Témoignage : bouger c’est pas si simple…

 

Marie-Annick, enseignante, a décidé de changer de métier mais veut rester au contact des élèves. Malgré sa riche expérience et les compétences acquises, elle doit recommencer tout à zéro. Aucune reconnaissance, aucune passerelle possible. Au travers de ce témoignage, notre collègue nous montre toutes les incohérences du système.

Pourquoi as-tu quitté ton métier d’enseignante ? Quels ont été les facteurs déclenchants ?

Enseignante d’Eps depuis 30 ans, j’étais fatiguée physiquement. Les cours dans le froid, dans le bruit, les démonstrations, je n’en pouvais plus. J’avais sans cesse des douleurs articulaires, à tous les niveaux, et je me suis même une fois bloquée en pleine démonstration. Il a fallu gérer, sans que les élèves ne voient vraiment le problème, et terminer le cours correctement. Cet élément a été déterminant. Il fallait que je trouve une sortie qui me permette de travailler encore pendant plusieurs années. Il me restait au minimum 12 ans à faire. Une chose cependant était sûre : je voulais garder le contact avec les élèves.

T’es-tu sentie soutenue dans tes démarches, dans ton parcours ?

J’ai commencé à étudier les différentes possibilités qui s’offraient à moi pour une éventuelle reconversion, sans trop vouloir en parler, dans un premier temps, hormis chez moi. J’étais totalement soutenue par mon conjoint, qui voyait dans quel état physique je rentrais le soir. Il m’a confortée dans ma démarche. J’ai ensuite pris contact avec la Drh du rectorat, qui m’a confortée dans le choix que j’avais en partie fait, à savoir essayer d’intégrer le corps des Cpe. Elle m’a conseillée de rencontrer l’Ia-Ipr Vie scolaire. Ce dernier a été d’une très grande écoute et d’une très grande compréhension. Il m’a encouragée tout au long de cette démarche, me conseillant de faire une année de «faisant-fonction» pour connaître réellement le métier de Cpe afin d’être certaine de vouloir l’intégrer par la voie du détachement. C’est seulement à partir de ce moment que j’en ai parlé à mon chef d’établissement, qui s’est montré lui aussi compréhensif.

Au cours de la 2e année de faisant-fonction, j’ai fait une demande de détachement, qui a été refusée. Je n’ai pas de licence puisque j’ai suivi la formation en Creps. À partir de ce moment c’est une fin de non recevoir, je dois valider une licence par la Vae, qui reste à mon entière charge, sinon c’est retour à la case départ. Seul l’Ia-Ipr Vie Scolaire me soutient en m’accordant une nouvelle année de faisant-fonction, avec l’espoir de voir aboutir mon dossier. Continue reading

Développer mes compétences professionnelles

Résultats de l’enquête « 800 000 enseignants et moi, et moi, et moi… »

Des enseignants avides de formations… utiles !

comp_legende Les enseignants ont soif de formation. Ils sont 91% à souhaiter bénéficier de formations régulières.

  • Je souhaite bénéficier de formations régulières

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Autre message sans équivoque : les enseignants estiment massivement que le travail en équipe est important.

  • Le travail en équipe est important

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Et loin des idées reçues sur une profession qui serait rétive au changement, la quasi-totalité des personnels enseignants et d’éducation est constamment à la recherche de nouvelles façons de travailler. Continue reading

Interview de François Muller

Vous dites que «Des élèves qui réussissent, ce sont des enseignants qui apprennent».  La formation continue existe, mais elle ne satisfait pas. On voit depuis peu émerger un nouveau concept, celui de développement professionnel continu. De quoi s’agit-il ?

François Muller : Le développement professionnel de l’enseignant rend compte de la manière dont il améliore son professionnalisme au travers d’expériences l’amenant à étudier systématiquement son enseignement : ateliers, rencontres professionnelles, activités de mentorat mais aussi lecture de travaux de recherche ou d’informations sur les évolutions de sa discipline.

Pendant longtemps, les enseignants recevaient une formation dans le cadre de conférences suivies d’ateliers souvent peu liées aux activités d’enseignement et d’apprentissage dans l’établissement scolaire ou dans la classe.

Ce n’est que depuis quelques années que le développement professionnel des enseignants est considéré par les experts et les décideurs politiques comme un processus de long terme offrant des occasions régulières de contacts et d’apprentissage avec les collègues mais s’inscrivant également dans une programmation systématique des activités de formation, articulées à des expériences concrètes, partant davantage des besoins et des problèmes rencontrés par les enseignants dans leur quotidien.

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Mobilité professionnelle – Besoin d’un appel d’air

Résultats de l’enquête « 800 000 enseignants et moi, et moi, et moi… »

Vous avez dit mobilité ?

«Mobilité professionnelle» est un terme polysémique. Parce que les carrières sont moins linéaires qu’auparavant, on parle aujourd’hui de «transitions professionnelles» sur le marché du travail, de «trajectoires» ou plus récemment de «parcours professionnels».

