Étudiante à l’ESPÉ, vous venez d’obtenir votre Master MEEF. Votre mémoire a traité principalement du thème de la différenciation pédagogique. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce choix et nous faire partager la synthèse des conclusions de votre travail de recherches ?
À travers mes observations sur le terrain, que ce soit au collège ou au lycée, j’ai pu remarquer que les élèves utilisaient des stratégies très différentes pour résoudre les activités proposées, qu’elles soient expérimentales ou théoriques. J’ai constaté que certains élèves exploitaient de manière plus efficace certains supports, là où d’autres pouvaient peiner. En revanche ces derniers élèves étaient plus compétents dans l’analyse d’un autre type de support.
Il devenait donc évident pour moi que mettre en place une pédagogie différenciée allait me permettre d’élever tous les élèves à un plus grand niveau de compétence.
Afin de mettre en pratique cette différenciation, je me suis appuyée sur les recherches d’Howard Gardner, lequel a défini huit types d’intelligences qui permettent à une personne de résoudre des problèmes ou de concevoir un produit. J’ai expérimenté cette théorie avec les moyens mis à ma disposition dans le cadre de mon stage. Force est de constater que cette stratégie de différenciation s’avère efficace en terme de stratégie pédagogique et dans le constat des résultats obtenus au regard d’une classe témoin.
Donner la possibilité à l’enfant d’apprendre à apprendre et lui faire prendre conscience que chacun apprend différemment vont rester pour moi une préoccupation première dans mon enseignement.
Votre parcours de formation universitaire vous a amené à préparer à la fois un master MEEF cursus spécifique et le CAPES de SVT. Quel regard portez-vous sur le déroulement de la formation ? Quels leviers d’améliorations pourriez-vous proposer ?
L’entrée en deuxième année de master MEEF sans l’obtention du CAPES m’interpellait : Comment allais-je pouvoir me former au métier d’enseignant sans un stage annuel professionnalisant ? Dans ce cursus spécifique, on m’a proposé un stage filé sur douze semaines à raison d’un jour par semaine. Malgré un accueil chaleureux de l’établissement et des conseils pertinents de la part du tuteur, j’ai ressenti une frustration : ne pas avoir assez de temps pour expérimenter davantage avec les élèves et pour progresser dans ma façon d’enseigner.
Nous avons donc mis en place, au sein de ma promotion, une stratégie de médiation par les pairs : celle-ci consistait à aller nous visiter entre étudiants, nous observer et échanger.
Cette stratégie m’a beaucoup apporté et malgré le déficit de temps passé avec les élèves, ma pédagogie s’est affinée.
Pour les étudiants motivés de deuxième année de master MEEF, avec ou sans CAPES, le cursus devrait être identique, notamment pour les formations communes et spécifiques partagées par toutes les disciplines, et qui sont nécessaires à notre posture d’enseignant.
Quels sont les points forts des stages d’observation et de pratique accompagné auxquels vous avez participé ? Quelles sont les séquences qui vous ont particulièrement marqué ? Pourquoi ?
L’immersion en collège ou en lycée pour observer et mettre en pratique son enseignement est indispensable. Le recul de l’observation permet de prendre de la distance et laisse l’esprit analyser plus efficacement, notamment après un échange avec le professeur.
La pratique nous oblige à prendre en compte des paramètres de gestion de classe en plus de l’objectif pédagogique à atteindre.
La séquence liée à l’expérimentation de mon mémoire fût la plus marquante. Partir d’une hypothèse, la tester et la valider ou non, m’a obligée à approfondir ma réflexion, à aller plus loin dans mon questionnement et m’a conforté dans mon envie d’exercer le métier de professeur de SVT.
Vous avez présenté une candidature pour occuper un poste de professeur contractuel de SVT à la prochaine rentrée. Quelles sont vos motivations pour tenter cette expérience ?
Forte de mes années de master MEEF et notamment lors de mes stages pratiques, mes motivations pour enseigner se sont renforcées :
- Faire partager ma passion pour les SVT
- Aller à la rencontre d’un public d’adolescents
- Travailler au sein d’une équipe éducative
- Mettre en place des stratégies pour donner envie apprendre et les voir aboutir
- Susciter des curiosités, ouvrir à d’autres horizons
- Travailler en collaboration avec les partenaires médico- sociaux
- Inclure les parents dans le projet de réussite de l’élève.
Dans le domaine sportif, vous avez encadré des adolescents à plusieurs reprises. En quoi cette responsabilité vous a-t-elle donné des clés pour comprendre vos futurs élèves ?
Au sein du Club Alpin Français, et plus particulièrement dans la section escalade, j’ai encadré à de nombreuses reprises des adolescents et des adultes. Cette expérience est un premier pas vers la transmission de techniques et de la gestion de l’autre. J’ai pu aborder différents aspects cognitifs et affectifs. En ce qui concerne les aspects cognitifs, il s’agit de connaître son corps, connaître la nature et ses substrats, et connaître les dynamiques associées.
En ce qui concerne les aspects affectifs, il s’agit plus précisément de l’estime de soi, la confiance en soi et en l’autre, la gestion de la peur et la connaissance de ses capacités.
Ces divers paramètres, je les rencontre également da ma pratique d’enseignante, ils ont facilité ma posture en classe.
Vous projetez à court terme une carrière dans l’éducation nationale. Quelles sont les qualités requises pour être un « bon prof » selon vous ? Quelles sont vos aspirations à moyen terme ?
Selon moi, un « bon prof » est quelqu’un de passionné, il est capable à la fois de faire preuve d’autorité, mais aussi de compréhension et de bienveillance. Il prend en compte l’hétérogénéité du public, essaye de faire avancer chacun selon ses possibilités vers ses réussites à la limite de ses échecs. Son attitude est dynamique, quelquefois humoristiques, toujours respectueuse. Il est exigeant envers lui-même et envers les autres, mais fait preuve de tolérance. Il stimule, encourage et étaye.
À court terme, mon souhait est de devenir enseignante à part entière, me forger une expérience sur le terrain. Cependant en approfondissant la théorie, je souhaiterais développer quelques aspects spécifiques, notamment le numérique au service de la différenciation pédagogique et des apprentissages. Je souhaiterais par la suite, me spécialiser et proposer aux autres enseignants des méthodes et des outils afin de s’inscrire au mieux dans une société qui évolue.
Léa FLAGE
Étudiante ESPÉ de Franche Comté
Académie de BESANÇON