Pendant vos années Lycée, vous montrez un vif intérêt pour les projets cinématographiques (Festival de Cannes, Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul). Comment avez-vous pris part à ces projets ? Quels souvenirs gardez-vous de ces expériences ?
Bien que j’aie toujours été intéressée par l’audiovisuel, je dois avouer que le lycée m’a aidée à m’ouvrir davantage à cet art. Je me souviens par exemple d’une journée au cinéma dans le cadre du Festival des Cinémas d’Asie. C’était un moment très fort à partager avec les camarades de classe. Au cinéma, on peut aussi bien se retrouver capturés dans un film ou au contraire regarder l’heure toutes les minutes. C’est le jeu !
Concernant le Festival de Cannes, c’était un moment incroyable. Évidemment, monter les marches est un souvenir rempli de magie. Je crois que si je devais en retenir un, je parlerais de la montée du tapis rouge avec mes camarades. Après un repas tous ensemble, nous nous sommes préparés pour aller sur la place et récupérer des tickets pour rentrer dans le Palais des Festivals. J’avais alors eu la chance de visionner le film d’animation « Vice Versa ». Dans la salle, des grands acteurs étaient présents comme Clovis Cornillac. Dans tous les cas, ces deux expériences restent gravées dans ma mémoire et en parler me fait faire un retour en arrière.
À cette même époque, toujours liée au monde de l’image, vous développez des compétences dans le domaine de la photographie. De quelle façon ? Avec quels objectifs ?
C’était un hasard total ! Toujours au lycée, j’ai eu l’occasion de participer à un projet grâce à mon professeur de français. Nous devions imaginer quelque chose autour du temps et de l’espace dans le cadre du Festival International de la résistance culturelle, créé par Jocelyne Saab. Je me souviens très bien de cette période car la maison d’un membre de ma famille avait été complètement sinistrée par le feu. Appareil en main, j’ai alors décidé de prendre plusieurs clichés de ce drame. Sur ces photos, on pouvait voir des objets de la vie quotidienne qui avait été la propriété de mes proches et qui avait cessé d’exister. Je dois avouer que l’exercice s’est montré plus compliqué que prévu mais les retours de mon professeur ont été très touchants. J’ai eu beaucoup de chance de participer à ce projet qui m’a permis de dépasser, à travers la mise en image, le sinistre de la situation.
Passionnée de piano et de chant, vous vous dirigez tout naturellement vers des études de musicologie pour vos études universitaires. Pourquoi ce choix ? Diriez-vous que la musique a changé votre vie ? Comment ?
La musique est une grande partie de ma vie. Depuis le primaire, j’ai toujours aimé chanter et me produire devant un public. J’ai commencé le piano à la fin de mon année de terminale. Je dirais que la musique est quelque chose d’indispensable dans ma vie. J’ai toujours eu une « facilité » à faire ressentir des émotions aux gens qui m’écoutent. Dans ce domaine, j’ai toujours été soutenue par mes proches. Pour cette raison, je me suis naturellement dirigée vers des études de musique à Besançon.
Ces trois années ont été pour moi un véritable moyen de m’épanouir. Pendant ma première année, on se retrouvait entre amis pour improviser à la guitare, au violon et au chant pour ma part. Ces souvenirs sont tout ce que je garde de plus cher. Dans le cadre de nos cours de chorale, nous avions
interprété le titre « Bohemian Rhapsody » du célèbre groupe Queen lors de journées portes ouvertes. C’était un véritable défi pour nous mais nous avons partagé un moment mémorable.
Même si actuellement je ne pratique plus la musique autant qu’avant, je continue d’exercer personnellement. Aujourd’hui la musique est une partie plus intime de ma vie. Je suis persuadée qu’un jour, de nouveaux projets musicaux verront le jour.
En tant que qu’assistante d’éducation, vous exercez dans un lycée dans lequel vous étiez vous-même élève quelques années plus tôt. Comment avez-vous vécu ce « retour aux sources » ? Vous exercez une partie de vos missions en internat. Quel regard portez-vous sur les enjeux d’un internat du XXIème siècle ?
Retrouver les murs de mon ancien lycée a été très émouvant pour moi. J’ai pu découvrir ce que l’on pourrait appeler l’envers du décor. C’est très étrange de voir comment fonctionne l’établissement dans lequel vous avez « grandi ». Le plus intéressant pour moi a été de travailler en équipe avec les professionnels qui étaient déjà dans le lycée lorsque j’étais élève. Aujourd’hui je me sens en confiance dans mon travail et je suis heureuse d’avoir eu l’occasion de revenir « m’expérimenter » dans mon lycée d’origine !
