1. Comment abordes-tu l’EPS dans ton lycée agricole ? Y-a-t-il des spécifiés par rapport au lycée général ?
On suit le programme de la voie générale ou professionnelle en utilisant quasiment les mêmes textes que ceux de l’EN. La base est la même avec parfois quelques spécificités comme l’obligation de passer par la CP2 pour les filières technologiques par exemple. La plus grande particularité est le maintien de l’EPS obligatoire pour les élèves en post bac qui ont en BTS : 1,5h de pratique par semaine sur les deux ans, avec une évaluation des compétences, sur la base d’un niveau 4, complétée d’une analyse réflexive sur les apprentissages réalisés.
La plus grosse des différences est la taille et la population de nos établissements. En majorité, nous avons un taux d’internes élevé, d’où une dynamiques sur la vie associative plus importante. La population des établissements agricoles change beaucoup. La forte baisse des effectifs des agriculteurs sur les trentes dernières années, et une entrée plus complexe dans le métier, font que les effectifs sur ces formations ont beaucoup changé. On constate une féminisation importante dans nos établissements due au fait que les cartes de formations ont été redistribuées. Une grande partie des établissements ont pris le parti pour sauver leur effectif de s’ouvrir à des formations plus orientées vers les métiers du service, en développant des formations qui existaient dans les anciennes maisons familiales. En EPS comme pour beaucoup d’autres disciplines, nous sommes à mon sens un peu plus proche (historiquement) des élèves car les faibles effectifs dans la plupart des établissements, permettent une proximité qu’il est difficile de créer dans des grand établissements. Nous avons la chance dans nos établissements de pouvoir disposer dans les organisations pédagogiques de plus de moyens, pour beaucoup d’établissements on peut compter sur une option, un montage de section sportive, ce qui crée ou stabilise une dynamique des équipes pour faire sortir l’EPS du quotidien des enseignements obligatoires.
D’autre part, nous fonctionnons depuis longtemps en pluri-disciplinarité avec la biologie, nos évaluations étaient liées dans les années 2000, chose qui s’est un peu perdue mais qui revient avec les enseignements dit « capacitaires » (le verbiage de l’agriculture confond ce terme avec la compétence de l’éducation nationale). La possibilité de faire fonctionner des actions communes avec d’autres disciplines est plus aisée et recommandée depuis longtemps, ce qui permet de faire sortir nos pratiques de leur « train train ».
Nous disposons dans l’ensemble des établissements uniquement d’infrastructures locales… dans des communes souvent peu équipées. Les gymnases ont souvent été développés dans les années soixante, avec l’EPS de l’époque. Je ne pense pas être défaitiste en disant que nous ne sommes pas bien lotis concernant les installations à notre disposition
2. Quelles relations as-tu avec les collègues EPS de l’Education Nationale ?
Elles sont plutôt cordiales mais se limitent au partage des activités d’UNSS dans la plupart des cas. Nous participons aux diverses réunions sur les bassins pour obtenir des installations, mais n’avons pas encore su ou pu développer de partenariat plus important. D’un point de vue de la formation professionnelle, un réseau des enseignants d’EPS Bourgogne Franche Comté actif, se réunit tous les ans avec l’inspection. Il a pour but de développer des pratiques communes, dans le cadre d’actions de formation qui peuvent avoir lieu à l’échelon régional. Nous avons déjà réussi à faire venir un collègue de l’EN sur une de nos actions de formation, mais il me semblerait opportun de pouvoir mutualiser à la fois les offres et les demandes…. un rêve. Dans le cadre des réseaux, un ou plusieurs enseignants par région (j’en fais partie) sont membres d’un GAP (groupe d’animation pédagogique) qui se réunit tous les ans pour réfléchir sur des thématiques d’actualité, et être force de proposition. On retrouve dans ce GAP, les collègues secrétaire de région (ou animateur c’est selon), ainsi que l’inspection (deux inspectrices pour la France), et le formateur EPS de l’ENFA (Florent Wiezorek, à l’Ecole Nationale de Formation Agricole notre organisme de formation national)
3. Comment organises-tu le sport scolaire dans ton établissement ?
Le fonctionnement se fait en AS comme partout avec affiliation UNSS. Une particularité toutefois, la prise en charge par l’établissement assez fréquemment des déplacements sur les sites de pratiques. Nous pratiquons souvent le voiturage des élèves grâce à un parc de véhicules de service important. Par contre le faible nombre d’animateurs contraint un peu les choix dans les activités, et ne permet pas des engagements sur des pratiques en continu. J’ai souvent proposé sur des mercredi des activités différentes, avec parfois la difficulté à mettre en place des entrainements suivis pour les élèves que j’emmène… en général, les heures ne sont pas comptées. Le dynamisme dans les AS est associé souvent à celui des associations des élèves : dans chaque établissement les enseignants d’Education Socio Culturelle assurent dans leur service six heures d’animation, ce qui permet de créer avec eux une dynamique associative
4. Serais-tu favorable à la création d’un CAPEPSA (CAPEPS Agricole) ou bien la situation de détaché te convient-elle ?
Ma réponse sera celle d’un ancien contractuel de l’enseignement… et fortement influencée par treize ans d’activité sous ce statut de « bouche trou » éjectable.
Ma réponse est oui, et je m’en explique : a priori mon statut de Professeur Certifié de l’Enseignement Agricole, acquis grâce au concours RAEP mis en place par la loi Sauvadet de 2012 n’existe pas vraiment. Il y a environ 6 ans, un concours était organisé pour permettre de recruter des enseignants en EPS dans l’EA. Ce montage réalisé au sein du ministère aurait été mis à mal par les syndicats (pas forcément le SE-Unsa) qui ont argumenté que ce statut n’était pas reconnu. On était aussi à l’époque face à ce constat que beaucoup de contractuels occupaient les postes des détachés de l’EN, mais avec des DGH qui baissaient fortement. Les détachements qui étaient de cinq sont passés en quinze ans à trois puis à une seule année. Une majorité des détachés ont craint à l’époque de devoir retrouver leur académie d’origine, d’où une grosse crainte de voir des postes occupés par de nouveaux titulaires originaires du ministère qui prendraient d’éventuels postes… l’argumentation de l’époque était donc « il n’y a qu’un concours, c’est le CAPEPS, passez-le« . On fait le même métier, sauf que le détachement EN vers l’EA est possible, mais pas l’inverse.
Franck Piriou