Lucie, CPE et formatrice académique à l’ESPÉ, témoigne

Vous exercez la fonction de Professeur Formateur Académique à l’ESPÉ depuis cette rentrée. Quelles sont les raisons principales qui ont motivé votre candidature ?

Depuis l’obtention du concours, j’ai toujours souhaité me former à différentes thématiques en lien avec mon métier afin d’explorer au mieux les différents champs de compétences du CPE.
J’ai participé à différentes « aventures » comme celle de membre du bureau du réseau CPE de mon département, membre du groupe de concepteurs du MOOC relation école/familles…
Cette prise de fonction en tant que Formateur Académique est un nouveau défi, une façon pour moi de sortir de cette zone de confort dans laquelle parfois on peut être tenté de rester. Depuis 7 ans dans le même établissement, avec une quasi impossibilité de muter étant donnés les barèmes appliqués, cette opportunité m’a semblé indispensable à saisir.
C’est pour moi une nouvelle façon d’exercer mon métier, de m’enrichir, d’apporter de nouveaux éclairages à mon identité professionnelle mais aussi d’être acteur du parcours de formation des futurs CPE.

Pouvez-vous décrire ce qui constitue le cœur de votre responsabilité de formatrice ?

Le formateur académique se voit confier différentes missions : une mission de formation initiale des étudiants de M1 et M2 du master MEEF encadrement éducatif, une mission de formation des personnels d’éducation titulaires (notamment les tuteurs d’étudiants en M1 et les tuteurs des CPE stagiaires en alternance en M2), ainsi qu’une mission d’animation et de coordination à destination des professeurs associés à l’ESPE. Il doit également établir un lien entre le Rectorat, les acteurs de la formation, les stagiaires et leurs tuteurs en établissement.
Ma mission principale en ce début d’année s’oriente plus spécifiquement vers les CPE stagiaires alternants que je rencontre toutes les semaines en suivi de stage. L’accompagnement à l’entrée du métier a été complètement repensé cette année et pendant tout le mois de septembre ; la prise en charge a été individualisée et généralisée pour tous les stagiaires (CPE mais aussi PE et stagiaires disciplinaires).
Je participerai également à leur évaluation dans le cadre du Master et à la validation de leur stage.
Il est également prévu que j’intervienne dans différents groupes de travail de la formation commune de l’ESPE à destination des M2 et des M1 dans un second temps.

En quoi l’exercice de cette mission pédagogique est-il complémentaire avec l’exercice du métier de CPE ?

Le CPE au départ n’est pas forcément celui que l’on s’attend à trouver dans le domaine pédagogique. Pourtant, le référentiel de 2013 reconnaît des compétences spécifiques au CPE et la nouvelle circulaire d’aout 2015 réaffirme le rôle du CPE dans le suivi pédagogique et éducatif individuel et collectif des élèves : « Les CPE sont associés aux différentes équipes pédagogiques des classes dont ils ont la charge… ils sont aussi impliqués dans les conditions d’appropriation des savoirs par les élèves et associés à la construction de leur projet personnel, notamment en collaboration avec les professeurs principaux. ».
Assurer cette mission auprès des étudiants, me pousse à explorer ce champ et à me former. Construire une séquence pédagogique, adapter la formation au besoin de son public, évaluer les progressions de chacun et apporter la réponse adaptée est déjà au cœur de mon métier de CPE : transférer mon expérience auprès de jeunes en pleine construction de leur identité professionnelle est une vraie chance. Lorsque l’on entre dans ce métier, on peut être plein de doutes et parfois d’appréhensions. Mon souci est de les rassurer au maximum et leur donner quelques clefs pour les aider à surmonter cette phase d’immersion dans la profession. Avec la masterisation, le profil des étudiants qui obtiennent le concours a beaucoup évolué. La norme a changé et j’encadre aujourd’hui de jeunes étudiants au parcours universitaire brillant mais qui arrivent dans le métier en n’ayant quasiment jamais mis les pieds dans un établissement scolaire. Mon rôle est d’autant plus important auprès d’eux pour leur apporter cet éclairage professionnel qui peut leur manquer sur le terrain.

Quelles sont vos impressions sur l’organisation du CAFFA* qui vient de se mettre en place ?

Je participe depuis longtemps à la préparation du concours pour les futurs CPE (à l’IUFM d’abord puis à l’ESPE) et j’ai assuré les fonctions de tuteur de plusieurs stagiaires ces dernières années. C’est donc tout naturellement que je me suis inscrite l’an dernier au CAFFA dès que j’ai eu connaissance de l’ouverture du registre d’inscription. Je connaissais le dispositif dans le premier degré et je trouve tout à fait normal qu’à un moment on souhaite « professionnaliser» les intervenants. Valider le CAFFA permettra également de faire valoir certaines compétences et d’officialiser la participation des collègues au processus de formation des entrants dans le métier.
La mise en place risque d’être un peu chaotique et la formation qui doit être proposée par la DIFOR et/ou l’ESPE arrivera peut-être un peu tard pour préparer les épreuves d’admission cette année. Les personnes inscrites à l’admission du CAFFA devraient être reçues par les IA-IPR pour effectuer un entretien de positionnement et définir ensemble quels sont les besoins propres à chacun. La formation sera proposées par l’ESPE, dans le cadre des UE1 et 2 du master « Parcours de recherche » ou par la DIFOR dans le cadre des dispositifs et modules inscrits au PAF et sera individualisée : analyse de pratiques, méthodologie de la recherche, nouveaux usages numériques (travail sur Moodle, classe inversée, travail collaboratif, réseaux sociaux) en fonction des parcours de chacun.
Le mémoire est à rendre pour début mars et pour l’instant aucune date de formation n’a été communiquée. Je me tiens donc régulièrement informée et je commence à réfléchir à l’objet de recherche de mon futur mémoire professionnel. Cette démarche me ramène des années en arrière et c’est plutôt excitant de se replonger dans des lectures qui ouvrent d’autres horizons à notre métier !

Avez-vous en tête des projets professionnels pour la deuxième partie de votre carrière en lien ou non avec la pédagogie ? Lesquels ?

Non, je n’ai pas de projets particuliers, cette opportunité s’est proposée à moi et je vais déjà tâcher de remplir les missions que l’on m’a confiées au mieux avant d’aller voir ailleurs. Le métier de CPE est un métier merveilleux que je ne quitterais pour rien à l’heure d’aujourd’hui, guider les entrants dans le métier comme je peux le faire d’une autre manière avec les élèves est un nouveau défi que je vais tenter de relever.

Lucie Lalorcey, CPE et professeur formateur académique à l’ESPE

*CAFFA : Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Formateur Académique

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