L’école ne peut pas tout ! Lettre à Madame la Ministre…

Madame la Ministre Najat Vallaut-Belcacem,

 

C’est davantage en tant que citoyenne, que de fonctionnaire que je vous écris.

Je me permets de porter à votre connaissance un problème que je considère comme majeur en ce qui concerne l’enseignement en maternelle. Enseignante depuis 1988, je travaille depuis plus de 15 ans sur un secteur en ZEP, qui cette année, est passée en REP+.

J’aime passionnément mon métier que je tente d’exercer avec sérieux, énergie et enthousiasme ; mes  collègues et moi-même menons de multiples projets, nous investissant de façon solidaire, dans le désir d’apporter les enseignements fondamentaux pour le développement de nos élèves qui seront les citoyens de demain.

La misère sociale et culturelle s’est accrue dans notre quartier, générant des difficultés croissantes pour les familles. Certains parents peinent à accomplir leur devoir d’éducateurs ; nous devons pallier ce déficit d’éducation en assurant toujours davantage l’enseignement des règles et des devoirs. Nous faisons face à cette tâche et nous avons le sentiment d’accomplir une noble mission, déterminante dans cette zone où certaines valeurs semblent émoussées, auprès de tous les enfants, y compris les élèves en situation de handicap depuis la loi de 2005.

Je me permets d’attirer votre attention sur un élément qui dégrade fortement nos conditions d’enseignement. Nous devons de plus en plus intégrer des élèves qui présentent des « troubles envahissant du comportement » : ces élèves relèvent davantage d’une pathologie que d’un handicap. Ces situations sont de plus en plus pesantes d’année en année et trop envahissantes pour être gérées au sein de groupes d’enfants non préparés à cette singularité. Ces trois dernières années, notre école a dû accueillir quatre élèves présentant des troubles du comportement extrêmement importants.

Ces enfants en souffrance auraient besoin d’être accueillis dans des structures adaptées et encadrés par des personnels spécialisés et compétents. Ils se comportent souvent de façon agressive, parfois violente ; d’une part cela engendre des situations complexes qui contribuent à créer un climat de classe tendu, lequel génère des problèmes d’attention et de concentration de la part de tous, d’autre part cela suscite des attitudes moins respectueuses entre les élèves ainsi que, par effet modélisant, des comportements agressifs croissants. Cette situation est atypique : on ne peut ainsi prétendre enseigner dans des conditions optimales et sereines.

D’autres handicaps, ne mettant pas en cause le comportement, posent moins de problème et l’intégration de ces élèves est plus aisée. Par contre, il est impossible de répondre à des déficiences de comportement trop importantes surtout quand elles mettent en danger les apprentissages des autres élèves.

L’école maternelle est un lieu d’enseignement qui édifie les bases des apprentissages fondamentaux. Les objectifs sont majeurs et exigeants. Les enfants doivent apprendre à devenir élèves et pouvoir travailler dans un climat de sérénité, de fraternité, de sérieux et de rigueur. Il s’agit de susciter le plaisir d’apprendre. C’est ce que j’essaie de leur insuffler depuis des années.

Alors que ces élèves ont fait l’objet de signalements dès la petite section, la prise en charge réelle par le réseau d’aide ne s’opère qu’en grande section, faute de moyens et de structures adaptées pour les accueillir avant ; ils sont seulement accompagnés (ou pas) par le CMP (une heure, une  ou deux fois par semaine ; c’est variable). L’un d’entre eux, dont le dossier a été validé par la MDPH, bénéficie d’une auxiliaire de vie scolaire pour sa deuxième année de grande section. Cette jeune femme suit une formation spécifique intitulée « Adaptation à l’emploi » qui se déroulera sur dix jours ; je me félicite de ce temps de formation mais regrette qu’elle ne soit pas remplacée.

Pour les autres, les dossiers sont transmis à la MDPH, suite aux réunions des équipes éducatives ; les demandes sont nombreuses et le traitement des dossiers est trop long. La MDPH ne peut apporter des réponses adaptées tant les moyens s’avèrent insuffisants : il n’y a plus de places dans les établissements spécialisés (IME, hôpital de jour) ; à défaut on envisage ensuite un accueil en CLIS. Mais là encore, on souffre d’un manque de places disponibles. Les propositions consistent finalement en un maintien en Grande section ou en un passage au CP avec l’aide d’une AVS : retour à la situation initiale ! Pour certains enfants ces réponses sont totalement inadaptées. La charge est très lourde pour les enseignants et notre cas n’est pas isolé ; de très nombreuses écoles subissent ces contraintes en maternelle et en élémentaire, voire au collège dans notre académie, mais aussi partout en France. De nombreux enseignants doivent mener un véritable combat pour gérer à la fois leur classe et accueillir des enfants souffrant de ces troubles importants.

Je pense également que les parents concernés sont dans une grande détresse. Ils ne sont pas ou peu accompagnés, ne savent pas entreprendre des démarches et/ou encore n’assument pas le handicap de leurs enfants.  Le ressenti de la profession aujourd’hui laisse à penser que la situation est très préoccupante et qu’il est urgent d’entendre les témoignages des enseignants. Il ne s’agit pas de remettre en cause cette loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, mais il faut réfléchir à l’accueil de certains enfants dans des établissements adaptés lorsque le handicap est trop lourd pour être géré dans une classe traditionnelle.

L’école ne peut pas tout !

De nombreux inspecteurs connaissent ces situations alarmantes qui mettent en danger tous les élèves d’une même classe, parfois d’une école, mais sont tout autant démuni. De nombreux collègues sont en détresse et malgré leur courage, n’ont d’autre solution que de prendre un congé maladie ou de changer de poste, tant la tâche est éprouvante. Ces classes sont alors souvent « récupérées » par des jeunes enseignants pour qui la mission se révèle encore plus ardue.

Je suis consciente des moyens qui ont été injectés dans l’Education Nationale et particulièrement dans les zones sensibles. J’espère qu’ils seront profitables dans l’avenir, pour pouvoir simplement enseigner sereinement. Nos élèves ont besoin de rigueur, d’apaisement, de règles sécurisantes pour se construire et apprendre. Je pense qu’il faut surtout renforcer le travail en équipe, localement. Des moyens intéressants ont été accordés et il faut profiter de cette opportunité pour construire ensemble, avec les acteurs de terrain, un projet plus adéquat(e) aux besoins de notre public. Je suis favorable à la réforme mais elle doit prendre appui sur l’avis des professionnels de terrain qui ont la connaissance et les savoirs faire.

Ma principale inquiétude concerne les déficits d’éducation parentaux auxquels nous sommes confrontés quotidiennement ; cela englobe l’attention portée aux enfants, l’échange avec eux, le respect aux adultes et celui des règles de civilités… Je suis convaincue qu’il est urgent de poser le problème de la responsabilité des parents. Il est bien sûr difficile d’assumer cette tâche surtout à notre époque mais il est grave de constater combien certains semblent désinvestis ou désorientés. Les enfants ne peuvent se construire sans règles ni repères, sans conscience du respect d’autrui. Il est temps de travailler ensemble (gouvernement, enseignants, syndicats, parents) pour construire une société plus humaine. Il est temps  de s’opposer à la diffusion d’images et de pensées imposées par les médias, regardés ou écoutés par les enfants, qui véhiculent tant de médiocrité et de violence.

