens de se former au secourisme dans la 2ème partie de sa carrière.  Son but ? faire bénéficier de ses compétences un maximum d’élèves et d’adultes de son établissement.  Un axe original  de l’éducation à la citoyenneté !

1) Qu’est ce qui est à l’origine de ton désir de développer des compétences en tant que formatrice dans le domaine du secourisme ?

Il y a maintenant 6 ans , je me suis lancée dans cette aventure. Suite à un article sur le nombre de décès dus à des accidents domestiques, l’idée m’est venue de suivre cette formation . En effet, aujourd’hui, en France, des dizaines de milliers de personnes sont victimes d’accident de la vie quotidienne, de la route, d’incendies ou de risques majeurs. Mon intérêt personnel pour cette formation s’est ensuite transformé en intérêt professionnel  car au sein de mon établissement , 2ème collège de notre académie aucun adulte ne possédait ce monitorat et trop peu le PSC1 (Prévention et Secours Civiques de niveau 1).

Si chaque individu savait alerter le service de secours adapté et effectuer les premiers gestes indispensables, le nombre de personnes décédées serait considérablement réduit .

Je tiens à ajouter que nous sommes trop peu d’adultes formés. Cette lourde formation de minimum de 50 heures a dissuadé plusieurs candidats.

2) Quels sont les liens que tu vois entre cet engagement et le métier de CPE ?

Notre métier est un engagement quotidien ,un métier de partage. Notre mission éducative est d’accompagner tous ces jeunes tout au long de leur scolarité .Les relations et contacts collectifs avec des élèves les dirigeront vers la responsabilisation. Apprendre à porter secours, à protéger autrui les conduiront à respecter au quotidien les consignes de sécurité. Participer à la transmission d’un nouveau savoir et savoir-être est un challenge passionnant. Leur apprendre les techniques de secours et les conduites à tenir, avoir un autre contact avec les élèves est un défi à relever et je l’ai fait.

Cette formation se construit à partir de situations d’apprentissage qui s’ancrent dans les programmes, s’exercent dans la vie scolaire et prennent pleinement sens dans la vie quotidienne des élèves. C’est ainsi, que toutes les personnes intervenantes pourront contribuer efficacement à ce que les élèves adoptent progressivement des comportements de citoyens responsables.

N’est-ce pas le métier de CPE ? Aller plus loin, rechercher l’inconnu…

Très peu de CPE dans l’académie sont formés. Combien ont le PSC1 ? Il serait intéressant de connaître le nombre au niveau national.

3) En quoi cette mission s’inscrit-elle dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté ? du socle commun ?

Dans le cadre du CESC, les textes officiels prônent une sensibilisation à la prévention des risques, marquent l’importance accordée à l’acquisition par les élèves, de savoirs et de comportements nécessaires pour prévenir une situation de danger, se protéger et porter secours.

En ce qui concerne les compétences du socle, l’Éducation à la responsabilité doit permettre aux élèves, futurs citoyens ou citoyens, de développer des analyses lucides, des attitudes prudentes et des démarches solidaires . 

4) Quels sont les compétences visées dans l’exercice de cette activité ?

  • Assurer la sécurité, avoir une connaissance des risques majeurs, des mesures de prévention, de protection.

  • Transmettre les informations aux services de secours adaptés

  • Savoir pratiquer les gestes de premiers secours

  • Développer les compétences civiques et solidaires, avoir le sens de la responsabilité individuelle et collective à partir de situations concrètes et intelligibles.

Les contenus disciplinaires offrent un point d’ancrage pour conduire une éducation à la santé et à la citoyenneté.

– Avoir une connaissance de son bassin d’habitation

5) Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans la mise en œuvre ?

  • 7 heures pour 10 élèves seule, c’est très difficile à tenir surtout avec un seul jeu de mannequins

  • Matériel : bien travailler avec les services intendance, c’est indispensable pour avoir le bon matériel qui est onéreux. Certains établissements mutualisent mais c’est très compliqué pour la réservation et l’entretien.

  • Les partenaires extérieurs à l’Éducation Nationale (SDIS, Sécurité Civile, Croix Rouge…) sont des organismes à prestations facturées, impossible pour beaucoup d’établissements de petite taille.

  • L’Éducation Nationale forme chaque année de nombreux moniteurs mais en ce qui me concerne, je suis toujours seule et c’est parfois compliqué de gérer la formation que j’aime avec mon emploi du temps de CPE que j’aime également.

6) Quelles différences majeures vois-tu entre une formation adressée aux élèves et une adressée aux adultes ?

Pour l’instant, je n’ai pas formé d’adultes. Ceci est prévu pour 2015.

Les adultes se rapprocheront certainement plus de leur vécu et leur intérêt sera différent.

Parfois, les élèves ont du mal à effectuer les cas concrets (ce qui permet la validation de la formation)

Cela sera plus simple avec les adultes qui imagineront le scénario plus sérieusement.

Cette formation doit se faire sur la base du volontariat.

7) Y a-t-il des nouveautés envisagées en 2015 ? De nouveaux partenaires sont-ils amenés à se mobiliser autour de cet objectif ?

Chaque année , une journée de recyclage est obligatoire pour garder le monitorat et c’est à cette occasion que nous évoquons les nouveautés.

Le contenu et l’aspect pédagogique ont été modifiés en 2012 . La durée est toujours de 7 heures par groupe de 10 élèves pour un moniteur.

Pascale DROUHIN

Crédit photo : Service photo, photothèque

De CPE à musicien, témoignage

1) Qu’est ce qui est fondamentalement à l’origine de votre bifurcation professionnelle ? Quels sont les arguments qui vous ont fait basculer vers une autre situation professionnelle ?

L’origine fondamentale de ma bifurcation professionnelle est la redondance du métier ainsi que ses limites. En effet, après avoir exercé 10 ans en tant que CPE, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour du métier. C’est en partie dû au fait que j’ai exercé 7 années en tant que TZR et que j’ai pu exercer dans tous les types d’établissement. Le fait d’être en poste fixe m’a donné l’impression de stagner, de m’engluer dans une situation et un métier sans renouveau. Malgré les changements de personnels au sein de mon établissement, la monotonie est réapparue rapidement. Pour moi, les politiques ont dénaturé le système éducatif en superposant leurs réformes à tour de rôle, ce qui engendre un état de stagnation au sein de l’école. On met en place pour démenteler ensuite ce qui a été fait, on innove puis on recule, bref, on ne cesse de jouer avec le système sans réellement traiter les problèmes de fond. J’ai donc compris que malgré ma volonté et mes missions de CPE, rien ne changerait fondamentalement dans l’école.

C’est donc naturellement que j’ai décidé de changer de voie professionnelle pour d’une part me renouveler après 10 années dans l’éducation nationale mais aussi pour suivre une passion qui existe depuis toujours : la musique. Je me suis alors intéressé au congé formation car il faut bien le dire peu d’explications nous sont faites sur la bifurcation professionnelle.

 
2) Quelles sont les compétences que vous avez transférez de votre fonction de départ vers votre fonction d’arrivée ?

La rigueur, l’organisation, la communication, la capacité d’adaptation, le sens des responsabilités.

