Le parcours de Margot, CPE stagiaire

Après un BAC ES obtenu avec mention, vous faites le choix de préparer une licence de psychologie à la Faculté des sciences de l’Homme à Bordeaux. Parlez-nous de vos motivations pour vous inscrire dans cette discipline universitaire. Avez-vous le souvenir d’un travail de recherches mené pendant ce parcours que vous aimeriez partager ?

Vous vous souvenez de cette fameuse question, que veux-tu faire plus tard ? En ce qui me concerne je m’en souviens très bien ! Je me rappelle ma première réponse où je disais vouloir devenir maîtresse. Petit, nous sommes pleins de rêves mais en grandissant nos envies, nos choix évoluent. Ainsi, au cours de mon année de troisième, j’ai réfléchi davantage à cette question. Constatant que j’avais une aisance relationnelle, une aptitude à l’écoute, une volonté d’accompagner des personnes, j’ai cherché un métier qui me permettait de lier ces différentes qualités. De ce fait, avec l’aide de mes parents et d’une conseillère d’orientation, j’ai découvert le métier de psychologue. Je me disais que cette profession était la plus à même de me correspondre. Depuis ce jour, j’ai maintenu cet objectif et c’est ainsi qu’en septembre 2016 j’ai débuté ma formation en psychologie. Mes années de licence m’ont apporté un certain nombre de connaissances et m’ont initié au travail de recherche. En effet, en licence 3 j’ai réalisé un travail d’étude qui portait sur « Les processus liés au développement moral chez les enfants avec un trouble du spectre autistique ». Pour mon plus grand plaisir, ces années de licence m’ont conforté dans mon choix de devenir psychologue et m’ont permis de mieux me connaitre. Cependant, n’ayant pas été retenue en master à la rentrée 2019, mon souhait de devenir psychologue est pour l’instant devenu un rêve ! Qui sait ? peut-être qu’un jour il deviendra réalité !

Passionnée de pâtisserie, vous prenez la décision de rejoindre le statut d’apprenti afin de préparer un CAP dans ce domaine. Quel est le cheminement personnel qui vous amené à une telle orientation ? Comment avez-vous vécu cette expérience originale et quelles suites avez-vous imaginé ?

Á mes yeux, pâtisser ne signifie pas seulement réaliser des gâteaux. Au contraire c’est bien plus que cela ! Quand je confectionne mes pâtisseries, les mots amour, gourmandise, bonheur, partage, résonnent en moi. Autant d’émotions que j’exprime au travers de mes créations. Justement, l’une des raisons qui m’encourage à pâtisser, c’est de voir les sourires apparaitre sur les visages. Mais la pâtisserie c’est davantage. En effet, depuis mon plus jeune âge, je constate que ces petites gourmandises sont un bon moyen de rassembler les personnes, quel que soit leur âge. Je dirais même que c’est un outil de socialisation éphémère qui peut favoriser des rencontres durables. Pâtisser est un art culinaire qui envoute les cœurs de chacun, même celui du créateur. Par son apparence envoutante et appétissante, une émotion vous submerge et crée en vous un plaisir visuel, une sensation de bonheur qui peut aller jusqu’au plaisir gustatif si vous vous laissez succomber par cette douceur sucrée ! C’est pour toutes ces raisons que j’ai souhaité que ma passion devienne ma profession. Ayant l’opportunité de concrétiser ce souhait, j’ai suivi une formation de pâtisserie pendant un an. J’ai pu découvrir les recettes traditionnelles et me perfectionner dans des domaines plus artistiques du métier. Au cours de cette année, j’ai aussi appris à m’affirmer et à me faire respecter, car exercer son métier en tant que femme dans une équipe composée exclusivement d’hommes peut être déstabilisant. Mais au contraire, j’ai perçu cette différence comme une force et un moyen d’être complémentaire. De même, par mon statut d’apprenti, j’ai su m’imposer et montrer que je valais autant que mes collègues. Au fond, je me disais que j’avais autant à leur apporter qu’eux envers moi. C’était une expérience très enrichissante ! Cependant, mon année de CAP m’a fait prendre conscience de certaines difficultés, telles que la contrainte des horaires de travail. Face à cela, j’ai souhaité poursuivre mes études. Peut-être qu’un jour je ferai de la « pâtisserie thérapie » ou je créerai mon salon thé, je ne sais pas. En attendant, je souhaite utiliser ces compétences auprès des élèves, parents, collègues, en proposant quelques ateliers de pâtisserie pour renforcer les liens entre tous !

Durant trois étés, vous découvrez le monde de l’animation et des centres de vacances et de loisirs. Vous acceptez alternativement la responsabilité d’animatrice et d’assistante sanitaire. Diriez-vous que ces missions d’encadrement ont répondu pleinement à votre attente ? Comment ? Quels sont les objectifs pédagogiques qui vous semblaient les plus prioritaires à défendre avec les enfants et les adolescents dans ce contexte ?

Je suis vraiment très heureuse d’avoir vécu ces trois étés ! Vous me proposeriez à l’heure d’aujourd’hui de refaire un centre de vacances, je dirais oui sans hésitation. Je ne sais pas comment vous exprimer mon ressenti, mais je peux vous dire qu’après chaque séjour j’en suis ressortie grandie. Je parle de ma maturité et non de ma taille, depuis le collège je ne grandis plus ! Plus sérieusement, ces expériences m’ont apporté plus que je ne l’espérais. Avant de débuter, je me disais que je souhaitais devenir animatrice afin d’acquérir des compétences auprès des jeunes. Cependant, dès lors que j’ai commencé dans le métier, je me suis rendue compte que détenir le BAFA ne se limite pas à cette notion. En effet, en plus d’une meilleure connaissance de ce public, j’ai pris conscience qu’être animatrice me permettait d’apprendre à travailler en équipe, d’acquérir des outils pédagogiques et ludiques ainsi qu’un nouveau rôle, celui d’éducatrice. Grâce à mes différentes missions, j’ai su transmettre des connaissances et compétences aux jeunes. J’ai aussi apporté un cadre sécurisant aux enfants en étant à leur écoute, bienveillante et réconfortante. Enfin, j’ai appris à croire en chacun des jeunes dans le but qu’ils deviennent à leur tour des êtres à part entière. Ainsi, mes principaux objectifs pédagogiques dans l’animation étaient d’apporter du bien-être aux enfants et adolescents, de leur apprendre la notion de vivre ensemble, de citoyenneté et surtout d’avoir et garder le sourire et la joie de vivre !

Vous intégrez en septembre 2020 le parcours de Master Meef à l’Inspé de Besançon afin d’y préparer le concours de CPE. Quels sont les arguments qui vous ont fait basculer vers cette formation ? Qu’attendez-vous du métier de CPE et comment le voyez-vous ?

Au cours de cette année, mes collègues m’ont posé la même question. Sur le ton de l’humour, ils m’ont demandé pourquoi j’avais envie d’exercer ce métier : selon eux, je risquais de vivre des conflits avec les parents, les élèves me percevraient comme une râleuse qui fait la police, plutôt que de continuer la pâtisserie, là où j’apporte du sourire et où je suis complimentée. C’est vrai que vu sous cet angle, je devrais vite courir, prendre mes valises et retourner en pâtisserie ! Nous pouvons nous demander, suis-je déraisonnable ou motivée ? Je dirais qu’en découvrant le métier de CPE j’ai été inspirée. Je dirais même qu’être CPE me permet d’exprimer davantage qui je suis ! Mais avant d’en venir à ce constat, il y a eu un cheminement de pensée qui a émergé. Cette réflexion a commencé au cours de mon année de CAP. J’appréciais beaucoup ce métier mais les contraintes physiques, les horaires, le fait de ne pas travailler avec des jeunes, étaient autant de points qui m’empêchaient de lier ma conception de vie future et cette profession. De plus, au cours de mon année de CAP, j’ai été touchée par les discours de mes camarades de CFA (Centre de Formation d’Apprentis). Ils m’expliquaient vouloir quitter rapidement le système scolaire en raison d’une perte de motivation mais surtout parce qu’ils ne se sentaient pas suffisamment intelligents pour faire de longues études. J’étais surprise de les entendre se dévaloriser de la sorte, alors même que les discussions que j’avais avec eux étaient très pertinentes. Je voyais en chacun d’eux un potentiel et des qualités qui faisaient d’eux des personnes admirables. Face à ces constats, j’ai souhaité recandidater en mars 2020 dans différents Master afin de trouver une voie me permettant de lier mes passions, ma motivation, d’être dans l’action et la collaboration. Je désirais trouver un métier où je pouvais accompagner les jeunes à devenir des êtres à part entière. Mais il n’est pas simple de lier mes différents souhaits dans un même métier. Pourtant en réfléchissant et en discutant avec des étudiants CPE, j’ai découvert que cette profession était la plus à même de réaliser mes souhaits. En effet, je retrouve dans ce métier des compétences qui me plaisent dans le métier de psychologue, telles que l’empathie, l’écoute, le fait de mener des entretiens, d’aider les jeunes. Mais aussi des qualités communes au métier de l’animation (mener des projets, animer un groupe, éduquer les jeunes, etc.) et de la pâtisserie (proposer des ateliers, travailler en équipe, apporter des sourires, créer, etc.). Ainsi, ce que j’attends du métier de CPE, c’est à la fois me réaliser et trouver ma place dans le monde professionnel mais aussi de croire en chacun des jeunes, leur permettre de réussir et de s’épanouir !