Ma réflexion est abondamment nourrie par le témoignage de nombreux amis et collègues vivant des situations alarmantes dans leurs écoles dues à l’augmentation de problèmes comportementaux chez nos élèves. Des classes de plus petits effectifs seraient nécessaires dans ces situations.

Un dernier point me préoccupe : la formation des futurs enseignants.

Je reconnais que de gros efforts ont été consentis pour remettre en place la formation par la création des ESPE ; mais des insuffisances demeurent surtout quant à l’enseignement en maternelle. Je suis Maîtresse d’Accueil Temporaire depuis quelques années et je constate que les stagiaires, souvent sérieux et investis, sont contraints de « bachoter » le Concours, plutôt que de bénéficier d’une réelle formation dirigée par leurs professeurs (ces derniers endurant également cet état de fait).

Les jeunes subissent une pression extrême de préparations et d’évaluations, qui ne sont pas forcément constructives, en tous cas qui semblent éloignées de la réalité du terrain.

Je vous remercie de considérer mes observations et espère recevoir des réponses à mes inquiétudes. Je ne souhaite pas mettre en lumière particulièrement mon école, mais surtout souhaite que l’on engage une réflexion profonde sur les conditions d’accueil des enfants relevant de troubles du comportement, que l’on réfléchisse à une nouvelle adaptation de la loi sur le handicap de 2005.

Je me tiens à votre disposition pour échanger sur ces sujets si vous le souhaitez. Je vous adresse également ci-joints des dossiers non nominatifs qui permettront de mieux saisir la teneur des difficultés auxquelles nous sommes confrontées.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l’expression de ma très haute considération.

 

Marie LEROY
Académie de Rouen

Être enseignant référent, témoignage

Il y a 10 ans, le 11 février 2005 une loi nouvelle naissait. Impulsée par les Associations de parents d’enfants handicapés cette loi imposait à chaque établissement scolaire, l’accueil des élèves handicapés avec leurs besoins spécifiques et les compensations qui en découlaient.

Pour veiller à l’application de cette loi une nouvelle fonction apparaissait au sein de l’éducation nationale : celle d’enseignant référent de la scolarisation.
Qui est cet enseignant référent ? Quelle est sa fonction ? Qu’elles sont ses prérogatives? Ses champs d’action ? Ses moyens d’action ?
Pour ma part je suis un Maître E qui ayant vu son RASED vaciller sous les coupes successives des gouvernements Sarkozy, a désiré mettre son expérience professionnelle et personnelle au service de ce pourquoi la fonction d’ER a été créée.
Il est commun de dire que l’ER est l’interface entre la famille de l’enfant handicapé, la MDPH et l’établissement de scolarisation.
L’ER doit être constamment réactif, connaître chaque dossier sur le « bout des doigts », les spécificités familiales de l’enfant concerné, les différentes formes de handicaps et les besoins qui s’y rattachent, les enseignants des différents établissements de son secteur d’intervention, les programmes des différents niveaux (de la maternelle au BTS pour ma part), la personnalité des chefs d’établissements, les fonctionnements de chaque service de soins , de chaque profession paramédicale, des services sociaux (SSP, ASE, AEMO), les horaires des écoles (nouveaux rythmes…) , les compagnies de taxis… les fonctionnements des différentes MDPH de son académie (fonctionnement départemental et exigences diverses).
Il doit faire montre de diplomatie, d’empathie, d’adaptabilité, de souplesse d’esprit, d’inventivité, de curiosité, d’assurance, mais surtout de modestie.
Tout cela durant plus de 1600 heures annuelles, avec des journées aux horaires élastiques, des ESS durant la pause méridienne, le soir entre 17H et parfois 20H ou 21H, avec des vacances écourtées (il faut attendre les décisions des dernières CDA).
Tout cela pour 72 euros supplémentaires chaque mois, sous forme de prime (qui ne seront donc pas pris en compte pour le calcul de la retraite), sans ISAE, il est clair que l’enseignant référent n’est pas le responsable des élèves dont il instruit le dossier !!!??
Cependant il s’enrichit du partenariat qu’il tisse avec d’autres structures et d’autres services, avec les professionnels des EMS, des services de soins; il s’ouvre au monde et à la tolérance. Il a un regard pluriel et se remet constamment en question.
Enseignant référent, rime sans aucun doute avec inconscient
La fonction, quant à elle, rime assurément avec passion !

 

Témoignage de Dominique Lomberger
Enseignant Référent de la Scolarisation

 

Sigles
AEMO : Action Educative en Milieu Ouvert
ASE : Aide Sociale à l’Enfance
CDA : Commission des Droits et de l’Autonomie
EMS : Etablissements Médico-sociaux
ER : Enseignant Référent
ESS : Equipe de Suivi de Scolarisation
ISAE : Indemnité de Suivi et d’Accompagnement des Elèves
MDPH : Maisons Départementales des Personnes Handicapées
RASED : Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté
SSP : Service Social de Prévention

Crédit photo : mozzoom via photopin cc

Compléments au dossier « La loi handicap a 10 ans »

Quelques chiffres

Élèves en situation de handicap, tous troubles confondus :

1er degré : 141 565 – 2nd degré : 97 595

Dans le 1er degré

Élèves en situation de handicap, en classe ordinaire

  • Préélémentaire : 28 340
  • Élémentaire : 66 442

Élèves en situation de handicap, en Clis

  • Préélémentaire : 7 174
  • Élémentaire : 39 609

Dans le 2nd degré

Élèves en situation de handicap :

  • En Ulis : 29 122
  • En classe ordinaire (y compris Segpa et Érea) : 68 473

source : Men-Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche – édition 2014

 

C’est souvent à la maternelle que se révèle le handicap. Le neuvième volume des « Dossiers de la maternelle » s’adresse aux enseignant(e)s et à toute personne travaillant en maternelle afin de les aider à mieux comprendre les différentes situations et à agir de façon adaptée et pertinente. « Handicap et scolarité. La maternelle, école de tous les enfants » de Betty Bouchoucha

 

Pour en savoir plus sur l’inclusion scolaire, retrouvez notre dossier «Tu inclus, nous incluons » paru dans l’Enseignant n° 173 et consultable ici.

 

Que proposent nos voisins européens en termes d’inclusion ?

La scolarisation des enfants handicapés dans les écoles ordinaires apparaît aujourd’hui comme un modèle de plus de plus répandu dans les pays de l’Union européenne.

Toutefois, on peut classer les pays européens en trois groupes distincts (*) :

  • les pays qui ont privilégié « la voie de la trajectoire unique », « one track approach » : les plus anciens (la Suède, la Norvège, l’Italie), et les nouveaux (l’Espagne, le Portugal et la Grèce) se sont engagés pour l’intégration de tous les élèves à besoins spécifiques dans les établissements d’enseignement ordinaires et ne font appel qu’exceptionnellement aux écoles spécialisées ;
  • les pays qui continuent à pratiquer « deux systèmes éducatifs distincts », « two track approach ». Les élèves ayant des besoins éducatifs particuliers fréquentent des écoles spécialisées ou des classes spéciales, selon la nature et la gravité de leur(s) handicap(s). C’est le cas en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas et en Allemagne.
  • les pays qui privilégient « une approche multiple de l’intégration », « multi track approach » : la France, l’Angleterre, l’Autriche, la Finlande, le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg et la Pologne appliquent un traitement ouvert et varié, adapté aux enfants concernés selon leur handicap.