 

3) Dans la fonction que vous occupez aujourd’hui, quels sont vos principaux motifs de satisfaction, d’épanouissement ?

Le nouveau métier que je prépare (musicien professionnel), je suis satisfait de mes journées, de mon travail, des perspectives d’avenir. C’est un épanouissement quotidien et en perpétuelle évolution. Rien ne ressemble à ce que j’ai déjà fait, tout est créatif et donc en opposition à une quelconque monotonie.

 

4) Changer de métier lorsqu’on est CPE et que l’on n’envisage pas la carrière de chef d’établissement relève t-il d’un parcours du combattant ? Si oui, comment pourrait-on, selon vous, améliorer les choses ?

Il a été très difficile pour moi d’obtenir mon congé formation. Il a fallu que je ne cesse de communiquer avec ma hiérachie pour les persuader du bien fondé de mon choix. J’ai eu l’appui indispensable du syndicat sans qui peut-être je n’aurai pu suivre ma formation. Il est inconcevable aujourd’hui qu’un fonctionnaire de l’éducation nationale ne puisse facilement se réorienter professionnellement et il est d’autant plus inconcevable que l’administration ne mette pas tous les moyens nécessaires à la réalisation du projet. Lorsqu’un fonctionnaire souhaite changer de métier, il ne doit pas se retrouver face à des impasses et se résigner à continuer son métier faute de solutions. Les conséquences peuvent être terribles (dépression, maladie, fautes professionnelles…). L’administration doit prendre en compte le fait qu’une personne épanouie au final lui coûtera certainement moins cher qu’une personne en mal être. Pour moi, chaque demande de réorientation devrait pouvoir aboutir avec les moyens financiers qui le permettent. C’est dans ce sens que l’éducation nationale au final bénéficiera d’une reconnaissance de la qualité de ses employés.

Grégory VAJS
CPE dans l’académie de BESANÇON

 

Alain, PLP Génie thermique en Segpa

J’exerce en SEGPA depuis 7 ans et j’ai assumé deux ans durant la direction de cette structure dans mon département. Après avoir enseigné en lycée professionnel, j’ai eu une idée plus précise des bases et de la dynamique à apporter en Segpa à nos futurs élèves de C.A.P. L’adaptation scolaire exige une profonde réflexion sur les stratégies à mettre en place pour répondre à un besoin particulier des élèves en grande difficulté scolaire.

J’ai été impacté comme nous tous par la circulaire d’avril 2009. Elle a certes clarifiée nos missions en définissant les champs professionnels en remplacement des ateliers mais a été pensée uniquement pour les élèves en occultant les conséquences sur les PLP.

Pour moi, il reste beaucoup à faire pour que chacun puisse trouver sa place dans le champ où il exerce. Au regard de  la polyvalence qui est demandée pour occuper les postes de PLP des champs professionnels, force est de constater qu’il n’y a pas la reconnaissance et la formation nécessaire.

Même « muter » sur un poste de Segpa est compliqué car les postes sont étiquetés avec les anciennes spécialités des ateliers et n’intègrent pas la spécificité/diversité des champs.

Tous ces éléments sont source de malaise et d’incompréhension et sont de nature à dégrader les conditions de travail.

J’ai aussi été confronté à la problématique des remplacements : rien de prévu pour des arrêts de moins de 15 jours et au-delà, c’est en fonction des disponibilités, avec peu de solutions à la clé. Cela va à l’encontre des objectifs de la circulaire. Comment sortir de cette impasse ? Peut être en créant des zones de remplacement des champs professionnels.

J’ai par ailleurs effectué sur deux ans, mais sans temps de décharge, la formation  du 2CASH (Certificat Complémentaire d’Adaptation Scolaire au Handicap). Elle est de qualité mais souffre d’un manque de reconnaissance. Il n’est pas possible de compter uniquement sur la bonne volonté des enseignants. L’acceptation de la surcharge de travail sur la durée ne peut pas longtemps tenir face à l’absence de moyens et de volonté de la part de l’administration.

Pour moi, les objectifs de la circulaire d’avril 2009 avec le chantier de la réforme des champs professionnels sont inachevés. Nous devons porter des revendications sur les exigences de notre métier et rappeler à l’administration son devoir de transparence et de reconnaissance professionnelle.

 

Alain BROUSSE
PLP en génie thermique
Académie de Bordeaux

 

Audrey, la SEGPA : une Belle Surprise en fait !

J’ai obtenu le concours en service et commercialisation (restaurant-service), le fameux CAPLP, en juin 2009 ! Le 15 juillet de cette même année, je reçois mon arrêté de nomination pour la rentrée de 2009 et là c’est la consternation…. FECAMP…. et poste en SEGPA. Je regarde sur une carte et je vois que la ville de Fécamp est à une heure de route de Rouen, ville où j’étais domiciliée… et je recherche la signification du sigle SEGPA : Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté… un grand mystère…. je n’étais pas plus avancée.

Je savais qu’en obtenant le concours je pouvais être mutée n’importe où en France. Et jusque là j’avais enseigné essentiellement en BEP, Bac technologique, BTS et Licence professionnelle mais aussi en UPI (ex ULIS).

Je n’ai pu prendre contact qu’à la fin du mois d’août avec le directeur de la SEGPA. L’accueil a été plutôt froid quand il m’a demandé si c’était un choix de venir enseigner en SEGPA et que je lui ai répondu que non… Pour arranger ça, je lui ai annoncé que j’étais enceinte et que je ne ferais donc pas toute l’année…

Les élèves de SEGPA m’ont été présentés comme des élèves ayant seulement des problèmes d’apprentissage, des élèves en grande difficulté scolaire, ce qui expliquait des effectifs peu élevés… maximum 4 en 1ère année et 4 en 2ème année de CAP, 8 en ateliers restauration 3ème !

J’ai découvert un public agréable en classe, sans problème de discipline (à part quelques uns mais qui ont été dirigés vers des structures plus adaptées à leurs problèmes de comportement) mais en grosse difficulté scolaire. Certains ne savent pas lire et d’autres écrivent très difficilement…. quand ce n’est pas les deux. Ces élèves ont des difficultés à participer à l’oral.

J’ai aussi découvert des élèves abîmés par la vie, confrontés à une réalité difficile à surmonter au quotidien. Certains ont tellement de choses à gérer sur le plan personnel que l’apprentissage n’est vraiment pas leur priorité. La plupart se connaissent depuis leur entrée en 6ème. Ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient pour gérer le groupe en classe. À ma grande surprise les non lecteurs sont souvent les meilleurs en pratique professionnelle. À leur contact, j’ai compris le rôle essentiel de l’enseignant. Ils passent 80% de leur temps dans les locaux de la SEGPA et l’ensemble de l’équipe est un socle fondamental dans leur épanouissement scolaire et leur réussite. On est des repères essentiels, avec un côté affectif. Certains ont du mal à nous « quitter » quand ils partent en stage.

 J’ai adoré ces 5 années passées à Fécamp avec mes 3èmes et mes CAP. Jai pris énormément de plaisir à voir évoluer les élèves autant sur le plan personnel (autonomie, épanouissement…) que sur le plan scolaire (des progrès parfois très significatifs).