Un an plus tard, vous exercez la fonction de CPE stagiaire dans un collège rural du Jura. Comment avez-vous été accueillie dans l’établissement ? Avez-vous des projets en charge ? Lesquels ? Quel bilan provisoire dressez-vous de votre engagement à la moitié de cette année scolaire ?

Au cours de mon année de M1, j’avais réalisé 15 jours de stage dans cet établissement. J’avais beaucoup apprécié l’ambiance du collège et surtout la relation qui s’était installée entre ma tutrice et moi-même. Sachant que Carole, ma tutrice, est une femme bienveillante, qui partage les mêmes valeurs que moi et dont la posture professionnelle est admirable, j’ai accepté qu’elle me forme pour mon année de M2. Je savais qu’elle aurait confiance en moi et qu’elle croirait en moi. Je ne me suis pas trompée ! En arrivant en octobre, j’ai constaté que tous m’attendaient avec impatience. Elle a su préparer mon arrivée comme il se doit. Je me suis sentie reconnue comme une CPE. C’était un sentiment très agréable ! Grâce à cet accueil, Carole, ainsi que l’ensemble de mes collègues (infirmière, agents, enseignants, les élèves, etc.), ont su me mettre en confiance et me motiver. Cette énergie positive m’a inspirée et poussée à vouloir mener des projets au sein du collège. Ainsi, depuis mon arrivée, j’ai encadré, avec la collaboration de l’infirmière, une intervention sur le sommeil réalisée par des étudiantes en médecine. J’encadre avec Carole les réunions CVC (Conseil de Vie Collégienne) : une instance où les élèves sont concepteurs des actions mises en place au sein du collège. Par exemple, nous avons réalisé un jeu pour la journée des droits des femmes, des collectes solidaires et préparé une semaine sur le thème de noël. J’ai aussi mis en place, avec la collaboration du professeur documentaliste, un club journal pour les délégués. L’objectif étant de valoriser les délégués dans le collège et de mettre en avant les différentes actions menées dans l’établissement. D’autres projets sont en cours de réflexion, tels que « réenchanter la restauration scolaire » et lui redonner un sens éducatif mais aussi travailler avec les éco-délégués sur de nouvelles actions. Les idées ne manquent pas et les élèves sont très motivés !

Au regard de tout ceci, je réalise que mon stage a été très formateur ! Je suis arrivée en connaissant très peu de choses et je repartirai avec de nombreuses compétences. Le soutien que m’apportent les assistants d’éducation, Carole, les élèves et mes autres collègues est une source positive dans ma vie. Je me suis découvert de nouvelles qualités. Ce stage m’a confortée dans mon choix de devenir CPE. Je me sens épanouie dans cette posture professionnelle !

Afin de nous permettre de mieux vous connaître, montrez-nous comment le bénévolat a pris une place dans votre vie dans les domaines de la danse et de la solidarité. Quelles sont les valeurs humaines qui vous tiennent particulièrement à cœur et qui transparaissent dans le fil rouge de votre existence ?

Dans la vie, j’ai eu la chance (et je l’ai toujours) d’avoir une famille, des amis qui m’aident à aller de l’avant. Ce soutien affectif représente beaucoup pour moi et c’est ainsi que j’ai su me découvrir, trouver une force en moi et surtout garder le sourire. Connaissant les bienfaits de l’entraide, je me suis dit « pourquoi ne pas donner à mon tour du soutien et du bonheur aux autres ? ». Nous méritons tous de réussir et d’être heureux. Certes, il n’est pas simple d’arriver à cet objectif mais si, en donnant un peu, je peux apporter moi aussi de la joie, ceci permet d’avancer vers un monde meilleur. Du moins, c’est ce que je souhaite ! Ainsi participer à plusieurs actions solidaires avec le Secours Populaire, faire le ménage dans mon école de danse pour aider ma directrice et être bénévole à Astrée, pour aider les personnes se sentant seules, étaient des moyens pour moi d’agir dans ce sens. Voir que je pouvais apporter un peu de bonheur était un plaisir ! À chacune de mes rencontres, j’accueillais leurs sourires comme un cadeau. Grâce à mes proches et à ces expériences de vie, j’ai pris conscience que dans la vie il faut savoir donner pour mieux recevoir.

Comment vous représentez-vous le déroulement de votre carrière ? Avez-vous des évolutions possibles en tête ? Compte-tenu de votre diplôme universitaire, pensez-vous que la fonction de PsyEN pourrait, un jour, retenir votre attention ?

Il m’est difficile de me projeter pour le moment. Cette projection se fera en fonction de mon obtention ou non du concours. Si je l’obtiens, mon chemin sera tracé pendant quelque temps. Dans l’autre cas, je chercherai des postes de conseillère pédagogique ou autre. J’irai là où la vie me portera ! Dans tous les cas, je souhaite débuter dans la vie active. Lors de mes premières années, je souhaite acquérir de l’expérience, une certaine stabilité et mettre en pratique mes connaissances et compétences. Peut-être qu’un jour, j’aspirerai à une plus grande responsabilité, à travers des fonctions plus élevées, mais chaque chose en son temps ! Je manque encore de recul pour pouvoir me projeter dans une éventuelle évolution de carrière. En attendant, j’ai pleins de projets en tête et une curiosité grandissante, ce qui me pousse à vouloir poursuivre de futures formations. Par exemple, je pense à des formations de sophrologie, langage des signes, etc. Autant de connaissances et compétences utiles pour un(e) CPE. Concernant la fonction de PsyEN, j’apprécie travailler en collaboration avec eux, ils ont beaucoup à m’apprendre, mais pour le moment je ne me projette pas dans ce métier pour les raisons suivantes. Tout d’abord, cela signifie refaire un master de psychologie et un concours. Deux étapes qui requièrent de l’énergie et pour lesquelles je ne me sens pas prête. Ensuite, le point qui me retient à devenir PsyEN, c’est l’approche avec les élèves. Je trouve que la relation avec eux est beaucoup plus distante, ne nous permettant pas de participer activement au suivi de l’élève, tel un CPE ou un enseignant. De plus, la partie où je mène des projets avec les enseignants et les élèves me manquerait. J’ai besoin de cette posture dynamique du CPE !

Margot Lhuillier, CPE stagiaire

Le parcours de Laura, bientôt CPE

Pendant vos années Lycée, vous montrez un vif intérêt pour les projets cinématographiques (Festival de Cannes, Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul). Comment avez-vous pris part à ces projets ? Quels souvenirs gardez-vous de ces expériences ?