(*) classification de l’Agence européenne pour le développement de l’éducation des personnes ayant des besoins particuliers

Crédit photo : JaHoVil via photopin cc

Bémols sur les modifications concernant la scolarisation des élèves en situation de handicap

Même si le SE-Unsa soutient les objectifs de la loi, il ne se satisfait pas pour autant des conditions actuelles de sa mise en œuvre. Il se doit de rester vigilant face aux propositions ministérielles et précise chacune des modifications.

Le ministère nous propose trois modifications du code de l’éducation concernant la scolarisation des élèves en situation de handicap. Elles devraient entrer en application à la rentrée prochaine.

Première modification : le terme « AVS » est remplacé par celui d’« AESH ».

L’appellation change mais la précarité de l’emploi persiste. Pour accompagner la scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap le SE-Unsa  revendique la pérennisation des missions d’accompagnement. Elles seraient assurées par des personnels bénéficiant d’une formation initiale et continue ou d’une validation d’une expérience professionnelle débouchant sur une véritable profession pour garantir la continuité éducative.

Seconde modification : l’équipe pluridisciplinaire d’évaluation doit être complétée par un enseignant dès lors que sont traitées des questions d’inclusion scolaire.

ENFIN ! Restent cependant en suspens les modalités de désignation de l’enseignant qui aura à siéger dans cette équipe. Jusqu’alors, une EPD pouvait construire un PPS sans enseignant… Le SE-Unsa revendique la présence au sein de la CDA des organisations syndicales représentées au CDEN.

Troisième modification : elle concerne le parcours scolaire des élèves :

  • Le  maintien en maternelle sera possible pour les enfants en situation de handicap  (PPS obligatoire) qui en auront besoin.

Une mesure parfois nécessaire qui ne sera possible que dans le cadre d’un PPS.

  • Les dispenses d’enseignement seront délivrées sur avis de la MDPH et notifiées par le recteur.

Cette dispense d’enseignement n’exonère pas les élèves des épreuves qui permettent l’obtention d’un diplôme ce qui pourrait les amener à suivre des formations sans possibilité de diplôme à terme. Nous souhaitons que les médecins scolaires soient consultés.

  • Le PPS sera désormais obligatoirement envoyé aux établissements et aux équipes éducatives.

ENFIN ! Jusqu’à ce décret, seuls en étaient destinataires les parents. Il n’avait pas été jugé nécessaire d’en informer les lieux de scolarisation… C’est chose faite. Reste maintenant à faire vivre cette disposition dans les faits.

  • L’uniformisation du Gevasco* et du PPS : Jusqu’ici, ces documents avaient été construits localement. Le ministère devrait engager un vaste travail pour uniformiser les pratiques sur tout le territoire pour en permettre une utilisation nationale.

Le SE-Unsa exige que soient développés des modules dans la formation initiale et continue de tous les personnels afin que les enseignants maitrisent les outils mis à leur disposition.

 

* Guide d’évaluation de la scolarisation

Crédit photo : adamthelibrarian via photopin cc

L’accompagnement en quelques dates

Des auxiliaires d’intégration scolaire aux AESH…

1980 : premiers pas vers l’accompagnement. Des parents se mobilisent pour l’accompagnement de leurs enfants et développent le concept d’auxiliaires d’intégration scolaire (jeunes sous contrat aidés par l’État, emplois associatifs…).

1999 : mise en place du plan Handiscol  par le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Emploi et de la solidarité

2003 : création assistants d’éducation / auxiliaires de vie scolaire individuels (AVS-i) et auxiliaires de vie scolaire collectifs (AVS-co) avec un contrat de droit public de 6 ans maximum.
2005 : loi du 11 février

  • Renforcement des actions en faveur de la scolarisation des élèves handicapés.
  • EVS recrutés pour assurer les fonctions d’aide à l’accueil et à l’intégration : contrat de droit privé de deux ans maximum.

2009 : signature de la convention-cadre entre le MEN et des associations pour assurer la continuité de l’accompagnement auprès des élèves en situation de handicap.

2012 :, création des auxiliaires de vie scolaire pour l’aide mutualisée (AVS-M).

2013 : groupe de travail sur la professionnalisation des accompagnants handicap (Rapport Komitès).

2014: création des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) : contrat de droit public qui permet d’accéder à un CDI au bout de 6 ans d’ancienneté.

 

 

 

Quand l’intérêt de l’enfant se heurte au dysfonctionnement administratif…

« Depuis 2005 et l’obligation de scolarisation, j’ai accueilli des enfants porteurs d’un handicap à de multiples reprises.

Cette année, dans ma classe de MS-GS, 2 enfants de GS sont maintenus. Ils sont accompagnés depuis l’année dernière par une AVS, qui au fil des mois, a réussi à instaurer une relation de confiance propice à leur épanouissement.

Cette année encore, elle a vu son contrat reconduit et intervient dans ma classe pour les 2 mêmes élèves. L’un des 2 bénéficie de 12h (mutualisées avec son camarade) réparties dans la semaine. Jusque là tout allait bien…

Depuis fin septembre, elle doit également accompagner un enfant autiste dans une classe de PS de notre école. Cet enfant bénéficie de 10h hebdomadaires et ne vient à l’école que le matin. Le calcul est donc simple : 12h+10h= 22h. Le contrat de Fatima n’étant que de 20h, mes élèves ont vu leur aide amputée de 2h et leur emploi du temps modifié.

Ma directrice et moi-même avons téléphoné à l’inspection académique, à l’enseignant-référent qui nous ont répondu « qu’ils cherchaient quelqu’un d’autre pour les 2h manquantes, qu’il n’y avait pas assez d’AVS dans le département et que je ne devais pas me plaindre puisque j’avais tout de même une AVS».

J’ai parlé de « l’intérêt de l’enfant, de stabilité, de qualité relationnelle », on m’a répondu « restriction, budget… ».

Nous avons reçu les parents, les incitant à réagir le plus vite possible. Ce qu’ils ont fait. Mais la MDPH les ayant renvoyé vers l’inspection académique, c’est en bataillant ferme qu’ils ont obtenu gain de cause. L’AVS est à nouveau présente dans la classe avec les horaires qui correspondent à la prise en charge de mes élèves. Happy end donc !

Béatrice, professeure d’écoles de classe normale en Haute-Vienne

Intégration réussie d’un élève autiste en 5ème, Michaël témoigne

« K. est un élève qui fréquente l’Ulis. Atteint de troubles autistiques, il a intégré ma classe de 5ème SVT en octobre qui compte une vingtaine d’élèves.

L’accueil de cet élève s’est fait dans de bonnes conditions : des d’élèves compréhensifs et empathiques, un programme concret qui remobilise des notions déjà abordées en primaire. K. est accompagné d’un AESH. Au début de l’inclusion, il était assis à côté de K. qui était demandeur et qui se sentait rassuré. Au fur et à mesure de l’avancement du trimestre, l’assistant a pris ses distances et s’est installé dans le fond de la salle. K. s’est bien adapté au rythme de travail de cette classe de 5ème. Un peu effacé au début, il s’est progressivement intégré au groupe-classe et participe régulièrement à l’oral. Il prend son cours avec soin et fait preuve d’un très bon raisonnement. Cependant, il manque parfois d’attention et met un peu plus de temps à faire le travail demandé.

