Katrin est professeure d’espagnol et de français à Osterburken, dans le Land de Bade-Wurtemberg, dans l’enseignement secondaire, avec des classes de niveau sixième à terminale. Comment a t-elle vécu la fermeture de son lycée et le passage à l’enseignement à distance ?
Comment as-tu appris que les écoles allaient fermer ?
Le ministre-président de Bade Wurtemberg a annoncé le vendredi 13 mars que les écoles fermeraient le mardi 17 mars. Chaque Etat a décidé le jour de fermeture, le nôtre était un des derniers. Lundi, nous étions au lycée pour pouvoir nous organiser. Petite réunion le matin, information des élèves, distribution de polycopiés d’activité en classe…
Comment s’organise le travail à distance pour les profs et pour les élèves ?
La direction du lycée nous a envoyé en début de semaine un formulaire pour élaborer un plan de travail sur la base des heures assurées normalement par les profs, pour qu’on propose des activités pour les élèves. Le professeur de classe (équivalent du professeur principal) envoie ensuite le planning aux élèves avec les pièces jointes données par les collègues. En fin de semaine, les corrections sont envoyées aux parents avec des consignes pour accompagner leurs enfants.
Est-ce que les enseignants changent leur manière de travailler, en passant par le numérique notamment ?
Il y a des établissements modèles (« Vorreiterschulen ») équipés de tablettes, habitués aux cours et aux réunions en visio-conférence, mais ce n’est pas notre cas. Nous échangeons entre profs des idées d’outils numériques, et les établissements sont souvent dôtés d’un référent protection des données (« Datenschutzbeauftragte ») qui travaille sur le choix des outils. Les enseignants utilisent parfois la plate-forme Moodle, dans certains établissements, ou des outils extérieurs (whatsApp, visioconférence…) mais je n’ai pas encore testé la classe « virtuelle ».
Comment vas-tu travailler dans les prochaines semaines ?
Je fais travailler les élèves sur le manuel avec des devoirs à me rendre, pour les terminales ils ont carrément un dossier complet à travailler en autonomie sur la Colombie, en espagnol, pour les habituer à l’enseignement supérieur, avec un test à la fin.
Le travail à distance, selon toi, c’est plutôt positif ou plutôt négatif, pour l’enseignant ?
Le travail à distance peut fonctionner avec les élèves plus âgés qui sont plus autonomes, mais il y a des aspects négatifs : on ne peut pas tout faire en langues vivantes, à distance ! Difficile pour les interactions, pour évaluer la compréhension, difficile pour s’impliquer et pour impliquer les élèves ! L’expérience, si elle est courte, peut toutefois avoir des aspects positifs : on voit bien le rôle essentiel joué par l’enseignant… comme pour tous les métiers « sociaux », quand il n’y a pas d’école !