Témoignage de Lise, AESH dans l’Académie de Lille

Depuis combien de temps exerces-tu ce métier d’accompagnant handicap ?
Je commence ma 8ème année dans un collège.

Comment es-tu arrivée dans ce métier ?
J’ai un BTS Assistante de direction. J’étais secrétaire dans une école maternelle, en contrat CAE. Comme j’avais du temps libre et que le contact avec les enfants était bon, la directrice m’a proposé de m’occuper de la bibliothèque, d’animer un atelier de conscience phonologique. J’encadrais aussi des groupes d’élèves en motricité et lors de jeux à règles. C’est comme ça que l’idée m’est venue de devenir AVS. J’ai postulé, et j’ai eu la chance qu’une AVS démissionne : il fallait la remplacer rapidement. Je me suis retrouvée au collège.

Ce métier te plait-il ? Pourquoi ?
J’aime beaucoup ce métier car auprès des élèves, je me sens utile. J’ai eu l’occasion de travailler avec des dyslexiques, dyspraxiques, dyscalculiques… avec des élèves ayant un syndrome autistique ou des troubles de l’attention… Chacun m’a appris quelque chose. J’essaie toujours de me documenter sur les « DYS », pour mieux comprendre et aider. J’ai eu l’occasion de faire un stage « Apprendre à apprendre », des formations internes dyslexie et dyspraxie. Il y a toujours des choses intéressantes à apprendre auprès des ergothérapeutes, éducateurs spécialisés. C’est un métier très enrichissant !

Te sens-tu intégrée à l’équipe éducative ?
J’ai eu l’occasion de m’occuper de « l’accompagnement anglais » pour des élèves de 5ème et 3ème (j’adore), je suis allée deux fois en séjour en Espagne (5 jours), une fois en Angleterre (5 jours), et participé à de nombreuses sorties scolaires d’une journée (Allemagne, Paris, Angleterre…). Je fais aussi partie depuis trois ans de la comédie musicale du collège. Je pense être intégrée à l’équipe éducative et jamais on ne m’a fait ressentir que j’étais « inférieure » aux profs, bien au contraire. On me demande mon avis, c’est valorisant.

Souhaites-tu continuer à exercer ce métier ?
Je veux continuer, bien sûr ! Il faut dire que je voulais être professeur d’anglais, mais à cause d’une erreur de jeunesse je n’ai pas continué mes études. Là, je suis dans mon élément, dans le domaine de l’éducation. Je savais, quand j’ai commencé, que je ne pourrais pas faire plus de six ans, mais je n’ai pas voulu quitter cet emploi, malgré la précarité… Je voulais faire, au moins six ans dans ma vie, un travail que j’aime vraiment. Aller jusqu’au bout. À la fin de mes 6 ans, on m’a proposé de continuer un an, puis de signer un CDI. Je suis très contente de l’avoir ce CDI, même  si j’aurais préféré être titularisée et même si les conditions ne sont pas idéales. J’espère que les choses vont évoluer, que le travail des AESH sera mieux reconnu.

Pour toi, quel est le combat principal que le SE-Unsa doit mener pour défendre les AESH ?
Le salaire ! Il n’est pas normal de devoir autant se serrer la ceinture ! Notre rôle est important, mais pas reconnu. Je fais 30h45/semaine, mais je suis payée 27h/semaine au SMIC. Je vis seule avec mes deux enfants. Jamais de vacances, pas de ciné, pas de resto… ou très rarement. Quand ma voiture, qui est loin d’être neuve tombe en panne, j’ai du mal à payer les réparations. Quand elle sera fichue, je ne pourrai pas en racheter une. Pourtant, je travaille, c’est injuste. Et il y a pire… j’ai encore la chance de ne pas faire encore moins d’heures, comme beaucoup. Pour vivre décemment, il faudrait être mieux payé. Je n’ose pas imaginer la retraite…

Lise, AESH dans l’académie de Lille

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