Après un BAC ES obtenu avec mention, vous faites le choix de préparer une licence de psychologie à la Faculté des sciences de l’Homme à Bordeaux. Parlez-nous de vos motivations pour vous inscrire dans cette discipline universitaire. Avez-vous le souvenir d’un travail de recherches mené pendant ce parcours que vous aimeriez partager ?
Vous vous souvenez de cette fameuse question, que veux-tu faire plus tard ? En ce qui me concerne je m’en souviens très bien ! Je me rappelle ma première réponse où je disais vouloir devenir maîtresse. Petit, nous sommes pleins de rêves mais en grandissant nos envies, nos choix évoluent. Ainsi, au cours de mon année de troisième, j’ai réfléchi davantage à cette question. Constatant que j’avais une aisance relationnelle, une aptitude à l’écoute, une volonté d’accompagner des personnes, j’ai cherché un métier qui me permettait de lier ces différentes qualités. De ce fait, avec l’aide de mes parents et d’une conseillère d’orientation, j’ai découvert le métier de psychologue. Je me disais que cette profession était la plus à même de me correspondre. Depuis ce jour, j’ai maintenu cet objectif et c’est ainsi qu’en septembre 2016 j’ai débuté ma formation en psychologie. Mes années de licence m’ont apporté un certain nombre de connaissances et m’ont initié au travail de recherche. En effet, en licence 3 j’ai réalisé un travail d’étude qui portait sur « Les processus liés au développement moral chez les enfants avec un trouble du spectre autistique ». Pour mon plus grand plaisir, ces années de licence m’ont conforté dans mon choix de devenir psychologue et m’ont permis de mieux me connaitre. Cependant, n’ayant pas été retenue en master à la rentrée 2019, mon souhait de devenir psychologue est pour l’instant devenu un rêve ! Qui sait ? peut-être qu’un jour il deviendra réalité !
Passionnée de pâtisserie, vous prenez la décision de rejoindre le statut d’apprenti afin de préparer un CAP dans ce domaine. Quel est le cheminement personnel qui vous amené à une telle orientation ? Comment avez-vous vécu cette expérience originale et quelles suites avez-vous imaginé ?
Á mes yeux, pâtisser ne signifie pas seulement réaliser des gâteaux. Au contraire c’est bien plus que cela ! Quand je confectionne mes pâtisseries, les mots amour, gourmandise, bonheur, partage, résonnent en moi. Autant d’émotions que j’exprime au travers de mes créations. Justement, l’une des raisons qui m’encourage à pâtisser, c’est de voir les sourires apparaitre sur les visages. Mais la pâtisserie c’est davantage. En effet, depuis mon plus jeune âge, je constate que ces petites gourmandises sont un bon moyen de rassembler les personnes, quel que soit leur âge. Je dirais même que c’est un outil de socialisation éphémère qui peut favoriser des rencontres durables. Pâtisser est un art culinaire qui envoute les cœurs de chacun, même celui du créateur. Par son apparence envoutante et appétissante, une émotion vous submerge et crée en vous un plaisir visuel, une sensation de bonheur qui peut aller jusqu’au plaisir gustatif si vous vous laissez succomber par cette douceur sucrée ! C’est pour toutes ces raisons que j’ai souhaité que ma passion devienne ma profession. Ayant l’opportunité de concrétiser ce souhait, j’ai suivi une formation de pâtisserie pendant un an. J’ai pu découvrir les recettes traditionnelles et me perfectionner dans des domaines plus artistiques du métier. Au cours de cette année, j’ai aussi appris à m’affirmer et à me faire respecter, car exercer son métier en tant que femme dans une équipe composée exclusivement d’hommes peut être déstabilisant. Mais au contraire, j’ai perçu cette différence comme une force et un moyen d’être complémentaire. De même, par mon statut d’apprenti, j’ai su m’imposer et montrer que je valais autant que mes collègues. Au fond, je me disais que j’avais autant à leur apporter qu’eux envers moi. C’était une expérience très enrichissante ! Cependant, mon année de CAP m’a fait prendre conscience de certaines difficultés, telles que la contrainte des horaires de travail. Face à cela, j’ai souhaité poursuivre mes études. Peut-être qu’un jour je ferai de la « pâtisserie thérapie » ou je créerai mon salon thé, je ne sais pas. En attendant, je souhaite utiliser ces compétences auprès des élèves, parents, collègues, en proposant quelques ateliers de pâtisserie pour renforcer les liens entre tous !