K. a été évalué selon les mêmes exigences que celles attendues d’un élève de 5ème. Il a obtenu de très bons résultats. Comme il est très sensible aux notes, ces évaluations « réussies » l’ont encouragé à poursuivre ses efforts. Il a pris ses aises, apprécie la matière, pose des questions, me salue et me donne rendez-vous pour le prochain cours, il s’est ouvert aux autres et commence à s’habituer à l’émulation d’une salle de classe. Son inclusion a été bénéfique pour lui et pour les autres élèves qui ont une vision plus large de la diversité des élèves d’un collège. »

Michaël, professeur de SVT dans le Bas-Rhin

Accueil d’un enfant autiste en MS/GS, le témoignage de Sarah

« J’ai appris en fin d’année dernière qu’un élève souffrant de troubles autistiques intégrerait ma classe déjà nombreuse à la rentrée (27 élèves). Cet enfant souffrait particulièrement des changements et des situations collectives trop longues. Un déménagement, un changement d’école et une classe nombreuse et bruyante… tous ces facteurs m’inquiétaient. Ce qui m’a fait peur c’est la totale absence de formation pour l’accueillir ainsi que la réaction de ses camarades devant ses éventuelles crises. Heureusement, j’ai pu rencontrer la collègue qui avait cet enfant et qui m’a beaucoup conseillée. Nous avons eu également la chance que son AESH accepte de suivre l’enfant dans notre école.  Je me suis beaucoup documentée et j’ai essayé de préparer cette arrivée au mieux.

Finalement, après une période d’adaptation, de nombreuses réunions de concertations avec les personnels soignants et les parents, cet enfant s’est parfaitement intégré à la classe et à ses camarades. Sa présence dans la classe est un réel enrichissement pour tous, enfants comme adultes. Ses camarades l’ont accepté et le considèrent comme un camarade ordinaire.

C’est également une victoire personnelle. Grâce à lui, j’ai appris beaucoup et j’ai su adapter ma pédagogie à sa différence. »

Sarah, classe de MS/GS

La loi handicap a 10 ans

 

Cela fait 10 ans que la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées pose le principe que « tout enfant, tout adolescent présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant est inscrit dans l’école ou l’établissement le plus proche de son domicile qui constitue son établissement de référence. ». Où en sommes-nous aujourd’hui ?

L’engagement du SE-Unsa dans ce dossier n’est pas nouveau ! Depuis deux ans d’ailleurs, dans la perspective de cet anniversaire, nous avons organisé de nombreuses réunions dans les départements. Ce sont plusieurs centaines de collègues qui ont pu s’y exprimer : grâce à eux, nous disposons d’une photographie assez précise des besoins et des manques dont nous vous livrons les contours aujourd’hui.

Un peu plus de 240 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire et un peu moins de 100 000 bénéficient d’un accompagnement individuel. C’est une augmentation de plus de 55% depuis 2004. Cependant, les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire sont loin d’être à la hauteur des besoins. Sans l’engagement des enseignants, rien n’aurait été possible. Quel est le ressenti de la profession aujourd’hui ? Que reste-t-il à faire ? Quels sont les principaux obstacles ? Quelles améliorations doivent voir le jour ?

Cet anniversaire, c’est aussi le vôtre, enseignants, personnels d’éducation, d’orientation et d’accompagnement. Avec ce dossier, nous donnons la parole à ceux qui s’engagent au quotidien dans la scolarisation des élèves en situation de handicap.

Tout au long de cette année-anniversaire, le SE-Unsa conduira d’autres initiatives pour améliorer les conditions de travail des enseignants et de réussite de tous les élèves dans l’école inclusive que nous défendons.

Gilles Laurent, Délégué national ASH

Lien vers le dossier complet sur le blog

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Caroline, prof doc en collège, témoignage

Peux-tu rappeler brièvement ton parcours et les caractéristiques de ton établissement ?

Je suis professeur documentaliste depuis 12 ans, je travaille au collège Henri Wallon à la Seyne sur mer depuis septembre 2005. Le collège est situé en zone d’éducation prioritaire, il est classé REP+ depuis septembre 2014, avec le collège Nucéra, pour l’académie de Nice.

Comment organises-tu ton travail auprès des élèves ?

  • Je fais de la formation info-documentaire et de l’Education aux Medias et à l’Information, formation inscrite à l’EDT des 6e, puis planifiée sur les autres niveaux fonction de la politique documentaire de l’établissement, en interdisciplinarité.
  • Je participe à l’aide personnalisée, selon les années, et fonction des projets classes, sur différents niveaux. J’interviens souvent dans ce cadre autour d’actions lecture, qu’elle soit numérique ou papier, ou autour de projets utilisant les réseaux sociaux. Cette année, mon intervention en AP est ciblée auprès des élèves de 6e.
  • Je m’investis dans tous les dispositifs impliquant une transdiscinarité (PIIODMEP, HiDA, Elèves à besoins éducatifs particuliers …)
  • Je participe à beaucoup de projets transdisciplinaires mis en place au sein de l’EPLE, et j’en impulse quelques uns (prix littéraires, défis lecture, marathon presse (piloté par le Canopé de Nice) …

Je travaille bien entendu avec les enseignants du collège, de la SEGPA, le professeur de FLS, et j’essaye de plus en plus, de répondre aussi aux besoins des enseignants de la classe Relais qui est rattachée à l’établissement, ceci pourrait d’ailleurs se concrétiser rapidement par un projet commun.

Donc les classes défilent les unes après les autres au C.D.I, de temps en temps, j’ai même deux classes qui travaillent ensemble ou deux groupes, c’est une fourmilière, où tout le monde se déplace, travaille en groupe, et ces moments-là sont très importants pour moi, et ils sont surtout facteurs d’apprentissages.

On essaye également, avec quelques collègues, de rendre cohérent le parcours culturel de l’élève.

Comme tout professeur documentaliste, en plus de ces formations et de cette implication dans les projets transdisciplinaires et culturels de l’établissement, je veille à accompagner les élèves et répondre à leurs besoins info-documentaires, lorsque je les accueille, sur des heures où ils n’ont pas cours, et pendant les récréations et la pause méridienne. Pour certains, le C.D.I est perçu comme un lieu de refuge, un espace où ils peuvent travailler, seul ou en groupe mais aussi être écoutés.

J’essaye de proposer également un certain nombre d’activités en fonction des semaines éducatives (semaine du goût, fête de la science, Journée des droits des enfants, semaine de la presse, semaine des mathématiques, semaine du développement durable …).

Lorsque je trouve un petit peu de temps, je fais de la gestion documentaire, mais il est vrai que je passe le plus clair de mon temps avec les élèves. La veille, la communication, je la fais le soir, à la maison … Si je regarde mon EDT, je dois faire en moyenne une vingtaine d’heures de séances pédagogiques par semaine (formations et projets confondus), sans compter le temps que je passe auprès des élèves pour faire de la pédagogie différenciée. Mais honnêtement, je suis là pour ça, alors, cela ne me dérange pas ! Si j’avais un peu plus de temps pour préparer mes séances, ce serait génial !