Tout changement en lien avec le travail peut-être vu comme une mobilité professionnelle : le change­ment d’établissement, de ministère, de profession, de fonctions, de secteur d’activité, d’éléments du statut (salarié/non-salarié, public/privé, qualification…), de contrat de travail, de rémunération, de lieu de travail/de vie…

Il est difficile de démêler toutes ces notions pour traduire une réalité qui est évidemment complexe. Mais pour choisir et accepter le changement, il est nécessaire de s’imaginer un ailleurs.

Trop souvent, les collègues pensent qu’au-delà de l’activité «transmission de savoirs», qui est le cœur de leur métier, ils ne savent rien faire d’autre qu’enseigner. Et pourtant…

Plus de la moitié des collègues n’imaginent pas exercer le même métier jusqu’à leur retraite, et ceci est plus prégnant chez les femmes (60%), pour la tranche 30-49 ans (65%), les Cpe (68%) et les Pe (64%).

  •  Je m’imagine exercer le même métier jusqu’à ma retraite

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Plus de 2 collègues sur 3 ne souhaitent pas quitter l’Éducation nationale.

  • Je souhaite quitter l’Éducation nationale

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45% des collègues souhaitent changer de métier. Presque un enseignant sur deux a des souhaits de mobilité. Ce souhait est plus prégnant chez les hommes (52%). Âge et ancienneté sont des facteurs déterminants. Continue reading

Une responsabilité partagée par tous

Dans le référentiel de compétences professionnelles des enseignants et personnels d’éducation figure la compétence

«s’engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel».

Les personnels sont demandeurs, mais le référentiel n’engage pas que les enseignants, il engage également l’institution qui doit mettre en place les conditions indispensables au développement professionnel.

C’est sur la création de ces conditions que le SE-Unsa veut peser avec vous. Continue reading

Échos des consultations socle et maternelle

Voici les premiers échos des consultations qui seront complétés au fur et à mesure de ce que nous récolterons…

 

Envoyez-nous vous aussi vos contributions à cette adresse.

La Réunion : témoignage

Une expérience hors du commun : enseigner à Mafate

« Pour enseigner à Mafate, il faut être capable de supporter la solitude toute la semaine et ne pas être exigeant quant aux conditions de logement (on a le strict minimum dans le logement mis à disposition par la mairie et il n’y a pas de loisirs ici). Mafate étant enclavé, il faut faire au minimum 4 kilomètres pour rejoindre son poste. Je travaille à l’îlet à Bourse, îlet situé au cœur du cirque et je dois emprunter la Rivière des Galets. Quand la piste des 4×4 de la rivière est praticable, je marche 9 kilomètres. Sinon, comme en ce moment, je dois parcourir 22 kilomètres. Cela ne me gêne pas quand je rentre chez moi, c’est pour rejoindre mon poste que ça me pose problème: c’est trop long et j’arrive à l’école très fatiguée. Alors, je fais un demi tour de l’île en voiture et je ne marche que 3 heures.

J’ai en charge une classe unique de 11 élèves âgés de 3 à 12 ans (de la TPS au CM2).

Dans le Cirque de Mafate, il y a 8 écoles et une dizaine d’élèves dans 6 écoles.

À l’îlet de la Nouvelle et celle de Roche – Plate, l’école comprend 2 classes.

On y travaille du lundi 13 h au vendredi 11 h 30 et le mercredi toute la journée ; cela a toujours été ainsi car les enseignants viennent de la côte. Ils rejoignent leur poste le lundi matin et regagnent leur domicile le vendredi après-midi. Une fois par mois, tous les enseignants de Mafate se retrouvent à l’Inspection pour les concertations avec la coordinatrice des écoles de Mafate et certaines fois pour les animations pédagogiques. L’IEN nous rend visite une fois dans l’année et  vient à pied. En septembre dernier, monsieur le Recteur est venu se rendre compte de l’équipement de nos écoles accompagné de monsieur l’Inspecteur et de l’équipe de la mairie.

La mairie prend en compte nos doléances en ce qui concerne l’école et les élèves. Nous voyons aussi le médecin scolaire, le dentiste, l’assistance sociale et les gendarmes quelquefois nous rendent visite.

À l’îlet à Bourse, les parents sont formidables et toujours partants pour ce que nous proposons aux élèves. Il existe une solidarité qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Cet îlet est peu habité : moins de 50 habitants. Lorsque l’école fait une manifestation, tous les habitants répondent présent et chacun apporte son aide.

L’école est bien équipée : tableau mobile, tableau numérique, 6 ordinateurs portables, 2 photocopieurs. On a Internet avec un routeur de SFR.

J’ai 2 élèves en CM2 qui vont aller en 6ème sur la côte : l’une à la Possession,l’autre à St Paul. Elles seront dans des familles d’accueil et ne monteront dans le cirque que pendant les vacances. Le départ de ces élèves est une déchirure pour les familles qui se font du souci et se posent beaucoup de questions.

Parfois, les enfants changent de famille quand ça ne fonctionne pas.

J’ai voulu retourner à Mafate par amour de Mafate : il y a ses paysages grandioses, ses habitants réservés, accueillants et attachants si on les respecte, ses élèves qui ne sont pas blasés, qui ne demandent qu’à apprendre et qui ont de grandes possibilités. Ici, on pratique la pédagogie différenciée. Les grands s’occupent des petits, les consolent. Ici, l’enseignant apprend aussi des élèves (en ce qui concerne la faune et la flore). Ils ne sont pas timides engagent des discussions, posent des questions et font des propositions.