J’ai fait énormément de projets avec eux. Des projets de tout les styles: expositions réalisées par eux-mêmes, voyages, concours de cocktails sans alcool, visites, manifestations diverses (partenariats avec maison de retraite, avec des écoles primaires….).

 Nous avons la chance d’avoir encore dans notre académie des formations qualifiantes en SEGPA (malheureusement plus pour longtemps) qui à la fois rassurent nos jeunes et favorisent leur réussite. J’ai été très fière de voir mes CAP réussir leur examen. Beaucoup plus que lorsque j’étais en lycée professionnel ! Ce diplôme est une étape importante et leur permet de quitter, pour certains, le « cercle vicieux » de leur vie.

Cette expérience a été riche mais avec le recul, je me dis que mon expérience en UPI a été importante pour mon adaptation en SEGPA. Et puis heureusement que ma volonté et que la force du travail d’équipe m’ont permis de surmonter les difficultés et les carences en formations de l’institution. Mais est ce bien normal d’envoyer des collègues entrants dans le métier et non volontaires sur des postes aussi complexes où la difficulté d’enseigner peut rapidement se transformer en souffrance ? Je ne le pense pas.

En ce qui me concerne, j’ai demandé et obtenu ma mutation dans une autre SEGPA pour la rentrée 2014 et je ne le regrette pas.

                                               Audrey CHRISTOL,
PLP service et commercialisation
SEGPA Collège Paul ELUARD
Saint Etienne du Rouvray

Géraldine, PLP en EREA…

Depuis septembre 2002, je suis en poste à l’EREA (établissement régional d’enseignement adapté) de mon département.

PLP en arts-appliqués, j’ai fait le choix de ce poste spécifique du fait de la nature du public (grande difficulté scolaire) et parce que je pouvais enseigner les arts-plastiques auprès des élèves de la 6ème et la 3ème  segpa et les arts-appliqués auprès des élèves de CAP métiers du bâtiment.

Cela correspondait à mon profil et aspirations : mettre mes compétences et passions au service des élèves en grande difficulté.

Quittant Garges-les–Gonesses, où j’étais titulaire au LP Arthur Rimbaud, pour la province, j’ai fait la demande spécifique de ce poste, puis passé un entretien avec le directeur de l’EREA avant d’y être nommée à titre définitif. À l’époque, ce poste était étiqueté PEP3 (je crois que cela n’existe plus).

Travailler à l’EREA m’a d’abord apportée la satisfaction de la collaboration avec des collègues du premier degré. Leur façon d’organiser l’espace–classe, leur manière de personnaliser complètement le travail pour chaque élève m’ont beaucoup aidé pour créer ma propre organisation adaptée à ma matière et aux besoins des élèves.

Travailler avec des personnes n’appartenant pas au même corps fait réfléchir sur le fonctionnement global de l’établissement et fait prendre conscience des missions de chacun, des différents points de vue, des objectifs globaux… On se rend vite compte qu’on fait tous le même métier, même si nos statuts sont différents. Et là, je me sens en parfaite cohérence avec la nature même du SE-UNSA.

Ces différences sont à la fois une richesse et source de tensions : comment concilier la solidarité avec les collègues et en même temps ne pas renier la particularité de son propre statut ?

Dans un EREA tout est possible : l’objectif est de s’adapter aux besoins de l’élève.

Il y a possibilité d’inventer, de tester des adaptations, d’avoir une cohérence éducative à l’internat et externat…

Les difficultés majeures restent d’avoir des temps de concertation suffisants avec tous les acteurs, de créer une dynamique d’équipe tout en respectant la liberté pédagogique de chacun, de créer des ponts entre tous les intervenants… et les budgets bien sûr qui rétrécissent d’année en année.

Un changement marquant est apparu suite à la loi sur le handicap de 2005 où on a vu le profil des élèves changer. Nos élèves ne relevaient plus uniquement de la grande difficulté scolaire. Certains sont aujourd’hui porteurs de pathologies dont nous ne sommes pas spécialistes et  que nous devons aborder sans formation ni information particulière. Du coup, même en effectifs de 16 élèves maximum, les choses se compliquent encore davantage…

 

Se former ?

Oui, j’y avais pensé. J’ai fait partie de la première promotion du 2CASH de notre académie sans le savoir au début.  Sur le PAF, je m’étais inscrite à une formation qui s’intitulait : « enseigner à des élèves à besoins particuliers ». Au fur et à mesure des journées de formation, nous découvrions qu’on attendait de nous de passer le 2CASH dont les modalités n’étaient pas encore bien fixées et qu’on ne voyait vraiment pas ce que cela pouvait nous apporter de plus, si ce n’est que d’être estampillés « profs pour classes difficiles ». J’ai donc suivi la totalité de la formation qui était d’une qualité exceptionnelle sans jouer le jeu de la certification. Du fait d’être en poste à l’EREA, ma carrière est de toute façon marquée par la couleur de l’enseignement adapté.

 

De la reconnaissance ?

Le courrier de rentrée du ministre et du recteur, ainsi que leurs vœux !

Sur la fiche de paie, je perçois mensuellement 33,02 euros d’indemnité Forfaitaire de Sujétion Spécial. Mon avancement est le même que tous. Je bénéficie d’une bonification de points pour demander ma mutation en fonction du nombre d’année passée à l’EREA (mesure spécifique de mon académie).

Le pari passionnant de la perspective de permettre à ces « élèves cassés » de reprendre confiance en eux afin de trouver une place dans notre société est un engagement fort, qui demande beaucoup d’énergie, de ressources et d’innovation pédagogique et reste toujours sans recette miracle ! Être prof en EREA devrait être une mission à durée limitée afin de pallier à l’épuisement et de maintenir une fraicheur et un dynamisme des équipes. Mais dans la réalité, il n’est pas toujours simple pour un PLP nommé dans un EREA de quitter ce poste qui ne peut être pourvu que par des personnes volontaires…

Enfin, il n’y a pas 2 EREA en France qui fonctionnent sur le même mode : modalités d’organisations diverses et variées, moyens disparates, nature des personnels (présence de PLP , PLC, profs des écoles, éducateurs spécialisés ou non etc…), nature des  niveaux d’enseignements (segpa, LEA, les deux ?) et profils des élèves.

Je vous le dis simplement : y’a du pain sur la planche !

 

Je suis devenue directrice d’un syndicat intercommunal

Depuis combien de temps étiez-vous PE ?

Je suis devenue institutrice en 1988 puis j’ai intégré le corps des PE en 1998.

Quel type de poste aviez-vous occupé ?

J’ai principalement occupé des postes d’adjointe maternelle, mais aussi 5 ans en élémentaire.

J’ai commencé à mi-temps pour mes enfants et pour finir, avant de quitter la Haute Garonne par mutation, j’ai été directrice pendant un an d’une école maternelle 5 classes.

Quelles dispositions règlementaires avez-vous utilisé pour votre projet de mobilité professionnelle ?

J’ai été en disponibilité durant 1 an et demi et depuis 8 mois je suis en détachement pour 10 mois encore.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre projet ?

