1°) Tu es rentré tardivement dans l’Education Nationale, peux-tu nous parler de ton expérience professionnelle ?
J’ai été assistant d’éducation (et surveillant d’externat) durant 10 années, de 2002 à 2012. Lorsque j’ai obtenu ma licence Education et motricité au STAPS de Nantes en 2000, j’aurai pu suivre mes collègues et m’ouvrir la voie du CAPEPS, mais ayant mal apprécié les enjeux éducatifs et n’ayant pas assez muri ma réflexion, j’ai décidé de faire une licence management.
Suite à cette année de formation, et toujours dans l’incapacité de lier ma formation universitaire avec un métier, j’ai décidé de suivre les enseignements de la licence entrainement, toujours sur Nantes. Séduit par le contenu de l’hyperspécialisation dans le domaine de la physiologie et de la biomécanique, je garde à l’esprit à la sortie de cette année, que c’est dans l’entrainement sportif que je trouverai ma voie. Pour m’assumer un peu au niveau financier, je décide de travailler à temps plein en tant que surveillant en Lycée.
Durant 3 ans, j’entraine un petit club de foot et décide en 2005 de passer le Diplôme universitaire de préparation physique du CEP de Dijon, que j’obtiens après une année de galère entre Nantes, où je suis surveillant en collège et Dijon où je suis ma formation sous forme de stage.
À la sortie, je passe un an à rechercher une place dans un club de foot pro et semi-pro, toujours en ayant mon temps plein de surveillant.
En Juin 2006, je suis contacté par un club de CFA2, pour évoluer en tant que préparateur physique. Expérience amère puisque je découvre un milieu pourri par l’argent, dénigrant l’avenir des jeunes talents au profit d’objectif à court terme servant le club.
Ce revers professionnel et idéologique a profondément fixé ma conception de l’EPS d’aujourd’hui, engageant une réflexion sur le devenir de nos enfants.
Après avoir mûri durant quelques années mon devenir professionnel, passant par la maitrise STAPS entrainement, et le concours de CPE, j’ai finalement décidé en 2011 de m’inscrire en M1 métier de l’éducation, de l’enseignement et de la formation (MEEF) dans l’espoir de passer le CAPEPS. Après deux années (M1 et M2), assez difficiles, puisque j’additionnais étude, concours , temps plein AED, et enfant en bas âge, j’obtins enfin le sésame en interne avant même de soutenir l’oral de l’externe en 2012.
Fort de mes expérience passées, et avec le recul, je me rends compte aujourd’hui que ce métier était finalement fait pour moi, alliant l’éducatif au développement moteur et cognitif des enfants.
2°) Comment as-tu vécu ton concours de l’Education Nationale ?
Mes concours (interne et externe) m’ont paru être l’aboutissement de deux longues années de travail et de sacrifices. Malheureusement, j’ai eu l’impression de bachoter, de plus travailler la méthodologie du concours que les compétences professionnelles du PEPS. Même si je sais que le concours gagne d’années en années en évaluation de compétence professionnelle, notamment à l’oral, les écrits m’ont donné cette impression de préparation à des épreuves codifiées.
Néanmoins, cette longue préparation m’a permis de réellement trancher entre les 2 conceptions de l’EPS ; comme l’a revendiqué un de mes enseignants devant un amphithéâtre d’étudiants ébahis, OUI je suis résolument développementaliste. Et cela a clairement transpiré dans mes copies d’écrits, ce qui m’a réconcilié avec les correcteurs inspecteurs et collègues à la vue de mes notes.
3°) Pourrais-tu citer deux points positifs et deux points négatifs de ton entrée dans le métier ?
Deux points positifs :
– Réussir à faire progresser TOUS les élèves et surtout ceux qui ont besoin d’un développement moteur, cognitif et social.
– Passer du rôle passif d’étudiant, au rôle actif d’enseignant.
Deux points négatifs :
– Côtoyer des collègues (culturalistes) qui flinguent la profession en même temps que la scolarité en EPS des élèves.
– Découvrir la pauvreté de la formation continue en EPS, alors que les demandes fusent (même si l’on sait que les inspecteurs sont en nombre réduit).
4°) Quels sont tes attentes ou manques en tant que jeune enseignant EPS ?
Comme je l’évoquais, je souhaiterais avoir accès à une formation continue plus fournie.
Offrir une formation plus poussée aux élèves, le 4h / 3h / 2h étant vraiment trop limitatif.
Et bien sûr devenir certifié pour abattre les cloisons statutaires entre les disciplines n’existant que sur le plan institutionnel (depuis mon entrée dans le métier, je soutiens l’acquisition de compétences transversales en décloisonnant les matières).
Valery
Derrière les choix syndicaux, il y a des convictions professionnelles. Je suis fier d’appartenir au même syndicat que Valéry.