Les difficultés que je rencontre à Mafate : ma radio ne capte pas ; je n’ai pas de télé donc je ne suis pas au courant des actualités ; la rivière en crue m’oblige à faire un demi-tour de l’île. Parfois on n’a pas Internet.

Il y a aussi des avantages : la sérénité, le calme, la beauté du site, la gentillesse des habitants. En termes pécuniers, je dispose de 150 € pour gérer les affaires de l’école. On a l’eau chaude et l’électricité par énergie solaire.

Je ne pouvais pas retourner à Mafate tant que mes enfants étaient en bas âge. Bientôt la boucle sera bouclée pour moi : il y a trente ans, je commençais ma carrière à Mafate la Nouvelle et je vais la terminer à l’îlet à Bourse. Au début de ma carrière dans le cirque, l’école n’était pas dotée. Il n’y avait que des meubles (vieilles tables d’écoliers avec bancs incorporés, tableau noir et armoire). Il fallait mendier auprès des écoles de la côte pour avoir des manuels, des jeux . . . il n’y avait pas de coopérative scolaire. Aujourd’hui, toutes les écoles du cirque sont équipées de la même manière et la coopérative existe. Pour approvisionner le compte, nous faisons des actions : kermesse, vente de tee-shirts de l’école, de confiture maison fournie par les parents, bijoux . . . »

Témoignage de Solange

Crédit photo : Rivière des galets, cirque de Mafate par Laurent Echiniscus

 

 

Le bilinguisme : un cheval de bataille du SE-Unsa

Le SE-Unsa a toujours pensé que la langue et la culture réunionnaises devaient avoir leur place dans l’enseignement à la Réunion.

Si les débats polémiques ont laissé la place à des considérations plus pédagogiques, il n’en demeure pas moins que le combat est loin d’être terminé.

En 2001, est créé le Conseil académique pour les langues et la culture réunionnaises chargé de promouvoir les langues et les cultures régionales et leur enseignement. Ce conseil, qui devrait affirmer une volonté académique, se réunit trop rarement et selon la volonté des différents Recteurs.

En 2012, il y avait 210 enseignants habilités pour seulement 20 classes bilingues… Les choses avancent mais trop lentement par rapport à l’urgence de la situation.

Le SE-Unsa se bat pour un véritable développement de l’enseignement bilingue, pour que les petits réunionnais, grâce à une meilleure maîtrise des deux langues, puissent améliorer l’apprentissage du français mais aussi d’autres langues.

Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra

Focus sur les DOM : Enseigner dans nos départements d’Outre-mer

Nombreux sont ceux qui pensent que DOM rime avec décors de rêve, soleil et cocotiers…

Mais cette image de carte postale cache une toute autre réalité. Loin des clichés, il s’agit de donner la parole à ceux qui vivent et travaillent dans ces départements et qui attendent des réponses concrètes correspondant aux situations spécifiques auxquelles ils sont confrontés. Syndicat utile, le SE-Unsa souhaite également sensibiliser l’ensemble des collègues qui envisagent d’aller y exercer.

Les départements d’Outre-mer sont des collectivités territoriales françaises au même titre que les départements ou régions métropolitaines. Chacun de ces départements constitue une région mono-départementale, dite « région d’outre-mer » depuis la révision constitutionnelle de 2003. Les cinq Dom sont la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte (depuis mars 2011). Éloignés les uns des autres et de la métropole, soumis à des climats et à des conditions matérielles souvent difficiles, héritiers d’une culture forte et d’une histoire qu’il faut assumer, les Dom font partie intégrante de l’École de la République. Leur éloignement géographique ne doit être synonyme ni d’oubli ni de désintérêt.

Les fonctionnaires des DOM : des privilégiés ?
Le statut particulier des fonctionnaires qui travaillent dans les DOM a été établi à une époque où il était plus difficile d’attirer des fonctionnaires dans ces départements. Enseigner dans les DOM signifie aussi travailler en Amazonie guyanaise, entre autres, un lieu qui n’est pas spécialement paradisiaque. Ainsi, des rémunérations plus importantes, des congés majorés, une retraite majorée, la « sur-pension » dont la disparition est programmée pour janvier 2028… tous ces « avantages » sont censés attirer les vocations.

On mute en claquant des doigts ?
C’est loin d’être aussi simple ! Il faut s’inscrire en tout état de cause, dans le dispositif national de permutation (dans le 1er degré) et de mutation. Comme les autres départements français, il faut remplir un certain nombre de conditions et passer à travers le tamis du « barème » mais aussi du calibrage des emplois. Plus la demande est forte, plus les chances d’obtenir un poste sont faibles. Cependant, la Guyane ou encore Mayotte étant moins demandées que la Guadeloupe, il sera plus facile d’y trouver un poste. Si les rémunérations des fonctionnaires qui partent enseigner danslesDOM sont plus élevées qu’en métropole, il ne faut pas oublier que le coût de la vie est aussi très élevé. L’avantage est donc relatif.

Les candidats au départ peuvent obtenir des renseignements plus précis auprès des rectorats de chacun des départements qui les intéressent. Se renseigner sur www.outre-mer.gouv.fr et sur le site des académies de chaque DOM.

