Accueillir un élève autiste en CP, Xavier témoigne…

Xavier est professeur des écoles depuis 2005. Il a toujours été dans des zones prioritaires et a pu travailler sur tous les niveaux de l’école élémentaire. Actuellement, il a une classe de CP sur Drancy en REP.

Il accueille un enfant dans sa classe dont le diagnostic serait un trouble autistique.  Il a fait ses trois années de maternelle puis est arrivé en classe de CP. La MDPH lui a accordé 18h avec une AESH sur le temps scolaire, les 6h restantes il est en prise en charge extérieure.

1. Comment s’est passée l’arrivée de ton élève en situation de handicap ?

Les élèves le connaissent de la maternelle. Ils étaient dans la même classe pour certains et dans la même école pour d’autres. Il y a une bonne intégration au sein de sa classe. Les autres élèves l’aident, ils sont gentils et bienveillants. Il n’est pas stigmatisé. Il est, cependant, assez solitaire, il ne va pas vers les autres. Dans la cour, il ne participe pas aux jeux collectifs. Cela vient de son trouble, il a des difficultés à entrer en communication avec les autres, à être en relation duelle.

Malgré les inclusions, il n’y a pas de réels échanges entre les élèves. Souvent, on constate dans les cours d’école que les élèves de CLIS ne jouent pas avec les autres.

Il a 2 AESH réparties sur 18h avec lui. Elles l’aident à le canaliser dans les apprentissages. Il n’est ni violent, ni perturbateur. Elles sont deux parce que leur contrat est établi pour un nombre d’heures pour plusieurs élèves. L’une d’elles travaillaient déjà avec lui l’année dernière.

Il sait des choses mais a des difficultés à les utiliser à bon escient. C’est difficile pour lui de réinvestir les apprentissages. Il n’a pas un énorme retard par rapport aux autres élèves pour le moment. Pour moi, le temps sans l’AESH est difficile, c’est un élève qui a besoin de la présence permanente de l’adulte sinon il se disperse, il se lève, se lave les mains plusieurs fois dans le point d’eau de la classe. Quand on lui rappelle les règles de la classe, cela le recentre.

L’année dernière, quand j’ai su que j’étais affecté sur cette école sur une classe de CP, j’ai demandé à assister à la réunion parents/professeurs. Nous ne savions pas encore quelle serait sa classe. Je n’ai eu aucune information sur la situation.

2. As-tu bénéficié d’une aide, d’une formation ou d’information pour l’accueillir ?

Je n’ai bénéficié d’aucune aide et encore moins d’information.

Nous sommes obligés de chercher par nous-même. Quand je dis nous je parle des AESH et moi.

3. Comment cela se passe-t-il en classe ? y-a-t-il un aménagement spécifique ? une prise en charge autre que celle de la classe ? Rôle de l’AVS ?

Les AESH ont eu une formation, cependant, aucune sur l’autisme spécifiquement. Elles sont très compétentes mais par rapport à ce qu’elles devraient apporter à cet élève, elles sont limités faute de formation. Nous n’avons aucune information sur la ou les prises en charge extérieures. Je ne sais pas qui s’occupe de lui en dehors de l’école. De plus, j’ai rarement vu les parents.

Cet élève a une bonne mémoire, il s’en sort sur tout ce qui concerne les apprentissages automatiques, il est rentré dans une lecture globale. MAIS entrer dans la syllabique, la combinatoire ce n’est pas possible pour l’instant. Je n’ai pas les moyens ni les connaissances pour l’aider et je ne dispose d’aucune formation pour m’aider à l’aider. Je suis obligé de faire avec mes propres moyens.

Ni moi, ni les AESH ne sommes formés pour l’accueillir dans de véritables conditions d’inclusion.

4. Quelles seraient tes attentes pour améliorer cette inclusion ?

J’aimerais un minimum de formation. Mes limites sont réelles, je n’ai pas été formé à enseigner aux élèves en situation de handicap « je ne sais pas faire ».

En discutant avec la psychologue scolaire, on s’est rendu compte des limites de l’inclusion. Elle-même a des connaissances limitées dans le domaine de l’autisme.

L’inclusion sociale est relativement bien faite. L’inclusion du handicap « y a rien ». Personne ne m’a jamais contacté pour m’expliquer quoi faire. La psychologue scolaire m’a donné des pistes mais encore une fois rien de vraiment spécifique à l’autisme.

La loi de 2005 est une bonne loi, mais ce qui est mis en œuvre ne suffit pas. Ce qui devrait être mené pour que cette loi soit efficace n’est pas fait. Il n’y a ni les moyens humains ni les moyens financiers. Il est impossible de mettre en place une bonne inclusion sans les moyens. Nous avoir imposé une loi sans nous expliquer comment nous donne l’impression qu’il s’agissait d’une loi pour faire plaisir aux parents, à un électorat.

Je suis incapable de le faire progresser comme il faudrait. L’année prochaine « qu’est qu’on va faire » ? Il va sûrement aller en ULIS. « Comment l’aider si nous ne sommes même pas formés ? ».

Nous sommes dans un secteur géographique où les REP et les REP+ sont en grand nombre. Nous devons faire face à des problèmes économiques, sociaux. Nous avons beaucoup d’élèves en difficulté sans être dans le champ du handicap. J’ai été formé pour ces élèves en difficulté mais pas pour ceux en situation d’handicap.

Je suis dans une classe avec un effectif idéal, je n’imagine même pas les collègues avec des classes à 30 et plus ! « On nous demande de réaliser des miracles ».

Je me demande si les adultes en situation d’handicap sont eux-mêmes bien inclus dans notre société. Est-ce que les moyens mis en place sont à la hauteur de la loi ou est-ce juste pour faire plaisir à un électorat ?

Quand j’étais en formation à l’IUFM c’était en 2004, la loi était en pleine conception. Je n’ai rien eu en relation avec l’ASH ou même l’idée d’accueillir des enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, j’ai dix ans d’ancienneté et je n’ai toujours rien. La formation continue ne m’a pas non plus permis de pallier mes carences. Si on veut vraiment que les élèves soient dans une réelle inclusion, il faut former les PE pour qu’ils puissent répondre aux besoins.

 

 

3 questions à Valérie, AESH

Je suis AESH en CDI depuis 2007, et depuis 2 ans en ULIS École. J’accompagne plusieurs élèves qui utilisent le numérique au quotidien : 
– Un enfant trisomique qui utilise quotidiennement le logiciel JOCATOP en numération, reconstitution d’image, algorithme
– et une enfant dyslexique/dysorthographique qui utilise le traitement de texte pour tout ce qui concerne la production d’écrits.

1- Quels sont les avantages de l’utilisation du numérique dans l’exercice de ton métier ?

C’est le côté « ludique » de l’outil, le travail de motricité avec la souris et l’autonomie par rapport à l’adulte (nécessaire auprès de lui pour le support papier). L’utilisation permet à mon élève dyslexique de produire un texte plus facilement : plus spontané, plus riche en vocabulaire lorsqu’elle n’a pas la double-consigne (produire un récit sans faire de faute). Elle utilise le correcteur d’orthographe, elle sait couper son texte, et ainsi elle sait se relire. Lorsque le correcteur lui offre plusieurs choix pour la correction, elle est capable de se poser les bonnes questions pour trouver la réponse juste.

2- Quels en sont les limites ?

L’an prochain, l’une de mes élèves partira au collège. La MDPH va-t-elle lui accorder un PC ? (inconvénient d’ordre financier je le concède)

3- Et toi te sers-tu du numérique ?

Pour ma part, l’ordinateur me permet de grossir des caractères, aérer des textes,… pour les TDAH.

3 questions à Audrey, certifiée en collège

Audrey, tu es enseignante certifiée en collège, responsable du numérique dans ton établissement et tu as également une décharge pour travailler au service DAN au rectorat de Nantes.

Tu as eu ton concours en 2005, tu as donc toujours utilisé le numérique dans ton métier. En quoi le numérique facilite ton travail ?

  • Dans le maintien de mon expertise dans ma discipline : J’ai accès à des livres en anglais, à des radios en ligne, à des vidéos  et des documentaires en anglais que je peux consulter à tout moment et facilement. Mon bagage linguistique et les compétences culturelles sous-jacentes ou associées peuvent  alors se maintenir plus facilement que si je n’avais pas le réseau internet.
  • Dans l’enrichissement de mes pratiques pédagogiques : en consultant d’autres projets provenant de d’autres enseignants ou de d’autres disciplines proposés sur les sites institutionnels ou dans des blogs ou pages Web de collègues français ou de pays étrangers, cela me permet d’explorer de nouvelles pistes de travail, de nouvelles façons de faire, d’envisager les choses autrement c’est-à-dire de faire évoluer mes pratiques et d’enrichir mes compétences professionnelles. C’est une base inépuisable pour être créative et pour essayer de répondre aux besoins pédagogiques du moment. L’ennui peut difficilement s’installer. L’envie de créer aurait été là sans le numérique mais le numérique rend les choses possibles immédiatement et il contribue à me rendre de plus en plus créative.
  • Dans la recherche de ressources authentiques pour créer des supports pédagogiques de tous types : textes, images, extraits vidéos, extraits de journaux, émissions radios , exercices en ligne sur des sites d’éducation anglophones destinées à des élèves étudiant l’anglais comme seconde langue etc. Sans internet et les outils numériques pour exploiter ces ressources brutes, je serais contrainte d’utiliser les manuels scolaires et la didactisation des supports serait moins aboutie et rapide à réaliser
  • Dans la mutualisation de pistes de projets, de documents ou autres avec mes collègues ou pairs : Les listes de diffusion, les réseaux sociaux, les mails etc facilitent ces échanges mais ne les créent pas. Il faut avoir envie de mutualiser pour ensuite le faire et avoir recours au numérique pour le faire. Le numérique ici facilite le transfert d’informations. C’est un outil.
  • Dans la différenciation et la personnalisation de l’accompagnement des élèves : Grâce au numérique et surtout à l’espace numérique de travail de l’établissement, le suivi des élèves, autour d’un projet avec production finale par exemple, est possible par des échanges de mails. Les élèves m’envoient leur production que je corrige et leur réenvoie. Ils complètent leur production, la corrigent, la font évoluer en fonction de ce que je leur ai suggéré. Et ainsi de suite. Le numérique me permet d’être plus précise et d’écrire des remarques plus longues. Les mails échangés constituent une base de conseils sur laquelle les élèves peuvent revenir quand ils veulent. Sans le numérique ce travail serait très fastidieux et très chronophage pour moi.
  • Dans la communication avec les familles/ avec l’extérieur de l’établissement : Les parents demandent des rendez-vous par mails facilement. Sans le numérique, cela pouvait prendre un temps fou.
  • Dans la communication des projets de la classe grâce à des articles publiés dans l’espace numérique de travail de l’établissement soit dans la partie « actualités » de l’établissement quand cela s’y prête, soit dans le blog anglais de la classe. Sans le numérique, cette communication serait restreinte aux murs de l’établissement.
  • Dans la mise en place d’une pédagogie active/par projets : Le numérique et l’espace numérique de travail de l’établissement  m’ont permis de mettre à disposition des élèves et des familles le développement de chaque projet au fur et à mesure qu’il se fait dans les classes et de mettre à disposition des élèves tous les documents utilisés en cours dans le blog anglais de leur classe. Les élèves peuvent revoir, réécouter, relire, refaire, ce qui a été vu en classe et ceux qui ont été absents peuvent avoir accès aux documents directement. C’est une mémoire digitale du cours et une extension du cahier de classe, c’est comme le cahier augmenté de la classe.

