Comment forme t-on les profs doc à l’Espé ?

Formation des professeurs documentalistes en Espé, où en est-on ? Le SE-Unsa a interviewé un formateur pour faire le point sur les contenus de formation et les évolutions à venir.

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous décrire ton activité de formateur ?

Je suis professeur-documentaliste certifié et après un parcours en établissement scolaire et dans le réseau Canopé, je suis en poste à l’Université Rennes 2 où je suis co-responsable du Master Meef Documentation et du Deust « Métiers des bibliothèques et de la documentation ». Ces formations dépendent du département Lettres qui propose plusieurs formations professionnalisantes dans le domaine des bibliothèques et de la documentation (DU, Deust, Licence professionnelle, Master). S’agissant du Master Meef, outre la co-responsabilité du parcours Documentation, j’interviens essentiellement au niveau de la première année pour la préparation de l’épreuve écrite de maîtrise des savoirs académiques et de l’épreuve orale sur dossier.

Les sciences de l’information et de la communication sont au coeur de la formation des professeurs documentalistes , que penses-tu de leur prise en compte dans l’enseignement secondaire et du rôle qu’elles pourraient jouer dans la formation des élèves ?

Les SIC constituent une science jeune (1975) si on les compare avec les autres disciplines universitaires. Elles sont nées du croisement avec d’autres disciplines (bibliothéconomie, sociologie, économie, informatique…). Cet aspect transdisciplinaire montre bien leur richesse et il me semble que l’apport des SIC dans la formation des élèves est essentiel pour aborder les grands bouleversements liés à l’utilisation massive et quotidienne de l’information, qui mobilise de nombreuses compétences, qui ont trop souvent été considérées comme « allant de soi » et ne nécessitant pas de véritable formation.

Tu es responsable du master Meef Documentation sur Rennes 2, quel regard portes-tu sur la formation actuelle des profs-docs et sur leur profil ?

Nos étudiants ont des profils très variés, même s’ils sont souvent issus des sciences humaines et sociales. Nous avons aussi des personnes en reconversion avec des parcours professionnels différents. Globalement tous arrivent en M1 avec peu de connaissances en SIC, sauf parfois quelques étudiants, issus de filières telles que «Bibliothèque et documentation » mais ils ne sont pas majoritaires. Nous avons, entre le début du Master et les écrits du Capes, environ six mois pour leur transmettre une culture info-documentaire, sans parler du travail sur la méthodologie des épreuves, ce qui est court et rend l’année de M1 particulièrement lourde, pour ce qui est de la charge de travail avec des connaissances qui, parfois, peuvent être fragiles.

Avec l’évolution des formations initiales, quelles vont être les principaux changements que vous prévoyez dans l’organisation du parcours des futurs profs-docs ?

Nous attendons d’en savoir un peu plus, à la fois sur l’organisation du concours et la place des écrits dans le master et sur le contenu des épreuves. L’année prochaine sera une année de transition et de préparation de ces évolutions et notamment des nouvelles maquettes.

Dans un monde idéal, si tu pouvais redessiner la formation des profs-docs, que changerais-tu ?

Je pense que la variété des profils est une richesse et qu’il faut la garder, mais qu’il est essentiel de renforcer le socle de connaissances communes aux futurs professeurs-documentalistes, en ayant plus de temps avant le concours pour stabiliser l’acquisition des savoirs fondamentaux, dont le champ s’élargit et se complexifie en permanence. Il y a quelques années, par exemple, nous abordions très rapidement la question de l’économie de l’information. Cette question est devenue fondamentale et ne peut pas se traiter en deux heures. L’Université met en place des parcours de pré-professionnalisation qui peuvent être une des solutions. Par ailleurs, au-delà du travail didactique sur les objets de l’info-documentation, le travail en collaboration avec les autres disciplines doit être renforcé, au niveau la formation initiale. Des initiatives sont prises en ce sens à l’Espé. C’est important si l’on veut que de bonnes habitudes soient prises par les jeunes enseignants et qu’elles se répercutent pas la suite sur le terrain. Je pense également qu’il est fondamental de renforcer cette approche réflexive sur sa pratique qu’est le mémoire dans une logique de recherche-action.