Vous êtes enseignant en Guadeloupe ou vous vous préparez à partir enseigner dans ce DOM, renseignez vous sur www.ac-guadeloupe.fr et n’hésitez pas à contacter les représentants du SE-Unsa par mail et à vous rendre sur ce site.

Crédit photo : Vincent H

L’École pour tous : un défi à la Réunion

Ce n’est qu’en 1946 et avec la départementalisation que l’École a commencé à se développer.

Jusqu’en 1997, l’académie était la plus mal dotée de France, mais après de longues luttes syndicales, nous avons obtenu un plan de rattrapage de 1 900 postes sur quatre ans.

Si, de facto, cela a entraîné une amélioration du taux d’encadrement, il nous faut maintenant passer à une phase plus qualitative prenant en compte nos spécificités. La Réunion reste confrontée à un taux d’illettrisme élevé : en 2011, l’Insee dénombre 116 000 illettrés dont un jeune sur sept (sur environ 850 000 habitants) et démontre que les jeunes les plus touchés sont ceux dont la seule langue parlée dans leur famille est le créole.

Pour mieux lutter contre le décrochage de nombreux jeunes, nous avons besoin de moyens supplémentaires notamment en ASH.

Le SE-Unsa et l’Unsa-Éducation militent depuis toujours pour une reconnaissance de la langue et de la culture réunionnaise afin que soient prises en compte les réalités de l’apprenant pour un meilleur apprentissage du français : des classes bilingues doivent être développées dès l’école maternelle.

Sacrifiée ces dernières années, la scolarisation des enfants de 2 ans est une priorité, il faut renverser la tendance.

 

 Jean-François RIALHE, Secrétaire départemental du SE-Unsa

 Crédit photo : DrWNaucala

 

Mayotte : témoignage d’une enseignante de Rased

« Je m’appelle F. et je suis enseignante spécialisée au sein d’un Rased à Mayotte. Il est 6h et je suis déjà en route pour me rendre dans une école à 7 km de chez moi, car à Mayotte, la circulation est très problématique le matin et le trajet ne me prendra pas moins de 50 minutes, s’il n’y a pas de travaux !

L’école commence à 7h et finit à 12H15. À Mayotte, 24% des salles de classe fonctionnent par rotations. Quand il n’y a pas assez de salles de classes pour le nombre de divisions dans une école, l’école fonctionne alors en rotation: 7h-12h15, 12h30-17h45. Selon les écoles, certaines classes ne « rotent pas », ce sont souvent les CP. Les rotations peuvent s’effectuer toutes les semaines, tous les 15 jours ou par période, il faut donc partager sa salle de classe avec un autre enseignant.

6h55, je traverse lentement le village pour éviter les gouffres qui jalonnent la route, salue les familles qui emmènent les enfants à l’école. La pluie ne va pas tarder et la chaleur est déjà étouffante.
Bonjour à toute l’équipe : 11 enseignants travaillent ce matin et autant travailleront cet après-midi. À Mayotte, plus de 50% des écoles ont huit classes voire davantage (20% en métropole). 17 écoles ont plus de 500 élèves et 3 plus de 700. Et dire qu’il manque plus de 500 salles de classe !

Je vais chercher S. dans sa classe, je travaille avec elle chaque semaine. Elle m’accueille avec le sourire : les enfants sont contents de travailler en petit groupe, ils appartiennent souvent à de grandes fratries et les mamans ont peu de temps à leur consacrer. Aujourd’hui, elle a pu se rendre à l’école ce qui n’est pas toujours possible par temps de pluie : les bangas sont construits dans les pentes qui deviennent si boueuses qu’ils ne peuvent alors plus se déplacer. Parfois, les pluies ont inondé l’habitation et les vêtements sont trempés.
Je travaille toute la matinée dans cette école. Une petite salle a été aménagée pour accueillir le personnel itinérant : maîtres de Clin (il y a un nombre important d’élèves allophones nouvellement arrivés), maîtres + (ils travaillent essentiellement sur la langue française)*, enseignants spécialisés du Rased. Il nous a fallu organiser notre emploi du temps les uns en fonction des autres, puisqu’une seule salle est disponible et ici, il y en a une ce qui n’est pas toujours le cas.
La chaleur est étouffante: pas de ventilateurs dans les salles, ni de clim bien évidemment. Cet après-midi, il deviendra insupportable d’enseigner par cette chaleur, sous les tôles, et certains élèves s’endormiront.

9h : c’est l’heure de la collation. À Mayotte, les apprentissages sont d’autant plus difficiles que nombre d’enfants arrivent le ventre vide à l’école. Certes, une collation payante est proposée aux élèves et d’autres achètent des friandises aux « mamas » qui en vendent devant les grilles des écoles mais ces encas sont souvent gras et sucrés. Le personnel de santé redoute une augmentation très significative des cas de diabète dans l’avenir. Les enfants de familles pauvres ne mangent pas et restent 5h30 le ventre vide ce qui n’aide ni à la concentration ni à l’investissement scolaire.