Quelles en sont les limites ?

  • Les limites sont d’ordre juridique : Ces limites concernent la question des données personnelles, la question des droits d’auteurs, des droits à l’image et du droit à la voix qui contraignent terriblement les usages du numérique. Ces points peuvent me bloquer dans mes pratiques. La création d’une charte numérique de l’éducation nationale serait un vrai plus.
  • La limite du matériel : Je ne parle pas de la distribution de tablettes ou de PC portable pour tous, qui serait pour moi une grosse erreur pédagogique, financière et politique. Si déjà chaque EPLE était équipé d’un réseau suffisamment puissant pour faire tourner tous les ordinateurs des classes, les VPI/TBI et autres périphériques ça serait positif et surtout rassurant pour les enseignants qui n’auraient pas toujours cette crainte de se dire « faites que ça marche demain car pas eu le temps de préparer un plan B ». Le renouvellement et la maintenance du matériel est à considérer comme un frein également car dépendant des collectivités départementales donc de très grandes inégalités selon les départements et les académies.
  • La formation des enseignants à la culture numérique et au numérique : Quand je parle de formation, je parle d’une vraie formation professionnelle en présentiel avec des objectifs, des compétences professionnelles à valider et une validation finale et qui se déroulerait en 3 ou 4 jours pleins et non pas en une journée de 9h30 à 16h30 ou en formation distancielle (ce qui est franchement ridicule surtout quand on doit manipuler des logiciels etc). La formation professionnelle au sein de l’EN est une arlésienne. Pour moi, le PAF est constitué de journées d’INformation et pas de formation.

Imagine que tu n’aies plus d’ordinateur, plus Internet. Qu’est ce qui te manquerait le plus pour travailler ?

  • L’accès aux supports pédagogiques authentiques et variés
  • La communication, le suivi individuel des élèves
  • La communication avec mes pairs
  • Les possibles infinis de créations pédagogiques

 

Un atelier philosophique au collège, témoignage

CPE TZR, Marielle est affectée cette année dans un collège rural. Elle fait le choix d’investir l’animation socio-éducative, champ professionnel par excellence des personnels d’éducation. Elle décrit dans cet article la démarche engagée lors de la mise en place d’un atelier philo, avec la laïcité en toile de fond. Un thème extrêmement porteur et qui vient en écho de l’actualité tragique que nous venons de vivre.

Pourquoi un atelier philosophique ?

Au départ, avec une collègue de lettres classiques, nous avions pour projet de travailler des fables en AP (accompagnement personnalisé) avec les classes de 6ème.

J’ai muté, donc ce projet n’a pu aboutir.

En arrivant dans ce nouveau collège, je souhaitais un projet similaire mais je n’ai pas trouvé de collègue intéressé.

La Principale m’a un jour présenté une écrivaine jeunesse, intervenante sur des projets dans le 1er degré.

Je lui ai parlé de mon envie d’initier les élèves à la philosophie. Elle était intéressée. Nous devions établir dans quel cadre, quel projet.

Rapidement le niveau 5ème a posé quelques soucis : manque d’envie en classe, pas d’initiatives, passifs en classe, manque de travail et d’attention.

On a donc choisi les deux classes de ce niveau.

J’ai lu l’appel à projet du rectorat sur la Laïcité.

On a donc décidé de lancer de projet : un abécédaire de la laïcité, avec tous les 5ème, à raison d’une heure par semaine, présence obligatoire.

Qu’est-ce qu’on a dit aux élèves ?

Que l’atelier philo est un espace de parole collective où peuvent s’exprimer les questions universelles des enfants et s’élaborer des réflexions critiques donnant du sens aux contenus scolaires. Rapport au monde, multiplicité des points de vue, réflexion sur les préjugés et l’opinion, l’atelier philo a pour but de favoriser l’émergence de sujets autonomes et responsables.

Quels sont les objectifs que nous avons visés ?

  • Permettre un espace où puissent se poser les questions universelles que les enfants se posent et qui ne sont pas prises en charge par les seules disciplines (sur la politique, la morale, la mort, le droit, etc.) ;
  • Donner du sens aux contenus scolaires en abordant des questions qui mobilisent et lient des savoirs transversaux ;
  • Apprendre à maîtriser les codes du débat en s’observant en tant que participant ;
  • S’interroger avec les autres, et ainsi prendre conscience qu’ils se posent les mêmes questions que moi ;
  • Développer les attitudes de solidarité, d’attention à l’autre, ainsi que la tolérance et l’ouverture d’esprit. En cela, l’atelier correspond tout à fait à une forme d’éducation citoyenne.

Quels impacts nous souhaitons observer sur nos élèves ?

L’atelier philo permet de questionner et de prendre de la distance par rapport à l’opinion commune, et par rapport à ses propres représentations.

Il améliore la communication du groupe et permet à l’enfant participant d’être considéré dans son individualité propre. Par le questionnement qu’il permet, l’atelier philo contribue à la construction de l’enfant comme sujet autonome : en effet, l’enfant doit élaborer sa propre réponse et non trouver « la bonne réponse » correspondant à l’attente de l’enseignant. Les réflexions développées dans le cadre de l’atelier sont propices à une meilleure compréhension du monde et favorisent le «pouvoir d’agir » des enfants.

Comment cela s’organise ?

Tous les élèves installent la salle à leur arrivée : un grand cercle de chaises.

Les adultes prennent des notes, pendant l’heure et le cahier est à la disposition des élèves quand ils le souhaitent, pendant la séance et à tout moment de la semaine (cahier dans le bureau de la CPE que les AED prêtent aux élèves à leur demande).

Les enfants prennent la parole quand ils le souhaitent, en levant la main. Toutes les paroles sont autorisées, mais il est interdit de parler lorsqu’un élève parle, il est interdit de se moquer.

Le niveau très faible de cette cohorte nous a obligé à nous questionner, à énormément travailler en amont. Le passage à l’écrit est difficile pour eux, c’est pourquoi nous avons décidé de prendre des notes, notes qui sont ensuite retravaillées avec eux (l’intervenante va en cours de Français une fois par mois ; je prends les élèves un lundi par quinzaine une heure ou deux).

Les premières séances ont été consacrées à la définition de la laïcité par Philippe Meirieu « La laïcité, c’est penser par soi-même et être capable d’avoir un regard critique sur les choses».

Puis nous avons travaillé sur la lettre L pour notre abécédaire. La semaine de la Laïcité au collège sera illustrée par les affiches des élèves (une dizaine), affichées dans la salle de réunion, salle centrale au collège. Nous allons ouvrir la séance de 13H à tous les adultes et élèves qui le souhaitent, et à 14H, aux CM2 de l’école du village.

En atelier, nous allons étudier une fable d’un prêtre jésuite indien, fable étudiée également au CM2 pour la séance de décembre : échanges, partage, entraide.

Pour la semaine de laïcité, nous lançons également une action solidaire : « Un cahier, un crayon pour le Mali », les élèves de 5ème en sont les ambassadeurs : avec moi, ils sont passés, en groupe, dans toutes les classes du collège pour parler de cette action, ainsi qu’à l’école primaire.

Nous avons également consacré une séance aux attentats de Paris : ce qui a été entendu et compris. Nous avons fini la séance par un poème d’Abdellatif Laâbi.

Suite aux attentats, avec tous les élèves qui se sont trouvés en étude le matin, nous avons échangé, à partir d’un powerpoint que j’ai retravaillé d’un collègue de lycée parisien, d’articles que j’ai apportés, de dessins, d’interrogations des élèves, et nous avons affiché sous le préau les textes que les élèves ont choisi.

Vous pourrez retrouver l’illustration de cela sur le site du collège : dans l’onglet Vie Scolaire / Clubs.

Vous trouverez également des informations sur l’autre club que j’anime, un club Japon.

Marielle PICHETTI, CPE Collège Charles Peguy, VAUVILLERS.

La transversalité comme levier de développement professionnel, le témoignage de Margaux

Professeur d’histoire-géographie, Margaux dispose d’une formation universitaire solide. Ouverte sur la transversalité, elle fait profiter les élèves de ses compétences, au-delà de sa propre discipline. Son passage en éducation prioritaire l’entraîne dans une vraie dynamique pédagogique qu’elle envisage d’amplifier au fil du temps.

1/ Après la réussite au baccalauréat, vous êtes admise à intégrer une classe préparatoire de renom. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Quelles sont les principales compétences que vous avez acquises au sein de ce parcours universitaire spécifique?

Après mon baccalauréat littéraire, j’ai intégré une classe préparatoire littéraire pendant deux ans (Hypokhâgne et Khâgne). Il y a une transition difficile entre l’exigence du lycée et la classe préparatoire en termes de capacité de travail et d’investissement. Les devoirs ne durent plus quatre heures, mais cinq ou six heures. Il ne faut pas se décourager et se montrer persévérant.

Malgré des moments parfois difficiles, la classe préparatoire nous apporte beaucoup. Nous avons un véritable suivi pédagogique et des enseignants à l’écoute. J’ai pu assimiler de nombreuses connaissances grâce à l’aspect pluridisciplinaire de la formation. On nous apporte des méthodes de travail et un esprit de synthèse. Je ne regrette aucunement mon passage par la classe préparatoire.

2/ En tant qu’enseignante stagiaire, vous êtes nommée dans un collège relevant de l’éducation prioritaire. Qu’avez-vous découvert, dans ce contexte d’établissement, en termes de pratiques pédagogiques différenciées ? de travail en équipe ? de liens entre les enseignants et les parents ?

Mon année de stage en collège en REP (réseau d’éducation prioritaire) a été très formatrice et enrichissante. Il a été rapidement nécessaire d’adapter mes pratiques pédagogiques car les parcours des élèves sont très variés : des élèves ayant des facilités, d’autres en grande difficulté ou encore non francophones. Il a fallu modifier mon enseignement en m’intéressant plus aux compétences qu’aux connaissances.

J’ai pu travailler cet aspect grâce aux précieux conseils de mes collègues. J’ai compris ce que travailler en équipe signifie. Je me suis sentie épaulée et j’ai toujours pu échanger sur mon ressenti, sur les difficultés des élèves ou l’adaptation de mes cours.

Les liens avec les parents sont plus ou moins simples à établir. Si un parent me sollicite, je réponds rapidement. J’ai constaté que c’est un véritable travail de coordination entre l’équipe pédagogique, les personnels de direction et les familles. La communication y est essentielle. Cette expérience a été pour une jeune enseignante un formidable enseignement.

3/ Lors des opérations de mouvement, vous obtenez une zone de remplacement et vous êtes actuellement rattachée dans un collège de centre-ville. Sans proposition de remplacement dans votre discipline, vous décidez d’investir l’aide à la scolarité et un projet d’éducation à la citoyenneté. Comment vis-tu ces 2 engagements qui sortent de ton champ disciplinaire ? En quoi l’enseignement transversal t’ouvre-t-il de nouveaux horizons ?

Actuellement Titulaire en Zone de remplacement sans poste, il est important de garder un lien quotidien avec les élèves, l’essence même du métier. En début d’année, l’aide à la scolarité était fondée sur le volontariat. Depuis la fin des vacances de la Toussaint, je suis des élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage.