J’ai beaucoup cherché par moi-même en tapant à différentes portes (Education Nationale -IA, rectorat, université-) mais aussi des privés (organismes pour bilan de compétences-que je n’ai pas fait…-), professionnels correspondant aux études que j’avais faites…)

Quelles aides avez-vous trouvées dans la réalisation de ce projet ?

Le conseiller de la cellule mobilité carrière à Toulouse m’a beaucoup aidée à me projeter dans un autre secteur d’activités… en me permettant d’évaluer mes compétences professionnelles pour les transférer hors Education Nationale, il m’a donné confiance et permis d’oser me présenter à un entretien d’embauche en tant qu’instit…

Toutes les personnes rencontrées m’ont comprises, encouragées…

Pourtant au début, j’avais un peu de mal à avouer que je voulais changer de travail… et puis, les langues se sont déliées… je n’étais pas la seule…

Êtes-vous satisfaite d’avoir réalisé ce projet ?

Oui… c’est dans mon tempérament… aller au bout de mes choix, de mes envies pour savoir, pour ne pas subir…

Voilà je sais… mais à présent je me pose encore des questions… le travail que je fais est difficile car il n’y pas assez de personnels c’est donc chronophage. Le fait de connaître le fonctionnement des écoles m’a beaucoup aidée.

C’est vraiment une chance d’avoir le choix… peut être que je reviendrai en arrière mais en sachant maintenant comment c’est ailleurs…

Aline, directrice d’un syndicat intercommunal scolaire à la Llagonne (66)

 

CAPES d’anglais ou doctorat aux USA ? Le choix de Caroline

Tu as dû choisir entre valider ton capes d’anglais ou faire un doctorat aux Etats-Unis. Quel a été ton choix et pourquoi ?

 

En 1999, alors que je revenais d’une année d’échange aux États-Unis à l’université d’Indiana – Bloomington, je décidais de compléter mon mémoire de maîtrise, presque fini. En attendant une nouvelle année scolaire, pour entamer un DESS ou DEA à l’époque, je décidais de passer le CAPES d’anglais qui était alors la seule option pour quelqu’un comme moi. Je me suis donc inscrite au concours et j’ai suivi quelques cours de préparation dans mon Alma Mater (Université Charles de Gaulle, aka Lille 3).

Pendant la préparation, rigoureuse certes mais peu excitante, j’avais repris contact avec l’université américaine qui m’avait accueillie. Ils m’ont encouragée à poser ma candidature pour y faire un doctorat, ce que j’ai fait. Au final, j’ai été acceptée dans leur programme de doctorat avec une bourse d’études qui prenait tout en charge et un boulot pendant mes études qui devaient durer 5 ans (Master + Doctorat).

J’ai passé le concours, je l’ai réussi. Je ne me souviens plus du classement exact (d’ailleurs est-ce que ça compte ?), mais je m’en suis bien sortie. À l’annonce des résultats, je me suis renseignée pour savoir si je pouvais décaler l’année de stage. Oui, on pouvait différer si on souhaitait continuer ou terminer des études. Après la première année de Master, j’ai demandé à différer à nouveau puisque les études que j’avais entamées n’étaient pas finies mais cette requête a été rejetée. Soit je rentrais immédiatement pour être affectée dans un collège ou lycée du Nord, probablement dans une zone bien difficile ou je continuais mon doctorat, tout frais payés, dans une université ultramoderne. Comment dire ? Je n’ai pas réfléchi longtemps. La question qui s’est posée et qui m’a troublée le plus, c’est qu’une université étrangère dans un pays étranger investissait plus dans mon avenir que le mien qui me sommait de faire quelque chose pour lequel j’étais déjà qualifiée. Et la France n’acceptait pas que je finisse des études très poussées qui ne feraient de moi qu’une enseignante bien plus qualifiée et passionnée. Par ailleurs, les débouchés et les perspectives de carrière que m’offrait la France n’égalaient en rien celles qui se présentaient devant moi ailleurs. Finalement, puisque j’étais une femme jeune, issue de la classe ouvrière, avec un physique minoritaire, à l’époque où le paysage politique, audiovisuel et télévisuel français était encore moins diversifié qu’il ne l’est aujourd’hui, j’ai été sensible au fait d’être recrutée pour qui j’étais aussi. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes en matière de diversité raciale, socio-économique, etc. aux Etats-Unis, mais en tout cas, mon métissage et mes origines sociales devenaient des éléments qui agrémentaient mon parcours universitaire. Malheureusement le système d’éducation primaire, secondaire et supérieur en France ne fonctionne pas sur les mêmes principes, et de nombreux cerveaux brillants s’expatrient toujours aujourd’hui.

 

Tu as enseigné l’anglais dans des classes de primaire, donc tu connais le système d’apprentissage des langues en France. Aujourd’hui tu enseignes le français à l’Université aux Etats-Unis. Peux-tu comparer les conditions d’enseignement ?

 

Il n’y a aucune comparaison possible. J’ai effectivement été intervenante d’anglais dans les écoles primaires quand je préparais le capes. Je me souviens avoir fait une après-midi de formation avec un enseignant de primaire responsable de l’enseignement de l’anglais, mais qui ne le parlait pas, ou très mal. Je travaillais dans 3 écoles et l’équipe enseignante était très enthousiaste pour les cours, et les enfants aussi. Mais je n’avais aucune ressource, aucun matériel pour encadrer l’enseignement de l’anglais aux petits. Il me semble que cet enseignement n’était pas considéré comme un enseignement mais plutôt comme une activité ludique. Bien sûr l’enseignement des langues aux enfants et aux plus grands doit être ludique, mais on doit conserver le concept d’enseignement. C’est à dire se donner les moyens d’enseigner et donner aux enfants les moyens d’apprendre.

Pour ce qui est de mon expérience aux États-Unis, elle ne concerne que l’enseignement supérieur alors je ne pourrais pas me prononcer sur le primaire et le secondaire. Répétons une chose d’emblée, les études sont payantes et elles sont chères, mais il existe un système d’aide financière et de bourses très généreux et efficace. Le système n’est pas non plus comparable au système français. Mais parlons de l’enseignement proprement dit : ma formation a été faite de manière presque personnalisée et pendant qu’on me formait en pratique, on continuait à me former en théorie avec des cours universitaires à un très haut niveau (donc fascinants) en linguistique, acquisition de la seconde langue, et didactique. Aujourd’hui, quand j’enseigne, il s’agit pour moi de former des esprits à comprendre une langue étrangère, certes, mais aussi des cultures étrangères et à pouvoir interagir avec les gens issus de ces cultures aux États-Unis ou dans les pays francophones. On me donne pour cela les moyens technologiques de former des étudiants du 21ème siècle, c’est-à-dire une génération qui se passionne pour les choses qui vont vite et qui les distraient. Ils s’intéressent à tout et ont une grande envie d’apprendre et d’apprendre bien, mais pour cela, il faut aussi s’adapter au public que l’on a. Les manuels traditionnels ne fonctionnent plus et il faut utiliser plusieurs méthodes d’enseignement en même temps car les manières d’apprendre varient beaucoup également. L’université dans laquelle je travaille a les moyens de nous procurer un contexte d’apprentissage où les conditions d’enseignement sont optimales. Mais pour les autres, elles font preuve de créativité et d’une capacité d’adaptation que l’on devrait observer de plus près. Peut–être que notre approche globale est plus pragmatique, mais n’apprend-on pas mieux quand on sait pourquoi on apprend quelque chose ? Un petit exemple : tout cours commence avec la distribution du programme du cours. Ce programme explique non seulement les objectifs du cours mais aussi les méthodes choisis pour remplir ses objectifs, les attentes du professeurs vis-à-vis des étudiants et le calendrier des devoirs, évaluations, etc.