Pendant la récréation, un maître contractuel parle de ses difficultés à enseigner et de son manque de formation. Un autre est à la recherche de paires de ciseaux : le matériel manque cruellement dans les classes. Parfois, les écoles sont cambriolées et se retrouvent démunies. La conversation s’oriente vers les rythmes scolaires qui ne concerneront pas cette école puisqu’elle est en rotation. Mais les questionnements sont là ; se pose le souci du repas de midi car il n’y a pas de cantine à Mayotte. Se pose aussi la question de l’école coranique, quand aura-t-elle lieu et l’enfant ne risque-t-il pas de vivre alors une journée très fatigante, loin des objectifs recherchés par cette organisation scolaire ?
Les enfants livrés à eux-mêmes pendant la journée reviendront-ils à l’école l’après-midi ?

Le directeur, lui, est en discussion téléphonique avec la mairie car une fois de plus, la fosse septique déborde. Les écoles sont souvent très délabrées : il n’est pas rare de voir les fosses septiques déborder, ou de ne plus avoir d’eau dans les toilettes. Les locaux peuvent être sales, peu entretenus. Peu d’écoles respectent les normes de sécurité. Les cours d’école ne sont pas équipées.
La matinée s’achève par une rencontre avec une maman. Les familles rencontrent des difficultés dans la compréhension des parcours scolaires, et manquent de repères dans le système scolaire. Très souvent, les mères s’occupent seules de l’éducation de leurs enfants. Les fratries sont nombreuses, les mères sont dépassées, démunies et ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants scolairement. La maman me remercie de m’occuper de son enfant, c’est touchant.

La matinée s’achève. Demain, je travaillerai le matin et l’après midi. Ainsi se succèdent les journées du lundi au vendredi, mercredi compris. »

*Beaucoup d’enfants ne parlent pas le français, ils ne fréquentent d’ailleurs cette langue qu’à l’école. Aucun enseignement de leur langue ne les aide à en comprendre la structure ce qui ne les aide pas non plus à comprendre celle du français. Le niveau scolaire est très faible, les effectifs des classes sont chargés.

Crédit photo : mwanasimba

Mayotte : des conditions d’enseignement précaires

La forte démographie est accompagnée d’une augmentation forte des effectifs scolaires, + 68 % en maternelle (64% des enfants seraient scolarisés à 3 ans) et + 8,3% en élémentaire, qui n’est pas sans poser des difficultés au niveau des infrastructures scolaires.
Certaines écoles fonctionnent par rotation en raison d’un manque de salles de classes (des élèves ont cours le matin et d’autres l’après-midi). Ce fonctionnement retarde la préscolarisation et nuit grandement aux apprentissages des élèves, donc à leur réussite scolaire, d’autant plus que pour la très grande majorité d’entre eux, le français n’est pas la langue maternelle et peut être partiellement (ou non) maîtrisée par les parents.
Les infrastructures souffrent également d’un manque criant d’équipement en matériel pédagogique et environ ¾ des écoles ne satisfont pas aux exigences des commissions d’hygiène et de sécurité.

Un département largement déficitaire en moyens humains
18% des enseignants exerçant dans le 1er degré sont des contractuels.
Mayotte souffre d’un déficit de maîtres formateurs (2.4%) qui jouent un rôle important dans la formation des collègues en formation initiale et continue des enseignants.

L’ASH en construction
Depuis quelques années, les structures, dispositifs et procédures propres à l’ASH tendent à se rapprocher des « standards » nationaux. Des structures propres à Mayotte disparaissent tandis que se développent les structures « classiques » :

o 44 Clis (+60% sur 5 ans)
o 12 Ulis (x3 en 5 ans)
o 71 ETP AVS (x5 en 5 ans)
o 50 ETP Rased
o 52 divisions de Segpa

Beaucoup de dispositifs sont récents (la Maison des Personnes Handicapées n’est créée que depuis 2010, alors qu’en métropole elles le sont depuis 2005), ce qui explique de nombreuses difficultés.
Beaucoup d’élèves sont scolarisés en Clis par défaut de places en IME, les plateaux techniques des ateliers de Segpa ne sont pas encore livrés alors que les élèves sont là, au regard des difficultés rencontrées par certains élèves, les Rased rencontrent des difficultés pour travailler dans de bonnes conditions.
Cette culture de l’aide spécialisée auprès des élèves en difficulté est également à construire au sein de certaines écoles.

Éric Hourcade, Secrétaire départemental du SE-Unsa 

Crédit photo : mariesophie Bock Digne

Martinique : témoignages

«Ce n’est pas facile tous les jours… mais je reconnais tous les efforts fournis par le syndicat pour nous aider, notamment concernant la procédure d’indemnisation. »

Sabine LOUIS-CORALIE, enseignante non titulaire 2nd degré

  «Nous avons pu conserver des postes cette année dans notre établissement grâce à l’action syndicale. C’est une chance que je mettrai à profit pour valoriser la filière bois autour de projets innovants sur la construction parasismique. »

Jérémie BOISSON, PLP génie-industriel Bois

  «J’ai enseigné la LVR pendant 3 ans. Ce fut pour moi très enrichissant et j’ai pu constater que l’enseignement du créole avait tout autant sa place que celui du français dans nos programmes du primaire. Mais, il reste encore beaucoup à faire ! »

Nathalie SAINT-LOUIS-AUGUSTIN, co-enseignante du programme « PARLER »

Crédit photo : Salim Shadid

 

Guyane : témoignages

«Je garde un excellent souvenir du fleuve à Maripasoula, les élèves sont agréables et la vie est très calme.»