Concrètement, je les aide dans la compréhension et dans l’apprentissage des leçons ou à la préparation des contrôles. Ils sont en petit groupe d’une même classe et nous pouvons vraiment prendre le temps de nous arrêter sur des points qu’ils n’ont pas compris. Ils déterminent eux même ce que le groupe peut travailler ensemble. Nous travaillons au maximum en ilots pour que les élèves puissent échanger. J’essaie de les amener à formuler et à auto évaluer ce qui leur semble difficile dans la leçon ou les exercices. Je ne veux pas que les élèves se sentent punis d’être là, mais y trouvent de l’utilité et un sentiment de réussite.

Je suis amenée à me remettre à des matières que je n’ai pas pratiquées depuis longtemps. Je sors de mon champ de spécialisation et je m’interroge sur la meilleure façon d’aider les élèves. J’établis des liens entre les différentes disciplines et de le mettre en évidence pour que les élèves se rendent compte qu’une connaissance peut être réutilisée dans plusieurs cours. La transversalité m’amène à me questionner sur mon métier. Mais c’est un enjeu très motivant.

Je participe à un groupe de réflexion (auquel appartiennent des personnels du premier et du second degré) sur les valeurs de la République. Nous nous demandons comment aider les enseignants (dont moi-même) qui abordent ces valeurs en classe dans ce contexte mouvementé. Ce travail et ces échanges sont très importants. En tant qu’enseignante, j’y trouve des réponses et je me pose de nouvelles questions sur ma pratique et ce que je transmets aux élèves.

Ces deux engagements sont très positifs dans l’accomplissement de mon métier.

4/ Vous envisagez une carrière dans l’institution sous le signe de la diversification pédagogique. Plus concrètement, quelles sont les pistes que vous avez en tête et pourquoi vous motivent-elles à ce point ?

Je souhaiterais acquérir plus d’expérience et diversifier mon parcours. Je suis intéressée par l’agrégation externe en attendant de pouvoir m’inscrire à l’agrégation interne. J’aimerais à moyen terme devenir tutrice, ou encore passer la certification d’histoire des arts. Je n’ai pas d’ambition précise, à part l’agrégation. Je privilégie l’exploration de nouvelles pistes comme la formation ou la participation à de nouveaux groupes de travail.

Crédit image : fdecomite cc

Témoignage : PEPS en lycée agricole

1. Comment abordes-tu l’EPS dans ton lycée agricole ? Y-a-t-il des spécifiés par rapport au lycée général ?

On suit le programme de la voie générale ou professionnelle en utilisant quasiment les mêmes textes que ceux de l’EN. La base est la même avec parfois quelques spécificités comme l’obligation de passer par la CP2 pour les filières technologiques par exemple. La plus grande particularité est le maintien de l’EPS obligatoire pour les élèves en post bac qui ont en BTS : 1,5h de pratique par semaine sur les deux ans, avec une évaluation des compétences, sur la base d’un niveau 4, complétée d’une analyse réflexive sur les apprentissages réalisés.

La plus grosse des différences est la taille et la population de nos établissements. En majorité, nous avons un taux d’internes élevé, d’où une dynamiques sur la vie associative plus importante. La population des établissements  agricoles change beaucoup. La forte baisse des effectifs des agriculteurs sur les trentes dernières années, et une entrée plus complexe dans le métier, font que les effectifs sur ces formations ont beaucoup changé. On constate une féminisation importante dans nos établissements due au fait que les cartes de formations ont été redistribuées. Une grande partie des établissements ont pris le parti pour sauver leur effectif de s’ouvrir à des formations plus orientées vers les métiers du service, en développant des formations qui existaient dans les anciennes maisons familiales. En EPS comme pour beaucoup d’autres disciplines, nous sommes à mon sens un peu plus proche (historiquement) des élèves car les faibles effectifs dans la plupart des établissements, permettent une proximité qu’il est difficile de créer dans des grand établissements. Nous avons la chance dans nos établissements de pouvoir disposer dans les organisations pédagogiques de plus de moyens, pour beaucoup d’établissements on peut compter sur une option, un montage de section sportive, ce qui crée ou stabilise une dynamique des équipes pour faire sortir l’EPS du quotidien des enseignements obligatoires.

D’autre part, nous fonctionnons depuis longtemps en pluri-disciplinarité avec la biologie, nos évaluations étaient liées dans les années 2000, chose qui s’est un peu perdue mais qui revient avec les enseignements dit « capacitaires » (le verbiage de l’agriculture confond ce terme avec la compétence de l’éducation nationale). La possibilité de faire fonctionner des actions communes avec d’autres disciplines est plus aisée et recommandée depuis longtemps, ce qui permet de faire sortir nos pratiques de leur « train train ».

Nous disposons dans l’ensemble des établissements uniquement d’infrastructures locales… dans des communes souvent peu équipées. Les gymnases ont souvent été développés dans les années soixante, avec l’EPS de l’époque. Je ne pense pas être défaitiste en disant que nous ne sommes pas bien lotis concernant les installations à notre disposition

2. Quelles relations as-tu avec les collègues EPS de l’Education Nationale ?

Elles sont plutôt cordiales mais se limitent au partage des activités d’UNSS dans la plupart des cas. Nous participons aux diverses réunions sur les bassins pour obtenir des installations, mais n’avons pas encore su ou pu développer de partenariat plus important. D’un point de vue de la formation professionnelle, un réseau des enseignants d’EPS Bourgogne Franche Comté actif, se réunit tous les ans avec l’inspection. Il a pour but de développer des pratiques communes, dans le cadre d’actions de formation qui peuvent avoir lieu à l’échelon régional. Nous avons déjà réussi à faire venir un collègue de l’EN sur une de nos actions de formation, mais il me semblerait opportun de pouvoir mutualiser à la fois les offres et les demandes…. un rêve. Dans le cadre des réseaux, un ou plusieurs enseignants par région (j’en  fais partie) sont membres d’un GAP (groupe d’animation pédagogique) qui se réunit tous les ans pour réfléchir sur des thématiques d’actualité, et être force de proposition. On retrouve dans ce GAP, les collègues secrétaire de région (ou animateur c’est selon), ainsi que l’inspection (deux inspectrices pour la France), et le formateur EPS de l’ENFA (Florent Wiezorek, à l’Ecole Nationale de Formation Agricole notre organisme de formation national)

3. Comment organises-tu le sport scolaire dans ton établissement ?

Le fonctionnement se fait en AS comme partout avec affiliation UNSS. Une particularité toutefois, la prise en charge par l’établissement assez fréquemment des déplacements sur les sites de pratiques. Nous pratiquons souvent le voiturage des élèves grâce à un parc de véhicules de service important. Par contre le faible nombre d’animateurs contraint un peu les choix dans les activités, et ne permet pas des engagements sur des pratiques en continu. J’ai souvent proposé sur des mercredi des activités différentes, avec parfois la difficulté à mettre en place des entrainements suivis pour les élèves que j’emmène… en général, les heures ne sont pas comptées. Le dynamisme dans les AS est associé souvent à celui des associations des élèves : dans chaque établissement les enseignants d’Education Socio Culturelle assurent dans leur service six heures d’animation, ce qui permet de créer avec eux une dynamique associative

4. Serais-tu favorable à la création d’un CAPEPSA (CAPEPS Agricole) ou bien la situation de détaché te convient-elle ?

Ma réponse sera celle d’un ancien contractuel de l’enseignement… et fortement influencée par treize ans d’activité sous ce statut de « bouche trou » éjectable.

Ma réponse est oui, et je m’en explique : a priori mon statut de Professeur Certifié de l’Enseignement  Agricole, acquis grâce au concours RAEP mis en place par la loi Sauvadet de 2012 n’existe pas vraiment. Il y a environ 6 ans, un concours était organisé pour permettre de recruter des enseignants en EPS dans l’EA. Ce montage réalisé au sein du ministère aurait été mis à mal par les syndicats (pas forcément le SE-Unsa) qui ont argumenté que ce statut n’était pas reconnu. On était aussi à l’époque face à ce constat que beaucoup de contractuels occupaient les postes des détachés de l’EN, mais avec des DGH qui baissaient fortement. Les détachements qui étaient de cinq sont passés en quinze ans à trois puis à une seule année. Une majorité des détachés ont craint à l’époque de devoir retrouver leur académie d’origine, d’où une grosse crainte de voir des postes occupés par de nouveaux titulaires originaires du ministère qui prendraient d’éventuels postes… l’argumentation de l’époque était donc « il n’y a qu’un concours, c’est le CAPEPS, passez-le« . On fait le même métier, sauf que le détachement EN vers l’EA est possible, mais pas l’inverse.

Franck Piriou

 

VAE, témoignage d’un membre de jury

Grégoire Domergue, professeur agrégé dans l’académie de Rouen, participe depuis plusieurs années à des jurys de validation des acquis de l’expérience (VAE).

Peux-tu nous rappeler en quoi consiste la VAE, à qui elle s’adresse et sur quel(s) diplôme(s) tu interviens en tant qu’évaluateur ?

Depuis la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, la VAE est une voie d’accès aux diplômes, titres et qualification qui vient en complément de la formation initiale ou continue. C’est un élément de la formation tout au long de la vie qui est devenu un droit inscrit dans le Code du travail et le Code de l’Education. Toute personne, quel que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, qui justifie d’au moins trois ans d’expérience en rapport direct avec la certification visée, peut prétendre à la VAE. Cette certification qui peut être un diplôme, un titre ou un certificat de qualification professionnelle doit être inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

J’interviens sur trois diplômes de BTS : AG PME-PMI, NRC et Technico Commercial.

Comment s’effectue concrètement cette validation ?

Cela se passe en deux étapes. Les candidats préparent d’abord un dossier (en général pendant un an), dans lequel ils démontrent en quoi leur expérience correspond aux critères du référentiel du diplôme visé. Ce dossier est ensuite transmis à au dispositif académique de validation des acquis (DAVA). Lorsque le dossier est recevable, il est transmis aux membres du jury pour qu’ils l’analysent. L’étape finale est un oral que passe le candidat. Les membres du jury se composent de professeurs intervenants dans les matières professionnelles et générales correspondant au diplôme visé, ainsi qu’un professionnel extérieur à l’Éducation Nationale. Cet oral permet d’approfondir ce qui est dans le dossier, voire éclaircir certaines zones d’ombre.

Combien de candidats se présentent à une validation et combien réussissent ?

En 2013, en France, sur environ 21 000 candidats ayant déposé un dossier (majoritairement au niveau BTS), 18 000 ont obtenu une validation dont 14 000 une validation complète.

As-tu été formé pour ce travail ?

Non, mais je sais qu’aujourd’hui une formation existe.

Comment es-tu rémunéré pour ce travail ?

Pour analyser le dossier d’un candidat, nous sommes rémunérés 2 h de travail, et pour l’entretien la rémunération est d’une demi-heure.

En revanche, ce qu’il faut savoir c’est que le taux horaire n’est pas celui d’une HSE de professeur. Pour les BTS, le taux horaire VAE est de 13,72 € brut de l’heure.

En somme, pour 2 heures d’analyse de dossier + une petite heure d’entretien, la rémunération est de 34,30 € (par candidat).

Il reste cependant une donnée qui n’est pas claire, nous devons préciser si nous intervenons sur un temps de face à face pédagogique. Ce que cela change, je ne sais pas…

 

 

De professeur contractuelle à CPE

1) Vous avez débuté votre parcours dans l’éducation nationale en tant qu’enseignante contractuelle d’italien. Que retenez-vous essentiellement de cette première expérience ?