En quoi te sens-tu utile à tes élèves ?

J’ai l’impression d’être utile au quotidien en observant l’épanouissement de mes élèves, en entendant leur satisfaction personnelle à la réussite d’un travail, lorsqu’ils te redemandent de participer à un projet que tu as mené avec eux sur toute l’année, entre autre d’incitation à la lecture, (avec des élèves non lecteurs, dys) mais également en les voyant franchir la porte du C.D.I avec un grand sourire, content de te retrouver, content de savoir que tu es là pour eux, pour les aider, ou du moins les accompagner dans leurs apprentissages.

Utilité encore plus importante lorsque ce sont des élèves non francophones qui arrivent en fin d’année à te faire un livre numérique, fiers de leur résultat ils le sont, mais nous, profs, on est surtout très satisfait des progrès énormes qu’ils ont accomplis toute l’année ! Et vraiment, avec le public avec lequel je travaille, ces satisfactions, je les aie régulièrement … et j’en redemande ! Nous en redemandons, car faire seul c’est difficile, mais en équipe, on est plus fort !

D’après toi, quelles sont les « particularités » du travail de prof doc en REP+ ?

La pédagogie de projet est le leitmotiv des équipes pédagogiques en REP+ … et … le prof doc est au cœur de cette pédagogie de projet … qu’il soit moteur ou simple acteur … Donc on est sollicité à tout moment et de toute part ! En REP+, le CDI est une ruche, un « laboratoire de recherche et d’innovations », pour reprendre l’expression d’un collègue. On expérimente, on se trompe, on apprend des uns des autres, ça butine de toute part, mais c’est ce qui fait que le CDI vit, et que le prof doc veille sur tout ça pour que les élèves apprennent et deviennent les futurs citoyens de demain !

Il faut jongler entre les formations à la culture de l’information, qui occupe une place centrale aussi pour un prof doc en REP+, en mettant l’accent sur les compétences du socle, et tous les projets pédagogiques, les partenariats extérieurs …

Le REP+ permet de dégager du temps pour faciliter la concertation des équipes, notamment pour les projets qui peuvent avoir lieu, ou la réflexion autour de thématiques préalablement définies. Le prof doc est donc au cœur de ces concertations, et se doit, à mon sens, d’y participer. Cependant, elles ont souvent lieu à des moments où le C.D.I est ouvert … et si le prof doc est seul, il ne peut fermer …

Le REP+ permet de renforcer la concertation entre le primaire et le secondaire … et dans ce cadre là, je pense que le professeur documentaliste doit avoir toute sa place … cependant il faut dégager du temps pour que cette liaison soit efficace, accompagner les projets inter-cycles, ouvrir le C.D.I aux écoles du REP+ … ce qui peut se faire avec le primaire, peut également se faire avec le lycée, et là encore, le professeur documentaliste doit être au cœur de cette liaison, mais … il faut du temps … et … assurer en même temps une ouverture du C.D.I à tous les élèves …

Le REP+ met également l’accent sur la relation avec les familles. Là à nouveau, il me semble que le prof doc peut avoir un rôle à jouer, notamment d’accompagnement des parents sur l’utilisation des ressources documentaires de l’établissement, sur l’utilisation des réseaux sociaux et l’identité numérique, l’accueil aussi sur le Centre de Documentation et d’Information pour l’implication et la valorisation des parents dans les projets de classe de leurs enfants.

Avec le REP+, on demande à chaque enseignant d’être tuteur de quelques élèves. Après m’être longuement posée la question, je pense effectivement qu’avec des élèves qui ont l’habitude de venir quotidiennement au C.D.I, on peut arriver à mettre en place un tutorat efficace. Mais là toujours, c’est un temps que l’on ne passe pas avec les autres élèves …

D’après toi, qu’est-ce qui améliorerait sensiblement tes conditions de travail ?

Entre les concertations, le tutorat, l’AP, les séances pédagogiques, les projets, les semaines thématiques, je suis continuellement sollicitée.

J’ai la chance d’avoir une aide, cette année à 80%, aide qui chaque année est sur la sellette. Pour permettre une ouverture convenable du CDI, mettre en place des formations info-documentaires répondant aux objectifs fixés par la politique documentaire de l’établissement, il faut qu’il y ait du personnel qualifié, titulaire, et cela passe, me semble-t-il, par la création de postes d’aides documentalistes.

Si je pouvais être certaine de compter sur cette aide, à temps complet, formée, avec une grille de poste, des fonctions bien définies, et qui ne serait pas à reformer chaque année par le jeu des contrats, ce serait déjà un point très positif.

Pour la formation des élèves, l’idéal serait deux postes de professeurs documentalistes par établissement REP+.

Il faudrait également que nous ayons, nous professeurs documentalistes, comme les collègues de discipline, droit à un temps de concertation, donc droit à la pondération. Pour le moment, en tout cas pour ma part, je participe à toutes les actions ciblées dans le cadre du REP+ mais … sans pondération … au détriment peut-être d’une ouverture plus importante du CDI lorsque mon aide ne travaille pas … et … le besoin d’ouverture du Centre de Documentation et d’Information en REP+ se fait aussi ressentir …

Caroline Soubic

Vie perso/vie pro – Un mariage complexe

Résultats de l’enquête « 800 000 enseignants et moi, et moi, et moi… »

Un travail très prenant

Vous nous dites, à 84%, que vous êtes satisfaits du travail accompli avec vos élèves et épanouis dans votre métier à 68%. Vos inquiétudes et mécontentements ne proviendraient donc pas forcément du cœur du métier.

Articulatvieprovieperso_2i1ion vie pro/vie perso

Vous nous dites que l’articulation vie professionnelle/vie personnelle n’est pas facile à gérer et surtout en début de carrière, pour les enseignants et personnels d’éducation de moins de 40 ans et pour les femmes en particulier.

De plus, pour 45%, votre entourage ne comprend pas forcément vos contraintes professionnelles.

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Du 1er au 2nd degré, le témoignage de Marion

Titulaire d’une licence de mathématiques, obtenue en 1998, j’ai préparé le concours de Professeur des Ecoles par le CNED puis en PE1. À l’issue de l’année de stage (PE2), j’ai été titularisée en 2000.

Après plusieurs années passées en école élémentaire, j’ai souhaité me tourner vers l’enseignement secondaire dans ma discipline d’étude initiale, les mathématiques. La préparation du concours interne était à ce moment là difficilement compatible avec ma vie professionnelle et personnelle.

Une demande de détachement m’est apparue comme une alternative intéressante, puisque je pouvais conserver temporairement mon poste dans le premier degré.  En effet dans le cas où ce nouveau métier ne me plaisait pas, je pouvais redevenir professeur du premier degré.

Une première tentative en 2013 n’a pas aboutie. En revanche ma  seconde demande a été validée l’année suivante (juin 2014) après avoir transmis à l’inspection de circonscription mon dossier de candidature comprenant :

  • un dossier administratif à compléter au printemps
  • une lettre de motivation
  • un CV

Pour ma part, je n’ai pas passé d’entretien préalable, mais certains collègues ont rencontré l’IPR.