Bien que j’aie toujours été intéressée par l’audiovisuel, je dois avouer que le lycée m’a aidée à m’ouvrir davantage à cet art. Je me souviens par exemple d’une journée au cinéma dans le cadre du Festival des Cinémas d’Asie. C’était un moment très fort à partager avec les camarades de classe. Au cinéma, on peut aussi bien se retrouver capturés dans un film ou au contraire regarder l’heure toutes les minutes. C’est le jeu !
Concernant le Festival de Cannes, c’était un moment incroyable. Évidemment, monter les marches est un souvenir rempli de magie. Je crois que si je devais en retenir un, je parlerais de la montée du tapis rouge avec mes camarades. Après un repas tous ensemble, nous nous sommes préparés pour aller sur la place et récupérer des tickets pour rentrer dans le Palais des Festivals. J’avais alors eu la chance de visionner le film d’animation « Vice Versa ». Dans la salle, des grands acteurs étaient présents comme Clovis Cornillac. Dans tous les cas, ces deux expériences restent gravées dans ma mémoire et en parler me fait faire un retour en arrière.

À cette même époque, toujours liée au monde de l’image, vous développez des compétences dans le domaine de la photographie. De quelle façon ? Avec quels objectifs ?

C’était un hasard total ! Toujours au lycée, j’ai eu l’occasion de participer à un projet grâce à mon professeur de français. Nous devions imaginer quelque chose autour du temps et de l’espace dans le cadre du Festival International de la résistance culturelle, créé par Jocelyne Saab. Je me souviens très bien de cette période car la maison d’un membre de ma famille avait été complètement sinistrée par le feu. Appareil en main, j’ai alors décidé de prendre plusieurs clichés de ce drame. Sur ces photos, on pouvait voir des objets de la vie quotidienne qui avait été la propriété de mes proches et qui avait cessé d’exister. Je dois avouer que l’exercice s’est montré plus compliqué que prévu mais les retours de mon professeur ont été très touchants. J’ai eu beaucoup de chance de participer à ce projet qui m’a permis de dépasser, à travers la mise en image, le sinistre de la situation.

Passionnée de piano et de chant, vous vous dirigez tout naturellement vers des études de musicologie pour vos études universitaires. Pourquoi ce choix ? Diriez-vous que la musique a changé votre vie ? Comment ?

La musique est une grande partie de ma vie. Depuis le primaire, j’ai toujours aimé chanter et me produire devant un public. J’ai commencé le piano à la fin de mon année de terminale. Je dirais que la musique est quelque chose d’indispensable dans ma vie. J’ai toujours eu une « facilité » à faire ressentir des émotions aux gens qui m’écoutent. Dans ce domaine, j’ai toujours été soutenue par mes proches. Pour cette raison, je me suis naturellement dirigée vers des études de musique à Besançon.
Ces trois années ont été pour moi un véritable moyen de m’épanouir. Pendant ma première année, on se retrouvait entre amis pour improviser à la guitare, au violon et au chant pour ma part. Ces souvenirs sont tout ce que je garde de plus cher. Dans le cadre de nos cours de chorale, nous avions
interprété le titre « Bohemian Rhapsody » du célèbre groupe Queen lors de journées portes ouvertes. C’était un véritable défi pour nous mais nous avons partagé un moment mémorable.
Même si actuellement je ne pratique plus la musique autant qu’avant, je continue d’exercer personnellement. Aujourd’hui la musique est une partie plus intime de ma vie. Je suis persuadée qu’un jour, de nouveaux projets musicaux verront le jour.

En tant que qu’assistante d’éducation, vous exercez dans un lycée dans lequel vous étiez vous-même élève quelques années plus tôt. Comment avez-vous vécu ce « retour aux sources » ? Vous exercez une partie de vos missions en internat. Quel regard portez-vous sur les enjeux d’un internat du XXIème siècle ?

Retrouver les murs de mon ancien lycée a été très émouvant pour moi. J’ai pu découvrir ce que l’on pourrait appeler l’envers du décor. C’est très étrange de voir comment fonctionne l’établissement dans lequel vous avez « grandi ». Le plus intéressant pour moi a été de travailler en équipe avec les professionnels qui étaient déjà dans le lycée lorsque j’étais élève. Aujourd’hui je me sens en confiance dans mon travail et je suis heureuse d’avoir eu l’occasion de revenir « m’expérimenter » dans mon lycée d’origine !
Concernant le projet de l’internat du XXIème siècle, je suis convaincue que la redynamisation des internats pourra contribuer à l’épanouissement éducatif des élèves. Mon expérience d’assistante d’éducation m’amène à constater que les élèves sont attachés à leur espace. Pour les jeunes, c’est important de proposer un endroit qui leur correspond et dans lequel ils sont en sécurité. En s’adaptant au public de l’établissement, l’internat du XXIème siècle est un moyen de leur offrir un espace de travail, de convivialité et d’épanouissement personnel.

Depuis la rentrée 2021, vous préparez le concours externe de CPE en suivant un Master MEEF à l’INSPÉ de Franche-Comté. Quelles ont été vos motivations pour intégrer ce parcours ? En quoi diriez-vous que le métier de CPE correspond à votre personnalité ?

À la fin de ma licence, je souhaitais déjà m’orienter sur un Master MEEF et passer le CAPES. Je me suis alors renseignée sur les différents personnels dans un établissement scolaire et j’ai découvert le métier pour lequel j’étudie aujourd’hui : celui de CPE. Situer les missions du conseiller principal d’éducation est complexe, d’ailleurs on fait souvent des raccourcis pour le décrire. Sans parler de la gestion des absences, du comportement de l’élève et bien d’autre, le CPE n’a pas une journée identique à la précédente. La mise en place de projets, le travail d’équipe avec les membres de la communauté éducative, les partenaires extérieurs, la gestion de son équipe d’AED, la partie administrative, le suivi des élèves, la collaboration avec les parents… Il y a tellement de choses à dire sur ce métier que je trouve passionnant. Concepteur de son activité, le CPE fait évoluer ses différentes missions en fonction de l’établissement dans lequel il se trouve et du public qu’il rencontre. Finalement, je dirais que c’est la diversité du métier réalisé sur une année et le travail avec les élèves qui m’intéresse le plus. Mais en toute honnêteté, c’est un plaisir de découvrir ce qui représente véritablement le CPE dans un établissement et toutes les activités que cela implique.

Affectée en stage filé dans un collège de l’éducation prioritaire, vous vous investissez dans plusieurs projets de l’établissement. Quel est celui qui vous tient le plus à cœur ? Pourquoi ?

Depuis la rentrée de septembre, je suis en stage dans un collège en réseau prioritaire. J’avais déjà réalisé un stage de deux semaines dans un lycée et je souhaitais découvrir un public plus jeune. Très rapidement, je me suis aperçue que le suivi élève était totalement différent. Les élèves, généralement âgés de 11 à 15 ans, ont besoin de plus de temps en entretien éducatif et de médiation.

En parallèle, il est possible de mettre en place plusieurs projets, notamment avec le conseil de vie collégienne (CVC) par exemple. Cet établissement est très formateur et depuis quelques mois, j’ai déjà investi bon nombre de missions du CPE notamment grâce à la bienveillance et l’implication de ma tutrice. Nous avons travaillé sur plusieurs projets comme la confection d’affiches sur les éco-gestes, réalisé des séances avec les élèves du CVC sur l’évaluation de leur établissement etc. Dernièrement, il m’a été possible de travailler en collaboration avec les professeurs et d’organiser plusieurs séances de théâtre d’improvisation autour de situations de harcèlement. Un bon moyen d’analyser, de débattre et de réfléchir autour de ce thème très important. C’est un vrai plaisir d’organiser ces séances et de revoir les élèves dans la cour qui me demandent de refaire ce type d’exercices !
Nous sommes en 2032 : Où vivez-vous ? Quel métier exercez-vous ? Quels sont vos centres d’intérêts ?
Voilà une question qui demande beaucoup de réflexion ! Concernant le lieu de résidence, je ne peux donner une réponse précise. En effet, je me suis donnée le défi de découvrir plusieurs endroits de France et de voyager. Découvrir des nouveaux publics est aussi intéressant que passionnant. On en vient naturellement à faire un lien avec le professionnel. Je pense que cette envie de bouger et de découvrir le pays est en lien avec le besoin d’évoluer dans mon métier. Je me suis toujours laissée guider par mes envies et mes besoins. Lorsque l’on se trouve dans un corps de métier, j’imagine qu’il est important d’apprécier ce que l’on fait.
En tout cas, je pense que je travaillerais toujours en lien avec les enfants. Je me laisse l’opportunité d’évoluer sur différents postes en relation avec l’enseignement. Aujourd’hui je sais ce que je veux et j’imagine que d’ici 2032 mes choix seront encore plus précis avec l’expérience.