C’était une expérience passionnante ! Je me souviens comme si c’était hier, de la première fois où je me suis retrouvée dans la salle de cours face à mes élèves. J’étais impressionnée bien sûr mais j’étais tellement heureuse d’être là devant eux et d’avoir l’opportunité de leur transmettre ma passion pour la langue italienne. Je me suis tout de suite sentie privilégiée ! Je rêvais d’enseigner depuis le lycée !

De cette première expérience, j’en retiens surtout le lien avec les élèves, pouvoir les emmener et partager avec eux des savoirs, des connaissances, une passion. Le métier d’enseignant est magnifique pour cela : pour la joie de transmettre ! Quelle fierté quand un élève est capable en fin de quatrième d’écrire ou de parler en italien, quelques lignes, quelques mots.  

2) Intéressée par la vie scolaire, vous avez exercée la fonction d’assistante d’éducation dans un collège périurbain. Dans le cadre de votre engagement, vous avez accepté des responsabilités quotidiennes et porté des projets qui dépassaient souvent les missions habituelles d’un AED. Pouvez-vous nous en dire un peu plus, notamment sur le projet des olympiades ?

Oui je me suis tout de suite intéressée à la vie scolaire de ce collège péri-urbain parce que je suis de nature à m’impliquer et à m’investir dans le travail, puis je suis organisée, c’était naturel pour moi. L’établissement était en pleine restructuration et l’équipe des encadrants était très dynamique et très novatrice, ce qui a porté une réflexion sur les dispositifs comme l’accompagnement éducatif. Pour rendre ce dispositif d’aide plus performant et renforcer les moyens que nous avions, il était nécessaire de porter les détails sur l’organisation, cela a nettement amélioré les conditions de travail des encadrants et des élèves dans l’unique but d’optimiser l’aide apportée aux élèves.

Sur le projet les Olympiades, j’ai adhéré très vite car il plaçait directement l’élève au centre de la problématique établissement et quelques compétences me permettaient d’y participer. Ces journées événements ont été créées au collège pour resserrer les liens entre tous les acteurs : élèves, enseignants, AED, CPE. Ce sont des journées organisées en collaborations avec les équipes pédagogiques et éducatives qui pensent les ateliers d’activités ou de découvertes pour les élèves. Ces journées sont pour les élèves une sorte de challenge à remporter par classe. C’est la classe qui a remporté un maximum de points par atelier qui est gagnante. Ce sont des journées de cohésion où l’on travaille différemment et où chacun peut trouver sa place plus facilement, s’identifier et développer un sentiment d’appartenance à son Ecole. C’est une notion très importante à développer. Elle est au cœur de la réussite des élèves. Un établissement dans lequel on se sent bien on y vient volontiers pour y travailler !

3) Dans la continuité de votre investissement en vie scolaire, vous avez naturellement opté pour la préparation du concours CPE et l’avez brillamment obtenu. Quels sont les 3 arguments majeurs qui vous ont fait choisir ce métier ? L’année de stage que vous venez de vivre vous a t’elle confortée dans votre choix ?

J’ai aussi été brillamment préparée, je n’oublierai pas toutes les personnes qui m’ont donné la force et la conviction d’être CPE ! C’est un grand bonheur pour moi de faire ce métier aujourd’hui.

*Le premier argument majeur est sans hésiter l’accompagnement des élèves, le suivi, l’écoute, les conseils, l’aide. Faire reprendre le sourire à un élève qui est en relation conflictuelle avec sa famille ou faire revenir en cours une élève qui veut démissionner, c’est ça pour moi le métier de CPE !

*le deuxième, c’est toute la partie technique, le CPE est un technicien qui pense, réfléchit, organise, guide. J’aime les métiers où l’on doit organiser.

*le troisième, c’est le volet animation et prévention, animer, donner de la vie, de la convivialité et informer pour mieux préparer nos jeunes, les guider du mieux possible pour en faire les meilleurs citoyens de demain !

Mon année de stage m’a confortée dans ce choix, je me suis sentie tout de suite à ma place avec les élèves, c’est eux qui m’ont montré que j’étais sur la bonne voie !

4) Vous êtes nommée à la rentrée dans une autre académie que la vôtre dont le fonctionnement relève d’une cité scolaire. Comment appréhendez-vous ce nouveau défi professionnel ?

Oui je suis nommée dans l’académie de Strasbourg dans un lycée professionnel assorti d’un CFA d’une capacité de 1200 élèves environ. J’appréhende ce défi de façon plutôt positive, j’arrive avec ma personnalité, mon expérience et ma conception de CPE. L’établissement est d’un point de vue architectural remarquable, les locaux sont agréables, les ateliers pour les élèves sont d’une grande qualité, les filières sont très intéressantes, il y a beaucoup de possibilités d’ouvertures sur de nombreux projets. Un premier temps d’observation sera nécessaire puis ensuite je choisirai les projets les plus appropriés pour l’intérêt des élèves et de l’établissement. C’est certain, je ne vais pas m’ennuyer !

Antonella

EAP, une expérience de terrain enrichissante mais qui demande du temps

Le dispositif « emplois d’avenir professeur » (EAP) est un dispositif d’aide à l’insertion professionnelle dans les métiers du professorat. C’est un pilier important de la réforme de la formation initiale des enseignants et une des mesures les plus sociales du gouvernement actuel. L’éducation nationale recrutera 18 000 emplois d’avenir professeur d’ici 2015. Ce dispositif offre à davantage d’étudiants boursiers la possibilité de s’orienter vers les métiers de l’enseignement en leur proposant un parcours professionnalisant et en les accompagnant financièrement.

Malgré une organisation parfois difficile, cela apporte une vraie plus-value en matière de préprofessionnalisation. Pour éviter de lourds problèmes d’emploi du temps, il vaut mieux accueillir un étudiant en L3.

 

Témoignage de Sandrine directrice d’école:

 

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?

Il est très intéressant pour l’équipe pédagogique d’accueillir une personne supplémentaire susceptible de co-intervenir ou de prendre en charge des petits groupes d’élèves. Cela permet des modes d’organisation pédagogiques différents. Les enseignants se questionnent sur leur pratique, envisagent de nouvelles possibilités de remédiation grâce à un adulte supplémentaire dans la classe.

Dans notre école, les classes de CP sont confrontées à une forte hétérogénéité et réfléchissent à organiser sur un temps identifié, un décloisonnement, avec des groupes de besoins en lecture. L’EAP pour prendre un groupe d’élèves est un atout et permet la constitution d’un groupe supplémentaire et d’alléger les autres en effectif.

D’autres enseignants envisagent de décliner des apprentissages d’une manière différente, sur des projets de classes, en co-intervention : ateliers scientifiques, activités plastiques, ateliers sportifs…

Après un temps consacré à l’observation du fonctionnement de l’école et des différents niveaux d’apprentissages, nos EAP  se sont déclarés très motivés et demandeurs pour se mettre en situation. Ils participent activement aux temps de concertation et de préparation qui définissent leur rôle dans les différentes classes et avec les différents groupes. C’est un préalable incontournable à leur participation aux activités avec les élèves. Il ne s’agit pas de les confondre avec un enseignant surnuméraire aguerri. Ils ont besoin d’être épaulés dans la gestion de leur groupe, dans la constitution des supports utilisés…

  1. Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Le relationnel est très important dans la rencontre EAP/école et il faut qu’il se sente à l’aise, par des moments qui lui sont consacrés, lui permettant de poser les questions nécessaires à une meilleure connaissance du système.

Il est parfois difficile de se dégager du temps pour expliquer le fonctionnement de l’école, les attentes institutionnelles, le rôle des partenaires, les obligations diverses… compte-tenu des imprévus qui peut y avoir à tout moment de la journée.

Les emplois du temps sont complexes à monter. Il s’agit de concilier les cours de l’étudiant et le volume horaire de présence établi par le contrat, d’adapter le planning en fonction des examens universitaires qui peuvent intervenir sur les jours de présence prévus à l’école. Si notre EAP de L3 n’a aucune difficulté à réaliser ses 12h hebdomadaires pour un emploi du temps simple à monter (quelques ajustements à la marge), notre EAP en M1 a beaucoup plus de contraintes liées à ses cours plus nombreux et le planning est plus complexe à caler. En effet, si pour des observations en classe, des journées ou demi-journées variables ne sont pas un frein, il n’en est pas de même pour la mise en place d’un mode de fonctionnement particulier incluant l’EAP, qui nécessite alors des temps de présence réguliers.

  1. Quelles perspectives voudriez-vous donner pour vous à cette expérience ?

Cette expérience de tutorat est une nouvelle facette du rôle d’animation et de management d’équipe que le directeur peut avoir. Elle m’encourage à me créer des outils performants (emploi du temps, portfolio) pour accompagner au mieux ces nouveaux collègues dans l’école, leur donner une vision très réaliste de la fonction d’enseignant, de comprendre par la mise en situation s’ils sont faits pour ce métier et les aider à s’intégrer.


Témoignage de Pierre-Arnaud EAP:

Pierre-ArnaudPourquoi êtes-vous entré dans ce dispositif?

Je suis entré dans ce dispositif pour plusieurs raisons :

  • Ce dispositif s’inscrit parfaitement avec mon projet professionnel : devenir professeur des écoles.
  • Il permet de très bien identifier la profession de professeur des écoles et tous les enjeux que ce métier recouvre.
  • C’est un excellent moyen de comprendre les notions théoriques que l’on aborde en cours (PAI/ PPRE/ REP).
  • Aujourd’hui le système éducatif fait face à de nouveaux défis. J’ai voulu comprendre les différences entre l’école que j’ai connue en tant qu’élève et celle qui existe aujourd’hui.
  • Afin d’avoir une vision des différentes façons d’enseigner, des différentes méthodes pédagogiques au sein de l’établissement mais également de pouvoir pleinement profiter de l’expérience des différents membres de l’équipe éducative.
  • Pour me permettre une plus grande indépendance financière en tant qu’étudiant.

Que vous a-t-il apporté ?

Ce dispositif a répondu à mes principales interrogations concernant le métier de professeur des écoles. Désormais dans une seconde phase j’espère acquérir une plus grande maitrise des enjeux du rôle d’un professeur des écoles dans le suivi d’un groupe d’élèves dans les différentes classes de niveau. À terme, j’aimerais être capable de mener des séances de cours.

Que pensez-vous du système éducatif que vous avez pu observer jusqu’à présent ?

Il s’agit d’un système éducatif complet qui a pour réel objectif la réussite de l’apprenant. Malgré les difficultés des élèves, l’ensemble de l’équipe éducative se mobilise chaque jour et n’est absolument pas déterministe quant à l’avenir des enfants. L’établissement développe de nombreux projets avec les enfants. J’ai été particulièrement surpris par l’ampleur des dispositifs mis en place pour les élèves : Psychologue scolaire, RASED, Classes d’inclusion scolaire.

Vos heures dans l’école sont reliées à un module de découverte professionnelle au sein de l’université ?

Si oui existe-t-il une plaquette explicative de ce module ?

Normalement le dispositif EAP est indépendant de la formation en Université. Toutefois étant en L3 Sciences de l’éducation une spécificité existe.

Au cours du semestre 6 nous avons comme matière obligatoire :

  • L’Unité d’enseignement 68 : Projet professionnel étudiant.

Le dispositif EAP trouve ainsi un lien avec ma formation dans cette matière de la manière suivante :

En fin d’année, un stage obligatoire doit être réalisé au sein d’une école maternelle ou élémentaire en L3 Sciences de l’éducation.