Smith NOZAR, PE

 

«Le métissage culturel de mes élèves m’a permis de réajuster mes pratiques professionnelles et de les enrichir.»

Jocelyne DEFORT-VALERE, enseignante en Segpa

 

«La majorité de mes élèves sont allophones. J’ai donc suivi une formation en FLE pour être plus efficace.»

Ingrid MENCE, PLC stagiaire

 

«J’ai été affecté sur le fleuve à Grand-Santi et ne voulais pas aller aussi loin. Souvent confronté à des coupures d’eau, d’électricité et de télécommunications, je retiens le bon côté des choses, mon travail contribue au succès des élèves du fleuve.»

Ludovic MONCY, contractuel  2nd degré

Crédit photo : Jo Be

 

 

Un combat de tous les instants, combler le déficit d’enseignants

Nous luttons pour une université de qualité en Guyane qui permettra, avec l’Espé, de former sur place nos futurs enseignants.

Nous militons auprès des collectivités locales et des responsables politiques pour un accompagnement de ces étudiants dès le Bac afin d’augmenter le taux de réussite en master et ainsi avoir plus de candidats potentiels aux concours (CRPE, CAPES).

Nous avons refusé la délocalisation du CRPE proposée par le Recteur car elle n’aurait pas réglé la question du turn-over des enseignants.

Nous continuons à  réclamer l’amélioration du taux de satisfaction des permutations informatisées afin de garantir une compensation des départs. L’attractivité de notre académie est en question, l’un des leviers en est l’IGS (prime).

En attendant, nous incitons nos contractuels (20% des enseignants) à accéder à la titularisation.

 Didier Dorlipo, Secrétaire départemental du SE-Unsa

Crédit photo : Yannick TURBE

Comprendre Mayotte en quelques chiffres

  • 31 mars 2011 : accession au statut de DOM
  • Population multipliée par 3 entre 1985 et 2012
  • Natalité élevée (près de 7000 naissances en 2012) qui se traduit par une augmentation des effectifs chaque année de 2000 à 4000 élèves
  • Mayotte est le département français où la part d’étrangers est la plus importante (avant le département de la Guyane). Entre 40% et 50% de la population n’est pas de nationalité française, beaucoup d’entre eux sont en situation irrégulière.
  • 2 résidences principales sur 3 sont encore dépourvues du  confort de base(1).

Les habitats en tôle restent très présents, seul 1 sur 3 bénéficie d’un point d’eau à l’intérieur du logement, et la quasi- totalité ne dispose d’aucune installation sanitaire.

  • Parmi les 15 ans ou plus, un habitant de Mayotte sur trois n’a jamais été scolarisé (contre moins de 2 % en France métropolitaine).
  • 56 % des jeunes de 15 à 29 ans qui ont achevé leur scolarité n’ont obtenu aucun diplôme qualifiant (19 % en France métropolitaine).

 

Résultats de l’année 2013 CM2
Math Fran
Evaluations « nationales »Acquis insuffisants 58% 64%
Evaluations « nationales »Acquis fragiles 17% 16%
75% 80%
Taux de réussite (%)
DNB BAC Général BAC Techno. BAC Pro.
65.7 67.2 54.7 68.2

(1)Pour l’INSEE, un logement est considéré sans confort de base s’il ne dispose pas à l’intérieur d’au moins un équipement suivant : eau courante, électricité, WC, douche ou bain.

Crédit photo : mariesophie Bock Digne

 

Guyane : terre d’accueil et d’innovation !

Le public scolaire en Guyane est essentiellement regroupé dans les communes du littoral (Cayenne, Kourou, Matoury) et au bord des grands fleuves, le Maroni à l’ouest (Saint-Laurent, Maripasoula, Grand-Santi) et l’Oyapock à l’est. Ces communes sont très éloignées les unes des autres. Ainsi, certains élèves sont  transportés vers leurs écoles en pirogue, ce qui n’est pas sans originalité !

 

Autre particularité, le français, le créole, le brésilien, l’espagnol, le bushinenge (langue du fleuve), le chinois, et le surinamais se pratiquent dans les cours de récréation. Notre population scolaire est multi-ethnique, multi-culturelle et multi-langues.

 

Notre démographie galopante (taux de natalité élevé, immigration), entraîne des besoins en construction scolaire et en personnels toujours croissants.

 

La maîtrise de la langue est la « priorité des priorités ». Des réponses innovantes ont été apportées et complètent les dispositifs nationaux (maîtres surnuméraires) :

–        intervenants en langue maternelle (ILM) dans les classes primaires ;

–        classes bilingues (français/créole) du primaire au collège ;

–        classes de proximité dans les sites isolés ou difficile d’accès ;

–        maîtres itinérants ;

–        multiplication des formations FLE  et FLS au PAF académique.

