2 questions à Nicolas, CPE

1. Quels sont les avantages et les limites de l’utilisation du numérique dans l’exercice du métier de CPE ?

Les nouvelles technologies ont ouvert de nouveaux champs d’organisation, d’actions et d’analyse dans l’exercice du métier de CPE. Cette évolution est continue depuis de nombreuses années et nul ne peut y échapper. Lorsque l’on maitrise ces nouveaux outils numériques, cela permet à la fois d’améliorer qualitativement notre travail mais cela facilite aussi la communication des fruits de ce dernier auprès des collègues, enseignants notamment. On sait toute l’importance que revêt le travail en équipe pour les CPE et la nécessité de faire adhérer le plus grand nombre aux démarches que l’on met en place. De même, établir des diagnostiques précis est devenu plus facile et rapide à l’aide des logiciels vie scolaire ou des tableaux de bords personnalisés (on peut en trouver des prêts à l’emploi sur de nombreux sites vie scolaire académiques). Cependant cela implique que la formation des utilisateurs en charge de la saisie des absences, des punitions, …, soit efficace pour garantir des données cohérentes. Le CPE doit donc se former, informer mais aussi former et contrôler avant de pouvoir utiliser ces nouveaux outils.  Le gain de temps est donc relatif mais c’est qualitativement que l’on trouve les réels avantages. La vision que nous avons de notre établissement est plus pertinente et il est plus aisé de la partager.
L’inconvénient majeur du numérique dans le métier de CPE est l’instantanéité. Dans la communication entre les personnels elle peut être bénéfique mais il faut veiller à ne pas s’y noyer. Un CPE doit pouvoir échapper à l’urgence et prendre du recul. L’hyper-connectivité (mails, téléphones portables, ENT) des individus (élèves, parents, personnels) engendre une impatience face à laquelle nous devons lutter pour continuer à réfléchir avant d’agir. Pour conclure, bien utiliser le numérique permet à un CPE d’être plus efficace mais il ne doit pas l’amener à confondre vitesse et précipitation.

2. En quoi l’environnement numérique de travail a-t-il changé le métier de CPE ?

Le métier de CPE évolue constamment. D’une part il doit répondre à des problématiques nouvelles notamment liées aux réseaux sociaux et d’autre part il doit permettre l’utilisation des nouveaux outils en rapport avec les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) qui sont mis en place dans les établissements. Les Environnements Numériques de Travail (ENT) offrent aux CPE la possibilité de travailler avec l’ensemble de la communauté scolaire. L’emploi des logiciels académiques ou privés de gestion de la vie scolaire, l’utilisation des listes de diffusion par les équipes pédagogiques ou équipes disciplinaires préétablies dans les ENT rendent le travail du CPE et l’association des collègues enseignants au suivi des élèves plus aisés. Avec les ENT, le CPE peut transmettre aux élèves ou aux autres personnels des documents d’information, de sensibilisation voire de formation. Cela peut lui permettre de préparer ou de prolonger son travail du quotidien. En effet, un CPE ne doit pas en rester à l’aspect numérique, il doit rencontrer les personnes pour éveiller les uns ou s’assurer que les autres ont su profiter de la transmission. Les ENT sont un outil supplémentaire dans la mallette du CPE, ils n’ont pas vocation à remplacer la dimension humaine de la communication qui reste la clé de voute du CPE.

Nicolas Boeuf

3 questions à Christophe, CPE

1. Quels sont les avantages et les limites de l’utilisation du numérique dans l’exercice du métier de CPE ?

Les avantages que l’on peut tirer du numérique dépendent en grande partie de nos compétences dans ce domaine.

Le numérique a permis de gagner énormément de temps et a facilité la gestion des absences et des retards par les AED avec le développement des logiciels de gestion de vie scolaire et le développement de l’ENT. Il me permet d’avoir un regard à tout moment dans la journée et d’avoir une vision d’ensemble plus aisée. Il est l’un des outils pour la gestion de l’absentéisme. En fin d’année, je peux assez rapidement établir les tableaux de bord de la vie scolaire et en faire le bilan annuel.

Il facilite et améliore ma communication avec l’ensemble de la communauté éducative ; ne pouvant pas toujours me rendre en salle des professeurs je peux assez rapidement avoir une réponse à une interrogation sur un élève et être informé par les collègues de tous les problèmes rencontrés.

L’accès via l’ENT permet aux parents d’être informés de la scolarité de leur enfant et de communiquer avec les membres de la communauté éducative. Les parents sont ainsi très vite au courant de tout ce qui concerne la vie de leur enfant au sein du collège (notes, absences, retards, cahier de textes, groupes de travail…) Cette communication est nécessaire dans la relation école/famille et prend toute sa place dans la co-éducation.

