Second point d’étape

Petit bilan des suggestions recueillies autour de « Savoir résoudre des problèmes / Savoir prendre des décisions ».

Tout d’abord vous avez été nombreux à faire des propositions sur « Savoir prendre des décisions » et très peu sur « Savoir résoudre des problèmes », même si les deux aspects sont évidemment liés et qu’il faut comprendre « Savoir résoudre les problèmes » dans un sens général non strictement lié aux mathématiques.

Voici une synthèse de ce qui a été produit :

  • du temps pour traiter des situations-problèmes donc des programmes moins pléthoriques
  • apprendre aux élèves à débattre et à argumenter
  • éduquer nos élèves au choix et à la prise d’initiative en leur proposant des situations non fermées où des choix sont possibles, voire nécessaires
  • proposer aussi aux élèves des activités où ils doivent exercer des choix pour avancer
  • éviter de poser une accumulation de notions comme préalable à toutes ces situations pour ne pas tuer toute initiative
  • laisser au maximum les élèves choisir leurs outils et leurs démarches
  • avoir des banques de situations en lien avec les programmes
  • faire pratiquer aux élèves l’enseignement mutuel

La question reste ouverte, vous pouvez continuer la réflexion dans les commentaires de ce billet.

Crédit photo : loungerie via photopin cc

« Pas de compétences sans savoirs » par Philippe Perrenoud

Pour certains, la notion de compétence renvoie à des pratiques du quotidien, qui ne mobilisent que des savoirs de sens commun, des savoirs d’expérience. Ils en concluent que développer des compétences dès l’école nuirait à l’acquisition des savoirs disciplinaires qu’elle a vocation de transmettre.

Une telle caricature de la notion de compétence permet d’ironiser à bon compte, en disant qu’on ne va pas à l’école pour apprendre à passer une petite annonce, choisir un itinéraire de vacances, diagnostiquer une rougeole, remplir sa déclaration d’impôts, comprendre un contrat, rédiger une lettre, faire des mots croisés ou calculer un budget familial. Ou encore à obtenir des informations par téléphone, trouver son chemin dans une ville, repeindre sa cuisine, réparer une bicyclette ou se débrouiller pour utiliser une monnaie étrangère.

On pourrait répondre qu’il s’agit ici de vulgaires “ savoir-faire ”, à distinguer de véritables compétences. Cette argumentation ne serait pas très solide : on ne peut pas réserver les savoir-faire au quotidien et les compétences aux tâches nobles. L’usage nous habitue certes à parler de savoir-faire pour désigner des habiletés concrètes, alors que la notion de compétence paraît plus large et plus “ intellectuelle ”. En réalité, on se réfère dans les deux cas à la maîtrise pratique d’un type de tâches et de situations. Ne tentons pas de dédouaner la notion de compétence en la réservant aux tâches les plus nobles.

Refusons en même temps l’amalgame entre compétences et tâches pratiques :

•    Disons d’abord que les compétences requises pour se débrouiller dans la vie quotidienne ne sont pas méprisables. Une partie des adultes, même parmi ceux qui ont suivi une scolarité de base complète, restent bien démunis devant les technologies et les règles dont dépend leur vie quotidienne. Sans limiter le rôle de l’école à des apprentissages aussi terre à terre, on peut se demander : à quoi bon scolariser chacun durant dix à quinze ans de sa vie s’il reste démuni devant un contrat d’assurance ou une notice pharmaceutique ?

•    Les compétences élémentaires évoquées ne sont pas sans rapport avec les programmes scolaires et les savoirs disciplinaires ; elles exigent des notions et des connaissances de mathématique, de géographie, de biologie, de physique, d’économie, de psychologie ; elles supposent une maîtrise de la langue et des opérations mathématiques de base ; elle font appel à une forme de culture générale qui s’acquiert aussi à l’école. Même lorsque la scolarité n’est pas organisée pour exercer de telles compétences en tant que telles, elle permet de s’approprier certaines des connaissances nécessaires. Une part des compétences qui se développent hors de l’école font appel à des savoirs scolaires de base (la notion de carte, de monnaie, d’angle droit, d’intérêt, de journal, d’itinéraire, etc.) et aux savoir-faire fondamentaux (lire, écrire, compter). Il n’y a donc pas de contradiction fatale entre les programmes scolaires et les compétences les plus simples.