Durant trois étés, vous découvrez le monde de l’animation et des centres de vacances et de loisirs. Vous acceptez alternativement la responsabilité d’animatrice et d’assistante sanitaire. Diriez-vous que ces missions d’encadrement ont répondu pleinement à votre attente ? Comment ? Quels sont les objectifs pédagogiques qui vous semblaient les plus prioritaires à défendre avec les enfants et les adolescents dans ce contexte ?
Je suis vraiment très heureuse d’avoir vécu ces trois étés ! Vous me proposeriez à l’heure d’aujourd’hui de refaire un centre de vacances, je dirais oui sans hésitation. Je ne sais pas comment vous exprimer mon ressenti, mais je peux vous dire qu’après chaque séjour j’en suis ressortie grandie. Je parle de ma maturité et non de ma taille, depuis le collège je ne grandis plus ! Plus sérieusement, ces expériences m’ont apporté plus que je ne l’espérais. Avant de débuter, je me disais que je souhaitais devenir animatrice afin d’acquérir des compétences auprès des jeunes. Cependant, dès lors que j’ai commencé dans le métier, je me suis rendue compte que détenir le BAFA ne se limite pas à cette notion. En effet, en plus d’une meilleure connaissance de ce public, j’ai pris conscience qu’être animatrice me permettait d’apprendre à travailler en équipe, d’acquérir des outils pédagogiques et ludiques ainsi qu’un nouveau rôle, celui d’éducatrice. Grâce à mes différentes missions, j’ai su transmettre des connaissances et compétences aux jeunes. J’ai aussi apporté un cadre sécurisant aux enfants en étant à leur écoute, bienveillante et réconfortante. Enfin, j’ai appris à croire en chacun des jeunes dans le but qu’ils deviennent à leur tour des êtres à part entière. Ainsi, mes principaux objectifs pédagogiques dans l’animation étaient d’apporter du bien-être aux enfants et adolescents, de leur apprendre la notion de vivre ensemble, de citoyenneté et surtout d’avoir et garder le sourire et la joie de vivre !
Vous intégrez en septembre 2020 le parcours de Master Meef à l’Inspé de Besançon afin d’y préparer le concours de CPE. Quels sont les arguments qui vous ont fait basculer vers cette formation ? Qu’attendez-vous du métier de CPE et comment le voyez-vous ?