Caroline Beschea-Fache, Docteur en ès-Lettres
Davidson College
Associate Professor of French and Francophone Studies, and Africana Studies
Nouvelles Etudes Francophones, Directrice des Recensions

Jeune enseignant EPS, le témoignage de Valery

 

1°) Tu es rentré tardivement dans l’Education Nationale, peux-tu nous parler de ton expérience professionnelle ?

J’ai été assistant d’éducation (et surveillant d’externat) durant 10 années, de 2002 à 2012. Lorsque j’ai obtenu ma licence Education et motricité au STAPS de Nantes en 2000, j’aurai pu suivre mes collègues et m’ouvrir la voie du CAPEPS, mais ayant mal apprécié les enjeux éducatifs et n’ayant pas assez muri ma réflexion, j’ai décidé de faire une licence management.

Suite à cette année de formation, et toujours dans l’incapacité de lier ma formation universitaire avec un métier, j’ai décidé de suivre les enseignements de la licence entrainement, toujours sur Nantes. Séduit par le contenu de l’hyperspécialisation dans le domaine de la physiologie et de la biomécanique, je garde à l’esprit à la sortie de cette année, que c’est dans l’entrainement sportif que je trouverai ma voie. Pour m’assumer un peu au niveau financier, je décide de travailler à temps plein en tant que surveillant en Lycée.

Durant 3 ans, j’entraine un petit club de foot et décide en 2005 de passer le Diplôme universitaire de préparation physique du CEP de Dijon, que j’obtiens après une année de galère entre Nantes, où je suis surveillant en collège et Dijon où je suis ma formation sous forme de stage.

À la sortie, je passe un an à rechercher une place dans un club de foot pro et semi-pro, toujours en ayant mon temps plein de surveillant.

En Juin 2006, je suis contacté par un club de CFA2, pour évoluer en tant que préparateur physique. Expérience amère puisque je découvre un milieu pourri par l’argent, dénigrant l’avenir des jeunes talents au profit d’objectif à court terme servant le club.

Ce revers professionnel et idéologique a profondément fixé ma conception de l’EPS d’aujourd’hui, engageant une réflexion sur le devenir de nos enfants.

Après avoir mûri durant quelques années mon devenir professionnel, passant par la maitrise STAPS entrainement, et le concours de CPE, j’ai finalement décidé en 2011 de m’inscrire en M1 métier de l’éducation, de l’enseignement et de la formation (MEEF) dans l’espoir de passer le CAPEPS. Après deux années (M1 et M2), assez difficiles, puisque j’additionnais étude, concours , temps plein AED, et enfant en bas âge, j’obtins enfin le sésame en interne avant même de soutenir l’oral de l’externe en 2012.

Fort de mes expérience passées, et avec le recul, je me rends compte aujourd’hui que ce métier était finalement fait pour moi, alliant l’éducatif au développement moteur et  cognitif des enfants.
 
2°) Comment as-tu vécu ton concours de l’Education Nationale ?

Mes concours (interne et externe) m’ont paru être l’aboutissement de deux longues années de travail et de sacrifices. Malheureusement, j’ai eu l’impression de bachoter, de plus travailler la méthodologie du concours que les compétences professionnelles du PEPS. Même si je sais que le concours gagne d’années en années en évaluation de compétence professionnelle, notamment à l’oral, les écrits m’ont donné cette impression de préparation à des épreuves codifiées.

Néanmoins, cette longue préparation m’a permis de réellement trancher entre les 2 conceptions de l’EPS ; comme l’a revendiqué un de mes enseignants devant un amphithéâtre d’étudiants ébahis, OUI je suis résolument développementaliste. Et cela a clairement transpiré dans mes copies d’écrits, ce qui m’a réconcilié avec les correcteurs inspecteurs et collègues à la vue de mes notes.
 
3°) Pourrais-tu citer deux points positifs et deux points négatifs de ton entrée dans le métier ?

Deux points positifs :

– Réussir à faire progresser TOUS les élèves et surtout ceux qui ont besoin d’un développement moteur, cognitif et social.

– Passer du rôle passif d’étudiant, au rôle actif d’enseignant.

Deux points négatifs :

– Côtoyer des collègues (culturalistes) qui flinguent la profession en même temps que la scolarité en EPS des élèves.

– Découvrir la pauvreté de la formation continue en EPS, alors que les demandes fusent (même si l’on sait que les inspecteurs sont en nombre réduit).

 

4°) Quels sont tes attentes ou manques en tant que jeune enseignant EPS ?

Comme je l’évoquais, je souhaiterais avoir accès à une formation continue plus fournie.

Offrir une formation plus poussée aux élèves, le 4h / 3h / 2h étant vraiment trop limitatif.
Et bien sûr devenir certifié pour abattre les cloisons statutaires entre les disciplines n’existant que sur le plan institutionnel (depuis mon entrée dans le métier, je soutiens l’acquisition de compétences transversales en décloisonnant les matières).

 Valery

 

De CPE à enseignante en classe-relais, témoignage

Hier CPE, aujourd’hui enseignante en classe-relais, Karine s’est donné les moyens de la mobilité professionnelle. D’une fonction à l’autre, une préoccupation commune : les élèves en difficultés

1) Qu’est ce qui est fondamentalement à l’origine de votre bifurcation professionnelle ? Quels sont les arguments qui vous ont fait basculer vers une autre situation professionnelle ?

Lorsque l’on pratique un métier, il arrive que l’on s’interroge sur ses pratiques, ce que l’on peut améliorer, ce qui nous manque. Puis la vie vous rattrape avec ses réalités, pour ce qui me concerne la maladie de mes proches et là plus de questionnement. La vie est courte et personne ne peut changer et choisir les choses à part soi. Je me sentais souvent à l’étroit dans mon statut de CPE donc  j’ai souhaité me tourner vers mes premières amours l’enseignement des lettres. Je suis retournée à la FAC pour me remettre à niveau et préparer le CAPES de lettres modernes : admissible mais pas admise. Le hasard faisant bien les choses le poste de coordinatrice/enseignante se libérait dans le Haut Jura, j’ai postulé sur ce poste à profil qui allie enseignement, éducation, travail en partenariat, dans et hors éducation nationale : l’idéal. Le DASEN du Jura m’a laissé ma chance et j’entame ma 5°rentrée avec autant de plaisir. La notion de plaisir est pour moi essentielle, même si le quotidien est parfois rude.

2) Quelles sont les compétences que vous avez transférez de votre fonction de départ vers votre fonction d’arrivée ?