Crédit photo : Gerd Altmann de Pixabay CCO Public Domain

« Femmes en sciences » : le SE-Unsa soutient le projet des étudiants en sciences

Le SE-Unsa a engagé un travail de collaboration avec les associations étudiantes qui couvrent des disciplines scolaires. Ces associations formulent régulièrement des propositions sur l’orientation et sur les programmes scolaires.
L’AFNEUS, qui couvre les disciplines scientifiques, a ainsi fait de nombreuses propositions sur les programmes de l’enseignement scientifique de tronc commun pour la réforme du lycée.
Cette association, qui fait partie de la FAGE, première organisation représentative chez les étudiants, s’investit aussi pour changer l’image des disciplines scientifiques. Le SE-Unsa donne la parole à Guillaume Hérrault, président de cette fédération pour présenter leur action « femmes en sciences » et vous propose de remplir l’enquête AFNEUS.

Pourquoi votre association s’est lancée dans ce projet ?

L’AFNEUS – Association Fédérative Nationale des Etudiant·e·s Universitaires Scientifiques – s’est lancée dans le développement du projet « Femmes En Sciences » afin de sensibiliser, la jeunesse principalement, sur la place des femmes dans les cursus et carrières scientifiques. En effet, encore aujourd’hui, les chiffres de la proportion des femmes dans les filières scientifiques restent très bas : 22,5% des étudiants dans des DUT scientifiques sont des étudiantes à titre d’exemple. Face à ce constat, l’AFNEUS et son réseau d’une trentaine d’associations étudiantes réparties sur le territoire métropolitain, a décidé de se saisir de cette problématique et d’être force de proposition afin de trouver des actions et des mesures concrètes pour permettre de lutter contre l’autocensure des jeunes filles et réduire les biais sexistes existants. Cela passera notamment par un travail de sensibilisation et de déconstruction de préjugés au contact des jeunes et via des campagnes de communication sur les réseaux sociaux très prisés par ce public.

En quoi les programmes scolaires ne laissent-ils pas assez de place aux femmes selon vous ?

Je répondrai à cette question par une autre : « Pourriez-vous citer le nom des trois femmes scientifiques ?« . Non ? Malheureusement, hormis Marie Curie, peu de femmes scientifiques scientifiques sont connues et reconnues pour leurs travaux. Pourtant elles sont nombreuses, à l’instar de Rosalind Franklin, Hedy Lamarr, Lise Meitner, Françoise Barré-Sinoussi ou encore Claudie Haigneré. La cause est simple, elles sont absentes des programmes scolaires ce qui entraînent une méconnaissance totale de ces figures scientifiques féminines au profit de leurs homologues masculins.

Concrètement, quel type d’actions voulez-vous mener à l’école ?

L’AFNEUS a lancé en janvier de cette année un projet se nommant « Femmes En Sciences ». Celui-ci comporte neuf actions, a pour but de déconstruire les préjugés et stéréotypes entourant les femmes et les sciences, et de sensibiliser sur la place de ces dernières dans le monde scientifique. Une des actions est d’ailleurs actuellement en cours, il s’agit d’une consultation citoyenne sur « La place des femmes dans les cursus et carrières scientifiques » disponible en ligne pour tout type de public, d’un public collégien à un public de professionnelles et de professionnels de tous horizons. Nous vous proposons par ailleurs d’y répondre et d’inviter vos élèves à participer également en répondant le plus honnêtement possible. Lien du sondage : https://urlz.fr/9ziD.

Le but de cette enquête est de pouvoir déterminer les bassins de vie et les publics cibles afin d’orienter les autres actions de ce projet comme des interventions en présentiel dans les établissements afin de démontrer l’apport des femmes dans les sciences et de les sensibiliser à ces questions par le biais d’un « serious game » par exemple.

De nombreuses autres actions sont également prévues comme la création d’expositions qui seront mises à disposition des écoles, des collèges, des lycées, des universités mais également des collectivités territoriales en faisant la demande. 

