Le ministre de l’éducation nationale communique sur les 5 à 8 % d’élèves qui auraient décroché du fait de la situation de confinement. Qu’en est-il des jeunes déjà identifiés avant le confinement comme décrocheurs ou présentant un risque de le devenir ?
Une Enseignante Coordonnatrice de la MLDS (Mission de lutte contre le décrochage scolaire) témoigne.
La MLDS vise à prévenir le décrochage scolaire, faciliter l’accès au diplôme et à la qualification des jeunes en situation de décrochage, sécuriser les parcours de formation.
D’une part, « les jeunes décrocheurs avec lesquels, suite à un travail sur la définition du projet professionnel, nous étions en train de chercher à confirmer et/ou valider un projet de réorientation avec des stages ». Ceux-ci sont déçus et frustrés que ces stages soient suspendus ou reportés et un lien téléphonique est maintenu avec eux.
D’autre part, « les jeunes allophones (Non Scolarisés Antérieurement) » pour lesquels la continuité pédagogique avec les enseignants est très difficile à réaliser : « sur 15 élèves seulement 3 ont un accès occasionnel aux outils numériques avec lesquels ils ne sont pas encore totalement autonomes ». Difficile pour ces jeunes de garder un rythme scolaire, tristesse de ne plus pouvoir aller à l’école (opportunité que certains ont pour la première fois de leur vie), inquiétudes quant à la possibilité de passer cette année l’examen du DELF (diplôme d’études en langue française) et à leur poursuite d’études l’année prochaine en CAP.
Il a fallu trouver des solutions : « je leur demande de regarder tous les matins l’émission Lumni niveau primaire sur France 4 proposant des séances en français et en mathématiques. Chaque jour, par roulement, je les appelle afin de travailler et échanger avec eux sur ces cours : compréhension du vocabulaire, lecture à voix haute (si besoin envoi par MMS du texte que j’ai pris en photo lors de la diffusion), entraînement aux calculs mathématiques… Les jeunes qui ont un crédit téléphonique envoient par MMS des photos de leur cahier d’exercices. « J’ai aussi proposé aux autres enseignants qui interviennent de me faire parvenir des exercices imprimables que je transmets aux référents des jeunes afin qu’ils les leur distribuent.»
Les échanges téléphoniques permettent un travail totalement individualisé, en fonction des difficultés et des points forts de chacun : « de 30 minutes au début, avec une durée record de 2 heures 30 », ils sont aussi l’occasion d’aborder des thématiques extra-scolaires, renforçant ainsi le lien déjà établi.
Propos recueillis par Giaretti Sophie
Photo de David Waschbüsch provenant de Pexels