Les étudiants étant intégrés dans le dispositif EAP sont dispensés de ce stage car ils sont durant toute l’année dans leurs écoles respectives.

Témoignages sur les nouveaux rythmes

Du nord au sud, d’est en ouest, nos élèves vivent les nouveaux rythmes avec des organisations multiples et variées. Ici cela fonctionne bien, là c’est plus difficile. La place des APC, l’existence ou non d’activités périscolaires (TAP/NAP/NAE), la concertation ou le manque de concertation entre les différents acteurs, sont autant de facteurs qui influent sur la réussite de cette réorganisation des temps de l’enfant. Une chose est sûre, la matinée de classe supplémentaire implique une évolution dans les pratiques des enseignants, une adaptation minutieuse au service de la réussite de tous les élèves.

Des collègues apportent leurs témoignages :

Horaires : L-M-J-V : 8h30 – 11h30  / 13h30 – 15h45 et Me : 8h30-11h30

Horaires APC : lundi de 15h45 à 16h45

« La matinée du mercredi permet à l’ensemble des classes de travailler différemment autour d’activités de lecture et de production d’écrits ainsi que sur des projets de classe. C’est une matinée où le travail est efficace avec des contraintes différentes.

Les temps d’APC sont utilisés pour un travail sur la méthodologie pour certains élèves : apprendre à apprendre. Nous avons constaté des progrès sur l’apprentissage des leçons.  Pour le traitement de difficultés, notamment en mathématiques, les progrès ne sont pas visibles. Ce sont des élèves qui devraient bénéficier d’une prise en charge RASED que nous n’avons pas dans notre école et les APC ne peuvent palier ce manque.

Je suis à 100% pour des après-midis plus courts. Cela force à être plus respectueux de la durée des séances : maximum 1 heure. De plus, je n’ai pas l’impression d’en faire moins en histoire, géographie ou encore en sciences. Avec ces horaires, on peut faire 2 séances les après-midis, ce qui est bien suffisant. »

Sophie LOZANO, CE2, École primaire d’Ytrac, Cantal

 

Horaires : L-M-J-V : 9h – 12h  / 13h30 – 15h45 et Me : 9h-12h

Horaires APC : mardi et jeudi de 15h45 à 16h30

« Les activités du mercredi matin sont orientées autour d’un thème à l’année. Elles sont décrochées du reste de la semaine. Les élèves sont concentrés et très actifs durant cette matinée.

Les autres jours ont gardé une structuration plus rigide avec des apprentissages précis et des travaux en ateliers.

Les APC permettent la prise en charge d’élèves de GS par petits groupes sur des activités graphiques, et notamment sur le geste. Le petit nombre d’élèves permet d’être derrière chacun et d’amorcer l’écriture plus facilement.

Les après-midis plus courts sont efficaces en termes de concentration des élèves. En effet, celle-ci ne s’étiole pas au fil de l’après-midi. Il est enfin possible d’investir l’ensemble du temps de l’après-midi sans avoir besoin de terminer systématiquement par des activités ludiques. »

 Corinne DOUAT, PS/MS/GS,  École primaire de Parlan, Cantal

 

Horaires : L M J V    8h30 – 11h30 et 13h30 – 15h45 et Me 8h30 – 11h30

Horaires APC : de 11h30 à 12h

Dès 15h45 : temps d’accueil périscolaire avec ateliers et garderie au choix jusqu’à 16h45

« Après une période de pratique, il m’a fallu tout revoir en octobre 2013. Il fallait modifier l’emploi du temps afin de prévoir des plages horaires plus importantes pour les matières telles que l’EPS, l’anglais, la DDM, les arts. J’avais l’habitude de pratiquer chaque discipline plusieurs fois dans la semaine, mais cela ne fonctionnait plus avec les nouveaux horaires, il m’arrivait même de devoir « zapper » certaines séances… cela n’était plus possible !
J’ai donc décidé de regrouper le temps prévu pour chaque discipline les après-midis et j’ai également choisi de consacrer des temps du matin à ces enseignements, notamment le mercredi. Ces changements ont été bénéfiques.

Il m’a fallu également revoir mes progressions de français et de mathématiques car elles n’étaient pas tenables. Il semble nécessaire de prévoir plus de temps pour travailler une notion avec les nouveaux horaires (peu de possibilités de compléter une séance dans la deuxième partie de la journée au risque de ne faire que des maths et du français !)

De mon point de vue, les temps d’APC n’ont aucune influence sur les apprentissages. En ce qui concerne les comportements, il semble difficile de tirer des conclusions : les élèves pris en charge à la rentrée 2013-2014 n’étaient pas les mêmes. Il me semble aujourd’hui que la difficulté de comportement était due au changement, car à ce jour (18 mois après la mise en place des nouveaux rythmes) les élèves ont tous réussi à s’adapter.

J’ai fait le choix de maintenir les projets qui me tiennent à cœur mais il m’a fallu prendre sur mon temps personnel. Lors des sorties par exemple, je choisis de revenir à 16h30 comme avant afin d’avoir du temps pour découvrir un lieu dans de bonnes conditions.

Après des débuts déstabilisants, ce nouveau fonctionnement me convient. La lourdeur des journées n’existe plus et les apprentissages se font toujours dans la souplesse. Je pense que nous avons donc gagné en qualité. »

Céline VIALLET, CP/CE1, École élémentaire César Terrier, Pontcharra, Isère

 

SE-Unsa : « Quels sont les nouveaux horaires pour tes élèves ? »

Christophe : 8h15 – 11h30   13h30-16h  (Mardi et Vendredi)

8h15 – 11h30  13h30-15h (Lundi et Jeudi)

8h15-11h15 (Samedi)

« Les temps d’APC (contenus notamment) influent-ils sur les apprentissages, les comportements ? »

C : « Les temps d’APC sont surtout positionnés de 11h30 à 12h au cours des 2 journées courtes. Dès lors, le contenu et la forme que  peuvent revêtir ces activités sont limités sans parler de l’attention des élèves loin d’être à son paroxysme à ces horaires. Ainsi, l’impact souhaité sur les élèves est irrémédiablement restreint. »

« Les contenus des TAP/NAP (s’ils existent) sont-ils en lien avec le projet d’école ? Et inversement pour les APC en lien avec le PEDT ? »

C : « Les contenus des NAP sont juste liés au matériel dont disposent les agents, un matériel fourni le plus souvent par eux-mêmes. C’est seulement lorsque les municipalités ont un vivier intéressant d’associations que le PEDT est réellement en lien avec le projet d’école.  Il n’y a pour le moment pas d’APC en lien avec les PEDT. »

« Quel est l’impact des après-midis plus courts et/ou des matinées plus longues sur la construction des séances (enchaînement, durée…) ? »

C : « Les activités liées à l’EPS ou aux Arts visuels sont programmées durant les journées longues. Sinon, compte tenu du fait que je travaille par module, l’impact n’est pas véritablement perçu. S’il y a une heure de maths dans la matinée, il peut y avoir une séance de 45 min + une de 15 min ou encore 2 séances de 30 min selon les besoins. »

Christophe, enseignant en CE2/CM1 en Martinique

 

Faire fonction de chef d’établissement quand on est CPE, témoignage


Corinne, CPE très engagée dans son collège, a endossé  ponctuellement le costume d’adjoint au chef d’établissement. Expérimentée et diplomate, elle vit cette fonction transitoire comme une chance de diversifier sa carrière et de renforcer la cohésion entre les personnels de l’établissement.

 

  • Quelles sont les raisons principales qui vous ont conduit à accepter de faire fonction de chef d’établissement à plusieurs reprises dans le collège où vous travaillez ?

J’ai été amenée à faire fonction de principale adjointe à trois reprises dans l’établissement où je travaille depuis douze ans. Je suis attirée par ce métier parce qu’il peut être une évolution positive dans la carrière d’un conseiller principal d’éducation  et ça m’intéressait par ce biais de le découvrir. Les trois fois, c’est le chef d’établissement qui a proposé cette organisation car j’ai une bonne connaissance du fonctionnement de ce collège. J’ai accepté aussi pour rendre service à l’établissement car lors d’arrêts maladie, il n’y pas de remplaçant chez les personnels de direction et c’est régulier que l’institution fasse appel au personnel déjà présent.

  • Trouvez-vous que les compétences développées dans la fonction de CPE « prédisposent » à exercer celle de personnel de direction ?

Je dirais que c’est la personne qui fait la fonction… Il me semble qu’être investie, ne pas compter ses heures, être organisée, avoir de l’autorité, savoir prendre des décisions sont des compétences qu’un CPE doit avoir et qui me semblent  importantes également pour exercer le métier d’adjoint.

 

  • On dit que la façon d’incarner la fonction de CPE n’est pas la même selon le type d’établissement dans lequel on exerce. Partagez-vous ce sentiment dans la peau d’un chef d’établissement ?

Le CPE dans un collège est forcément sur le terrain car à cette période de l’adolescence, les élèves sont toujours en action et cela nécessite d’avoir pas mal d’énergie. Les élèves ne trouvent pas forcément de sens à ce qu’ils apprennent, ils ne se projettent pas.  Au lycée, on a affaire à des adolescents qui sont en passe de devenir des adultes et ils sont déjà dans une démarche de projet d’avenir professionnel.  Donc, oui, la façon d’exercer est différente.  Pour un adjoint c’est un peu pareil. S’il est au lycée,  il aura peut-être des tâches plus catégorisées et plus administratives mais encore une fois c’est une question de personnalité. J’ai pour ma part besoin d’être au contact des jeunes.  Par contre, il est vrai que dans la peau d’un chef d’établissement, le regard des autres adultes change et la relation avec ces derniers aussi. Le management est primordial dans cette fonction.

  • Quelles différences majeures voyez-vous entre le positionnement d’un adjoint ou d’un chef d’établissement ?

L’adjoint doit être loyal envers le chef d’établissement, il est son conseiller mais ce n’est pas lui qui décide au bout du compte. L’équipe de direction se compose finalement que de deux personnes minimum mais ce sont eux qui donnent « l’ambiance d’un établissement ». Cela nécessite un vrai travail d’équipe et des valeurs communes pour une collaboration réussie.

  • Comment voyez-vous votre avenir professionnel dans les cinq ans qui viennent ?

Dans cinq, dix ans, je me vois dans un métier relationnel, CPE sûrement mais peut-être dans un lycée professionnel ou dans un lycée si des possibilités de mutation s’ouvrent. Je tenterai peut être dans une année ou deux de faire fonction dans un autre établissement mais pour l’instant je privilégie ma vie de famille car c’est mon équilibre.

Corinne Choulet

L’école ne peut pas tout ! Lettre à Madame la Ministre…

Madame la Ministre Najat Vallaut-Belcacem,

 

C’est davantage en tant que citoyenne, que de fonctionnaire que je vous écris.

Je me permets de porter à votre connaissance un problème que je considère comme majeur en ce qui concerne l’enseignement en maternelle. Enseignante depuis 1988, je travaille depuis plus de 15 ans sur un secteur en ZEP, qui cette année, est passée en REP+.

J’aime passionnément mon métier que je tente d’exercer avec sérieux, énergie et enthousiasme ; mes  collègues et moi-même menons de multiples projets, nous investissant de façon solidaire, dans le désir d’apporter les enseignements fondamentaux pour le développement de nos élèves qui seront les citoyens de demain.