Un document de présentation globale du projet est en ligne et disponible ici.

Que doit-on faire au lycée pour assurer l’égalité femmes hommes dans l’accès aux filières scientifiques ?

Le lycée est une période importante de développement des élèves, ils et elles doivent réfléchir à leur avenir et réaliser des choix assez précoces dans leur orientation, au vu de la réforme du baccalauréat en cours et du choix des spécialités. 

Les actions à mener au sein des lycées sont donc principalement axées sur l’orientation, et ce dès l’entrée dans l’établissement. L’AFNEUS et son réseau pourront notamment participer à cela au travers des interventions prévues dans le cadre du projet « Femmes En Sciences » mais également de sa plateforme d’orientation dans les études scientifiques nommé « Etudiant En Sciences » qui sera mise à jour d’ici la rentrée 2019.

De plus, un travail de sensibilisation doit être effectué et être un travail sur la durée incluant les « prescripteurs et prescriptrices de l’orientation ». En effet, afin de ne pas (ou ne plus) biaiser les choix des élèves, il faut que les conseils ou recommandations ne contiennent pas des biais de « cursus genrés » encore bien ancrés dans la société. Il est enfin temps de dire que : « Oui, les femmes ont toute leur place dans l’ensemble des disciplines scientifiques, tant la biologie que la mécatronique ! »


Enseignements artistiques : 3 expériences et 3 manières de vivre l’enseignement

Alors que l’Inspection Générale de l’Éducation Musicale mène une mission sur les enseignements artistiques au collège, le SE-Unsa est allé à la rencontre d’enseignants d’arts plastiques et d’éducation musicale : Quelles sont leurs conditions d’exercice, leurs aspirations professionnelles et comment voient-ils la place des enseignements artistiques dans le système éducatif ? Martine, professeure d’éducation musicale, Sabrina, professeure d’éducation musicale et Christelle, professeure d’arts plastiques, ont accepté de répondre à nos questions.

À quoi ressemble votre vie d’enseignant dans votre établissement et votre salle de classe ?

Martine : Je suis sur 3 établissements ruraux distants. Après plusieurs années, j’ai enfin une salle uniquement destinée à la musique dans le premier établissement. Elle est très petite, sans table (ce que je n’ai plus depuis 1995, sauf quand je n’ai pas le choix), les chaises ont des tablettes, avec un piano électrique de qualité, une chaîne hifi de qualité. Nous n’avons que des percussions fabriquées par les soins de l’agent ou des élèves : baguettes, tuyaux, oeufs de k… et bien sûr un ordi avec vidéoprojecteur sur le tableau blanc. Mais dans le 2ème établissement je n’ai pas de salle dédiée, donc des tables, un piano électrique de qualité (acheté à mon arrivée, ce qui a pris 2-3 ans d’attente sans avoir rien du tout) et une chaîne stéréo à bas prix (on n’entend pas tous les sons !). Je fais chanter les CM2 de l’école qui représente la moitié de nos élèves de 6ème sur des projets communs école-collège en produisant des spectacles et des enregistrements.

Christelle : Je travaille dans un établissement urbain assez récent, cependant si la salle est lumineuse et spacieuse, elle n’a pas de rideaux ni d’équipement informatique. À partir de là, comme les nouveaux programmes sont très tournés vers l’informatique, je suis en difficulté. Alors je bidouille avec une valise à tablettes, mais il n’y a pas moyen de faire basculer les images des élèves sur les ordinateurs pour les imprimer, ou les mettre dans leur casier numérique. Rester dans les clous au niveau du programme à ce niveau-là, reste donc un parcours du combattant. J’ai essayé de créer des liens avec les enseignants des écoles du secteur, cela a bien pris, mais il nous manque le temps pour travailler ensemble, ce qui est frustrant.

Sabrina : Je suis dans un établissement urbain classé REP+ (quartiers nord de Marseille). Dans ma salle j’ai opté pour le maintien des bureaux, contrairement à de nombreux collègues qui sont passés aux pupitres. Je dispose d’un instrumentarium très correct : une batterie, deux claviers en sus du piano prof, des congas et des claviers enroulables.