Il m’a été demandé d’adresser à la DPE une liste de vœux géographiques, sans liste préalable de leur part. L’incertitude, quant à l’attente du lieu d’affectation (la Dordogne est le 3ème  département le plus étendu de France !) et surtout quant aux niveaux d’enseignement confiés (et donc l’impossibilité de préparer mes cours à l’avance) fut pour le moins désagréable. C’est à la fin du mois d’août que m’a été communiqué mon affectation au Collège Bertrand de Born à Périgueux.

Mon statut est assimilé à celui de stagiaire ; à ce titre j’enseigne 12 heures par semaine  à deux classes de 4ème  et une classe de 3ème (même si habituellement les stagiaires n’ont pas la charge de classe à examen).  Ravie de mon affectation je pense pouvoir dire aujourd’hui que mon intégration au collège s’est faite sans difficulté.

Ma formation prévoit par ailleurs deux jours hebdomadaires d’enseignement à Bordeaux. L’aspect logistique est de ce point de vue plus contraignant car les déplacements induisent une charge physique et financière lourde, et à ce jour (3 mois après la rentrée) l’Education Nationale n’a procédé à aucun défraiement ni même communiqué clairement sur le montant prévu pour ceux-ci.

 

Marion Cavillac
PE en détachement dans le 2nd degré
depuis la rentrée de septembre 2014

 

Une fin de carrière difficile… le témoignage de Jacqueline prof d’EPS

1/ Tu approches de ta retraite, quel regard portes-tu sur ta carrière d’enseignant d’EPS ?

Je suis heureuse d’arriver au terme d’un métier qui m’a passionné, pendant une grande partie de ma vie active. L’exercice de cette profession a répondu à mes attentes et procuré beaucoup de joie, de complicité avec les élèves durant les ¾ de ma carrière. Je n’étais alors  pas totalement soumise à des contraintes de programmes et disposais d’une certaine latitude d’action permettant des adaptations. J’ai pu alors faire passer des valeurs autres que la performance et l’évaluation en bâtissant de grands projets interdisciplinaires qui permettaient une vraie vie collective dans les établissements.

Les dernières années j’ai souffert de ce manque d’humanisme. Les programmations, pas claires, les exigences, les instructions, les contraintes administratives, les innombrables évaluations,… qui sclérosent et bloquent tous projets faute de temps : chaque instant est compté pour finir les programmes et clôturer les examens en temps et en heure. Le métier d’enseignant est de plus en plus stressant et ce manque de sérénité rejaillit sur les élèves alors qu’il faudrait les apaiser

 

2/ En EPS, as-tu rencontré des difficultés pour animer tes cours en cette fin de carrière ?

Oui, la fin de carrière a été très difficile tant physiquement que moralement et me laisse un goût amer.

Physiquement, car après de multiples accidents, et opérations qui se sont soldés par un statut de travailleur handicapé, je n’ai eu aucune aide si ce n’est l’attribution d’un temps partiel (pas de poste adapté), qui s’est traduit par l’aggravation de mon état de santé et qui m’a pénalisé sur le salaire pour ma retraite (double peine).

Moralement, car ayant vécu un début de carrière où la solidarité, l’esprit d’équipe, le respect prédominaient, je n’ai pas supporté l’individualisme grandissant de la génération des jeunes collègues. Ce qui n’est pas entièrement de leur faute car ils n’ont pas connu les années promo STAPS et CREPS qui nous soudaient en créant des liens forts de solidarité. Nous sommes également touchés par le contexte de rentabilité, de course « au fric », à l’arrivisme, à la concurrence qui engendrent des relations difficiles. Sans omettre le manque de formation pédagogique qui a transformé les PEPS en « ingénieurs des activités physiques ».

Les élèves, voire les parents qui n’ont plus de respect pour l’enseignant et qui contournent sans cesse les consignes de vie en collectivité, de sécurité, devenant des « consommateurs » exigeants et procéduriers.

 

3/Que regrettes-tu de ta carrière ?

-Cette formation disparue qui nous soudait et faisait d’un corps une vraie famille de pédagogues.

-Le manque de considération et de moyens pour faire appliquer la discipline.

-Les programmes trop sclérosants, qui ne donnent pas le temps de travailler sur des valeurs autres que « la performance à l’évaluation »,

-la note qui n’est plus libre puisque souvent modifiée lors des commissions d’harmonisation et qui n’accorde pas assez d’importance à l’effort, au travail, à l’investissement et aux progrès de l’élève.

-Les projets de moins en moins possibles (vu la lourdeur des programmes) qui permettaient de souder les équipes éducatives et les rendaient plus crédibles et plus fortes vis-à-vis des élèves, mais aussi des parents.

-Le manque de protection et de soutien de notre hiérarchie en cas de difficultés avec les élèves ou les parents, et ceux-ci savent trouver les failles

le fait de n’avoir pas pu intégrer le corps des certifiés qui aurait été la véritable reconnaissance de notre statut d’enseignant.

 

4/Peux-tu citer 2 exemples marquants de ta carrière ?

-les voyages organisés au Maroc avec des élèves de 5ème, qui pour beaucoup ne connaissaient que leur environnement proche, qui ont permis de découvrir une civilisation différente, des enfants plus démunis qu’eux mais qui avaient la soif d’apprendre pour sortir de leurs conditions précaires. L’innovation que nous leur avons apportée avec nos pratiques en EPS, notamment en ce qui concerne les filles.

– des spectacles organisés par l’EPS durant plus de 20 ans (pour alimenter les caisses de l’AS), comédie musicales écrites pas les élèves en français, des spectacles à thèmes, travaillés en EPS durant toute l’année pendant et en dehors de cours d’EPS, avec le concours les profs d’art plastique, techno, éducation musicale etc…. pour les décors et organisation. Ce genre de projet ne s’est plus fait en raison des nouveaux programmes « bouffeur » de temps (dans toutes les disciplines). Cela  m’a permis notamment de garder contact avec des élèves qui gardent des souvenirs impérissables de ces moments qui ont créé une dynamique, un esprit de travail collectif, permis l’imagination, la  création, l’intégration de tous, et soudé ces élèves qui, après avoir fondé leurs  familles, continuent de  rester en contact entre eux, sont heureux de se souvenir de ces années collèges et fiers de montrer à leur descendance ce qu’ils ont réalisé grâce aux vidéos réalisées..

 Jacqueline Vacherat

 

Témoignage de Stéphanie, AESH dans l’académie de DIJON

Depuis combien de temps exerces-tu ce métier ?

Je suis AESH depuis 7 ans, j’entame ma 8ème année. Mais avant cela j’ai été E.V.S à fonction d’AVS pendant 1 année en maternelle. C’est comme cela que j’ai découvert ce métier que j’ai tout de suite adoré. Aider, partager soutenir, écouter, patienter, échanger etc…
J’ai fait tous les niveaux de la maternelle à la 3ème en en passant par l’ULIS et la SEGPA.
J’ai débuté avec un contrat à 50%, puis à 60% pour finir à 70%. L’année dernière j’étais à 80% et cette année je suis repassée à 70% lors de mon CDI.

Ce métier te plait-il ? Pourquoi ?