 

Pour tous renseignements complémentaires se rendre sur www.ac-guyane.fr ou contactez votre section locale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Martinique : du dynamisme dans un contexte morose

La Martinique est une académie de 74 877 élèves, 1er et 2nd degré confondus.

Plus de 8 680 adultes (dont 7 643 enseignants) se répartissent dans les 237 écoles et 66 EPLE publics.

La population scolaire représente ainsi 20% de la population totale de l’île.

Derrière ces chiffres, qui mettent en exergue le dynamisme de notre académie, se cache une toute autre réalité ; celle d’une Martinique qui vieillit ! Selon l’Insee, les personnes âgées de 60 ans et plus, estimées à 20% de la population en 2009, représenteront près de 40% en 2040. En outre, notre académie se singularise par l’ampleur du décrochage scolaire. Ainsi, on estime à 22% les jeunes de 20 à 24 ans non scolarisés qui n’ont pas obtenu de diplôme du second cycle de l’enseignement secondaire. Enfin, nous sommes confrontés à un taux de chômage très élevé, soit 21% de la population active, qui touche fortement les femmes et les jeunes de moins de 30 ans sans diplôme.

Ce contexte démographique et social assez morose devrait bien évidemment avoir un impact direct quant à la mise en œuvre, par les autorités rectorales, d’une politique éducative adaptée et de qualité. Or, depuis 10 ans, leur réponse implacable, unilatérale et indifférenciée à une problématique qui réclame pourtant une approche innovante, ambitieuse et spécifique, consiste à supprimer des postes, soit près de 800, pour répondre à des injonctions budgétaires ministérielles !

Le SE-Unsa sur le terrain

Notre combat consiste à trouver des solutions adaptées afin de pallier les effets négatifs de ces phénomènes.

C’est ainsi que nous avons réussi, après 3 ans d’efforts et de rapport de forceavec le rectorat et le ministère, à affecter sur les postes vacants les stagiaires et les néo-titulaires du 2nd degré qui le souhaitent, et freiner ainsi le départ de nos forces vives.

De même, nous avons lutté pour obtenir le maintien des petites écoles de quartier, pour agir lutter contre la désertification des services publics dans les campagnes et ses conséquences tant démographiques qu’économiques.

Nous plaidons également en faveur d’un « label qualité » de notre enseignement en promouvant une formation générale, et post-bac en particulier, assez diversifiée pour permettre à nos jeunes de poursuivre leurs études dans l’île.

Nous réfléchissons en ce moment avec les enseignants et directeurs de Segpa, (en y associant les PLC et PLP) à des propositions concrètes de mise en œuvre d’une politique spécifique de l’enseignement spécialisé adaptée et dénuée de toute connotation péjorative.

Notre syndicalisme est un syndicalisme de terrain, très actif et très au fait des réalités locales : une réelle force de propositions et d’actions.

Marlène LECEFEL, Secrétaire départementale du SE-Unsa

Crédit photo : Tach_RedGold&Green

 

 

 

 

 

 

Des gestes professionnels à affiner

Accompagner les élèves en primaire, c’est d’abord dans la classe pendant les activités d’apprentissage. Cela suppose des organisations pédagogiques adaptées et une formation à des gestes professionnels spécifiques (observation, écoute active, entretien d’explicitation…) qui pour le moment manque cruellement.

Outre les temps de classe et l’indispensable accompagnement effectué par les personnels RASED ( ceux qui restent !) un nouvel espace peut être investi dans ce but : celui des APC. En effet il est possible de prendre des groupes restreints d’élèves, pas forcément en difficulté, pour organiser des accompagnements adaptés à leurs besoins. Quels besoins ? Il y en a beaucoup auxquels il est plus facile de répondre avec un petit effectif : s’exprimer à l’oral, coopérer, s’organiser dans son travail, préparer un exposé, mener à bien un projet…
Ce sont des occasions à saisir pour observer finement nos élèves au travail, se retenir de parler et de trop intervenir pour les regarder faire et échanger entre eux.

Accompagner, c’est d’abord essayer de comprendre comment ils fonctionnent, débusquer leurs points forts et leurs points faibles, chercher avec leur aide comment ils pourraient progresser sur tel ou tel point, construire des réponses à tester, réajuster, tâtonner avec eux en quelque sorte…

Les APC devraient pouvoir être notre “laboratoire” de l’accompagnement, un moment privilégié pour mieux connaître nos élèves et tester des façons d’accompagner, à réinvestir dans le temps de classe.

Crédit photo : flickingerbrad via photopin cc

Accompagner, jusqu’où ?

Nathalie Liotard est enseignante en Coordination pédagogique, ingénierie de formation (CPIF). Elle exerce  dans l’académie de Lille sur la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS). Nathalie intervient sur des actions de remobilisation et des actions de qualifications de niveau IV, sur le bassin d’éducation et de formation de Béthune Bray la Buissière. Deux autres collègues CPIF, soit 3 ETP (emploi temps plein) au total œuvrent à lutter contre le décrochage scolaire sur un bassin qui compte 24 collèges, 10 SEGPA, 7 LP et 7 LGT. 

Peux tu nous préciser en quoi consiste ton activité professionnelle ?