Est-ce que vos programmes disciplinaires vous plaisent ?

Martine : Trop de liberté. Certes, c’est pratique pour nous, mais du coup on a tendance à toujours se renouveler ! Ce qui nous fait beaucoup de travail. Mais quand un élève arrive d’un autre collège, il est perdu parce qu’il n’a pas vu les mêmes notions, ou n’a pas fait beaucoup de chants, ou d’écoutes, etc. En fait, tels qu’ils sont formulés, les programmes n’existeraient pas, ce serait la même chose. Il faudrait vraiment qu’un travail soit fait par nos inspecteurs à ce sujet.

Christelle : Les programmes me plaisent, car ils restent très ouverts. Néanmoins, le tournant informatique en arts, alors que les enfants passent déjà beaucoup de temps sur les écrans, m’embête. Je préfère me battre pour qu’ils sortent et se remettent en rapport avec la nature.

Sabrina : Les programmes disciplinaires sont très peu directifs. C’est évidemment un avantage au niveau de la liberté pédagogique laissée à l’enseignant. Mais cela présente également un inconvénient majeur puisque deux élèves du même niveau peuvent avoir un parcours totalement différent en fonction de leur enseignant. Cela contribue à donner aux enseignements artistiques l’image de discipline « secondaire » qui est la leur.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’enseignement de votre discipline ?

Martine : Justement cette liberté pédagogique, malgré tout, car elle permet, quand on le prépare ensemble, de s’inscrire dans des projets (sous toutes formes) très différents selon les années, ou les envies. Le plus délicat et agaçant, c’est que les élèves et leurs parents s’attendent soit à ce qu’ils apprennent un instrument individuellement, soit à ce qu’on fasse une sorte d’animation genre colonie : chansons à la mode, écoute de morceaux à la mode. C’est chaque année une bataille de faire comprendre à certains que ce n’est pas le but, et que nous sommes là plutôt pour leur faire faire des choses auxquelles ils n’auraient pas pensé ou leur faire écouter et chanter ce qu’ils ne connaissent pas. Plus les élèves avancent dans le collège, plus c’est difficile.

Quelque chose à rajouter en conclusion ?

Christelle : Ce qui me plaît, c’est la possibilité de me fondre dans la plupart des projets du collège.

Sabrina : L’aspect très agréable de notre métier est lié au fait que nous dépendons peu des acquis strictement scolaires. Les élèves en grande difficulté découvrent une discipline différente, dans laquelle ils peuvent être en situation de réussite, en faisant appel à des compétences peu valorisées dans les disciplines plus scolaires.

Crédit photo : Moose Photos from Pexels

Le parcours de Meghan, stagiaire PsyEN

Durant vos années lycées, vous vous impliquez dans la dynamique de projets via le milieu associatif. Quel était l’objectif de l’association « Atouts Jeunes » ? Comment avez-vous réussi à organiser un voyage d’une semaine en Irlande ?

L’objectif de cette association est de proposer des cours afin d’améliorer le niveau d’anglais de ses membres. Elle organise des voyages financés par les membres eux-mêmes. J’ai donc pu réaliser un voyage en Irlande en auto-financement avec cette association à travers des actions comme la vente de gâteaux pendant la période de Noël ou encore la vente de tickets de tombola.

Après un Bac STG spécialité marketing, vous vous inscrivez en Licence de Psychologie à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Montpellier. Comment expliquez-vous ce renoncement à des études commerciales auxquelles vous sembliez vous destiner ? Pourquoi avoir opté pour une pré-spécialisation en psychologie du travail social ?