Concernant le projet de l’internat du XXIème siècle, je suis convaincue que la redynamisation des internats pourra contribuer à l’épanouissement éducatif des élèves. Mon expérience d’assistante d’éducation m’amène à constater que les élèves sont attachés à leur espace. Pour les jeunes, c’est important de proposer un endroit qui leur correspond et dans lequel ils sont en sécurité. En s’adaptant au public de l’établissement, l’internat du XXIème siècle est un moyen de leur offrir un espace de travail, de convivialité et d’épanouissement personnel.
Depuis la rentrée 2021, vous préparez le concours externe de CPE en suivant un Master MEEF à l’INSPÉ de Franche-Comté. Quelles ont été vos motivations pour intégrer ce parcours ? En quoi diriez-vous que le métier de CPE correspond à votre personnalité ?
À la fin de ma licence, je souhaitais déjà m’orienter sur un Master MEEF et passer le CAPES. Je me suis alors renseignée sur les différents personnels dans un établissement scolaire et j’ai découvert le métier pour lequel j’étudie aujourd’hui : celui de CPE. Situer les missions du conseiller principal d’éducation est complexe, d’ailleurs on fait souvent des raccourcis pour le décrire. Sans parler de la gestion des absences, du comportement de l’élève et bien d’autre, le CPE n’a pas une journée identique à la précédente. La mise en place de projets, le travail d’équipe avec les membres de la communauté éducative, les partenaires extérieurs, la gestion de son équipe d’AED, la partie administrative, le suivi des élèves, la collaboration avec les parents… Il y a tellement de choses à dire sur ce métier que je trouve passionnant. Concepteur de son activité, le CPE fait évoluer ses différentes missions en fonction de l’établissement dans lequel il se trouve et du public qu’il rencontre. Finalement, je dirais que c’est la diversité du métier réalisé sur une année et le travail avec les élèves qui m’intéresse le plus. Mais en toute honnêteté, c’est un plaisir de découvrir ce qui représente véritablement le CPE dans un établissement et toutes les activités que cela implique.
Affectée en stage filé dans un collège de l’éducation prioritaire, vous vous investissez dans plusieurs projets de l’établissement. Quel est celui qui vous tient le plus à cœur ? Pourquoi ?
Depuis la rentrée de septembre, je suis en stage dans un collège en réseau prioritaire. J’avais déjà réalisé un stage de deux semaines dans un lycée et je souhaitais découvrir un public plus jeune. Très rapidement, je me suis aperçue que le suivi élève était totalement différent. Les élèves, généralement âgés de 11 à 15 ans, ont besoin de plus de temps en entretien éducatif et de médiation.
En parallèle, il est possible de mettre en place plusieurs projets, notamment avec le conseil de vie collégienne (CVC) par exemple. Cet établissement est très formateur et depuis quelques mois, j’ai déjà investi bon nombre de missions du CPE notamment grâce à la bienveillance et l’implication de ma tutrice. Nous avons travaillé sur plusieurs projets comme la confection d’affiches sur les éco-gestes, réalisé des séances avec les élèves du CVC sur l’évaluation de leur établissement etc. Dernièrement, il m’a été possible de travailler en collaboration avec les professeurs et d’organiser plusieurs séances de théâtre d’improvisation autour de situations de harcèlement. Un bon moyen d’analyser, de débattre et de réfléchir autour de ce thème très important. C’est un vrai plaisir d’organiser ces séances et de revoir les élèves dans la cour qui me demandent de refaire ce type d’exercices !
Nous sommes en 2032 : Où vivez-vous ? Quel métier exercez-vous ? Quels sont vos centres d’intérêts ?
Voilà une question qui demande beaucoup de réflexion ! Concernant le lieu de résidence, je ne peux donner une réponse précise. En effet, je me suis donnée le défi de découvrir plusieurs endroits de France et de voyager. Découvrir des nouveaux publics est aussi intéressant que passionnant. On en vient naturellement à faire un lien avec le professionnel. Je pense que cette envie de bouger et de découvrir le pays est en lien avec le besoin d’évoluer dans mon métier. Je me suis toujours laissée guider par mes envies et mes besoins. Lorsque l’on se trouve dans un corps de métier, j’imagine qu’il est important d’apprécier ce que l’on fait.
En tout cas, je pense que je travaillerais toujours en lien avec les enfants. Je me laisse l’opportunité d’évoluer sur différents postes en relation avec l’enseignement. Aujourd’hui je sais ce que je veux et j’imagine que d’ici 2032 mes choix seront encore plus précis avec l’expérience.
Laura Jeanrot, stagiaire MEEF CPE dans le département 70