La misère sociale et culturelle s’est accrue dans notre quartier, générant des difficultés croissantes pour les familles. Certains parents peinent à accomplir leur devoir d’éducateurs ; nous devons pallier ce déficit d’éducation en assurant toujours davantage l’enseignement des règles et des devoirs. Nous faisons face à cette tâche et nous avons le sentiment d’accomplir une noble mission, déterminante dans cette zone où certaines valeurs semblent émoussées, auprès de tous les enfants, y compris les élèves en situation de handicap depuis la loi de 2005.

Je me permets d’attirer votre attention sur un élément qui dégrade fortement nos conditions d’enseignement. Nous devons de plus en plus intégrer des élèves qui présentent des « troubles envahissant du comportement » : ces élèves relèvent davantage d’une pathologie que d’un handicap. Ces situations sont de plus en plus pesantes d’année en année et trop envahissantes pour être gérées au sein de groupes d’enfants non préparés à cette singularité. Ces trois dernières années, notre école a dû accueillir quatre élèves présentant des troubles du comportement extrêmement importants.

Ces enfants en souffrance auraient besoin d’être accueillis dans des structures adaptées et encadrés par des personnels spécialisés et compétents. Ils se comportent souvent de façon agressive, parfois violente ; d’une part cela engendre des situations complexes qui contribuent à créer un climat de classe tendu, lequel génère des problèmes d’attention et de concentration de la part de tous, d’autre part cela suscite des attitudes moins respectueuses entre les élèves ainsi que, par effet modélisant, des comportements agressifs croissants. Cette situation est atypique : on ne peut ainsi prétendre enseigner dans des conditions optimales et sereines.

D’autres handicaps, ne mettant pas en cause le comportement, posent moins de problème et l’intégration de ces élèves est plus aisée. Par contre, il est impossible de répondre à des déficiences de comportement trop importantes surtout quand elles mettent en danger les apprentissages des autres élèves.

L’école maternelle est un lieu d’enseignement qui édifie les bases des apprentissages fondamentaux. Les objectifs sont majeurs et exigeants. Les enfants doivent apprendre à devenir élèves et pouvoir travailler dans un climat de sérénité, de fraternité, de sérieux et de rigueur. Il s’agit de susciter le plaisir d’apprendre. C’est ce que j’essaie de leur insuffler depuis des années.

Alors que ces élèves ont fait l’objet de signalements dès la petite section, la prise en charge réelle par le réseau d’aide ne s’opère qu’en grande section, faute de moyens et de structures adaptées pour les accueillir avant ; ils sont seulement accompagnés (ou pas) par le CMP (une heure, une  ou deux fois par semaine ; c’est variable). L’un d’entre eux, dont le dossier a été validé par la MDPH, bénéficie d’une auxiliaire de vie scolaire pour sa deuxième année de grande section. Cette jeune femme suit une formation spécifique intitulée « Adaptation à l’emploi » qui se déroulera sur dix jours ; je me félicite de ce temps de formation mais regrette qu’elle ne soit pas remplacée.

Pour les autres, les dossiers sont transmis à la MDPH, suite aux réunions des équipes éducatives ; les demandes sont nombreuses et le traitement des dossiers est trop long. La MDPH ne peut apporter des réponses adaptées tant les moyens s’avèrent insuffisants : il n’y a plus de places dans les établissements spécialisés (IME, hôpital de jour) ; à défaut on envisage ensuite un accueil en CLIS. Mais là encore, on souffre d’un manque de places disponibles. Les propositions consistent finalement en un maintien en Grande section ou en un passage au CP avec l’aide d’une AVS : retour à la situation initiale ! Pour certains enfants ces réponses sont totalement inadaptées. La charge est très lourde pour les enseignants et notre cas n’est pas isolé ; de très nombreuses écoles subissent ces contraintes en maternelle et en élémentaire, voire au collège dans notre académie, mais aussi partout en France. De nombreux enseignants doivent mener un véritable combat pour gérer à la fois leur classe et accueillir des enfants souffrant de ces troubles importants.

Je pense également que les parents concernés sont dans une grande détresse. Ils ne sont pas ou peu accompagnés, ne savent pas entreprendre des démarches et/ou encore n’assument pas le handicap de leurs enfants.  Le ressenti de la profession aujourd’hui laisse à penser que la situation est très préoccupante et qu’il est urgent d’entendre les témoignages des enseignants. Il ne s’agit pas de remettre en cause cette loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, mais il faut réfléchir à l’accueil de certains enfants dans des établissements adaptés lorsque le handicap est trop lourd pour être géré dans une classe traditionnelle.

L’école ne peut pas tout !

De nombreux inspecteurs connaissent ces situations alarmantes qui mettent en danger tous les élèves d’une même classe, parfois d’une école, mais sont tout autant démuni. De nombreux collègues sont en détresse et malgré leur courage, n’ont d’autre solution que de prendre un congé maladie ou de changer de poste, tant la tâche est éprouvante. Ces classes sont alors souvent « récupérées » par des jeunes enseignants pour qui la mission se révèle encore plus ardue.

Je suis consciente des moyens qui ont été injectés dans l’Education Nationale et particulièrement dans les zones sensibles. J’espère qu’ils seront profitables dans l’avenir, pour pouvoir simplement enseigner sereinement. Nos élèves ont besoin de rigueur, d’apaisement, de règles sécurisantes pour se construire et apprendre. Je pense qu’il faut surtout renforcer le travail en équipe, localement. Des moyens intéressants ont été accordés et il faut profiter de cette opportunité pour construire ensemble, avec les acteurs de terrain, un projet plus adéquat(e) aux besoins de notre public. Je suis favorable à la réforme mais elle doit prendre appui sur l’avis des professionnels de terrain qui ont la connaissance et les savoirs faire.

Ma principale inquiétude concerne les déficits d’éducation parentaux auxquels nous sommes confrontés quotidiennement ; cela englobe l’attention portée aux enfants, l’échange avec eux, le respect aux adultes et celui des règles de civilités… Je suis convaincue qu’il est urgent de poser le problème de la responsabilité des parents. Il est bien sûr difficile d’assumer cette tâche surtout à notre époque mais il est grave de constater combien certains semblent désinvestis ou désorientés. Les enfants ne peuvent se construire sans règles ni repères, sans conscience du respect d’autrui. Il est temps de travailler ensemble (gouvernement, enseignants, syndicats, parents) pour construire une société plus humaine. Il est temps  de s’opposer à la diffusion d’images et de pensées imposées par les médias, regardés ou écoutés par les enfants, qui véhiculent tant de médiocrité et de violence.

Ma réflexion est abondamment nourrie par le témoignage de nombreux amis et collègues vivant des situations alarmantes dans leurs écoles dues à l’augmentation de problèmes comportementaux chez nos élèves. Des classes de plus petits effectifs seraient nécessaires dans ces situations.

Un dernier point me préoccupe : la formation des futurs enseignants.

Je reconnais que de gros efforts ont été consentis pour remettre en place la formation par la création des ESPE ; mais des insuffisances demeurent surtout quant à l’enseignement en maternelle. Je suis Maîtresse d’Accueil Temporaire depuis quelques années et je constate que les stagiaires, souvent sérieux et investis, sont contraints de « bachoter » le Concours, plutôt que de bénéficier d’une réelle formation dirigée par leurs professeurs (ces derniers endurant également cet état de fait).

Les jeunes subissent une pression extrême de préparations et d’évaluations, qui ne sont pas forcément constructives, en tous cas qui semblent éloignées de la réalité du terrain.

Je vous remercie de considérer mes observations et espère recevoir des réponses à mes inquiétudes. Je ne souhaite pas mettre en lumière particulièrement mon école, mais surtout souhaite que l’on engage une réflexion profonde sur les conditions d’accueil des enfants relevant de troubles du comportement, que l’on réfléchisse à une nouvelle adaptation de la loi sur le handicap de 2005.

Je me tiens à votre disposition pour échanger sur ces sujets si vous le souhaitez. Je vous adresse également ci-joints des dossiers non nominatifs qui permettront de mieux saisir la teneur des difficultés auxquelles nous sommes confrontées.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l’expression de ma très haute considération.

 

Marie LEROY
Académie de Rouen

Être enseignant référent, témoignage

Il y a 10 ans, le 11 février 2005 une loi nouvelle naissait. Impulsée par les Associations de parents d’enfants handicapés cette loi imposait à chaque établissement scolaire, l’accueil des élèves handicapés avec leurs besoins spécifiques et les compensations qui en découlaient.

Pour veiller à l’application de cette loi une nouvelle fonction apparaissait au sein de l’éducation nationale : celle d’enseignant référent de la scolarisation.
Qui est cet enseignant référent ? Quelle est sa fonction ? Qu’elles sont ses prérogatives? Ses champs d’action ? Ses moyens d’action ?
Pour ma part je suis un Maître E qui ayant vu son RASED vaciller sous les coupes successives des gouvernements Sarkozy, a désiré mettre son expérience professionnelle et personnelle au service de ce pourquoi la fonction d’ER a été créée.
Il est commun de dire que l’ER est l’interface entre la famille de l’enfant handicapé, la MDPH et l’établissement de scolarisation.
L’ER doit être constamment réactif, connaître chaque dossier sur le « bout des doigts », les spécificités familiales de l’enfant concerné, les différentes formes de handicaps et les besoins qui s’y rattachent, les enseignants des différents établissements de son secteur d’intervention, les programmes des différents niveaux (de la maternelle au BTS pour ma part), la personnalité des chefs d’établissements, les fonctionnements de chaque service de soins , de chaque profession paramédicale, des services sociaux (SSP, ASE, AEMO), les horaires des écoles (nouveaux rythmes…) , les compagnies de taxis… les fonctionnements des différentes MDPH de son académie (fonctionnement départemental et exigences diverses).
Il doit faire montre de diplomatie, d’empathie, d’adaptabilité, de souplesse d’esprit, d’inventivité, de curiosité, d’assurance, mais surtout de modestie.
Tout cela durant plus de 1600 heures annuelles, avec des journées aux horaires élastiques, des ESS durant la pause méridienne, le soir entre 17H et parfois 20H ou 21H, avec des vacances écourtées (il faut attendre les décisions des dernières CDA).
Tout cela pour 72 euros supplémentaires chaque mois, sous forme de prime (qui ne seront donc pas pris en compte pour le calcul de la retraite), sans ISAE, il est clair que l’enseignant référent n’est pas le responsable des élèves dont il instruit le dossier !!!??
Cependant il s’enrichit du partenariat qu’il tisse avec d’autres structures et d’autres services, avec les professionnels des EMS, des services de soins; il s’ouvre au monde et à la tolérance. Il a un regard pluriel et se remet constamment en question.
Enseignant référent, rime sans aucun doute avec inconscient
La fonction, quant à elle, rime assurément avec passion !

 

Témoignage de Dominique Lomberger
Enseignant Référent de la Scolarisation

 

Sigles
AEMO : Action Educative en Milieu Ouvert
ASE : Aide Sociale à l’Enfance
CDA : Commission des Droits et de l’Autonomie
EMS : Etablissements Médico-sociaux
ER : Enseignant Référent
ESS : Equipe de Suivi de Scolarisation
ISAE : Indemnité de Suivi et d’Accompagnement des Elèves
MDPH : Maisons Départementales des Personnes Handicapées
RASED : Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté
SSP : Service Social de Prévention

Crédit photo : mozzoom via photopin cc

Quand l’intérêt de l’enfant se heurte au dysfonctionnement administratif…

« Depuis 2005 et l’obligation de scolarisation, j’ai accueilli des enfants porteurs d’un handicap à de multiples reprises.