Laura Jeanrot, stagiaire MEEF CPE dans le département 70

Retrouver la confiance des familles : La reprise sur l’île de la Réunion

Willy Legros est professeur certifié de mathématiques. Après quelques années en lycée GT, Willy travaille maintenant au collège de Cambuston, un collège REP+ de l’est de l’île de la Réunion. Un choix assumé de sa part pour un établissement particulier, car de plein pied et installé sur un terrain de plus de 3 hectares. C’est un établissement dynamique au cœur d’un quartier populaire et dans lequel on doit relever les mêmes défis que tous les REP+. Willy est militant SE-Unsa à la section de l’île de la Réunion depuis son entrée en fonction il y a 10 ans.

Comment la reprise s’est-elle préparée et organisée dans ton collège ?

Tout au long du confinement, le principal a communiqué avec moi, en tant que représentant syndical, et avec d’autres collègues, en général les membres élus du conseil d’administration. Il y a eu une vraie co-construction des protocoles à appliquer pendant cette période. Sur la rentrée la direction est venue vers nous pour que l’on propose différents scénarii, en fonction des différents paramètres à prendre en compte. La rentrée est sous le signe de la transparence. Des conseils d’enseignements et un conseil pédagogique sont à l’ordre du jour, afin d’expliquer les modalités de la reprise et afin de décider des modalités pédagogiques qui seront mises en place.

Quelles précautions sanitaires ont été mises en œuvre ?

Le protocole sanitaire est très dense. Il y a des difficultés évidentes : la gestion de l’entrée dans l’établissement des élèves, la gestion de la demi-pension, les photocopies. À ce stade toutes les questions n’ont pas encore de réponses. En effet, le nombre d’élèves à accueillir est très incertain, ce n’est pas la même chose d’accueillir 60 élèves ou d’en accueillir 200. Ce qui relève de la lapalissade se révèle un vrai défi, car il s’agit d’apporter des réponses locales. Un point d’incertitude concerne également l’articulation entre le présentiel et le distanciel. Sur ce point également nous réfléchissons à des réponses locales, tel que la redéfinition des groupes en mutualisant les effectifs présents de plusieurs classes et en apportant des modifications aux emplois du temps quand cela est nécessaire.

Comment allez-vous tenter de rattraper les élèves qui décrochent ?

Notre établissement a un vrai rôle social à jouer. Dans cette période de crise où les tensions ont parfois été exacerbées par la promiscuité dans les familles et par l’angoisse liée à la crise sanitaire, nous avons une réelle appréhension sur le retour d’une partie des élèves que nous savons en grande précarité. Nous aurions souhaité un accueil plus ciblé et qui ne soit pas une réponse à une demande politique. Enfin nous avons peur de ne pas pouvoir, malgré tous les efforts fournis, que les élèves se mettent en danger, en ne respectant pas les consignes, volontairement ou non. Au niveau pédagogique, notre réel défi sera de raccrocher les élèves qui ont totalement décroché ces deux derniers mois, aux wagons. Il s’agit aussi de préparer au mieux la sortie du collège des élèves de troisième, tant au niveau de leur orientation, qu’au niveau des connaissances nécessaires pour un passage serein au lycée.

Et le défi de la prochaine rentrée pour toi ?

C’est de retrouver la confiance des familles. On le voit, beaucoup de familles ne croient pas en l’intérêt pédagogique d’envoyer leur enfant à l’école, mais également craignent pour leur santé. Il s’agit ici d’un impératif de service public. Quels dispositifs allons-nous pouvoir mettre en place à cette rentrée pour que l’école puisse remplir son triple rôle : pédagogique, social et sociétal ? L’expression maintenant consacrée de « monde d’après » est sur toutes les lèvres, mais ce monde d’après c’est dans nos établissements qu’il se prépare, avec la formation des esprits de ces jeunes générations. Mais tout cela ne doit pas, encore une fois, se construire au détriment des enseignants. La période a montré le rôle essentiel que nous jouons dans la société. Dans cette période de confinement, nous avons été pour beaucoup de famille le seul lien avec l’État. Au delà des remerciements, qui sont toujours agréables, il va falloir dès cette rentrée qu’il y ait de réelles avancées sur la revalorisation de nos carrières.

Une reprise pour accompagner les élèves

Luc est professeur de technologie dans un collège du sud du Cher (18) à St Amand Montrond, le collège Jean Valette. Son parcours a été très enrichissant avec un premier poste en région parisienne et un passage par un collège classé éducation prioritaire à Dreux pendant 5 ans. Luc est membre du comité départemental hygiène sécurité et conditions de travail titulaire depuis 7 ans et s’occupe du second degré pour le SE-Unsa dans le département du Cher. Son collège compte environ 430 élèves avec 16 divisions et une Ulis.

Comment avez-vous été associés à l’organisation de la reprise, comment se passera la rentrée des personnels ?

Nous avons pu faire 3 CHSCTD extraordinaire depuis le confinement, ce qui m’a permis d’appréhender plus facilement les questions sur la reprise. Nous avons la chance dans notre équipe du CHSCTD d’avoir une infirmière, un principal de collège, une gestionnaire dans un collège et moi même ce qui permet d’avoir une vision complète des établissements.
L’accueil pour le lundi 11 mai s’est fait de la manière suivante : 14 personnes convoquées le matin partagées en 2 salles (niveau 6ème, 5ème) et 14 personnes l’après midi partagées en 2 salles (niveau 4ème, 3ème). Masques et solution hydroalcoolique étaient disponibles pour se laver les mains et équiper les personnels qui n’avaient pas pu se procurer de masque. Des bandes à une hauteur d’un mètre dans tout le collège nous interdisaient d’aller dans les salles non autorisées.

La principale a pris un groupe dans la salle de réunion et l’autre groupe est parti en salle de musique avec le principal adjoint. La salle de musique était débarrassée de toutes les tables et les chaises disposées à au moins 1 mètre l’une de l’autre. Le principal adjoint nous a remercié pour le travail fait pendant cette période de confinement et nous a expliqué que la reprise se ferait sans aborder de notion nouvelle et plutôt pour accompagner et aider les élèves dans les explications des devoirs.

Deux classes sont accueillies chaque jour et partagées en 2 groupes à effectif restreint (inférieur à 15). Cette organisation nous permettra de prendre en charge chaque élève 1 jour/semaine en moyenne. Les enseignants qui accueilleront les élèves en classe auront pour mission de répondre à leurs besoins particuliers, de les remettre à niveaux sur les travaux donnés à distance et de les accompagner dans leur travail quotidien puisque la continuité pédagogique à distance se poursuit. Il ne s’agit en aucun cas d’avancer sur les programmes ou d’essayer de les terminer.
Un repas froid sera servi aux élèves demi-pensionnaires dans la classe où ils auront travaillé le matin (changement de salle l’après-midi). Les élèves qui viendront au collège devront prévoir au minimum 2 masques par jour. Un emploi du temps avec de nouvelles plages horaires est proposé par la direction avec 4 séances de 1h30 : 2 le matin et 2 l’après midi (chaque enseignant ne viendra qu’une fois par semaine pour éviter les déplacements inutiles) : 8h-11h45 et 13h15-16h30 (pause à 10h et 15h)

Quelles ont été vos difficultés pour mettre en oeuvre le protocole sanitaire ?

  • La circulation dans les couloirs : pour respecter le nettoyage des salles, 4 salles sont utilisées le matin à l’étage dans un périmètre proche les unes des autres pour éviter une circulation trop importante dans l’établissement et 4 salles au rez de chaussée l’après-midi.
  • Revoir le sens de circulation pour passer d’abord devant les toilettes pour pouvoir se laver les mains à chaque pause et lors de l’entrée dans l’établissement.
  • Le nettoyage des salles spécialisées : pour pallier au manque de personnel d’entretien, il a été décidé que l’accès aux salles Informatiques, Technologie, Sciences, CDI, Foyer, salle des professeurs sera interdit.
  • Revoir l’emplacement du photocopieur
  • Respecter le nettoyage et la distribution sans risques des photocopies.
  • Le port du masque en classe obligatoire lorsqu’on est en place.
  • Comment faire de l’EPS lorsqu’il pleut en respectant les distanciations sociales ?
  • Comment accueillir les élèves le matin et le soir pour ceux qui prennent le bus ?