Au cours de cette année, mes collègues m’ont posé la même question. Sur le ton de l’humour, ils m’ont demandé pourquoi j’avais envie d’exercer ce métier : selon eux, je risquais de vivre des conflits avec les parents, les élèves me percevraient comme une râleuse qui fait la police, plutôt que de continuer la pâtisserie, là où j’apporte du sourire et où je suis complimentée. C’est vrai que vu sous cet angle, je devrais vite courir, prendre mes valises et retourner en pâtisserie ! Nous pouvons nous demander, suis-je déraisonnable ou motivée ? Je dirais qu’en découvrant le métier de CPE j’ai été inspirée. Je dirais même qu’être CPE me permet d’exprimer davantage qui je suis ! Mais avant d’en venir à ce constat, il y a eu un cheminement de pensée qui a émergé. Cette réflexion a commencé au cours de mon année de CAP. J’appréciais beaucoup ce métier mais les contraintes physiques, les horaires, le fait de ne pas travailler avec des jeunes, étaient autant de points qui m’empêchaient de lier ma conception de vie future et cette profession. De plus, au cours de mon année de CAP, j’ai été touchée par les discours de mes camarades de CFA (Centre de Formation d’Apprentis). Ils m’expliquaient vouloir quitter rapidement le système scolaire en raison d’une perte de motivation mais surtout parce qu’ils ne se sentaient pas suffisamment intelligents pour faire de longues études. J’étais surprise de les entendre se dévaloriser de la sorte, alors même que les discussions que j’avais avec eux étaient très pertinentes. Je voyais en chacun d’eux un potentiel et des qualités qui faisaient d’eux des personnes admirables. Face à ces constats, j’ai souhaité recandidater en mars 2020 dans différents Master afin de trouver une voie me permettant de lier mes passions, ma motivation, d’être dans l’action et la collaboration. Je désirais trouver un métier où je pouvais accompagner les jeunes à devenir des êtres à part entière. Mais il n’est pas simple de lier mes différents souhaits dans un même métier. Pourtant en réfléchissant et en discutant avec des étudiants CPE, j’ai découvert que cette profession était la plus à même de réaliser mes souhaits. En effet, je retrouve dans ce métier des compétences qui me plaisent dans le métier de psychologue, telles que l’empathie, l’écoute, le fait de mener des entretiens, d’aider les jeunes. Mais aussi des qualités communes au métier de l’animation (mener des projets, animer un groupe, éduquer les jeunes, etc.) et de la pâtisserie (proposer des ateliers, travailler en équipe, apporter des sourires, créer, etc.). Ainsi, ce que j’attends du métier de CPE, c’est à la fois me réaliser et trouver ma place dans le monde professionnel mais aussi de croire en chacun des jeunes, leur permettre de réussir et de s’épanouir !
Un an plus tard, vous exercez la fonction de CPE stagiaire dans un collège rural du Jura. Comment avez-vous été accueillie dans l’établissement ? Avez-vous des projets en charge ? Lesquels ? Quel bilan provisoire dressez-vous de votre engagement à la moitié de cette année scolaire ?
Au cours de mon année de M1, j’avais réalisé 15 jours de stage dans cet établissement. J’avais beaucoup apprécié l’ambiance du collège et surtout la relation qui s’était installée entre ma tutrice et moi-même. Sachant que Carole, ma tutrice, est une femme bienveillante, qui partage les mêmes valeurs que moi et dont la posture professionnelle est admirable, j’ai accepté qu’elle me forme pour mon année de M2. Je savais qu’elle aurait confiance en moi et qu’elle croirait en moi. Je ne me suis pas trompée ! En arrivant en octobre, j’ai constaté que tous m’attendaient avec impatience. Elle a su préparer mon arrivée comme il se doit. Je me suis sentie reconnue comme une CPE. C’était un sentiment très agréable ! Grâce à cet accueil, Carole, ainsi que l’ensemble de mes collègues (infirmière, agents, enseignants, les élèves, etc.), ont su me mettre en confiance et me motiver. Cette énergie positive m’a inspirée et poussée à vouloir mener des projets au sein du collège. Ainsi, depuis mon arrivée, j’ai encadré, avec la collaboration de l’infirmière, une intervention sur le sommeil réalisée par des étudiantes en médecine. J’encadre avec Carole les réunions CVC (Conseil de Vie Collégienne) : une instance où les élèves sont concepteurs des actions mises en place au sein du collège. Par exemple, nous avons réalisé un jeu pour la journée des droits des femmes, des collectes solidaires et préparé une semaine sur le thème de noël. J’ai aussi mis en place, avec la collaboration du professeur documentaliste, un club journal pour les délégués. L’objectif étant de valoriser les délégués dans le collège et de mettre en avant les différentes actions menées dans l’établissement. D’autres projets sont en cours de réflexion, tels que « réenchanter la restauration scolaire » et lui redonner un sens éducatif mais aussi travailler avec les éco-délégués sur de nouvelles actions. Les idées ne manquent pas et les élèves sont très motivés !