J’ai décidé de changer d’orientation scolaire car j’avais envie de découvrir la psychologie plus en détails. De plus, les possibilités scolaires après ce bac STG ne me convenaient pas. J’ai décidé de me pré-spécialiser dans la psychologie du travail et du social car je travaille tous les étés depuis mes 18 ans dans une usine. Dans cet univers professionnel, j’ai pu me rendre compte des dysfonctionnements tant au niveau personnel que professionnel. L’aliénation au travail que j’ai pu observer constitue le premier élément qui orientera mes études. En effet, les conditions de travail dans lesquels évoluent ces individus peuvent faire émerger un ensemble de pathologies de plus en plus médiatisées comme le burnout ou encore le harcèlement au travail. Le travail en tant que psychologue devient donc de plus en plus important dans le monde professionnel. Cela me permet donc d’envisager mon avenir plus sereinement au vu de l’augmentation des demandes concernant ces problématiques. C’est pourquoi, j’ai décidé de me spécialiser en psychologie du travail.

Durant votre troisième année de licence, vous rédigez un mémoire en articulant le style de leadership et la reconnaissance au travail. Quelle était votre problématique et les grandes conclusions de votre recherche ?

En effet, j’ai réalisé mon premier mémoire dans l’usine où je travaille tous les étés. Celui-ci avait pour problématique de découvrir dans quelle mesure le style de leadership pouvait avoir une influence sur la reconnaissance perçue par les travailleurs. La conclusion de ce mémoire est que plus le style de leadership est autoritaire et moins les travailleurs percevront de la reconnaissance. J’ai obtenu ces résultats en réalisant un questionnaire composé d’une cinquantaine de questions que j’ai pu diffuser auprès de deux équipes travaillant à la chaîne dans une même entreprise. La différence entre ces deux équipes est le style de management de leur chef d’équipe, l’un étant plus autoritaire que le second.

Admise en Master, vous faites le choix d’une spécialisation en intervention psycho-sociologique du travail et de la santé. Votre recherche, présentée devant la SFP (Société Française de Psychologie), porte sur le niveau d’intégration et de considération des stagiaires en entreprise. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Mon mémoire de première année de master portait sur l’objectification (considérer une personne comme un objet, lui enlever tout attribut humain comme ses émotions), l’auto-objectification (se percevoir soi-même comme un objet et intégrer la vision objectifiante d’un individu) , la conscience de soi (se connaître et deviner l’image renvoyé aux autres), le harcèlement et les normes auprès d’un public de stagiaire. On voulait savoir dans quelle mesure l’objectification pouvait influencer tous les autres concepts. La principale conclusion est que plus on objectifie le stagiaire et plus il va s’auto-objectifier. La conscience de soi quant à elle va être protectrice de ce phénomène.

Lors de votre deuxième année de Master, vous bénéficiez d’un stage dans une grande station de ski des Alpes. Votre problématique met en relation les comportements à risque et le stress au travail. Quels sont les deux points marquants qui ressortent de vos observations ?

Premièrement, les comportements à risque liés à la prise d’alcool ou de drogue chez les saisonniers en station de sports d’hiver sont dus en partie à la création des liens sociaux. C’est-à-dire que les saisonniers vont consommer de l’alcool pour des raisons sociales et festives afin de tromper l’ennui ou combler le stress ressenti au travail. Le deuxième point qui ressort de mon analyse est qu’il n’existe pas un espace communautaire où les saisonniers pourraient se rendre afin de jouer, de rencontrer des personnes, de pouvoir aller sur Internet hors cadre festif.

Vous découvrez la fonction de PsyEN par un stage obtenu dans un RASED de Haute-Saône situé en milieu rural. Quels sont les éléments marquants de cette « aventure » ? Qu’en concluez-vous pour la construction de votre avenir professionnel ?

Les éléments qui m’ont marqué sont :

  • Les nombreuses difficultés rencontrées par le corps enseignant, la psychologue de l’éducation nationale et les familles propres au contexte économique et social.
  • La spontanéité des enfants à venir d’eux-mêmes demander conseil et prendre rendez-vous auprès de la psychologue.
  • La persévérance et l’attention que porte les enseignants sur le bien-être des enfants.