Voilà tous les problèmes qui se sont posés concrètement.

Retrouver les élèves, pour quoi faire ? Sur le plan psychologique, pédagogique, quelles sont vos appréhensions ?

On va en profiter pour expliquer l’utilisation des outils informatiques et fournir les supports sur clé USB ou sur un serveur pour que l’élève ne soit pas en échec pour lire et faire ses devoirs en respectant le RGPD (utilisation de Libreoffice, Audacity, pdf x-change (pour compléter un formulaire fait avec Libreoffice). On va aussi revoir les bonnes pratiques de la classe virtuelle du CNED ou Jitsi, etc. Le but, avec les élèves, c’est de rassurer, renouer le contact, évoquer leurs difficultés pour faire le travail (problèmes de connexion, de matériel, etc.)

Une dernière question, c’est quoi le défi de la rentrée de septembre pour vous ?

Avoir les outils communs pour toutes les classes, par exemple un TBI avec micro pour pouvoir enregistrer nos cours si nécessaires pour la continuité pédagogique ! Ou encore pouvoir utiliser les salles spécialisées (salle informatique, salle de technologie, CDI, foyer) en respectant les consignes sanitaires. Enfin, il nous faut vraiment du matériel fourni par l’éducation nationale pour pouvoir assurer la continuité pédagogique à la maison (ordinateur portable avec 2 écrans, tablette graphique, etc.).

Une organisation de la reprise qui s’est adaptée aux imprévus

Sylvie est professeur d’histoire-géographie dans un collège en périphérie de Reims qui compte environ 480 élèves.

Comment avez-vous été associés à l’organisation de la reprise, comment se passera la rentrée des personnels ?

Dès l’annonce de l’ouverture des collèges le 18 mai, le chef a décidé de réunir un CHS, ce qui n’avait jamais été fait, en visio. Nous devions lire le protocole provisoire et réfléchir à la manière d’accueillir nos élèves de 6ème et 5ème. Nous sommes partis d’estimations sur le nombre d’élèves de retour (50) et sur le nombre de collègues présents (70%). La réunion a regroupé des administratifs, des agents (d’accueil, de ménage,…) le cuisinier, l’infirmière, la CPE, deux enseignants, les délégués parents et élèves du CA.

Nous avons mis en place en place 4 groupes de 6èmes qui viendraient le lundi et mardi et resteraient dans les mêmes salles, et 4 groupes de 5èmes qui viendraient le jeudi et le vendredi dans d’autres salles, avec des WC attitrés, des sens de circulation, des entrées et des récréations décalées.

Quelles sont vos difficultés pour mettre en oeuvre le protocole sanitaire ?

Tout cela été fait avec des estimations et fonctionnait plutôt bien sur le papier ! Cependant, la réalité des chiffres est différente :

  • plus de 50 % des enseignants ne reviendront pas pour cause de santé, de garde d’enfants…
  • les chiffres de retour des élèves sont très différents d’une classe à l’autre et notre répartition 1 groupe = 1 classe de 6ème ne fonctionne pas. Dans certaines classes, seuls 9 reviennent alors dans d’autres ils sont 18 ou 19 ! Donc on réfléchit désormais à une nouvelle organisation pour la reprise de juin avec des groupes comportant des élèves de plusieurs classes. Que fait-on avec eux puisque ce ne sont pas nos élèves ? Comment concilier distanciel et présentiel ?

Retrouver les élèves, pour quoi faire ? Sur le plan psychologique, pédagogique, quelles sont vos appréhensions ?

Au départ, nous pensions faire en présentiel ce que nous donnions au reste de la classe à la maison, avec bien évidemment des explications orales, des discussions. Hélas, avec la nouvelle organisation, c’est plus difficile ! En lettres et en mathématiques, les collègues ont décidé de travailler la méthodologie, ou bien de renforcer certains points du programme. En histoire, c’est compliqué car nous n’avions pas les mêmes programmations et je vais me retrouver avec des élèves qui ont déjà fait les cours que je comptais faire avec les élèves de ma classe ! On nous parle d’accompagnement pédagogique, mais pour le moment on a l’impression que l’on va surtout faire de la garderie ! C’est difficile de se projeter.

Photo de Bruno Cervera provenant de Pexels

Une articulation présentiel / distanciel qui va poser question

Philippe est professeur d’histoire géographie EMC et a une vingtaine d’années d’ancienneté dans l’Éducation nationale ainsi qu’au SE-Unsa (c’était encore la FEN quand il a commencé!). Il travaille au collège Irène et Frédéric Joliot-Curie de Saint Hilaire des Loges en Vendée depuis cette année. C’est un petit collège rural (à peu près 250 élèves).

Comment avez-vous été associés à l’organisation de la reprise, comment se passera la rentrée des personnels ?

L’ensemble des enseignants et de l’équipe vie scolaire a été associé à la rentrée par le chef d’établissement avec l’envoi d’un projet de protocole de réouverture et deux réunions en distanciel pour l’amender et l’améliorer. Il a été voté au final et sera envoyé aux parents d’élèves. Globalement, ce protocole est bien et l’équipe semble prête à reprendre. Le principal est strict sur les conditions : pas de masque, pas de reprise par exemple.

Quelles sont vos difficultés pour mettre en oeuvre le protocole sanitaire ?

Pour l’instant, ça a l’air d’aller mais il n’a pas été encore appliqué car peu d’élèves s’annoncent, pas plus de 10-15 par classe et que peu de collègues sont maintenus en distanciel. Ensuite, il semble clair qu’il sera très difficile de l’appliquer avec des quatrièmes / troisièmes aussi ou alors avec une seule journée par niveau de classe au lieu de deux. De plus, la question de l’articulation et du cumul présentiel / distanciel reste latente pour les collègues.

Retrouver les élèves, pour quoi faire ? Sur le plan psychologique, pédagogique, quelles sont vos appréhensions ?

C’est la question. N’ayant pas de 6ème / 5ème, je n’y ai pas réfléchi vraiment et les collègues n’en ont pas vraiment parlé. En HGEMC, je dirais qu’on reprendra là où on en était arrivé dans le cours en distanciel et qu’on essaiera de faire un ou deux chapitres mais cela a moins de sens en maths ou en anglais.

Une dernière question : c’est quoi le défi de la rentrée de septembre pour vous ?

Espérons que le taux de contamination aura nettement baissé pour une rentrée « normale » avec tous les élèves ensemble. Sinon, s’il faut continuer à travailler par demi-groupes présentiel-distanciel, ce sera difficile à appréhender. Les élèves ne viendraient en fait au collège que pour caler le travail fait en distanciel et avoir un contact avec leurs professeurs. L’essentiel du travail devrait rester en distanciel mais j’ai déjà perdu beaucoup de gens, particulièrement en 3ème… Comment maintenir un travail de loin ?

Un Padlet pour noter les questions qui se posent pour la reprise

Evelyne Faugerolle est professeure de Lettres Modernes au collège Les Lesques de Lesparre en Gironde, un collège classé education prioritaire. Elue au CA et au CHS de l’établissement, Evelyne est la secrétaire de la section académique du SE-Unsa dans l’académie de Bordeaux et secrétaire régionale adjointe de l’Unsa éducation.

Comment avez-vous été associés à l’organisation de la reprise, comment se passera la rentrée des personnels ?

Nous avons été informés très régulièrement à chaque fois que les circulaires arrivaient à l’établissement par mail et message Pronote. Nous avons eu un premier mail le 4 mai avec ce que les chefs d’établissement imaginaient pour la reprise. En tant qu’élue du personnel, j’ai demandé un délai pour produire les certificats médicaux et la réunion d’une instance en visioconférence avant de communiquer l’organisation retenue.

Beaucoup de choses restaient encore floues pour nous alors que les délais étaient courts, mais évidemment on s’est basé sur le protocole sanitaire.

De nombreux collègues m’ont sollicitée par rapport au côté pédagogique de la reprise, pour ne pas se limiter à une aide aux devoirs. J’en ai parlé à la chef d’établissement et on a élaboré un Padlet (outil de collaboration en ligne) pour garder la trace des questions et des réponses sur la gestion du CDI, les protocoles, la vie scolaire, la restauration, l’évaluation, les instances, les circulations, l’administration…

Retrouver les élèves, pour quoi faire ? Sur le plan psychologique, pédagogique, quelles sont vos appréhensions ?