Je dirais que la principale compétence c’est la connaissance de ce qu’est un jeune pour avoir travaillé en collège, lycée et LP.

Celle de travail en équipe pluridisciplinaire. En tant que CPE j’avais déjà cette approche, mais mon réseau est désormais considérablement agrandi, le regard de ces autres professionnels est très enrichissant et me font reconsidérer parfois avis sur certaines situations.

La relation aux jeunes et à leur famille car sans leur adhésion rien ne peut se faire.

Des formations sur la gestion des conflits, les techniques d’écoute, la crise suicidaire etc.

3) Dans la fonction que vous occupez aujourd’hui, quels sont vos principaux de motifs de satisfaction, d’épanouissement ?

Mes motifs de satisfaction sont variés. Réconcilier les jeunes  et leur famille avec l’école pour des élèves décrocheurs ce qui est le cas de mon public c’est déjà une satisfaction, même s’il n’y a pas d’effet baguette magique.

Il faut du temps pour décrocher donc il faut aussi du temps pour raccrocher. De ce fait, le retour en classe, s’il n’est pas bien travaillé durant le passage en classe relais peut sembler caduque : rien n’aurait changé.

Dans la mesure où nous suivons nos élèves à N+1 et N+2, je vois que le travail porte ses fruits, mais pour cela il faut un temps de décantation qui n’est pas forcément en adéquation avec celui de l’école.

La classe est peu à peu devenue un lieu ressource pour nos élèves ; ils nous tiennent au courant, tout comme leurs parents, de la suite de leur parcours et ils s’en sortent.

Ceci est le résultat d’un travail collectif autour du jeune et pour le jeune.

Je me dis alors que je suis à ma place comme un petit maillon de la chaîne, que je ne me suis pas trompée, même si beaucoup de choses restent à faire ou à améliorer.

4) Changer de métier lorsqu’on est CPE et que l’on n’envisage pas la carrière de chef d’établissement relève-t-il d’un parcours du combattant ? Si oui, comment pourrait-on, selon vous,  améliorer les choses ?

C’est la question piège car que peut bien savoir faire un CPE ? Je plaisante car pour passer le concours nous avons tous fait des études universitaires, il me semble.  Nous avons l’équivalent d’un CAPES sans avoir la possibilité d’accéder à équivalence de l’agrégation.

En ce qui me concerne pour avoir fait fonction de proviseur adjoint, je sais que ce n’était absolument pas ma voie.

J’ai de la chance d’exercer des fonctions mixtes sur le dispositif relais, je fais de l’enseignement comme un PE le ferait, mais sur le niveau collège. Dans le cadre de la classe et pour être plus performante sur le plan des aides à apporter à certains élèves, je souhaiterais passer le 2CASH et bien : impossible, car je n’ai pas le statut d’enseignante, un comble ! Pour cela je devrais repasser le un CAPES , passer au mouvement et de ce fait perdre mon poste. Il me semble que plus de souplesse serait nécessaire. Des VAE devraient être rendues possibles, sinon parler de mobilité me semble problématique voire un vœu pieux. Notre système est beaucoup trop cloisonné. On nous parle de livret de compétences pour les élèves qu’en est-il pour les personnels de l’EN ?

 

 

Karine CHAVANNES-MARTIN
Enseignante en classe-relais
Cité scolaire du Pré St Sauveur – ST CLAUDE (39)
Académie de BESANCON

De CPE à délégué MGEN, témoignage

Passer de la fonction de personnel d’éducation à celle de délégué MGEN. C’est la voie professionnelle que François a décidé de suivre et qu’il assume pleinement. Un autre métier donc mais qui n’est pas sans rappeler ses premières amours… 

1) Qu’est ce qui est fondamentalement à l’origine de votre bifurcation professionnelle ? Quels sont les arguments qui vous ont fait basculer vers une autre situation professionnelle ?

Paradoxalement, ce n’est pas en soi une volonté de quitter mon métier de CPE qui est à l’origine du changement. J’étais dans une situation où je voyais chaque année s’éloigner les perspectives de mutation, et donc de rapprochement de mon domicile familial. J’étais prêt à saisir les opportunités qui me permettraient de me rapprocher de ma femme et de mes enfants.

Arrivé tardivement dans l’Education Nationale, j’avais déjà un parcours professionnel assez varié. Changer à nouveau, évoluer, ne me faisait pas peur. Motivé et investi dans mon métier, je n’étais cependant pas prêt à partir dans n’importe quelle direction. Je n’étais pas séduit par la fonction de chef d’établissement.

J’avais aussi dans un coin de la tête l’idée que je ne resterais pas CPE jusqu’à la fin de ma vie professionnelle, au regard de l’énergie nécessaire à l’exercice de cette fonction telle que je la vivais. Je commençais aussi à trouver de plus en plus difficile le fait que dans les établissements, j’avais plus souvent le sentiment de subir les difficultés que d’agir collectivement pour les résoudre.

J’avais conscience que la diversité de mon parcours était un facteur plutôt favorable à une évolution future. Et l’opportunité d’un détachement s’est présenté par hasard, juste après que ma demande de mutation ait été refusée. La MGEN cherchait un délégué et le poste était dans ma ville.  Mais c’est véritablement le projet professionnel qui m’a séduit,  parce que mon engagement à la MGEN m’a aussi demandé une plus grande souplesse dans mes disponibilités.

Ce poste m’offre une belle synthèse entre différentes motivations professionnelles qui me sont chères. C’est simplement arrivé plus tôt que prévu et je me suis dit que l’occasion ne se représenterait peut-être plus.

2) Quelles sont les compétences que vous avez transférez de votre fonction de départ vers votre fonction d’arrivée ?

Ayant eu une vie professionnelle déjà variée avant de devenir CPE, j’ai mis à profit des compétences que j’avais développé tout au long de mon parcours. J’ai travaillé 10 ans dans des structures culturelles et socio-culturelles comme organisateur, animateur, médiateur, chargé de relation avec les publics… Cette expérience avait déjà pas mal imprimé mon profil de CPE mais ce que le métier de CPE m’a apporté c’est principalement un sens des responsabilités et des compétences en gestion du personnel. Ma connaissance, même partielle,  de la culture professionnelle « éducation nationale » m’a aussi été précieuse. 

3) Dans la fonction que vous occupez aujourd’hui, quels sont vos principaux de motifs de satisfaction, d’épanouissement ?

Avoir l’opportunité et les moyens de mener de projets du début à la fin.

C’est la possibilité de travailler avec une équipe plus réduite, dans un environnement professionnel plus maitrisé.

C’est de pouvoir intégrer dans mon quotidien professionnel des aspects très opérationnels et aussi très politiques et militants.

4)  Changer de métier lorsqu’on est CPE et que l’on n’envisage pas la carrière de chef d’établissement relève-t-il d’un parcours du combattant ? Si oui, comment pourrait-on, selon vous, améliorer les choses ?

Dans mon cas, comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une opportunité que je n’ai pas provoquée. La MGEN cherchait une personne en détachement, au moment même où je cherchais à bouger.