Cette année, dans ma classe de MS-GS, 2 enfants de GS sont maintenus. Ils sont accompagnés depuis l’année dernière par une AVS, qui au fil des mois, a réussi à instaurer une relation de confiance propice à leur épanouissement.

Cette année encore, elle a vu son contrat reconduit et intervient dans ma classe pour les 2 mêmes élèves. L’un des 2 bénéficie de 12h (mutualisées avec son camarade) réparties dans la semaine. Jusque là tout allait bien…

Depuis fin septembre, elle doit également accompagner un enfant autiste dans une classe de PS de notre école. Cet enfant bénéficie de 10h hebdomadaires et ne vient à l’école que le matin. Le calcul est donc simple : 12h+10h= 22h. Le contrat de Fatima n’étant que de 20h, mes élèves ont vu leur aide amputée de 2h et leur emploi du temps modifié.

Ma directrice et moi-même avons téléphoné à l’inspection académique, à l’enseignant-référent qui nous ont répondu « qu’ils cherchaient quelqu’un d’autre pour les 2h manquantes, qu’il n’y avait pas assez d’AVS dans le département et que je ne devais pas me plaindre puisque j’avais tout de même une AVS».

J’ai parlé de « l’intérêt de l’enfant, de stabilité, de qualité relationnelle », on m’a répondu « restriction, budget… ».

Nous avons reçu les parents, les incitant à réagir le plus vite possible. Ce qu’ils ont fait. Mais la MDPH les ayant renvoyé vers l’inspection académique, c’est en bataillant ferme qu’ils ont obtenu gain de cause. L’AVS est à nouveau présente dans la classe avec les horaires qui correspondent à la prise en charge de mes élèves. Happy end donc !

Béatrice, professeure d’écoles de classe normale en Haute-Vienne

Intégration réussie d’un élève autiste en 5ème, Michaël témoigne

« K. est un élève qui fréquente l’Ulis. Atteint de troubles autistiques, il a intégré ma classe de 5ème SVT en octobre qui compte une vingtaine d’élèves.

L’accueil de cet élève s’est fait dans de bonnes conditions : des d’élèves compréhensifs et empathiques, un programme concret qui remobilise des notions déjà abordées en primaire. K. est accompagné d’un AESH. Au début de l’inclusion, il était assis à côté de K. qui était demandeur et qui se sentait rassuré. Au fur et à mesure de l’avancement du trimestre, l’assistant a pris ses distances et s’est installé dans le fond de la salle. K. s’est bien adapté au rythme de travail de cette classe de 5ème. Un peu effacé au début, il s’est progressivement intégré au groupe-classe et participe régulièrement à l’oral. Il prend son cours avec soin et fait preuve d’un très bon raisonnement. Cependant, il manque parfois d’attention et met un peu plus de temps à faire le travail demandé.

K. a été évalué selon les mêmes exigences que celles attendues d’un élève de 5ème. Il a obtenu de très bons résultats. Comme il est très sensible aux notes, ces évaluations « réussies » l’ont encouragé à poursuivre ses efforts. Il a pris ses aises, apprécie la matière, pose des questions, me salue et me donne rendez-vous pour le prochain cours, il s’est ouvert aux autres et commence à s’habituer à l’émulation d’une salle de classe. Son inclusion a été bénéfique pour lui et pour les autres élèves qui ont une vision plus large de la diversité des élèves d’un collège. »

Michaël, professeur de SVT dans le Bas-Rhin

Accueil d’un enfant autiste en MS/GS, le témoignage de Sarah

« J’ai appris en fin d’année dernière qu’un élève souffrant de troubles autistiques intégrerait ma classe déjà nombreuse à la rentrée (27 élèves). Cet enfant souffrait particulièrement des changements et des situations collectives trop longues. Un déménagement, un changement d’école et une classe nombreuse et bruyante… tous ces facteurs m’inquiétaient. Ce qui m’a fait peur c’est la totale absence de formation pour l’accueillir ainsi que la réaction de ses camarades devant ses éventuelles crises. Heureusement, j’ai pu rencontrer la collègue qui avait cet enfant et qui m’a beaucoup conseillée. Nous avons eu également la chance que son AESH accepte de suivre l’enfant dans notre école.  Je me suis beaucoup documentée et j’ai essayé de préparer cette arrivée au mieux.

Finalement, après une période d’adaptation, de nombreuses réunions de concertations avec les personnels soignants et les parents, cet enfant s’est parfaitement intégré à la classe et à ses camarades. Sa présence dans la classe est un réel enrichissement pour tous, enfants comme adultes. Ses camarades l’ont accepté et le considèrent comme un camarade ordinaire.

C’est également une victoire personnelle. Grâce à lui, j’ai appris beaucoup et j’ai su adapter ma pédagogie à sa différence. »

Sarah, classe de MS/GS

Caroline, prof doc en collège, témoignage

Peux-tu rappeler brièvement ton parcours et les caractéristiques de ton établissement ?

Je suis professeur documentaliste depuis 12 ans, je travaille au collège Henri Wallon à la Seyne sur mer depuis septembre 2005. Le collège est situé en zone d’éducation prioritaire, il est classé REP+ depuis septembre 2014, avec le collège Nucéra, pour l’académie de Nice.

Comment organises-tu ton travail auprès des élèves ?

  • Je fais de la formation info-documentaire et de l’Education aux Medias et à l’Information, formation inscrite à l’EDT des 6e, puis planifiée sur les autres niveaux fonction de la politique documentaire de l’établissement, en interdisciplinarité.
  • Je participe à l’aide personnalisée, selon les années, et fonction des projets classes, sur différents niveaux. J’interviens souvent dans ce cadre autour d’actions lecture, qu’elle soit numérique ou papier, ou autour de projets utilisant les réseaux sociaux. Cette année, mon intervention en AP est ciblée auprès des élèves de 6e.
  • Je m’investis dans tous les dispositifs impliquant une transdiscinarité (PIIODMEP, HiDA, Elèves à besoins éducatifs particuliers …)
  • Je participe à beaucoup de projets transdisciplinaires mis en place au sein de l’EPLE, et j’en impulse quelques uns (prix littéraires, défis lecture, marathon presse (piloté par le Canopé de Nice) …

Je travaille bien entendu avec les enseignants du collège, de la SEGPA, le professeur de FLS, et j’essaye de plus en plus, de répondre aussi aux besoins des enseignants de la classe Relais qui est rattachée à l’établissement, ceci pourrait d’ailleurs se concrétiser rapidement par un projet commun.

Donc les classes défilent les unes après les autres au C.D.I, de temps en temps, j’ai même deux classes qui travaillent ensemble ou deux groupes, c’est une fourmilière, où tout le monde se déplace, travaille en groupe, et ces moments-là sont très importants pour moi, et ils sont surtout facteurs d’apprentissages.

On essaye également, avec quelques collègues, de rendre cohérent le parcours culturel de l’élève.

Comme tout professeur documentaliste, en plus de ces formations et de cette implication dans les projets transdisciplinaires et culturels de l’établissement, je veille à accompagner les élèves et répondre à leurs besoins info-documentaires, lorsque je les accueille, sur des heures où ils n’ont pas cours, et pendant les récréations et la pause méridienne. Pour certains, le C.D.I est perçu comme un lieu de refuge, un espace où ils peuvent travailler, seul ou en groupe mais aussi être écoutés.

J’essaye de proposer également un certain nombre d’activités en fonction des semaines éducatives (semaine du goût, fête de la science, Journée des droits des enfants, semaine de la presse, semaine des mathématiques, semaine du développement durable …).

Lorsque je trouve un petit peu de temps, je fais de la gestion documentaire, mais il est vrai que je passe le plus clair de mon temps avec les élèves. La veille, la communication, je la fais le soir, à la maison … Si je regarde mon EDT, je dois faire en moyenne une vingtaine d’heures de séances pédagogiques par semaine (formations et projets confondus), sans compter le temps que je passe auprès des élèves pour faire de la pédagogie différenciée. Mais honnêtement, je suis là pour ça, alors, cela ne me dérange pas ! Si j’avais un peu plus de temps pour préparer mes séances, ce serait génial !

En quoi te sens-tu utile à tes élèves ?

J’ai l’impression d’être utile au quotidien en observant l’épanouissement de mes élèves, en entendant leur satisfaction personnelle à la réussite d’un travail, lorsqu’ils te redemandent de participer à un projet que tu as mené avec eux sur toute l’année, entre autre d’incitation à la lecture, (avec des élèves non lecteurs, dys) mais également en les voyant franchir la porte du C.D.I avec un grand sourire, content de te retrouver, content de savoir que tu es là pour eux, pour les aider, ou du moins les accompagner dans leurs apprentissages.

Utilité encore plus importante lorsque ce sont des élèves non francophones qui arrivent en fin d’année à te faire un livre numérique, fiers de leur résultat ils le sont, mais nous, profs, on est surtout très satisfait des progrès énormes qu’ils ont accomplis toute l’année ! Et vraiment, avec le public avec lequel je travaille, ces satisfactions, je les aie régulièrement … et j’en redemande ! Nous en redemandons, car faire seul c’est difficile, mais en équipe, on est plus fort !

D’après toi, quelles sont les « particularités » du travail de prof doc en REP+ ?

La pédagogie de projet est le leitmotiv des équipes pédagogiques en REP+ … et … le prof doc est au cœur de cette pédagogie de projet … qu’il soit moteur ou simple acteur … Donc on est sollicité à tout moment et de toute part ! En REP+, le CDI est une ruche, un « laboratoire de recherche et d’innovations », pour reprendre l’expression d’un collègue. On expérimente, on se trompe, on apprend des uns des autres, ça butine de toute part, mais c’est ce qui fait que le CDI vit, et que le prof doc veille sur tout ça pour que les élèves apprennent et deviennent les futurs citoyens de demain !

Il faut jongler entre les formations à la culture de l’information, qui occupe une place centrale aussi pour un prof doc en REP+, en mettant l’accent sur les compétences du socle, et tous les projets pédagogiques, les partenariats extérieurs …

Le REP+ permet de dégager du temps pour faciliter la concertation des équipes, notamment pour les projets qui peuvent avoir lieu, ou la réflexion autour de thématiques préalablement définies. Le prof doc est donc au cœur de ces concertations, et se doit, à mon sens, d’y participer. Cependant, elles ont souvent lieu à des moments où le C.D.I est ouvert … et si le prof doc est seul, il ne peut fermer …

Le REP+ permet de renforcer la concertation entre le primaire et le secondaire … et dans ce cadre là, je pense que le professeur documentaliste doit avoir toute sa place … cependant il faut dégager du temps pour que cette liaison soit efficace, accompagner les projets inter-cycles, ouvrir le C.D.I aux écoles du REP+ … ce qui peut se faire avec le primaire, peut également se faire avec le lycée, et là encore, le professeur documentaliste doit être au cœur de cette liaison, mais … il faut du temps … et … assurer en même temps une ouverture du C.D.I à tous les élèves …

Le REP+ met également l’accent sur la relation avec les familles. Là à nouveau, il me semble que le prof doc peut avoir un rôle à jouer, notamment d’accompagnement des parents sur l’utilisation des ressources documentaires de l’établissement, sur l’utilisation des réseaux sociaux et l’identité numérique, l’accueil aussi sur le Centre de Documentation et d’Information pour l’implication et la valorisation des parents dans les projets de classe de leurs enfants.