Mes appréhensions sont de ne pas savoir recevoir les émotions des élèves, d’être submergée par les miennes. Mais c’est comme le trac, une fois dans la salle de classe, je sais que ça ne sera que du bonheur. Techniquement, comme je suis bavarde, je me demande comment ça va se passer sous le masque !

Quel est pour toi le défi de la rentrée de septembre ?

Un défi d’ordre vestimentaire : casque intégral ou chapeaux visières à adapter selon les saisons ? Humour ! L’autre, plus sérieusement, comment élaguer dans le programme pour rattraper le temps… est-ce possible?

Gestion des AED, Caroline CPE témoigne

Caroline exerce dans une équipe composée de 2 CPE et 10 assistants d’éducation (à temps plein ou mi-temps) pour 750 élèves dans un collège de l’académie d’Amiens avec SEGPA et ULIS.

En qualité de CPE, comment définissez-vous la posture éducative des assistants d’éducation ? Comment s’observe-t-elle ?

Sans trop réfléchir et concrètement, il me vient tout de suite à l’esprit de préciser au sein de la posture éducative : posture morale, posture langagière et posture physique. Il s’agit concrètement des paroles, des gestes du quotidien. Ces postures sont développées sur les missions de surveillance, par exemple dans la cour de récréation, les abords de l’établissement, aux entrées et sorties des élèves, pendant le service en restauration scolaire… au gré des situations qui se présentent et des interventions de l’AED en conséquence. Il s’agit aussi du savoir-être et savoir-faire dans des situations sociales davantage construites : prise en charge de la permanence, animation du foyer, développement et participation à des projets en externat ou internat, participation éventuelle au dispositif devoirs faits, tutorat…

Quelles sont vos attentes ? Pensez-vous que les attentes peuvent être différentes d’un établissement à un autre et/ou d’un professionnel à un autre ?

La toute première attente me semble être l’exemplarité. Afin d’apprendre aux élèves la courtoisie, la ponctualité, l’assiduité, le vivre ensemble… Tout ce qui compose la vie collégienne/lycéenne et donc la préparation de la vie en société, tout adulte du collège qu’il soit AED, CPE, enseignant… se doit de montrer le chemin. L’enjeu est d’être crédible face à un public adolescent pour qui la justice est essentielle. L’assistant d’éducation est un adulte référent pour l’élève, je dirais même un modèle. Les attentes sont majoritairement les même à mon sens : être dans le respect des valeurs et principes de la République en terme d’égalité, neutralité… J’attends d’un AED qu’il soit un minimum investi et intéressé par ses missions. Si pour lui, ce n’est qu’un « job alimentaire » alors ses semaines vont être subies. Nous devons lutter encore quotidiennement contre l’image du « pion ». Les quelques petites différences dans la posture éducative d’un établissement à un autre peuvent se ressentir selon les règles de vie de l’établissement, le règlement intérieur.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les AED et quelles hypothèses d’explications pouvez-vous émettre ?

Il n’est pas simple pour eux de se positionner et c’est normal. Je disais qu’ils étaient un modèle pour les élèves et il y a en ce sens un certain revers de la médaille. Il s’agit en permanence de doser proximité et distanciation avec les élèves. Un AED bien installé dans son établissement, en connait parfois beaucoup sur la vie de certains élèves : ses conditions de vie, ses passions, ses peines de cœur etc… Je dis toujours à la réunion d’équipe de prérentrée « vous êtes nos yeux et nos oreilles ». Ils en connaissent plus que nous parfois et que les enseignants. Ils ont un rôle de « coach en vie sociale » presque. Cette proximité peut engendrer des risques de dérives, lorsqu’un élève ne voit plus l’AED comme un adulte dans une situation de tension. Si l’AED se doit de toujours travailler son positionnement, sa posture et a donc ses responsabilités dans les relations construites avec les élèves, on ne peut pour autant le blâmer en cas de petites erreurs. Il faut être exigeant mais aussi bienveillant en tant que CPE vis-à-vis de ses AED. N’oublions pas qu’ils sont recrutés dès 18 ans, avec le diplôme du baccalauréat. Ils n’ont pas reçu notre formation de CPE ou d’enseignant. Ils sont toujours en première ligne, présents jusqu’à 41h/semaine en établissement, ils sont humains et ont donc tout comme nous, leurs moments de fatigue.

Dans le cadre de vos missions, que mettez vous en place pour développer les compétences des AED dans ce domaine ?

C’est là que la casquette de chef de service de la vie scolaire se porte. Nous nous disions récemment avec mon collègue « nous avons l’équipe que nous méritons », « à nous de permettre leur progression ». Le pack basic choisi avec mon collègue CPE est de mettre en place et stabiliser une gestion des ressources humaines. Nous programmons un entretien individuel par AED en décembre/janvier et un entretien de fin d’année dans lesquels nous abordons notamment la posture éducative avec un outil que nous avons repris à l’établissement et adapté : une grille d’évaluation. Comme les grilles d’évaluation pour enseignants ou CPE, elles sont annotées et chaque point est évalué entre « à consolider » et « excellent ». Nous faisons part de nos observations positives et de nos recommandations pour les perspectives de progression. La grille d’évaluation est reprise pour l’entretien de fin d’année et l’année suivante afin d’avoir un réel recul sur le parcours de l’AED. Nous avons instauré également une réunion d’équipe chaque premier lundi après les petites vacances scolaires. Ces deux rituels que sont les entretiens individuels et les réunions d’équipe sont des espaces de parole pour les assistants d’éducation. Ces rituels prennent du temps (de préparation, l’instant T, les comptes-rendus…) mais sont essentiels pour faire progresser les AED dans leur posture éducative et leurs missions.

Chaque AED a un potentiel, une compétence particulière que l’autre n’a pas. Il faut la repérer et tenter de l’exploiter. Des exemples sont nombreux : un AED référent TICE, un AED mobilisé dans l’ASSR, un AED mobilisé dans le dispositif devoirs faits, un AED organisant un club etc….

Enfin et pas des moindres, au delà de la simple GRH du service, il s’agit de penser la formation des AED. Elle peut être construite par les CPE eux-mêmes ou être mobilisée via des partenaires ou associations. Selon le diagnostic des CPE, les besoins en formation peuvent être différents.

Tout ce que je viens de citer sera développé dans le projet de service en cours de rédaction avec mon collègue et pour lequel les assistants d’éducations ont été sollicités pour leurs observations et idées pour faire évoluer le service.

Bien évidemment, c’est un exemple de fonctionnement de vie scolaire parmi d’autres, qui n’est pas plus valable que celui du voisin. Les stratégies varient en fonction des constats, des faisabilités et des besoins différents mais aussi pour le coup d’un CPE à l’autre peut être.

Quelles limites observez-vous des actions mises en place ? Selon vous, la politique éducative sur les fonctions d’assistants d’éducation devrait elle évoluer et pourquoi ?

Il y a un manque de temps et de moyens. C’est une horlogerie à part entière car par exemple pour réunir l’ensemble des manques de l’équipe, c’est forcément hors temps scolaires. Ces heures sont bien évidement comptées en heures travaillées et nous avons opté pour les faire intégrer dans la 3ème semaine administrative non stabilisée dans le calendrier.

Il n’est pas non plus évident de travailler la posture éducative, les compétences des AED en la matière alors que la priorité va être l’encadrement et la sécurité des élèves. J’ai une assistante d’éducation qui a par exemple un Master FLE et a donné des cours de français aux USA, elle passe d’ailleurs le CAPES et l’AGREG, mais nous ne pouvons lui donner qu’une heure par semaine de cours FLE en binôme avec une enseignante du collège. Nous avons beau avoir trituré dans tous les sens les fiches de postes, je ne peux pas lui en donner davantage sinon ce serait au détriment des postes de permanences, de la cour…

Étant dans mon établissement actuel depuis 6 mois, je n’ai pas encore le recul nécessaire pour mesurer pleinement les effets bénéfiques et les limites des actions mises en place.