Ce lieu de stage m’a permis d’envisager un avenir professionnel auprès d’un public d’enfant. En effet, un des éléments sur lequel j’accorde beaucoup d’importance est le sentiment de me sentir utile et de pouvoir aider dans la mesure du possible ces enfants et familles en difficulté. De plus, le métier de PsyEN est très diversifié et les journées ne se ressemblent pas même si certaines missions perdurent dans ce métier. Il faut réussir à s’adapter sans cesse aux difficultés spécifiques des enfants. Cela constitue donc un argument supplémentaire pour envisager mon avenir professionnel auprès de ce public.

Quelque chose qui n’a rien à voir avec la psycho et que vous avez envie de faire partager : un livre, un film, une conférence…

Les écrivains François Bégaudeau, Juan Franco et Lovecraft. Les chaînes Youtube comme « Thinkerview » et « Tedx Talks ».

Meghan Chautard, stagiaire PsyEN

Lire les Cahiers Pédagogiques pour faire notre miel

L’organisation des ressources pédagogiques et documentaires de l’établissement fait partie des grands axes de la circulaire de missions des professeurs documentalistes du 28 mars 2017. Au-delà de la recherche de ressources pour les élèves, que peut-on proposer pour les enseignants ? Le SE-Unsa revient sur cette question avec Cécile Blanchard, la rédactrice en chef de la revue des « cahiers pédagogiques » à laquelle de nombreux CDI sont abonnés.

Peux-tu nous présenter les Cahiers pédagogiques en quelques mots ?

C’est une revue associative publiée par le Cercle de recherche et d’action pédagogiques, pas tout à fait mensuelle (8 numéros par an avec interruption l’été, on se demande bien pourquoi !) et qui traite principalement de pédagogie et d’éducation, comme son nom l’indique. Les Cahiers se revendiquent de l’éducation nouvelle. Dans nos dossiers thématiques, nous publions des articles décrivant des pratiques de classes ou d’établissements et des éclairages plus théoriques, toujours avec le souci d’être accessibles et lisibles pour tous.

Est-ce qu’un magazine peut-être considéré comme un outil de formation ?

Ah oui, certainement ! Mais ce n’est pas de la formation institutionnelle et descendante, bien sûr. S’il faut préciser, je dirais que c’est un outil d’autoformation, tout comme lire un livre de sciences de l’éducation, ou bien de coformation, si l’on considère que l’on est formé par les auteurs des articles. On pourrait parler aussi d’écoformation. Bref, lire les Cahiers, c’est réfléchir à son métier pour faire évoluer ses pratiques, c’est donc bel et bien de la formation.

De nombreux établissements s’abonnent aux Cahiers pédagogiques, comment aider les enseignants à les utiliser pour leur pratique quotidienne ?

Je crois que les professeurs documentalistes ont un grand rôle à jouer dans ce domaine, en aidant les enseignants (ou CPE ou chefs d’établissement) de leur établissement à se saisir de la matière que nous proposons. Nous réfléchissons d’ailleurs actuellement à des outils qui leur faciliteraient la tâche, si certains veulent entrer en contact avec nous pour nous y aider…

Dans les Cahiers pédagogiques, les enseignants présentent ce qu’ils ont fait dans leur établissement, mais peut-on vraiment reproduire ces situations dans un autre environnement ?

Parfois oui, sans doute, mais ce n’est pas vraiment le propos. Notre idée, c’est de fournir matière à réflexion aux professionnels de l’éducation, afin qu’ils trouvent les solutions les plus adaptées à la classe ou au groupe d’enfants qu’ils ont en face d’eux à un moment T. Ce n’est forcément pas la même classe que celles décrites dans les articles. On veut leur apporter l’inspiration dont ils feront leur miel (oui, les éducateurs font un très bon miel d’inspiration, qui vaut presque le miel de châtaigner des abeilles!). Ce que nous défendons, c’est l’idée que les enseignants, les CPE, les chefs d’établissement, doivent tendre à être des praticiens réflexifs, des professionnels qui réfléchissent à leurs pratiques, pour les améliorer, tout en les mettant en accord avec leurs valeurs.

La géographie à l’école et à l’université : interview de Maya de l’AFNEG

Maya Es, vice-présidente aux affaires académiques de l’AFNEG, qui fait partie de la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE) a répondu aux questions du SE-Unsa.