Cependant, je suis convaincu qu’en termes de compétences, le métier de CPE doit permettre l’ouverture à d’autres horizons que la direction d’EPLE. Ces compétences sont multiples et touchent à la formation, la gestion des ressources humaines, la communication, le travail en équipe ou encore la gestion de projet. Encore faut-il que ses compétences soient mieux définies et  reconnues. Cela relève des enjeux de la formation initiale et continue, mais aussi de ceux de l’évaluation.

 

François RABBE (CPE)
Délégué départemental MGEN 25
Académie de BESANCON

Témoignage : bouger c’est pas si simple…

 

Marie-Annick, enseignante, a décidé de changer de métier mais veut rester au contact des élèves. Malgré sa riche expérience et les compétences acquises, elle doit recommencer tout à zéro. Aucune reconnaissance, aucune passerelle possible. Au travers de ce témoignage, notre collègue nous montre toutes les incohérences du système.

Pourquoi as-tu quitté ton métier d’enseignante ? Quels ont été les facteurs déclenchants ?

Enseignante d’Eps depuis 30 ans, j’étais fatiguée physiquement. Les cours dans le froid, dans le bruit, les démonstrations, je n’en pouvais plus. J’avais sans cesse des douleurs articulaires, à tous les niveaux, et je me suis même une fois bloquée en pleine démonstration. Il a fallu gérer, sans que les élèves ne voient vraiment le problème, et terminer le cours correctement. Cet élément a été déterminant. Il fallait que je trouve une sortie qui me permette de travailler encore pendant plusieurs années. Il me restait au minimum 12 ans à faire. Une chose cependant était sûre : je voulais garder le contact avec les élèves.

T’es-tu sentie soutenue dans tes démarches, dans ton parcours ?

J’ai commencé à étudier les différentes possibilités qui s’offraient à moi pour une éventuelle reconversion, sans trop vouloir en parler, dans un premier temps, hormis chez moi. J’étais totalement soutenue par mon conjoint, qui voyait dans quel état physique je rentrais le soir. Il m’a confortée dans ma démarche. J’ai ensuite pris contact avec la Drh du rectorat, qui m’a confortée dans le choix que j’avais en partie fait, à savoir essayer d’intégrer le corps des Cpe. Elle m’a conseillée de rencontrer l’Ia-Ipr Vie scolaire. Ce dernier a été d’une très grande écoute et d’une très grande compréhension. Il m’a encouragée tout au long de cette démarche, me conseillant de faire une année de «faisant-fonction» pour connaître réellement le métier de Cpe afin d’être certaine de vouloir l’intégrer par la voie du détachement. C’est seulement à partir de ce moment que j’en ai parlé à mon chef d’établissement, qui s’est montré lui aussi compréhensif.

Au cours de la 2e année de faisant-fonction, j’ai fait une demande de détachement, qui a été refusée. Je n’ai pas de licence puisque j’ai suivi la formation en Creps. À partir de ce moment c’est une fin de non recevoir, je dois valider une licence par la Vae, qui reste à mon entière charge, sinon c’est retour à la case départ. Seul l’Ia-Ipr Vie Scolaire me soutient en m’accordant une nouvelle année de faisant-fonction, avec l’espoir de voir aboutir mon dossier. Continue reading

La Réunion : témoignage

Une expérience hors du commun : enseigner à Mafate

« Pour enseigner à Mafate, il faut être capable de supporter la solitude toute la semaine et ne pas être exigeant quant aux conditions de logement (on a le strict minimum dans le logement mis à disposition par la mairie et il n’y a pas de loisirs ici). Mafate étant enclavé, il faut faire au minimum 4 kilomètres pour rejoindre son poste. Je travaille à l’îlet à Bourse, îlet situé au cœur du cirque et je dois emprunter la Rivière des Galets. Quand la piste des 4×4 de la rivière est praticable, je marche 9 kilomètres. Sinon, comme en ce moment, je dois parcourir 22 kilomètres. Cela ne me gêne pas quand je rentre chez moi, c’est pour rejoindre mon poste que ça me pose problème: c’est trop long et j’arrive à l’école très fatiguée. Alors, je fais un demi tour de l’île en voiture et je ne marche que 3 heures.

J’ai en charge une classe unique de 11 élèves âgés de 3 à 12 ans (de la TPS au CM2).

Dans le Cirque de Mafate, il y a 8 écoles et une dizaine d’élèves dans 6 écoles.

À l’îlet de la Nouvelle et celle de Roche – Plate, l’école comprend 2 classes.

On y travaille du lundi 13 h au vendredi 11 h 30 et le mercredi toute la journée ; cela a toujours été ainsi car les enseignants viennent de la côte. Ils rejoignent leur poste le lundi matin et regagnent leur domicile le vendredi après-midi. Une fois par mois, tous les enseignants de Mafate se retrouvent à l’Inspection pour les concertations avec la coordinatrice des écoles de Mafate et certaines fois pour les animations pédagogiques. L’IEN nous rend visite une fois dans l’année et  vient à pied. En septembre dernier, monsieur le Recteur est venu se rendre compte de l’équipement de nos écoles accompagné de monsieur l’Inspecteur et de l’équipe de la mairie.

La mairie prend en compte nos doléances en ce qui concerne l’école et les élèves. Nous voyons aussi le médecin scolaire, le dentiste, l’assistance sociale et les gendarmes quelquefois nous rendent visite.

À l’îlet à Bourse, les parents sont formidables et toujours partants pour ce que nous proposons aux élèves. Il existe une solidarité qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Cet îlet est peu habité : moins de 50 habitants. Lorsque l’école fait une manifestation, tous les habitants répondent présent et chacun apporte son aide.

L’école est bien équipée : tableau mobile, tableau numérique, 6 ordinateurs portables, 2 photocopieurs. On a Internet avec un routeur de SFR.

J’ai 2 élèves en CM2 qui vont aller en 6ème sur la côte : l’une à la Possession,l’autre à St Paul. Elles seront dans des familles d’accueil et ne monteront dans le cirque que pendant les vacances. Le départ de ces élèves est une déchirure pour les familles qui se font du souci et se posent beaucoup de questions.

Parfois, les enfants changent de famille quand ça ne fonctionne pas.

J’ai voulu retourner à Mafate par amour de Mafate : il y a ses paysages grandioses, ses habitants réservés, accueillants et attachants si on les respecte, ses élèves qui ne sont pas blasés, qui ne demandent qu’à apprendre et qui ont de grandes possibilités. Ici, on pratique la pédagogie différenciée. Les grands s’occupent des petits, les consolent. Ici, l’enseignant apprend aussi des élèves (en ce qui concerne la faune et la flore). Ils ne sont pas timides engagent des discussions, posent des questions et font des propositions.

Les difficultés que je rencontre à Mafate : ma radio ne capte pas ; je n’ai pas de télé donc je ne suis pas au courant des actualités ; la rivière en crue m’oblige à faire un demi-tour de l’île. Parfois on n’a pas Internet.

Il y a aussi des avantages : la sérénité, le calme, la beauté du site, la gentillesse des habitants. En termes pécuniers, je dispose de 150 € pour gérer les affaires de l’école. On a l’eau chaude et l’électricité par énergie solaire.

