Vous avez débuté votre parcours dans l’éducation nationale en tant qu’AED en exerçant notamment dans un établissement de l’éducation prioritaire. Quels souvenirs en gardez-vous ? Que diriez-vous des particularités d’exercice dans les établissements dits « difficiles » en termes d’accompagnement des élèves et des personnels ?
Mon parcours dans l’Éducation Nationale a commencé en 2004 en tant qu’assistante d’éducation. Après avoir exercé une année dans un lycée polyvalent avec internat, j’ai souhaité approfondir mon expérience dans un collège classé en éducation prioritaire. J’ai rapidement dépassé mes quelques a priori et j’en garde, au final, un très bon souvenir. C’est d’ailleurs dans cet établissement que j’ai siégé pour la première fois en tant que membre élu au CA.
Durant mes deux années dans cet EPLE, j’ai travaillé au sein d’une équipe vie scolaire nombreuse mais très soudée. L’entraide, face à une heure de permanence difficile ou à un passage de demi-pension chargé, était une évidence pour toute l’équipe. Nous avions été recrutés avec des profils différents ce qui nous faisait intervenir sur des tâches spécifiques à certains moments. La complémentarité de l’équipe était un vrai + dans le service rendu aux élèves.
Après une licence d’espagnol obtenue en France, vous faites le choix d’une année universitaire en Espagne. Quelles différences avez-vous repéré entre le fonctionnement des 2 universités ? Pourquoi ne pas avoir décidé alors de préparer le CAPES d’espagnol ?
Suite à l‘obtention de ma licence d’Espagnol mention FLE (Français Langue Étrangère) à l’université de Lille 3 en 2005, je suis partie poursuivre ma formation universitaire en Espagne. J’ai alors intégré une première année de Master de « filosofia francésa ». À l’époque je souhaitais devenir professeur de français en Espagne. Dès les premiers jours j’ai pu observer plusieurs différences entre les deux systèmes universitaires (français et espagnol).
Tout d’abord au niveau du plan de formation qui est personnalisé. En tant qu’étudiant, nous connaissions à notre inscription le nombre d’unités de valeur à valider et le listing des matières proposées. Nous devions constituer notre propre plan de formation à partir de ces éléments.
L’autre point qui diffère de notre système selon moi, c’est la proximité avec les enseignants. Dès leur entrée à l’université les étudiants espagnols sont considérés « d’égal à égal » avec les enseignants. Il n’existe aucun clivage. Par exemple, il est tout à fait normal de se tutoyer et de s’appeler par nos prénoms respectifs. Néanmoins, malgré cette familiarité, la place des formateurs et l’autorité qui en découle restent claires pour tous.
Mon projet professionnel de devenir enseignante, principalement de français à l’étranger, n’était pas une vocation mais plutôt une opportunité :
D’origine espagnole, je maîtrisais la langue et souhaitais vivre en Espagne. C’est en discutant avec une amie des différences entre nos deux pays que je me suis aperçue que le statut de CPE n’existait pas en Espagne. J’ai alors effectué des recherches pour lui expliquer les missions de ce métier et c’est devenu une évidence pour moi. La polyvalence de la profession m’a particulièrement séduite.
Vous découvrez le métier de CPE en tant que contractuel pendant 6 années. Dans quels types d’établissement avez-vous exercé ? Comment avez-vous vécu la situation de non titulaire ?
J’ai été contractuelle de 2008 à 2014. Durant ces six années, j’ai exercé dans différents types d’établissements, en cité scolaire avec internat, en collège de centre-ville, en collège rural et en lycée professionnel. Cette diversité m’a permis d’acquérir une certaine expérience et surtout de conforter mon choix professionnel.
Le statut de contractuel comporte des points positifs comme négatifs. Pour ma part, cette expérience de non titulaire a été très constructive et très enrichissante. J’ai eu la chance d’être nommée sur des affectations à l’année pendant six ans et d’être toujours très bien accueillie et intégrée aux équipes. Le point négatif réside dans l’incertitude de quoi sera fait le lendemain : ne pas savoir si l’on va être nommé, pour combien de temps et dans quel établissement suscitent énormément d’interrogations. Tous les collègues contractuels redoutent cette période de fin août, début septembre durant laquelle on attend l’appel du rectorat pour obtenir notre affectation…ou pas!
Après une année de formation à l’ESPE, vous êtes lauréate du concours externe en 2015. Diriez-vous que cette formation a répondu à vos attentes ? Sur quel thème portait le contenu de votre mémoire ?
Je suis entrée en Master MEEF en septembre 2014. La formation à laquelle j’ai participé était très complète. Le suivi pédagogique était assuré par différents personnels : des universitaires, des chefs d’établissement et des CPE en poste. Cette année de formation nous a permis de croiser les regards sur notre système éducatif. Les préparations aux épreuves écrites et orales étaient exigeantes et individualisées. Ma deuxième année de Master, en tant que stagiaire, a été pour moi très intense. Il a fallu jongler entre l’ESPE et ma fonction de CPE stagiaire en établissement. D’un côté, les différents dossiers à rendre et le mémoire à rédiger ; de l’autre, une présence à mi-temps au collège, un suivi partiel de la vie scolaire et une évaluation professionnelle (visites conseil, projets à mener et inspection). Afin de me faciliter la tâche, j’ai décidé de faire porter mon mémoire sur l’internat scolaire. C’est un thème qui m’a toujours beaucoup plu et passionné. Pour la petite anecdote, mon premier poste en tant que contractuelle était en internat, j’ai également tiré ce sujet lors de mon épreuve orale du concours interne et ce thème a refait surface pour mon épreuve d’entretien sur dossier !!!!
La fibre pédagogique du métier de CPE suscite chez vous un intérêt particulier. Quelles sont vos motivations pour vous investir à moyens termes dans la formation des étudiants et des collègues ?
Je confirme que la dimension pédagogique du métier de CPE retient toute mon attention. C’est pour cela, qu’à long terme, je serais très intéressée par la formation des futurs collègues. Lors de ma formation à l’ESPE, j’ai énormément apprécié les cours avec les formateurs de terrain. Ils nous faisaient partager leur expérience et la réalité du métier. Le métier de CPE est un métier en constante redéfinition, notamment parce que les élèves évoluent très rapidement. Je préconise qu’une formation soutenue et de qualité doit accorder autant d’importance à une formation « pratique » qu’à une formation théorique.
Héléna Beauloye,
CPE dans l’académie de Lille