Quel est le sujet de votre thèse et sous quelle direction écrivez-vous ?
J’étudie l’identité professionnelle des Conseillers Principaux d’Education sous la direction de Patrick Rayou (Professeur émérite en sciences de l’éducation, Université Paris 8) au laboratoire Circefet-Escol. J’analyse le processus de professionnalisation des CPE à travers leurs activités afin d’identifier et de comprendre leurs logiques d’engagement, dans l’objectif d’engendrer une théorie enracinée. Ce qui m’intéresse ce sont les grammaires ou les rhétoriques que véhiculent les CPE.
Pourquoi avoir choisi ce sujet ? En quoi est-il pertinent ?
Ce choix, avant tout, permet d’observer le CPE, comme une figure marginale du monde de l’enseignement. Au sens où, il incarne à lui seul la préoccupation éducative du système scolaire français, tout en se trouvant bien souvent défini par la négation des autres : métier flou, sale boulot. La perspective adoptée permet d’aller voir l’arrière-cour du groupe social formé par les CPE sous un prisme non déterministe. Autrement dit, comprendre les jeux et enjeux qu’ils déploient et développent afin de faire tenir leur fonction leur permettant de s’inscrire dans une démarche professionnalisante.
Quelle est votre méthodologie ?
La recherche qualitative menée, sollicite un modèle d’analyse inspiré de la clinique des activités pour restituer du « pouvoir d’agir » par la « transformation des situations de travail ». À l’aide d’interrogations portant sur le genre et le style (Clot et Faïta, 2000), elle ne vise pas à poser un regard d’expertise. Elle s’appuie sur trois types de matériaux recueillis auprès de CPE : des entretiens semi-directifs, des agendas et une enquête monographique d’un an dans un lycée. Tout ceci, complété par le travail de confrontation d’un collectif de CPE formé de neuf membres, réalise un dispositif d’intervention conçu pour élaborer « un modèle compréhensif » (Wittorski, 2010) de la dynamique de professionnalisation des CPE par l’expérience professionnelle. Il s’agit concrètement d’identifier et de comprendre ce qu’ils font quand ils travaillent, pour révéler les logiques d’engagements qui sont en jeu dans leurs activités réelles.
Quels sont les observables les plus récurrents ? Et que traduisent t-ils ?
Le collectif : le groupe de CPE présente des phénomènes d’économie (négociations) comme dans tout groupe social. C’est en étudiant les mouvements de ces négociations que l’on peut identifier les logiques d’actions.
Les CPE, fragilisés par leur statut peu connu, leurs missions très peu définies (malgré l’affichage institutionnel) ainsi qu’un mode d’association qui ne les rend pas visible ni lisible s’emparent des miroirs (ici le chercheur) qui leur sont tendus pour trouver une voie d’accès à un processus de professionnalisation qui leur permettrait de construire leur identité professionnelle. Ceci traduit la difficulté rencontrée par une profession qui ne sait pas trouver une voie propre pour construire une identité.
En quoi votre thèse permet-elle d’actualiser le regard porté sur le métier de CPE. Autrement dit, apporte-t-elle de nouvelles perspectives ?
Mes réflexions proposent de penser le CPE comme un acteur singulier des collèges et lycées et non comme un élément exogène dont la légitimité peut être sans cesse remis en cause ; tant sur le champ éducatif que sur le champ pédagogique. Je pose dans cette perspective un regard qui consiste à voir le CPE comme un professionnel doté de savoirs et de savoirs faire propres qui lui permettent d’être le metteur en scène de la Vie scolaire.
Edmond Houkpatin, CPE dans l’académie de Créteil
Bonjour Edmond, ayant moi même réalisé une thèse sur les représentations professionnelles des CPE dans l’académie de Toulouse, je serais très intéressée par les résultats de votre recherche ou pour échanger avec vous.
Myriam Favreau, docteure en sciences de l’Education, chercheure associée EFTS, UT2J, formatrice Dafpen et CPE.