Mon activité professionnelle répond à une mission de l’Ecole : « garantir l’égalité des chances »  pour que chaque élève en construisant son avenir professionnel devienne un acteur au sein de la société  et donc un citoyen épanoui. Notre mission est donc de prévenir le décrochage scolaire mais aussi d’y remédier en favorisant le retour en formation afin que l’élève décrocheur accède à une qualification. Cette activité professionnelle, cette mission, s’inscrit également dans un contexte européen (Stratégie Europe 2020). Enfin, la France s’est fixée comme objectif le retour en formation en 2013/2014 de 20 000 jeunes ayant abandonné la scolarité sans atteindre un niveau de qualification de type CAP au minimum. Afin de répondre aux objectifs, La Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS) s’articule autour de deux objectifs principaux :

  • Prévenir les sorties prématurées du système scolaire en anticipant les causes,
  • Garantir à tous les élèves un plus large accès à un niveau de qualification reconnu.

La MLDS accueille toute l’année les jeunes en rupture scolaire pour les remobiliser et préparer ou conforter les bases de l’accès à l’entrée en formation qualifiante. Elle coordonne et gère ces sorties au niveau académique et décide des structures à mettre en place dans les établissements avec leur collaboration. Différentes actions de formation sont proposées allant de la remobilisation avec une découverte des métiers et un travail d’élaboration de projet professionnel à des repréparation aux examens (du cap au bac). Cette mission est transversale car elle concerne l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire. La réalisation de ces deux objectifs suppose une logique de projet en établissant un diagnostic des besoins identifiés selon la méthodologie de l’ingénierie de formation et de la coordination pédagogique. Les actions sont cofinancées en partie par l’Europe dans le cadre du Fonds Social Européen. Enfin, notre activité professionnelle est déclinée dans le référentiel d’activités  des personnels titulaires du CAPES ou PLP dans la spécialité « Coordination Pédagogique et Ingénierie de Formation » (arrêté du 27/04/2001).

Quelle type de formation exige-t-elle ?

Je  suis entrée à l’Education Nationale en septembre 1999 avec un DESS (master) Ingénierie des Ressources Humaines des Institutions Educatives. Avec  une maîtrise du système éducatif français et des notions de ceux de nos voisins européens ; un cadre de réflexion complété par une méthodologie de projet, furent de bonnes bases solides pour démarrer dans le métier. Ce master est, entre autres, dispensé à Lille 3, académie où j’exerce, sous l’intitulé : « MASTER sciences et métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation Encadrement, conseil et orientation en éducation Ressources Humaines dans les Institutions éducatives ».

Selon toi l’accompagnement des élèves décrocheurs requiert il des compétences spécifiques ?

Il est essentiel d’établir un diagnostic de situation pour pouvoir l’analyser et en dégager les besoins en l’articulant aux objectifs nationaux et européens. Il s’agit d’anticiper et de concevoir ; puis viennent le conseil, l’impulsion, la coordination, l’animation, la communication et l’évaluation.

Accompagner de jeunes décrocheurs, nécessite de posséder des connaissances et des compétences en psychologie de l’adolescent ainsi que sur les pratiques d’entretien. En effet, être dans une  posture injonctive, de commentaires, de jugement nuit à l’approche réflexive dont le jeune a besoin pour se projeter et faire des choix.

C’est aussi consolider une dynamique d’insertion en instaurant et en confortant un réseau partenarial pour créer des « alliances pédagogiques » Les fonctions du Coordonnateur MLDS peuvent se décliner en quatre catégories :

  • Ingénierie de Formation,
  • Coordination Pédagogique,
  • Enseignement des Techniques de Recherche d’Emploi (TRE),
  • Accompagnement individualisé, personnalisé.

Il est à noter que la part administrative et financière (projet/budget) liée aux exigences de l’Europe dans le cadre de sa contribution financière, s’accroît à chaque rentrée.

En quoi l’accompagnement est ou n’est pas un acte pédagogique ?

C’est une notion qui intervient dans de nombreux domaines : médical, social, éducatif, enseignement… J’entends, dans l’accompagnement, la notion d’aide. C’est aider à prendre conscience, à procéder à un changement. Ce processus passe par une connaissance de soi, de ses potentialités. C’est par ailleurs mettre du sens sur une situation, dans ce cas précis le décrochage scolaire. C’est également analyser et lever les freins. L’accompagnement comprend aussi la notion de guidance. C’est favoriser l’action de faire un ou des choix possibles, prendre une direction, celle d’un parcours scolaire réussi. Ce cheminement se réalise grâce à la prise de conscience de l’existence de compétences en matière de savoir, de savoir-faire et de savoir-être. C’est enfin rendre autonome l’élève, acteur dans l’élaboration de son projet professionnel. L’accompagnement est un acte pédagogique qui est d’ailleurs une pratique reconnue dans l’Education Nationale :

  • L’accompagnement éducatif dans les écoles de l’éducation prioritaire avec l’aide personnalisée et les stages de remises à niveau pour les CM1 et CM2
  • L’accompagnement personnalisé de la sixième à la terminale générale, technologique et professionnelle.
  • L’accompagnement éducatif
  • le Programme personnalisé de réussite éducative (PPRE)…

Cet acte pédagogique répond à la lutte contre le décrochage scolaire.

Propos recueillis par Christine Savantré