Peux-tu présenter votre association en quelques mots ?

L’AFNEG est l’Association Fédérative Nationale des Étudiants en Géographie et disciplines territoriales. Son principal rôle est de fédérer les associations étudiantes en géographie du territoire afin de former les associatifs, mais également de débattre sur les problématiques de la Géographie et d’y trouver des solutions.

À ce titre l’AFNEG travaille sur différentes thématiques :

  • Des projets d’orientation et de promotion de la filière : nous co-organisons la Nuit de la Géographie aux côtés du CNFG (Comité Nationale Français de Géographie) et nous intervenons dans les lycées pour faire connaître notre discipline. Pour les étudiants de licence et de master, nous avons mis au point des répertoires de formation sur notre site et nous publions toutes les deux semaines des fiches métiers qui résultent d’entretiens avec des professionnels.
  • Des projets de sensibilisations et d’innovation sociale. En effet, l’AFNEG dispose d’un important catalogue de formation sur le développement durable pour nos associations, nous réalisons également des campagnes de sensibilisation sur l’environnement sur les réseaux sociaux. Enfin nous travaillons avec les élus étudiants sur le développement durable dans les campus.
  • L’amélioration des conditions d’études, par le biais de la représentation étudiante mais également grâce au réseau de la FAGE. C’est à ce titre que nous travaillons notamment sur la réforme du baccalauréat et les programmes d’Histoire-Géographie, ou encore sur la question du Master MEEF. Nous travaillons également sur la modernisation pédagogique des formations en géographie et la mise en place de l’approche par compétences.
  • L’éducation populaire, lors de nos évènements nationaux par notre politique de formation des associatifs mais également par nos associations, qui organisent entre-autres de nombreux Café-géo.

Penses-tu que la matière histoire-géographie de l’École prépare suffisamment à la discipline universitaire « géographie »?

La Géographie est une discipline qui permet de façonner l’esprit critique. Elle permet d’analyser l’espace, les processus naturels et les sociétés à travers de nombreux facteurs. Elle permet de comprendre la relation des sociétés à leurs territoires au-delà des phénomènes que nous avons sous les yeux. Pour cela, il est essentiel de savoir traiter l’information et la synthétiser par différents outils, dont les fameuses cartes. C’est une discipline pratique, où l’étudiant est mis à contribution du savoir qu’il construit. Cette filière permet également de se saisir des enjeux du monde moderne, en travaillant par exemple sur les problématiques environnementales et la gestion des ressources naturelles, les flux humains et migratoires. La matière histoire-géographie du lycée est aujourd’hui assez déconnectée de sa consœur universitaire. Tout d’abord, elle est très orientée sur la connaissance et permet peu de développer les appétences attendues à l’université. D’autre part, la géographie du lycée ne permet pas d’anticiper la partie plus scientifique qui apparaît à l’Université. En effet, la géographie physique est plus proche de la matière Science et Vie de la Terre. De plus, les étudiants en géographie sont également amenés à faire du traitement de données statistiques ainsi que de la cartographie assistée par ordinateur. On assiste ainsi à une rupture entre le secondaire et le supérieur, qui entraîne des difficultés chez les néo-étudiants. Il y a donc un travail à faire sur le lien entre les disciplines au lycée, mais également un travail d’information auprès des lycéens.

Quel est ton avis sur les nouveaux programmes d’histoire-géographie du lycée?

Ces programmes d’histoire-géographie au lycée représentent une avancée mais celle-ci n’est pas assez aboutie à notre sens. Les grands axes choisis, même en restant vagues, intègrent les sujets de manière multiscalaire et répondent aux enjeux contemporains. Il était pour nous nécessaire de passer d’une approche régionale à une approche plus thématique, ce qui a été fait. Les exercices de restitution, comme le croquis, sont intéressants s’ils sont bien réalisés et ne se résument pas à un bachotage. Il était également essentiel pour nous de parler davantage du développement durable et de l’impact des Hommes sur l’environnement, ce qui y figure de manière trop timide à notre sens. Le lien entre l’espace et les territoires, le rôle des sociétés dans la construction de ces derniers ne semblent pas évidents et ne permettent pas de comprendre l’impact direct des Hommes sur leurs milieux.