Bien sûr que la politique éducative sur les missions des assistants d’éducation pourrait évoluer. Ne serait-ce qu’en termes de reconnaissance. Ils font partis des personnels les plus présents au sein de l’établissement en termes d’heures travaillées et sont pourtant les moins bien payés. En tant que CPE, j’aimerais aussi bénéficier de moyens pour leur formation. Chaque CPE ne peut s’improviser ingénieur en formation du jour en lendemain, il faut du temps, nous avons besoin de ressources, de moments de partages entre collègues…. Enfin, pour aller jusqu’au bout de la notion d’assistant d’éducation, je pense que pour tendre vers une vraie professionnalisation des agents, la création d’un corps à part entière est nécessaire. Si nous voulons rendre les agents impliqués, exemplaires, intéressés… nous avons besoin qu’ils aient un sentiment d’appartenance à l’Éducation nationale. Alors pourquoi pas les fidéliser ? Je crois aussi en la fonction « tremplin » pour certains étudiants et n’ai pas de déterminismes sur le sujet. C’est à débattre et à réfléchir concrètement…

Caroline Letot, CPE dans l’académie d’Amiens

« Je viens de finir ma politique documentaire » : une collègue témoigne

Élisabeth est T2, elle a 23 ans et, comme une majorité des jeunes professeurs, a « atterri » en région parisienne après son stage. Elle est titulaire de son poste à Créteil, dans un collège de centre ville dépassant à peine les 500 élèves. Le public est extrêmement hétérogène (en termes sociaux et de réussite), ce qui n’est pas toujours évident à gérer notamment avec les parents. Il reste tout de même un établissement dit « tranquille ».

Pour toi c’est quoi être professeur documentaliste aujourd’hui ?

Le métier de rêve. J’ai la chance de jouir d’une assez grande liberté de mouvements. Je peux m’insérer dans les projets pédagogiques que je veux ou les monter. Je trouve néanmoins difficile de jongler avec nos trois casquettes (pédagogie, gestion du fonds, ouverture culturelle) et j’ai tout le temps l’impression d’en sacrifier une. Pour moi, aujourd’hui, notre rôle consiste à éveiller au maximum les élèves, leur curiosité, leur ouverture d’esprit. Tout ce que je fais dans mon métier va dans ce sens.

Tu as mis récemment en place une Politique Documentaire, quel est l’intérêt d’un tel dispositif ?

Il y a plusieurs intérêts à instaurer une politique documentaire. Déjà, au moment de sa réflexion et de sa conception, cela permet de prendre du recul sur sa pratique et sur son terrain, de déterminer les urgences, les choses à modifier ou à mettre en place, en évitant d’avancer au flair ou à l’aveuglette. C’est intellectuellement reposant de « lister » les choses non ? De plus, si quelqu’un nous remplace ou prend notre suite, cela permet d’instaurer une continuité. Cette personne pourra voir ce qui avait été décidé, ce qui a été fait, pourquoi… Cela permet une meilleure prise en main du poste je pense. Et enfin (surtout), elle inscrit ce qui va être mis en place dans la politique d’établissement, qui est conduite au CA. C’est un bon moyen de défense (en cas de changement de direction, d’opposition de collègues, etc.) et ça permet aux projets d’avancer.

Peux tu nous donner quelques exemples concrets du contenu de ta poldoc ?

Sur le plan général, je parle de la fréquentation, des ressources (accès, gestion, utilisation), de la formation des élèves… en me basant au maximum sur des indicateurs comme des statistiques. C’est ce qui appuie tous nos objectifs. Comme exemples, je peux parler du désherbage. Il faut alors analyser le fonds, et les besoins. Ou encore pour la formation des élèves, il m’a semblé important de mentionner Pix (le service public en ligne pour évaluer, développer et certifier les compétences numériques), et notamment le fait de réfléchir rapidement autour de cet outil, car c’est pour le moment un inconnu pour l’ensemble de l’équipe pédagogique.

Est-ce que c’est long à mettre en place  ? Est-ce que ça te demande un gros travail de suivi ?

J’en suis seulement au début du processus. Analyser le terrain, choisir les objectifs et rédiger tout cela m’a demandé un certain temps en effet (une bonne semaine de « vacances »). Mais j’ai tout fait seule, et j’espère avoir des troupes pour la prochaine fois ! Le tout est maintenant de la faire lire par certains collègues, l’administration, et d’y apporter les modifications nécessaires, afin qu’elle nous convienne à tous. Il faudra ensuite la faire accepter en CA, alors que le projet d’établissement, déjà… fait débat !
Après, pour sa mise en place, je pense que cela s’apparente à un travail de fond, à adapter selon les conditions. Peut-être que je réfléchirai à un calendrier sur les 3 ans à venir afin d’étaler les objectifs et de me motiver.

Comment penses-tu la faire vivre et évoluer ?

J’avoue compter sur l’acceptation des collègues. Mais je sais que la communication autour de ce que je ferai sera un bon moyen de la faire vivre (voire d’amener l’implication des collègues). Pour son évolution, il faudrait que je pense à faire un document parallèle pour noter ce qui est fait, modifié, comment, pourquoi… mais c’est encore à dessiner.

Est-ce que l’objectif caché d’un tel dispositif ne serait pas d’impliquer tes collègues dans le fonctionnement du CDI ?

Dans le fonctionnement du CDI et au-delà pour toutes les ressources, et surtout dans la formation des élèves. Je pense qu’un établissement fonctionne avec une réelle plus-value pour les collègues et les élèves si tout le monde s’empare des outils, et du terrain. Si je fais seule ma gestion dans mon coin, je vais râler parce que telle ou telle chose n’est pas faite comme ça, idem pour les collègues. Alors que si nous communiquons avant sur comment tout mettre en place, c’est beaucoup d’énergie et de temps économisés !
Pour la formation des élèves, l’EMI (Education aux Médias et à l’Information) est très importante et transdisciplinaire. Et pourtant, nous avançons un peu dans le flou car chacun fait quelques points dans son programme mais personne ne sait qui fait quoi, et c’est sans heures dédiées… On ne peut donc pas savoir avec quelle formation les élèves sortent en troisième.
Je pense que mon idée principale est qu’il faut avancer en équipe. C’est ce que je vais essayer d’instaurer.

Est-ce que ta politique documentaire pourrait se transférer dans un autre établissement ou est-ce qu’elle s’inscrit vraiment dans un contexte particulier ?

Pour la mienne, je me suis aidée d’un document partagé sur la DropBox du groupe Facebook « Profs docs et licornes : entraides entre profs docs« , et d’autres disponibles en ligne. Cela aide beaucoup pour se lancer je trouve, mais l’on s’aperçoit très vite qu’au final il restera très peu de choses en commun. Parce que le fait est que la politique documentaire est intrinsèque au terrain. Je pense que le ministère pourrait quand même mettre à disposition un squelette à modifier.

La Politique Documentaire fait débat dans la profession des Profs docs car certains la considèrent comme une charge de travail supplémentaire inutile et trop contraignante, visiblement ça n’est pas ton avis, pourquoi ?

Je pense être favorisée par le fait de ne pas avoir connu le métier sans politique documentaire à établir… Je n’ai pas la sensation de « avant on n’avait pas à faire ça ». Clairement c’est une masse de travail, mais je la trouve absolument en accord avec notre métier et ça permet d’avancer de manière structurée. Au final je trouve que c’est agréable à faire, car il y a un réel sentiment d’accomplissement, et aussi de reconnaissance.

Sur le statut des Profs docs tu as des choses à nous dire ?

Je pense sincèrement qu’il faudrait, à défaut de diviser le métier, mettre deux personnes en poste minimum par établissement. Si on passe notre temps à faire de la gestion, adapter au mieux le fonds et son accès, chercher les projets intéressants, etc. Comment mettre en place en même temps un parcours d’éducation aux médias et à l’information ? (dont les heures sont souvent données sans décompte d’ailleurs !) C’est ce que je disais plus haut sur le fait de sacrifier une part du métier. Pour essayer de pallier ce problème, je me retrouve comme plein de collègues à enchaîner les heures sup’. Ces dernières sont soit bénévoles, soit le chef d’établissement concède leur rattrapage ou leur paiement avec d’autres enveloppes. Au final, nous sommes tout de même lésés, donc soit il faut des HSA possibles, soit une enveloppe HSE plus grande ne serait pas de refus… Même les heures de devoirs faits, que l’on fait en plus de nos 30h de présence, sont payées moins que quand elles sont assurées par nos collègues de discipline. Pour conclure je dirais que c’est un métier où si l’on réfléchit, on se sent très facilement en manque de reconnaissance et de rémunération par rapport au travail fourni (et je n’ai même pas mentionné les IMP). Heureusement, c’est un métier humainement et intellectuellement très riche, ce qui suffit, pour le moment, à me faire lever le matin avec le sourire.