•    Enfin, ces dernières n’épuisent pas la gamme des compétences humaines ; la notion de compétence renvoie à des situations dans lesquelles il faut prendre des décisions et résoudre des problèmes. Pourquoi limiterait-on les décisions et les problèmes, soit à la sphère professionnelle, soit à la vie quotidienne ? Il faut des compétences pour choisir la meilleure traduction d’un texte latin, poser et résoudre un problème à l’aide d’un système d’équations à plusieurs inconnues, vérifier le principe d’Archimède, cultiver une bactérie, identifier les prémisses d’une révolution ou calculer la date de la prochaine éclipse de Soleil.

 

Extrait de « Construire des compétences, est-ce tourner le dos aux savoirs ?«  par Philippe Perrenoud, in Résonances. Mensuel de l’école valaisanne, n° 3, Dossier “ Savoirs et compétences ”,  novembre 1998, pp. 3-7.

Cet article vous donne des idées concernant la mise en oeuvre dans les programmes du « Savoir résoudre des problèmes / savoir prendre des décisions », partagez-les ici.

Savoir résoudre les problèmes / Savoir prendre des décisions

« Savoir résoudre les problèmes / savoir prendre des décisions »,

premier couple des 10 compétences psychosociales de l’OMS, fait tout à fait écho à nombre de propositions faites par nos premiers contributeurs.

Le contexte et le cadre de cette réflexion

D’une part, la loi d’orientation de 2013 :

Article L321-3 « La formation dispensée dans les écoles élémentaires assure l’acquisition des instruments fondamentaux de la connaissance : expression orale et écrite, lecture, calcul et résolution de problèmes ; elle suscite le développement de l’intelligence, de la sensibilité artistique, des aptitudes manuelles, physiques et sportives. »

Et dans son annexe : « La refondation a pour objet de faire de l’école un lieu de réussite, d’autonomie et d’épanouissement pour tous ; un lieu d’éveil à l’envie et au plaisir d’apprendre, à la curiosité intellectuelle, à l’ouverture d’esprit ; un lieu où il soit possible d’apprendre et d’enseigner dans de bonnes conditions ; un lieu permettant de former des citoyens et des jeunes qui pourront s’insérer dans la société et sur le marché du travail au terme d’une orientation choisie ; un lieu sachant transmettre et faire partager les valeurs de la République. »

Et le Socle Commun précise :

– dans le pilier 3 les principaux éléments de mathématiques :

« La maîtrise des principaux éléments de mathématiques s’acquiert et s’exerce essentiellement par la résolution de problèmes, notamment à partir de situations proches de la réalité. »

– dans le pilier 7 partie autonomie :

« Être capable de raisonner avec logique et rigueur et donc savoir :

• identifier un problème et mettre au point une démarche de résolution ;
• rechercher l’information utile, l’analyser, la trier, la hiérarchiser, l’organiser,
la synthétiser ;
• mettre en relation les acquis des différentes disciplines et les mobiliser dans des situations variées ;
• identifier, expliquer, rectifier une erreur ;
• distinguer ce dont on est sûr de ce qu’il faut prouver ;
• mettre à l’essai plusieurs pistes de solution »

et « L’autonomie de la personne humaine est le complément indispensable des droits de l’Homme : le socle commun établit la possibilité d’échanger, d’agir et de choisir en connaissance de cause, en développant la capacité de juger par soi-même. 
L’autonomie est aussi une condition de la réussite scolaire, d’une bonne orientation et de l’adaptation aux évolutions de sa vie personnelle, professionnelle et sociale. »

et dans « esprit d’initiative » :

« Il s’agit d’apprendre à passer des idées aux actes, ce qui suppose savoir :
• définir une démarche adaptée au projet ;
• trouver et contacter des partenaires, consulter des personnes-ressources ;
• prendre des décisions, s’engager et prendre des risques en conséquence ;
• prendre l’avis des autres, échanger, informer, organiser une réunion, représenter le groupe ;
• déterminer les tâches à accomplir, établir des priorités ».

Même s’il n’est pas exclu que le Socle Commun soit éventuellement modifié, cela fixe le cadre de notre réflexion.

Concrètement comment mettre en oeuvre dans les programmes le « savoir résoudre les problèmes / savoir prendre des décisions » ?

À travers quels contenus, quelles démarches, quelles activités pédagogiques ?

N’hésitez pas à être précis, à témoigner de mises en oeuvre concrètes, à rédiger un morceau de programme, à énoncer un cadre nécessaire (temps, organisation d’école…), à vous !

Vous pouvez utiliser les commentaires de cet article et aussi participer sur Twitter avec la balise #prog2015

Vous trouverez sur ce blog des éléments pour réfléchir à cette question.

Les réponses données sur Twitter :
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