L’AFNEG regrette cependant l’absence de géographie critique et de géographie politique dans ce programme. En effet, il nous semblait essentiel de faire figurer la géopolitique dans le tronc commun et non dans la spécialité, en axant sur des problématiques d’actualité, comme les conflits au Moyen-Orient. Cette thématique figurait au programme de l’option histoire-géographie de 2012 à 2014, et permettait une vraie compréhension de ces conflits et des héritages qui en sont la cause. La géographie est une discipline politique, elle permet en effet au lycéen de construire son esprit citoyen. Il est à ce titre essentiel pour nous qu’elle ne donne pas une vision lisse de la situation, mais permettent au contraire de situer les sociétés françaises et plus largement occidentales et leurs relations dans le monde avec un regard objectif. Le poids des décisions institutionnelles semble pourtant avoir été éludé des différents chapitres. Il est également à notre sens primordial de renforcer la vision de l’échelle européenne, enjeu d’avenir important dont il faut se saisir.

Le grand défaut des nouveaux programmes réside à notre sens dans le cloisonnement des disciplines, encore trop prononcé pour permettre un bon apprentissage de la géographie. En effet, si elle est étudiée en parallèle de l’histoire, les deux matières ne sont pour autant jamais mêlées. La Géographie emprunte également aux SVT et aux Sciences Economiques et Sociales. Le lien entre ces différentes disciplines doit être davantage mis en avant.

Et au sujet de la nouvelle spécialité « histoire-géographie-géopolitique et science politique ?

Notre avis est nettement plus négatif à l’égard de la spécialité Histoire-Géographie-Géopolitique et Science Politique. On constate une originalité dans l’articulation des différentes matières mais en aucun cas dans les thématiques traitées. Les études de cas devraient pourtant permettre un approfondissement, une ouverture sur une nouvelle société, et pas une énième étude des États-Unis.

Au delà des contenus, un grand défi s’impose pour nous dans la manière dont est enseignée la géographie. En effet, une écrasante majorité des enseignants en histoire-géographie sont aujourd’hui des historiens. Il est pour nous essentiel qu’ils puissent développer des compétences géographiques avant de les transmettre. La géographie ne peut en effet se résumer à réciter un cours, le lycéen doit mobiliser ce qui l’entoure pour comprendre les sujets qui lui sont présentés.

Selon toi, comment le lycée devrait évoluer, du point de vue pédagogique, pour mieux préparer les lycéens à réussir à l’université ?

D’un point de vue purement organisationnel, l’entrée à l’université demande une véritable autonomie et une prise d’initiative dans le travail et l’apprentissage, notamment en sciences humaines. Ce changement déstabilise un grand nombre de lycéens et entraîne des taux d’échec considérable à l’entrée. Il est impératif pour nous d’inciter davantage les lycéens à travailler en autonomie, par des travaux individuels ou de groupe.

La géographie au lycée est également une discipline que les étudiants doivent s’approprier, en choisissant une thématique et collectant eux même la donnée par de nombreux moyens : réalisation d’entretien, collecte statistique, recherche bibliographique… Cette manière de travailler permet aux étudiants de développer une compétence indispensable à nos études et notre insertion professionnelle : le traitement et la synthèse d’information. L’apprentissage au lycée s’ancre encore trop à notre sens dans un schéma linéaire, ou l’enseignant dispense un cours sans permettre à l’étudiant de se l’approprier. Il est pourtant important d’entrer dans un schéma de construction de compétences, au-delà du simple transfert de connaissances. Cette nouvelle manière de voir l’enseignement s’impose à notre sens, dans une société où l’accès à l’information est partout et l’enseignant n’est plus l’unique détenteur du savoir. À ce titre, l’accès au numérique doit également être renforcé et généralisé à toutes les disciplines au lycée, puisqu’il est omniprésent à l’université comme dans le monde du travail.