Tout n’a pas toujours été rose. Certaines années sont plus difficiles que d’autres. Je me souviens d’une année particulièrement douloureuse moralement et physiquement pour moi. Je suivais un élève ayant des troubles du comportement (surtout ne pas dire violences verbales et physiques….) c’était un élève violent avec tout le monde. J’ai tenu quelques mois mais j’ai finalement « supplié » qu’on me change d’établissement. De plus je ne me sentais pas vraiment soutenue par ma hiérarchie… Cette année là, j’ai changé plusieurs fois d’établissements, entre le départ d’un autre élève, un enseignant qui ne voulait pas changer son emploi du temps afin que ma présence serve à quelque chose (je suivais également un autre élève dans un autre établissement), ce fut une année chaotique.

Mais il y a également des superbes années, on est fière que nos élèves se battent et réussissent ! Sans compter les remerciements et le soutien des parents qui nous font chaud au cœur,

Souhaites-tu continuer à faire ce métier ?

Aujourd’hui je suis en CDI et j’espère pouvoir continuer encore un moment.

Mon seul regret est notre salaire. Jusqu’à l’année dernière, nous n’étions pas payées en septembre, un acompte était versé début octobre puis régularisé fin octobre. Lorsque vous n’avez que ce seul salaire pour une famille, cela nous met pas mal dans l’embarras au niveau des banques…. Cette année, j’ai eu mon salaire fin septembre mais sur la fiche de paie, il y a plein d’erreurs. Le combat n’est pas fini !

Témoignage de Lise, AESH dans l’Académie de Lille

Depuis combien de temps exerces-tu ce métier d’accompagnant handicap ?
Je commence ma 8ème année dans un collège.

Comment es-tu arrivée dans ce métier ?
J’ai un BTS Assistante de direction. J’étais secrétaire dans une école maternelle, en contrat CAE. Comme j’avais du temps libre et que le contact avec les enfants était bon, la directrice m’a proposé de m’occuper de la bibliothèque, d’animer un atelier de conscience phonologique. J’encadrais aussi des groupes d’élèves en motricité et lors de jeux à règles. C’est comme ça que l’idée m’est venue de devenir AVS. J’ai postulé, et j’ai eu la chance qu’une AVS démissionne : il fallait la remplacer rapidement. Je me suis retrouvée au collège.

Ce métier te plait-il ? Pourquoi ?
J’aime beaucoup ce métier car auprès des élèves, je me sens utile. J’ai eu l’occasion de travailler avec des dyslexiques, dyspraxiques, dyscalculiques… avec des élèves ayant un syndrome autistique ou des troubles de l’attention… Chacun m’a appris quelque chose. J’essaie toujours de me documenter sur les « DYS », pour mieux comprendre et aider. J’ai eu l’occasion de faire un stage « Apprendre à apprendre », des formations internes dyslexie et dyspraxie. Il y a toujours des choses intéressantes à apprendre auprès des ergothérapeutes, éducateurs spécialisés. C’est un métier très enrichissant !

Te sens-tu intégrée à l’équipe éducative ?
J’ai eu l’occasion de m’occuper de « l’accompagnement anglais » pour des élèves de 5ème et 3ème (j’adore), je suis allée deux fois en séjour en Espagne (5 jours), une fois en Angleterre (5 jours), et participé à de nombreuses sorties scolaires d’une journée (Allemagne, Paris, Angleterre…). Je fais aussi partie depuis trois ans de la comédie musicale du collège. Je pense être intégrée à l’équipe éducative et jamais on ne m’a fait ressentir que j’étais « inférieure » aux profs, bien au contraire. On me demande mon avis, c’est valorisant.

Souhaites-tu continuer à exercer ce métier ?
Je veux continuer, bien sûr ! Il faut dire que je voulais être professeur d’anglais, mais à cause d’une erreur de jeunesse je n’ai pas continué mes études. Là, je suis dans mon élément, dans le domaine de l’éducation. Je savais, quand j’ai commencé, que je ne pourrais pas faire plus de six ans, mais je n’ai pas voulu quitter cet emploi, malgré la précarité… Je voulais faire, au moins six ans dans ma vie, un travail que j’aime vraiment. Aller jusqu’au bout. À la fin de mes 6 ans, on m’a proposé de continuer un an, puis de signer un CDI. Je suis très contente de l’avoir ce CDI, même  si j’aurais préféré être titularisée et même si les conditions ne sont pas idéales. J’espère que les choses vont évoluer, que le travail des AESH sera mieux reconnu.

Pour toi, quel est le combat principal que le SE-Unsa doit mener pour défendre les AESH ?
Le salaire ! Il n’est pas normal de devoir autant se serrer la ceinture ! Notre rôle est important, mais pas reconnu. Je fais 30h45/semaine, mais je suis payée 27h/semaine au SMIC. Je vis seule avec mes deux enfants. Jamais de vacances, pas de ciné, pas de resto… ou très rarement. Quand ma voiture, qui est loin d’être neuve tombe en panne, j’ai du mal à payer les réparations. Quand elle sera fichue, je ne pourrai pas en racheter une. Pourtant, je travaille, c’est injuste. Et il y a pire… j’ai encore la chance de ne pas faire encore moins d’heures, comme beaucoup. Pour vivre décemment, il faudrait être mieux payé. Je n’ose pas imaginer la retraite…

Lise, AESH dans l’académie de Lille

EPS et classe sans note, le témoignage de Valérie

Tu as testé une classe sans note l’an dernier, quel est ton bilan ?

Premier point positif : Titulaire dans cet établissement depuis 10 ans, cette expérimentation m’a amené à réfléchir sur mes pratiques pédagogiques et à « casser » la routine dans laquelle nous avons tous tendance à tomber. Nous sommes 2 collègues d’EPS engagés dans ce dispositif et nous nous sommes rencontrés plusieurs fois durant l’été afin de repenser nos grilles d’évaluation.

Deuxième point positif : Du temps a été dégagé pour mettre en place une heure de concertation et d’échanges pour l’équipe ( mardi de 13h à 14h ). Ces échanges ont été riches et constructifs, parfois parsemés de désaccords. Tout d’abord sur « qu’est-ce-qu’on évalue ? » mais aussi tout bêtement sur la conception du bulletin : bulletin disciplinaire ou totalement transversal c’est à dire uniquement par compétences ? Les collègues ont souvent fait appel à « l’expertise » des profs EPS. Nous avons réussi à trouver un consensus en évaluant des compétences mais en mettant des appréciations par discipline.

Ces moments d’échange nous ont aussi permis de cerner plus vite les difficultés des élèves et d’être plus attentifs à leur progrès. Un gros problème subsiste pour la remédiation en revanche. Pas mal de collègues se sont sentit démunis. C’est pour cela que lors de ces réunions, des collègues du primaire sont venus afin de nous expliquer leur façon de travailler et d’évaluer.

Nous avons choisi d’évaluer en termes d’ « acquis expert » pour motiver les bons élèves, « acquis », « presque acquis » , « en cours d’acquisition », « non acquis » que nous avons transformés en couleur ( vert, jaune, orange, rouge).

L’EPS est vraiment la discipline qui se prête à ce genre d’évaluation.

En EPS, depuis longtemps nous évaluons des compétences et les notes ne me semblaient pas adaptées à ce type d’évaluation. On fait une moyenne entre des haricots, des cailloux et des fleurs. C’est-à-dire des choses qui n’ont aucun rapport entre elles. Avec ce système, tout est plus clair et surtout plus formatif.