Je ne pouvais pas retourner à Mafate tant que mes enfants étaient en bas âge. Bientôt la boucle sera bouclée pour moi : il y a trente ans, je commençais ma carrière à Mafate la Nouvelle et je vais la terminer à l’îlet à Bourse. Au début de ma carrière dans le cirque, l’école n’était pas dotée. Il n’y avait que des meubles (vieilles tables d’écoliers avec bancs incorporés, tableau noir et armoire). Il fallait mendier auprès des écoles de la côte pour avoir des manuels, des jeux . . . il n’y avait pas de coopérative scolaire. Aujourd’hui, toutes les écoles du cirque sont équipées de la même manière et la coopérative existe. Pour approvisionner le compte, nous faisons des actions : kermesse, vente de tee-shirts de l’école, de confiture maison fournie par les parents, bijoux . . . »

Témoignage de Solange

Crédit photo : Rivière des galets, cirque de Mafate par Laurent Echiniscus

 

 

Mayotte : témoignage d’une enseignante de Rased

« Je m’appelle F. et je suis enseignante spécialisée au sein d’un Rased à Mayotte. Il est 6h et je suis déjà en route pour me rendre dans une école à 7 km de chez moi, car à Mayotte, la circulation est très problématique le matin et le trajet ne me prendra pas moins de 50 minutes, s’il n’y a pas de travaux !

L’école commence à 7h et finit à 12H15. À Mayotte, 24% des salles de classe fonctionnent par rotations. Quand il n’y a pas assez de salles de classes pour le nombre de divisions dans une école, l’école fonctionne alors en rotation: 7h-12h15, 12h30-17h45. Selon les écoles, certaines classes ne « rotent pas », ce sont souvent les CP. Les rotations peuvent s’effectuer toutes les semaines, tous les 15 jours ou par période, il faut donc partager sa salle de classe avec un autre enseignant.

6h55, je traverse lentement le village pour éviter les gouffres qui jalonnent la route, salue les familles qui emmènent les enfants à l’école. La pluie ne va pas tarder et la chaleur est déjà étouffante.
Bonjour à toute l’équipe : 11 enseignants travaillent ce matin et autant travailleront cet après-midi. À Mayotte, plus de 50% des écoles ont huit classes voire davantage (20% en métropole). 17 écoles ont plus de 500 élèves et 3 plus de 700. Et dire qu’il manque plus de 500 salles de classe !

Je vais chercher S. dans sa classe, je travaille avec elle chaque semaine. Elle m’accueille avec le sourire : les enfants sont contents de travailler en petit groupe, ils appartiennent souvent à de grandes fratries et les mamans ont peu de temps à leur consacrer. Aujourd’hui, elle a pu se rendre à l’école ce qui n’est pas toujours possible par temps de pluie : les bangas sont construits dans les pentes qui deviennent si boueuses qu’ils ne peuvent alors plus se déplacer. Parfois, les pluies ont inondé l’habitation et les vêtements sont trempés.
Je travaille toute la matinée dans cette école. Une petite salle a été aménagée pour accueillir le personnel itinérant : maîtres de Clin (il y a un nombre important d’élèves allophones nouvellement arrivés), maîtres + (ils travaillent essentiellement sur la langue française)*, enseignants spécialisés du Rased. Il nous a fallu organiser notre emploi du temps les uns en fonction des autres, puisqu’une seule salle est disponible et ici, il y en a une ce qui n’est pas toujours le cas.
La chaleur est étouffante: pas de ventilateurs dans les salles, ni de clim bien évidemment. Cet après-midi, il deviendra insupportable d’enseigner par cette chaleur, sous les tôles, et certains élèves s’endormiront.

9h : c’est l’heure de la collation. À Mayotte, les apprentissages sont d’autant plus difficiles que nombre d’enfants arrivent le ventre vide à l’école. Certes, une collation payante est proposée aux élèves et d’autres achètent des friandises aux « mamas » qui en vendent devant les grilles des écoles mais ces encas sont souvent gras et sucrés. Le personnel de santé redoute une augmentation très significative des cas de diabète dans l’avenir. Les enfants de familles pauvres ne mangent pas et restent 5h30 le ventre vide ce qui n’aide ni à la concentration ni à l’investissement scolaire.

Pendant la récréation, un maître contractuel parle de ses difficultés à enseigner et de son manque de formation. Un autre est à la recherche de paires de ciseaux : le matériel manque cruellement dans les classes. Parfois, les écoles sont cambriolées et se retrouvent démunies. La conversation s’oriente vers les rythmes scolaires qui ne concerneront pas cette école puisqu’elle est en rotation. Mais les questionnements sont là ; se pose le souci du repas de midi car il n’y a pas de cantine à Mayotte. Se pose aussi la question de l’école coranique, quand aura-t-elle lieu et l’enfant ne risque-t-il pas de vivre alors une journée très fatigante, loin des objectifs recherchés par cette organisation scolaire ?
Les enfants livrés à eux-mêmes pendant la journée reviendront-ils à l’école l’après-midi ?

Le directeur, lui, est en discussion téléphonique avec la mairie car une fois de plus, la fosse septique déborde. Les écoles sont souvent très délabrées : il n’est pas rare de voir les fosses septiques déborder, ou de ne plus avoir d’eau dans les toilettes. Les locaux peuvent être sales, peu entretenus. Peu d’écoles respectent les normes de sécurité. Les cours d’école ne sont pas équipées.
La matinée s’achève par une rencontre avec une maman. Les familles rencontrent des difficultés dans la compréhension des parcours scolaires, et manquent de repères dans le système scolaire. Très souvent, les mères s’occupent seules de l’éducation de leurs enfants. Les fratries sont nombreuses, les mères sont dépassées, démunies et ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants scolairement. La maman me remercie de m’occuper de son enfant, c’est touchant.

La matinée s’achève. Demain, je travaillerai le matin et l’après midi. Ainsi se succèdent les journées du lundi au vendredi, mercredi compris. »

*Beaucoup d’enfants ne parlent pas le français, ils ne fréquentent d’ailleurs cette langue qu’à l’école. Aucun enseignement de leur langue ne les aide à en comprendre la structure ce qui ne les aide pas non plus à comprendre celle du français. Le niveau scolaire est très faible, les effectifs des classes sont chargés.

Crédit photo : mwanasimba

Guyane : témoignages

«Je garde un excellent souvenir du fleuve à Maripasoula, les élèves sont agréables et la vie est très calme.»

Smith NOZAR, PE

 

«Le métissage culturel de mes élèves m’a permis de réajuster mes pratiques professionnelles et de les enrichir.»

Jocelyne DEFORT-VALERE, enseignante en Segpa

 

«La majorité de mes élèves sont allophones. J’ai donc suivi une formation en FLE pour être plus efficace.»

Ingrid MENCE, PLC stagiaire

 

«J’ai été affecté sur le fleuve à Grand-Santi et ne voulais pas aller aussi loin. Souvent confronté à des coupures d’eau, d’électricité et de télécommunications, je retiens le bon côté des choses, mon travail contribue au succès des élèves du fleuve.»

Ludovic MONCY, contractuel  2nd degré

Crédit photo : Jo Be