Au regard de tout ceci, je réalise que mon stage a été très formateur ! Je suis arrivée en connaissant très peu de choses et je repartirai avec de nombreuses compétences. Le soutien que m’apportent les assistants d’éducation, Carole, les élèves et mes autres collègues est une source positive dans ma vie. Je me suis découvert de nouvelles qualités. Ce stage m’a confortée dans mon choix de devenir CPE. Je me sens épanouie dans cette posture professionnelle !
Afin de nous permettre de mieux vous connaître, montrez-nous comment le bénévolat a pris une place dans votre vie dans les domaines de la danse et de la solidarité. Quelles sont les valeurs humaines qui vous tiennent particulièrement à cœur et qui transparaissent dans le fil rouge de votre existence ?
Dans la vie, j’ai eu la chance (et je l’ai toujours) d’avoir une famille, des amis qui m’aident à aller de l’avant. Ce soutien affectif représente beaucoup pour moi et c’est ainsi que j’ai su me découvrir, trouver une force en moi et surtout garder le sourire. Connaissant les bienfaits de l’entraide, je me suis dit « pourquoi ne pas donner à mon tour du soutien et du bonheur aux autres ? ». Nous méritons tous de réussir et d’être heureux. Certes, il n’est pas simple d’arriver à cet objectif mais si, en donnant un peu, je peux apporter moi aussi de la joie, ceci permet d’avancer vers un monde meilleur. Du moins, c’est ce que je souhaite ! Ainsi participer à plusieurs actions solidaires avec le Secours Populaire, faire le ménage dans mon école de danse pour aider ma directrice et être bénévole à Astrée, pour aider les personnes se sentant seules, étaient des moyens pour moi d’agir dans ce sens. Voir que je pouvais apporter un peu de bonheur était un plaisir ! À chacune de mes rencontres, j’accueillais leurs sourires comme un cadeau. Grâce à mes proches et à ces expériences de vie, j’ai pris conscience que dans la vie il faut savoir donner pour mieux recevoir.
Comment vous représentez-vous le déroulement de votre carrière ? Avez-vous des évolutions possibles en tête ? Compte-tenu de votre diplôme universitaire, pensez-vous que la fonction de PsyEN pourrait, un jour, retenir votre attention ?
Il m’est difficile de me projeter pour le moment. Cette projection se fera en fonction de mon obtention ou non du concours. Si je l’obtiens, mon chemin sera tracé pendant quelque temps. Dans l’autre cas, je chercherai des postes de conseillère pédagogique ou autre. J’irai là où la vie me portera ! Dans tous les cas, je souhaite débuter dans la vie active. Lors de mes premières années, je souhaite acquérir de l’expérience, une certaine stabilité et mettre en pratique mes connaissances et compétences. Peut-être qu’un jour, j’aspirerai à une plus grande responsabilité, à travers des fonctions plus élevées, mais chaque chose en son temps ! Je manque encore de recul pour pouvoir me projeter dans une éventuelle évolution de carrière. En attendant, j’ai pleins de projets en tête et une curiosité grandissante, ce qui me pousse à vouloir poursuivre de futures formations. Par exemple, je pense à des formations de sophrologie, langage des signes, etc. Autant de connaissances et compétences utiles pour un(e) CPE. Concernant la fonction de PsyEN, j’apprécie travailler en collaboration avec eux, ils ont beaucoup à m’apprendre, mais pour le moment je ne me projette pas dans ce métier pour les raisons suivantes. Tout d’abord, cela signifie refaire un master de psychologie et un concours. Deux étapes qui requièrent de l’énergie et pour lesquelles je ne me sens pas prête. Ensuite, le point qui me retient à devenir PsyEN, c’est l’approche avec les élèves. Je trouve que la relation avec eux est beaucoup plus distante, ne nous permettant pas de participer activement au suivi de l’élève, tel un CPE ou un enseignant. De plus, la partie où je mène des projets avec les enseignants et les élèves me manquerait. J’ai besoin de cette posture dynamique du CPE !
Margot Lhuillier, CPE stagiaire