Avec le REP+, on demande à chaque enseignant d’être tuteur de quelques élèves. Après m’être longuement posée la question, je pense effectivement qu’avec des élèves qui ont l’habitude de venir quotidiennement au C.D.I, on peut arriver à mettre en place un tutorat efficace. Mais là toujours, c’est un temps que l’on ne passe pas avec les autres élèves …

D’après toi, qu’est-ce qui améliorerait sensiblement tes conditions de travail ?

Entre les concertations, le tutorat, l’AP, les séances pédagogiques, les projets, les semaines thématiques, je suis continuellement sollicitée.

J’ai la chance d’avoir une aide, cette année à 80%, aide qui chaque année est sur la sellette. Pour permettre une ouverture convenable du CDI, mettre en place des formations info-documentaires répondant aux objectifs fixés par la politique documentaire de l’établissement, il faut qu’il y ait du personnel qualifié, titulaire, et cela passe, me semble-t-il, par la création de postes d’aides documentalistes.

Si je pouvais être certaine de compter sur cette aide, à temps complet, formée, avec une grille de poste, des fonctions bien définies, et qui ne serait pas à reformer chaque année par le jeu des contrats, ce serait déjà un point très positif.

Pour la formation des élèves, l’idéal serait deux postes de professeurs documentalistes par établissement REP+.

Il faudrait également que nous ayons, nous professeurs documentalistes, comme les collègues de discipline, droit à un temps de concertation, donc droit à la pondération. Pour le moment, en tout cas pour ma part, je participe à toutes les actions ciblées dans le cadre du REP+ mais … sans pondération … au détriment peut-être d’une ouverture plus importante du CDI lorsque mon aide ne travaille pas … et … le besoin d’ouverture du Centre de Documentation et d’Information en REP+ se fait aussi ressentir …

Caroline Soubic

Du 1er au 2nd degré, le témoignage de Marion

Titulaire d’une licence de mathématiques, obtenue en 1998, j’ai préparé le concours de Professeur des Ecoles par le CNED puis en PE1. À l’issue de l’année de stage (PE2), j’ai été titularisée en 2000.

Après plusieurs années passées en école élémentaire, j’ai souhaité me tourner vers l’enseignement secondaire dans ma discipline d’étude initiale, les mathématiques. La préparation du concours interne était à ce moment là difficilement compatible avec ma vie professionnelle et personnelle.

Une demande de détachement m’est apparue comme une alternative intéressante, puisque je pouvais conserver temporairement mon poste dans le premier degré.  En effet dans le cas où ce nouveau métier ne me plaisait pas, je pouvais redevenir professeur du premier degré.

Une première tentative en 2013 n’a pas aboutie. En revanche ma  seconde demande a été validée l’année suivante (juin 2014) après avoir transmis à l’inspection de circonscription mon dossier de candidature comprenant :

  • un dossier administratif à compléter au printemps
  • une lettre de motivation
  • un CV

Pour ma part, je n’ai pas passé d’entretien préalable, mais certains collègues ont rencontré l’IPR.

Il m’a été demandé d’adresser à la DPE une liste de vœux géographiques, sans liste préalable de leur part. L’incertitude, quant à l’attente du lieu d’affectation (la Dordogne est le 3ème  département le plus étendu de France !) et surtout quant aux niveaux d’enseignement confiés (et donc l’impossibilité de préparer mes cours à l’avance) fut pour le moins désagréable. C’est à la fin du mois d’août que m’a été communiqué mon affectation au Collège Bertrand de Born à Périgueux.

Mon statut est assimilé à celui de stagiaire ; à ce titre j’enseigne 12 heures par semaine  à deux classes de 4ème  et une classe de 3ème (même si habituellement les stagiaires n’ont pas la charge de classe à examen).  Ravie de mon affectation je pense pouvoir dire aujourd’hui que mon intégration au collège s’est faite sans difficulté.

Ma formation prévoit par ailleurs deux jours hebdomadaires d’enseignement à Bordeaux. L’aspect logistique est de ce point de vue plus contraignant car les déplacements induisent une charge physique et financière lourde, et à ce jour (3 mois après la rentrée) l’Education Nationale n’a procédé à aucun défraiement ni même communiqué clairement sur le montant prévu pour ceux-ci.

 

Marion Cavillac
PE en détachement dans le 2nd degré
depuis la rentrée de septembre 2014

 

Une fin de carrière difficile… le témoignage de Jacqueline prof d’EPS

1/ Tu approches de ta retraite, quel regard portes-tu sur ta carrière d’enseignant d’EPS ?

Je suis heureuse d’arriver au terme d’un métier qui m’a passionné, pendant une grande partie de ma vie active. L’exercice de cette profession a répondu à mes attentes et procuré beaucoup de joie, de complicité avec les élèves durant les ¾ de ma carrière. Je n’étais alors  pas totalement soumise à des contraintes de programmes et disposais d’une certaine latitude d’action permettant des adaptations. J’ai pu alors faire passer des valeurs autres que la performance et l’évaluation en bâtissant de grands projets interdisciplinaires qui permettaient une vraie vie collective dans les établissements.

Les dernières années j’ai souffert de ce manque d’humanisme. Les programmations, pas claires, les exigences, les instructions, les contraintes administratives, les innombrables évaluations,… qui sclérosent et bloquent tous projets faute de temps : chaque instant est compté pour finir les programmes et clôturer les examens en temps et en heure. Le métier d’enseignant est de plus en plus stressant et ce manque de sérénité rejaillit sur les élèves alors qu’il faudrait les apaiser

 

2/ En EPS, as-tu rencontré des difficultés pour animer tes cours en cette fin de carrière ?

Oui, la fin de carrière a été très difficile tant physiquement que moralement et me laisse un goût amer.

Physiquement, car après de multiples accidents, et opérations qui se sont soldés par un statut de travailleur handicapé, je n’ai eu aucune aide si ce n’est l’attribution d’un temps partiel (pas de poste adapté), qui s’est traduit par l’aggravation de mon état de santé et qui m’a pénalisé sur le salaire pour ma retraite (double peine).

Moralement, car ayant vécu un début de carrière où la solidarité, l’esprit d’équipe, le respect prédominaient, je n’ai pas supporté l’individualisme grandissant de la génération des jeunes collègues. Ce qui n’est pas entièrement de leur faute car ils n’ont pas connu les années promo STAPS et CREPS qui nous soudaient en créant des liens forts de solidarité. Nous sommes également touchés par le contexte de rentabilité, de course « au fric », à l’arrivisme, à la concurrence qui engendrent des relations difficiles. Sans omettre le manque de formation pédagogique qui a transformé les PEPS en « ingénieurs des activités physiques ».

Les élèves, voire les parents qui n’ont plus de respect pour l’enseignant et qui contournent sans cesse les consignes de vie en collectivité, de sécurité, devenant des « consommateurs » exigeants et procéduriers.

 

3/Que regrettes-tu de ta carrière ?

-Cette formation disparue qui nous soudait et faisait d’un corps une vraie famille de pédagogues.

-Le manque de considération et de moyens pour faire appliquer la discipline.

-Les programmes trop sclérosants, qui ne donnent pas le temps de travailler sur des valeurs autres que « la performance à l’évaluation »,

-la note qui n’est plus libre puisque souvent modifiée lors des commissions d’harmonisation et qui n’accorde pas assez d’importance à l’effort, au travail, à l’investissement et aux progrès de l’élève.

-Les projets de moins en moins possibles (vu la lourdeur des programmes) qui permettaient de souder les équipes éducatives et les rendaient plus crédibles et plus fortes vis-à-vis des élèves, mais aussi des parents.

-Le manque de protection et de soutien de notre hiérarchie en cas de difficultés avec les élèves ou les parents, et ceux-ci savent trouver les failles

le fait de n’avoir pas pu intégrer le corps des certifiés qui aurait été la véritable reconnaissance de notre statut d’enseignant.

 

4/Peux-tu citer 2 exemples marquants de ta carrière ?

-les voyages organisés au Maroc avec des élèves de 5ème, qui pour beaucoup ne connaissaient que leur environnement proche, qui ont permis de découvrir une civilisation différente, des enfants plus démunis qu’eux mais qui avaient la soif d’apprendre pour sortir de leurs conditions précaires. L’innovation que nous leur avons apportée avec nos pratiques en EPS, notamment en ce qui concerne les filles.

– des spectacles organisés par l’EPS durant plus de 20 ans (pour alimenter les caisses de l’AS), comédie musicales écrites pas les élèves en français, des spectacles à thèmes, travaillés en EPS durant toute l’année pendant et en dehors de cours d’EPS, avec le concours les profs d’art plastique, techno, éducation musicale etc…. pour les décors et organisation. Ce genre de projet ne s’est plus fait en raison des nouveaux programmes « bouffeur » de temps (dans toutes les disciplines). Cela  m’a permis notamment de garder contact avec des élèves qui gardent des souvenirs impérissables de ces moments qui ont créé une dynamique, un esprit de travail collectif, permis l’imagination, la  création, l’intégration de tous, et soudé ces élèves qui, après avoir fondé leurs  familles, continuent de  rester en contact entre eux, sont heureux de se souvenir de ces années collèges et fiers de montrer à leur descendance ce qu’ils ont réalisé grâce aux vidéos réalisées..

 Jacqueline Vacherat

 

Témoignage de Stéphanie, AESH dans l’académie de DIJON

Depuis combien de temps exerces-tu ce métier ?

Je suis AESH depuis 7 ans, j’entame ma 8ème année. Mais avant cela j’ai été E.V.S à fonction d’AVS pendant 1 année en maternelle. C’est comme cela que j’ai découvert ce métier que j’ai tout de suite adoré. Aider, partager soutenir, écouter, patienter, échanger etc…
J’ai fait tous les niveaux de la maternelle à la 3ème en en passant par l’ULIS et la SEGPA.
J’ai débuté avec un contrat à 50%, puis à 60% pour finir à 70%. L’année dernière j’étais à 80% et cette année je suis repassée à 70% lors de mon CDI.

Ce métier te plait-il ? Pourquoi ?

Tout n’a pas toujours été rose. Certaines années sont plus difficiles que d’autres. Je me souviens d’une année particulièrement douloureuse moralement et physiquement pour moi. Je suivais un élève ayant des troubles du comportement (surtout ne pas dire violences verbales et physiques….) c’était un élève violent avec tout le monde. J’ai tenu quelques mois mais j’ai finalement « supplié » qu’on me change d’établissement. De plus je ne me sentais pas vraiment soutenue par ma hiérarchie… Cette année là, j’ai changé plusieurs fois d’établissements, entre le départ d’un autre élève, un enseignant qui ne voulait pas changer son emploi du temps afin que ma présence serve à quelque chose (je suivais également un autre élève dans un autre établissement), ce fut une année chaotique.

Mais il y a également des superbes années, on est fière que nos élèves se battent et réussissent ! Sans compter les remerciements et le soutien des parents qui nous font chaud au cœur,

Souhaites-tu continuer à faire ce métier ?

Aujourd’hui je suis en CDI et j’espère pouvoir continuer encore un moment.

Mon seul regret est notre salaire. Jusqu’à l’année dernière, nous n’étions pas payées en septembre, un acompte était versé début octobre puis régularisé fin octobre. Lorsque vous n’avez que ce seul salaire pour une famille, cela nous met pas mal dans l’embarras au niveau des banques…. Cette année, j’ai eu mon salaire fin septembre mais sur la fiche de paie, il y a plein d’erreurs. Le combat n’est pas fini !