Le bilan est mitigé :

Au niveau des apprentissages des élèves , il n’y a pas beaucoup de différence  car en EPS on était déjà sur de la pédagogie différenciée même si on évaluait avec des notes. Ce qui est sûr, c’est que les élèves situent mieux ce qu’il leur reste à apprendre et comprennent mieux ce que l’on attend d’eux.

Par contre, même en EPS où les élèves viennent généralement avec plaisir, j’ai senti un changement d’attitude des élèves qui ne sont plus dans une course à la note , une compétition entre eux. Qui a la meilleure note ? Ce stress évacué, les élèves sont plus disponibles au niveau de l’écoute et de ce qu’on attend d’eux.

Valérie

« Prof d’appui » en RAR, témoignage

Quel a été ton parcours avant de devenir prof d’appui ? 

J’ai commencé par des fonctions hors la classe : pendant mes études, j’ai aidé au secrétariat du baccalauréat, ensuite j’ai été aide éducatrice dans un collège ZEP puis assistante d’éducation en lycée.
Comme professeur, je me suis rapidement investie dans différentes missions : membre du CA, voyages scolaires, coordination d’équipe, tutorat de stagiaires.

Comment as-tu découvert la fonction ? Comment l’es-tu devenue ?

Mon collège est passé RAR (réseau ambition réussite) l’année où je suis arrivée, j’ai donc découvert la fonction à ses débuts.
Trois ans plus tard, le chef d’établissement m’a proposé de postuler pour cette mission (ce n’est pas un poste) quand l’équipe a été renouvelée.
J’ai été recrutée sur CV et lettre de motivation après un entretien avec deux pilotes du réseau (chef d’établissement et IA IPR).

En quoi consiste ta fonction ? Quels est ta fonction par rapport aux autres professeurs ?

Mes missions sont définies chaque année par une lettre de mission. Je suis chargée du suivi des élèves en difficulté sur un niveau (préfet des études), de deux partenariats, de la conception et de l’évaluation de l’accompagnement personnalisé en 5e, du recrutement et de la gestion du travail de l’équipe des assistants pédagogiques, de l’organisation de l’accompagnement éducatif.
Je suis chargée de faire vivre la maison des savoirs hébergée sur le site du collège , je participe à l’école ouverte et à la vie du réseau (préparation des réunions du comité exécutif et des stages inter degrés avec les autres professeurs d’appui).
J’ai également la charge d’une classe dont je suis professeur principal.
Par rapport aux autres professeurs, mon rôle est de proposer et de faciliter le déroulement des activités.

Changement de vision sur la fonction ? Enrichissement par rapport à une pratique classique ?

Cette mission n’a pas beaucoup changé mon regard sur la fonction de professeur cependant la vision transversale qu’offre les missions de professeur d’appui permet une prise de recul par rapport aux exigences de chacun et de relativiser ainsi les difficultés rencontrées.

La fonction de préfet est en effet enrichissante et m’a permis de mieux me former sur la conduite d’entretiens individuel ou en groupe ainsi que la nécessité d’une prise en charge global de l’élève (et de l’enfant).
J’apprécie le changement d’angle régulier : conduire une réunion ou y participer, enseigner ou conseiller sur la gestion d’un élève ou d’un groupe, organiser une activité ou devoir m’inclure dans le projet de quelqu’un d’autre.

 

Marianne Loubier Logeais

Témoignage de Loréna, AESH

Depuis combien de temps exerces-tu ce métier d’accompagnant handicap ?

Je travaille toujours avec mon élève et même si cela fait plus de 5 ans, j’apprends toujours autant sur son handicap et l’évolution de celui-ci.

Cela fera 6 ans le 25 janvier, j’attends maintenant des nouvelles pour obtenir un CDI !!

Comment es-tu arrivée dans ce métier ?

Une amie institutrice m’a parlé de ce métier, j’ai envoyé ma candidature au rectorat de Rouen, passé un entretien devant 6/8 personnes. J’avais un peu  d’expérience auprès d’un public épileptique, trisomique, d’intégration sociale, et j’ai été aide éducatrice. Tout cela m’a permis d’être embauchée.

Ce métier te plait-il ? Pourquoi ?

Oh que ce métier me plait…. Métier d’aide, de soutien, d’écoute, de patience, de communication, d’échange… Il faut être capable de s’adapter à des personnalités différentes et aux multiples façons de travailler.

Raconte moi deux faits marquants de ton activité professionnelle

Deux faits marquants !! Euh ….ce qui me marque, c’est que j’ai toujours été bien acceptée par les différents collègues et que notre rôle est pris au sérieux et reconnu par les enseignants.

Souhaites-tu continuer à exercer ce métier ?

Oui !  J’espère continuer encore quelques années, et avoir un CDI, puis ensuite, peut être que d’autres portes nous serons ouvertes dans l’Éducation Nationale ?!!

Pour toi, quel est le combat principal que le SE-Unsa doit mener pour défendre les AESH ?

Le salaire : ce n’est pas normal que l’on nous dise « ce mois-ci, vous n’aurez pas votre salaire en entier ».

Ou encore, avoir des infos sur notre métier, comment le faire, quoi faire ?  Je me suis auto formée à l’aide de livres et d’ internet, de rencontres avec des pros pour pouvoir comprendre l’handicap de l’enfant que j’accompagne depuis 5 ans maintenant.

J’ai dû attendre une réunion du SE-unsa l’année dernière, donc Au bout de plus de 5 ans de contrat, pour apprendre certaines choses sur nos contrats ou nos droits.

 Loréna, AESH dans l’académie de Rouen

Professeur d’EPS en lycée pro, le témoignage de Thierry

1°) Tu es enseignant d’EPS en lycée professionnel, quel regard portes-tu sur ton métier ?

Pour moi c’est toujours le plus beau métier du monde ! Même s’il  est toujours en évolution, la chance de transmettre des savoirs à nos élèves, les voir évoluer, grandir , progresser… est quelque chose de vivifiant pour l’enseignant d’EPS que je suis. Réaliser des projets grâce à l’association sportive également. En revanche, le métier me prend toujours autant de temps. Les conditions d’exercice ne sont pas toujours assez bonnes pour faire du bon travail

 

2°) Est-ce que l’enseignement de l’EPS en lycée professionnel te parait être spécifique par rapport au collège ou au lycée général ?

Tout à fait, car nous accueillons une population d’élèves bien différente des lycées généraux : ils se dirigent vers la vie active et sont là pour apprendre un métier

On aborde les activités de façon différente, on est vraiment dans l’action

 

3°) Peux-tu citer des faits marquants dans ta carrière ?

Oui, la grève des élèves de l’établissement pour défendre la pratique de l’Association sportive m’a particulièrement marquée. De 8 h du matin à 18 heures le soir , les élèves ont fermé l’établissement et sont passés dans les médias. Leur action a permis de rétablir l’AS, pratiquée par les 2/3 des élèves.

Je pense aussi à la participation de 24 élèves de l’établissement au semi marathon de Barcelone : un exploit pour tous ces élèves qui au départ n’aimaient absolument pas courir !

 

4°) Quelles sont tes attentes en tant que professeur d’EPS en lycée professionnel ?

Que l’on ait le même statut que nos autres collègues ! Pour l’instant nous effectuons 17h + 3h ( 3heures de forfait AS qui sur le terrain vont bien au delà de cette quotité horaire ) contre 18 h tout compris, c’est injuste.

 Thierry