Être AEP, un vrai plus pour entrer dans le métier, Mégane témoigne

Vous avez bénéficié d’un emploi d’avenir professeur pendant 2 ans. Quels sont les points forts de ce dispositif ?

Avant tout, je dirais que l’atout majeur de ce dispositif est, sans hésitation, l’expérience pratique que cela apporte sur le terrain. En effet, il n’y a rien de plus formateur que la confrontation au métier en tant que tel, devant les élèves, en enseignant, en les préparant mais aussi en découvrant et en participant à la vie de l’établissement.

J’ai eu la chance d’avoir une tutrice qui m’a donné sa confiance dès le début en me traitant d’égale à égale et en me faisant participer à toutes sortes d’activités en lien avec la vie de l’établissement (conseils d’administration, conseils d’enseignements, réunions diverses etc.).

De plus, durant ces deux années, j’ai contribué à part entière à l’élaboration de deux projets menés avec les élèves en interdisciplinarité avec notre collègue d’allemand puisque cela concernait des classes bi-langues. La première année, nous avons réalisé de toutes pièces un jeu de société ayant pour sujet la culture générale allemande, irlandaise et européenne. Lors de la deuxième année, les élèves devaient écrire leur propre livre bilingue en anglais et en allemand, retraçant la vie d’une jeune héroïne au XXième siècle, descendante des figures historiques Emmeline Pankhurst et Sophie Scholl. Grâce à ces deux projets, j’ai pu expérimenter diverses approches auprès des élèves, il ne s’agissait plus seulement d’une approche classique où le professeur délivre des connaissances, mais d’un véritable travail d’accompagnement et d’échange.

Toute la dimension « pratique » de ce dispositif est vraiment fondamentale, cela permet de se rendre compte des réalités du métier et a, pour ma part, confirmé ma vocation.

Durant cette expérience, vous avez notamment mené des séquences pédagogiques au sein d’une classe-relais. Quels atouts en avez-vous tirés dans la gestion du groupe classe ?

À travers mon engagement auprès de la classe-relais, il a été très important d’instaurer une relation de confiance avec les élèves. Ces élèves sont en grande difficulté et nous sommes là pour les aider au mieux à renouer avec leur scolarité. Je dirais qu’il faut avant tout savoir s’adapter à eux, à leurs besoins et donc, être à leur écoute. Créer une relation de confiance et de respect mutuel facilite énormément la gestion du groupe classe. De plus, cette expérience fut très intéressante et m’aide encore aujourd’hui avec les classes « classiques » puisqu’il s’agit tout simplement d’être capable de mettre en place une pédagogie différenciée. Savoir adapter son contenu et ses supports pour qu’ils soient à la portée de tous.

Aujourd’hui, vous exercez dans un autre établissement en tant qu’enseignante stagiaire d’anglais. Quelles méthodes pédagogiques privilégiez-vous pour susciter la participation orale chez les élèves ?

La participation orale des élèves de manière générale en classe, n’est pas chose simple. D’autant plus en cours de langue. Les élèves ont peur de mal faire, mal dire et souvent ils n’osent pas intervenir. Ils sont en pleine adolescence et pour certains, la transition est loin d’être facile. C’est pourquoi, encore une fois, je pense que la confiance et le respect ont une place importante dans une classe. Il faut savoir instaurer un climat propice à l’échange, mais cet échange ne doit pas se faire seulement entre professeur et élèves, mais aussi entre les élèves eux-mêmes. Ils doivent apprendre à s’écouter, se respecter et, petit à petit, cela débouche sur un esprit d’entraide et de solidarité.

D’un point de vue pratique, la variation des supports est un bon moyen pour susciter la participation orale. Encore une fois, il faut s’adapter aux élèves, à ce qu’ils connaissent (sans pour autant négliger des apports totalement nouveaux bien sûr).

Je trouve qu’il est facile en anglais de varier les supports. J’ai eu l’occasion de faire des séquences avec les super-héros « Avengers », l’univers de « Harry Potter », des chansons/des extraits de films de Tim Burton, j’ai également travaillé sur la distinction « Junk food vs Healthy food » en utilisant des interventions authentiques de Michelle Obama, par exemple. Les ressources sont multiples. Des apports variés suscitent toujours l’intérêt des élèves et vont surtout les rendre à l’aise, et plus enclins à la communication et à l’échange.

Enfin, il m’arrive aussi d’instaurer le célèbre système des « bonus » visant à bonifier la participation orale de chacun. J’ai constaté que cette disposition était toujours très motivante pour les élèves.

L’année de formation initiale a t-elle globalement répondu à vos attentes ? Pourquoi ?

Je ne pense pas pouvoir dire que l’année de formation initiale a entièrement répondu à mes attentes. En effet, il est très difficile de devoir gérer son Master à l’ESPE ainsi que ses propres cours en établissement. C’est pourquoi, je m’attendais, surtout après l’obtention du CAPES, à ce que la pratique soit entièrement mise au centre de cette formation, ce qui ne fut pas toujours le cas. Ayant une expérience d’EAP pendant 2 ans, la pratique me faisait beaucoup moins peur, mais certains collègues de ma promotion se retrouvaient devant des élèves pour la première fois. Il est tout de même plus important d’aider les professeurs stagiaires à se sentir bien dans ce métier complexe en leur donnant les bons outils et les bonnes clés pour bien démarrer leur carrière, plutôt que d’accaparer leur temps et leur énergie dans des travaux de type « disciplinaire », comme la plupart ont déjà pu en faire l’expérience durant une licence ou d’autres masters.

Néanmoins, de manière générale, le statut de stagiaire est bénéfique et très enrichissant, notamment grâce à la partie pratique en établissement qui permet vraiment de se familiariser avec toutes les composantes du métier. Le suivi par un(e) tuteur(trice) est aussi très rassurant et permet de faire évoluer sa pratique tout au long de l’année.

Quelles sont vos envies, vos aspirations, vos projets pour la suite de votre carrière ?

J’aimerais, en tant que titulaire, pouvoir organiser des projets divers et variés avec mes élèves. Que ce soit des voyages ou des projets plus innovants comme j’ai déjà pu le réaliser en tant qu’ EAP. Pouvoir élargir la culture des élèves me semble être important, tout comme le fait de les rendre réellement actifs dans leur enseignement. L’idéal serait également de pouvoir partager avec mes collègues autour de projets interdisciplinaires par exemple. La communication mais surtout le partage des informations et des outils sont des points essentiels à mes yeux, que ce soit entre professeurs/élèves mais aussi entre collègues.

Ce qui m’amène à une autre de mes aspirations : la formation. En effet, j’aimerais avoir l’occasion de me spécialiser à l’avenir, en enseignant à des publics plus spécifiques (élèves souffrant de handicaps, élèves allophones ou même à des adultes). Pourquoi ne pas être aussi tutrice à mon tour ? Pouvoir transmettre et partager son expérience me semble être quelque chose de primordial, on ne finit jamais d’apprendre.

Mégane Boubrit, stagiaire d’anglais dans l‘académie de Besançon

Retrouvez son projet de visioconférence en classe d’anglais sur notre blog « École de demain »

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