Photo de Nicole Berro provenant de Pexels

Enseignements artistiques : 3 expériences et 3 manières de vivre l’enseignement

Alors que l’Inspection Générale de l’Éducation Musicale mène une mission sur les enseignements artistiques au collège, le SE-Unsa est allé à la rencontre d’enseignants d’arts plastiques et d’éducation musicale : Quelles sont leurs conditions d’exercice, leurs aspirations professionnelles et comment voient-ils la place des enseignements artistiques dans le système éducatif ? Martine, professeure d’éducation musicale, Sabrina, professeure d’éducation musicale et Christelle, professeure d’arts plastiques, ont accepté de répondre à nos questions.

À quoi ressemble votre vie d’enseignant dans votre établissement et votre salle de classe ?

Martine : Je suis sur 3 établissements ruraux distants. Après plusieurs années, j’ai enfin une salle uniquement destinée à la musique dans le premier établissement. Elle est très petite, sans table (ce que je n’ai plus depuis 1995, sauf quand je n’ai pas le choix), les chaises ont des tablettes, avec un piano électrique de qualité, une chaîne hifi de qualité. Nous n’avons que des percussions fabriquées par les soins de l’agent ou des élèves : baguettes, tuyaux, oeufs de k… et bien sûr un ordi avec vidéoprojecteur sur le tableau blanc. Mais dans le 2ème établissement je n’ai pas de salle dédiée, donc des tables, un piano électrique de qualité (acheté à mon arrivée, ce qui a pris 2-3 ans d’attente sans avoir rien du tout) et une chaîne stéréo à bas prix (on n’entend pas tous les sons !). Je fais chanter les CM2 de l’école qui représente la moitié de nos élèves de 6ème sur des projets communs école-collège en produisant des spectacles et des enregistrements.

Christelle : Je travaille dans un établissement urbain assez récent, cependant si la salle est lumineuse et spacieuse, elle n’a pas de rideaux ni d’équipement informatique. À partir de là, comme les nouveaux programmes sont très tournés vers l’informatique, je suis en difficulté. Alors je bidouille avec une valise à tablettes, mais il n’y a pas moyen de faire basculer les images des élèves sur les ordinateurs pour les imprimer, ou les mettre dans leur casier numérique. Rester dans les clous au niveau du programme à ce niveau-là, reste donc un parcours du combattant. J’ai essayé de créer des liens avec les enseignants des écoles du secteur, cela a bien pris, mais il nous manque le temps pour travailler ensemble, ce qui est frustrant.

Sabrina : Je suis dans un établissement urbain classé REP+ (quartiers nord de Marseille). Dans ma salle j’ai opté pour le maintien des bureaux, contrairement à de nombreux collègues qui sont passés aux pupitres. Je dispose d’un instrumentarium très correct : une batterie, deux claviers en sus du piano prof, des congas et des claviers enroulables.

Est-ce que vos programmes disciplinaires vous plaisent ?

Martine : Trop de liberté. Certes, c’est pratique pour nous, mais du coup on a tendance à toujours se renouveler ! Ce qui nous fait beaucoup de travail. Mais quand un élève arrive d’un autre collège, il est perdu parce qu’il n’a pas vu les mêmes notions, ou n’a pas fait beaucoup de chants, ou d’écoutes, etc. En fait, tels qu’ils sont formulés, les programmes n’existeraient pas, ce serait la même chose. Il faudrait vraiment qu’un travail soit fait par nos inspecteurs à ce sujet.

Christelle : Les programmes me plaisent, car ils restent très ouverts. Néanmoins, le tournant informatique en arts, alors que les enfants passent déjà beaucoup de temps sur les écrans, m’embête. Je préfère me battre pour qu’ils sortent et se remettent en rapport avec la nature.

Sabrina : Les programmes disciplinaires sont très peu directifs. C’est évidemment un avantage au niveau de la liberté pédagogique laissée à l’enseignant. Mais cela présente également un inconvénient majeur puisque deux élèves du même niveau peuvent avoir un parcours totalement différent en fonction de leur enseignant. Cela contribue à donner aux enseignements artistiques l’image de discipline « secondaire » qui est la leur.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’enseignement de votre discipline ?

Martine : Justement cette liberté pédagogique, malgré tout, car elle permet, quand on le prépare ensemble, de s’inscrire dans des projets (sous toutes formes) très différents selon les années, ou les envies. Le plus délicat et agaçant, c’est que les élèves et leurs parents s’attendent soit à ce qu’ils apprennent un instrument individuellement, soit à ce qu’on fasse une sorte d’animation genre colonie : chansons à la mode, écoute de morceaux à la mode. C’est chaque année une bataille de faire comprendre à certains que ce n’est pas le but, et que nous sommes là plutôt pour leur faire faire des choses auxquelles ils n’auraient pas pensé ou leur faire écouter et chanter ce qu’ils ne connaissent pas. Plus les élèves avancent dans le collège, plus c’est difficile.

Quelque chose à rajouter en conclusion ?

Christelle : Ce qui me plaît, c’est la possibilité de me fondre dans la plupart des projets du collège.

Sabrina : L’aspect très agréable de notre métier est lié au fait que nous dépendons peu des acquis strictement scolaires. Les élèves en grande difficulté découvrent une discipline différente, dans laquelle ils peuvent être en situation de réussite, en faisant appel à des compétences peu valorisées dans les disciplines plus scolaires.

Crédit photo : Moose Photos from Pexels

Ça y est, le CDI ressemble à celui dont je rêvais !

Professeur documentaliste au Collège Leconte de Lisle de Saint Louis, à la Réunion, Catherine Jogama s’est réjouie « Au bout de 8 ans, ça y est, le CDI ressemble à celui dont je rêvais ! »

Quels espaces pour quelles activités ?

« L’établissement, classé REP, accueille 850 élèves. Je souhaitais faire évoluer les espaces du CDI pour améliorer sa fréquentation : les élèves n’avaient pas conscience de la multitude d’activités possibles dans ce lieu : il n’est pas fait que pour lire !

Je me suis donc adapté aux besoins et envies de mes élèves pour faire évoluer l’existant, un grand espace divisé en deux salles. Aujourd’hui la première salle comporte de multiples « coins » appropriés à différentes activités : un espace informatique, un espace galerie d’art, un espace jeux de société, un espace de travail sur tables, et même une étagère dédiée au coloriage ! Chaque coin est matérialisé par un mobilier spécifique et une signalétique appropriée. Enfin la deuxième salle, séparée de la première par une cloison en partie vitrée, est une grande salle de lecture où se trouvent deux banquettes en bois pour s’asseoir de manière plus confortable – avant elles étaient ornées de coussins mais ils se sont vite salis. Ils ont tenus moins de 3 ans. Les tissus sont à déconseiller ! »

Quel est l’avantage de disposer de différents « coins » au sein d’un même lieu ?

Les élèves repèrent désormais très bien les activités qui sont possibles au CDI, et les espaces appropriés à telle ou telle activité. Les espaces sont identifiés au premier coup d’œil.

Un regret ?

Malheureusement quand je suis seule (ndlr sans assistante d’éducation), la salle de lecture, pourtant bien insonorisée, n’est pas accessible pour les élèves, pour des raisons de sécurité.

Votre dernière acquisition ?

Le budget d’équipement de l’établissement : chaque année de nouveaux investissements ont été réalisés à l’intérieur du CDI, à partir de devis effectués par le professeur documentaliste. Le dernier achat en date, des îlots « informatiques » pour proposer 12 postes aux élèves, en partie financés par le Conseil Général. 5 tablettes fonctionnent avec une borne WIFI, grâce à un projet « tablettes » au sein de l’établissement !