Le numérique au service de l’accompagnement des devoirs par Julien

Tout d’abord peux-tu te présenter en quelques mots ainsi que ton contexte de travail ?

Je suis Julien Crémoux, enseignant en CM1-CM2 depuis 2 ans, ayant essentiellement fait du cycle 3 depuis mon arrivée dans le métier en 2005. Je suis aussi directeur de l’école H Challand de Nuits-Saint-Georges en Côte d’Or qui compte 6 classes. Depuis mon arrivée dans le métier, j’ai toujours essayé de faire évoluer mes pratiques pour aider au mieux tous les élèves et notamment ceux en difficulté. Ainsi, depuis 2011, j’ai conçu des outils numériques sur notre site d’école. Puis grâce aux discussions sur internet je me suis lancé il y a 5 ans dans les ceintures de compétences. Je me suis mis dès lors à partager mon travail en créant un blog supermaitre.eklablog.fr. De fil en aiguille, je me suis aussi lancé dans une pédagogie plus coopérative, avec aussi un système de classe inversée. Enfin depuis 1 an, j’ai aussi lancé mes élèves dans l’aventure d’une twittclasse.

Concrètement que donnes-tu en devoirs à tes élèves ? (type, quantité, fréquence, organisation…)

Je donne concrètement quasiment les mêmes devoirs tous les soirs. Il y a systématiquement 2 à 3 fois par semaine une nouvelle leçon à apprendre (français maths + histoire ou sciences…) et aussi une vidéo de classe inversée à visionner. Je donne aussi tous les jours à revoir les leçons faites depuis une dizaine de jours et les mots du cahier de mots à revoir (ce cahier complété par l’élève recense tous les mots à connaitre mais aussi tous les mots mal orthographiés par l’élève au cours de ses travaux). Ensuite, il y a pour la semaine la ou les ceintures à passer qui impliquent que les élèves revoient une leçon connue (et au programme du plan de travail individuel de l’élève). Enfin, et ce sera la nouveauté de cette année, je ferai noter la lecture de 5 pages d’un livre tous les soirs (le livre sera choisi par l’élève dans le cadre d’un rallye lecture sur un semestre).
Sinon occasionnellement, les élèves pourront avoir à préparer des travaux à l’oral qui auront été travaillés en classe (exposé, rituel en histoire des arts).

Quels moyens mets-tu en œuvre pour que ces devoirs soient faisables par tous ? Comment gères-tu ceux qui ne les font pas ?

Pour que ces devoirs soient faisables et faits, j’ai choisi de :
– noter sur le site de la classe les devoirs chaque jour afin que tous, élèves et parents, puissent savoir ce qui est prévu. Cela implique que je ne vérifie pas les agendas des élèves (sauf gros souci) et que les parents savent qu’ils peuvent trouver les devoirs à un endroit.
– proposer pour chaque leçon à apprendre des outils sur le site internet de classe qui doivent permettre aux élèves de savoir ce qu’ils doivent retenir et de vérifier s’ils ont bien compris. Pour ce faire, chaque leçon donnée renvoie vers ce site (généralement 100% des élèves de ma classe ont les moyens de se connecter).
– informer en début d’année les familles de mon fonctionnement, de mes exigences mais aussi des moyens d’aider ou d’accompagner leur enfant (je fais de même avec l’accompagnement à la scolarité de la ville).
– me tenir à disposition des familles qui peuvent avoir besoin d’aide en répondant à leurs questions au sujet des devoirs.
– d’informer les parents par un petit mot à signer quand un travail n’est pas fait.

Comment présentes-tu cela à tes élèves ? À leurs parents ?

C’est expliqué au-dessus mais j’essaie surtout d’expliciter aux élèves et parents le pourquoi de mes demandes. Concernant les leçons, je leur explique qu’il est important que les élèves puissent expliquer en quelques mots (les leurs) le contenu de la leçon, puissent répondre à 2 ou 3 questions ou faire un exemple. Pour les aider, je mets sur le site de la classe ces différents éléments.

Quels effets observes-tu sur les élèves (et éventuellement sur les parents) dans ta façon de gérer les devoirs ?

Je n’ai pas de retour particulier des familles sur ce fonctionnement. Par contre, les, élèves ont l’impression qu’ils n’ont pas grand chose à faire mais se rendent vite compte que si des choses ne sont pas faites, cela crée un décalage sur ce qu’ils maitrisent et ils ont tendance à se rattraper. Par contre, c’est compliqué pour des élèves qui fonctionnent seuls à la maison car ceux qui sont en difficulté ont l’impression de connaitre leur leçon mais ne savent pas au retour en classe faire une seule phrase ou même donner le titre de la leçon.

Tes collègues font-ils comme toi ? Quel est leur regard sur ta façon de faire ?

Mes collègues de cycle 3 ne fonctionnent pas toujours comme moi, notamment en ne donnant la leçon à apprendre qu’une fois ou en donnant des exercices à faire à la maison qui seront corrigés en classe. Nos pratiques sont variées, nous n’avons pas su ou pu harmoniser nos pratiques mais il n’y a pas de regard négatif les uns envers les autres.

Comment ta vision des devoirs à la maison a-t-elle évoluée au cours de ta carrière ?

Au début je donnais les leçons à apprendre une fois et je donnais des travaux écrits régulièrement. Et puis, je me suis rendu compte que je perdais déjà 5 minutes le matin à savoir qui avait ou n’avait pas fait pour telle ou telle raison. En outre, je ne pensais pas à informer les familles de mon fonctionnement et de mes exigences. Quand j’ai commencé à évoluer, je me suis dit qu’il fallait aussi permettre à tous de faire ce qui est demandé comme si j’étais là.

Qu’est-ce-que tu souhaiterais encore améliorer dans ton dispositif ?

Les améliorations sont en cours pour cette rentrée avec la volonté de faire lire plus les élèves en instaurant une lecture de 5 pages à la maison mais aussi 10 minutes en classe chaque jour.

Qu’est-ce-que tu conseillerais à un jeune collègue débutant pour aborder cette question ?

Je conseillerais de se mettre à la place d’un élève en difficultés qui doit faire seul son travail à la maison. S’il ne peut pas faire une des choses demandées, ce n’est pas la peine de l’inscrire sur l’agenda mais cela demande de réfléchir à ce qu’on fait en classe pour s’assurer de la présence d’un certain nombre d’éléments quant aux travaux des élèves.

 

Julien Crémoux, directeur de l’école H Challand de Nuits-Saint-Georges en Côte d’Or

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