J’utilise également le numérique en salle de permanence afin de permettre aux élèves de faire leur travail à poster sur l’ENT. Face à cette demande, j’ai travaillé avec ma collègue documentaliste à la mise en place d’un espace 3C. L’émergence du numérique en permanence représente à mes yeux un avantage dans le métier car les temps de permanence peuvent être conçus autrement : il oblige les AED à sortir du confort d’une salle d’étude en configuration « autobus » pour faire travailler les élèves en îlots, favorisant ainsi le travail en autonomie.

Les limites du numérique sont les pendants de ses avantages, il peut vite devenir chronophage et ainsi perdre l’une de ses vertus première, le gain de temps. Il est nécessaire de mettre en place une politique de communication entre les différentes parties pour garder son efficacité.

L’une des autres failles réside dans une conception fantasmée d’un numérique qui pourrait répondre à tous les problèmes alors il qu’il n’est qu’un « outil » et ne doit pas interdire ou diminuer les relations humaines.

2. L’environnement numérique de travail a-t-il changé le métier de CPE ?

Utilisateur d’un ENT depuis bientôt 10 ans, je ne trouve pas qu’il ait changé fondamentalement mon métier de CPE. Au contraire, il a fait évoluer certaines tâches du quotidien ou du service de vie scolaire, pour me recentrer sur mes missions. Je le perçois plus comme un facilitateur intégré à mes pratiques quotidiennes. L’ENT regroupe une grande partie des outils numériques nécessaires à la gestion de l’établissement et il tire les principaux avantages liés à l’usage du numérique pour devenir un atout pour nos missions.

Les évolutions apportées touchent en premier lieu la communication. Il vise à rassembler l’ensemble des informations sur les élèves et de la vie de l’établissement. Il met à disposition en quelques « clics » l’essentiel pour pouvoir faire le suivi des élèves et facilite la tenue de nos entretiens avec les élèves ou leurs parents. En décloisonnant l’information, il devient le lien entre tous les membres de l’établissement, facilitant les échanges entre nous. Cet avantage lié à l’usage de l’ENT peut avoir quelque peu modifié le métier. Auparavant nous détenions la majeure partie des informations concernant la vie scolaire et nous étions les principaux acteurs de leur communication. La mise à disposition de l’ENT profite ainsi aux premiers utilisateurs du service public d’éducation, les parents qui peuvent ainsi accéder en temps réel au suivi de la scolarité de leurs enfants.

En second lieu, il facilite la gestion dans le service de vie scolaire et le traitement des absences/retards/punitions. Le travail des AED s’en est trouvé grandement transformé en faisant disparaître les contraintes liées au ramassage des billets et en rendant la gestion des absences/retards plus aisée. Le travail des AED peut ainsi être centrée sur l’accueil, l’accompagnement et la surveillance des élèves. En nous libérant de tâches administratives laborieuses, l’ENT nous rend plus disponible aux partenaires de la communauté au sein de laquelle nous évoluons : la relation aux élèves est ainsi favorisée puisque nous gagnons du temps grâce à l’outil.

3. La fonction de référent numérique dans ton établissement t’a-t-elle permis de développer de nouvelles compétences professionnelles ?

La fonction de référent numérique est une mission récente au sein des établissements scolaires et je l’exerce pour la deuxième année. Une formation est en cours cette année pour nous donner accès à des nouvelles compétences dans les différents domaines liés au numérique (Internet, logiciel pédagogique,…), à la réglementation, aux usages et pilotage de projets.

Je vais devoir mettre en place avec le chef d’établissement une politique numérique clairement définie et connue de tous, dans le cadre d’un volet spécifique du projet d’établissement. Après concertation avec les collègues, nous définirons les grands axes et les services à déployer. Je vais apprendre à faire de la « veille informationnelle » afin d’informer sur les nouveaux outils disponibles par la mise en place d’une communication dédiée. Ce pilotage par délégation me permet d’avoir un autre regard sur les usages numériques au sein d’une classe et leur impact en terme pédagogique.

Je développe mes compétences numériques en administrant l’ENT. En tant qu’administrateur je communique avec notre prestataire et le chef de projet responsable de l’ENT au Conseil Départemental pour leur faire remonter les difficultés rencontrées et les demandes d’évolution émanant des collègues. En début d’année je dois former les collègues sur l’usage de l’ENT ou sur ses évolutions. Je forme également les parents à leur demande pour leur permettre de naviguer et trouver les informations sur l’ENT.

Une compétence nouvelle sera la réglementation sur les usages du numérique au sein de l’établissement afin de veiller à garantir la responsabilité du chef d’établissement face aux multiples offres proposées par différents sites. Les élèves peuvent être informés sur les risques du mauvais usage du numérique.

Cette fonction va m’apporter des compétences qui seront transposable par la suite dans ma mission de CPE.

Mon avis tient compte de mes capacités à gérer le numérique, mais je suis conscient des contraintes pour certains collègues moins à l’aise avec l’outil informatique. Les difficultés peuvent pousser certains à croire qu’ils ont changé de métier.

Christophe Horta

3 questions à Régine, conseillère pédagogique

1. Quelle est votre utilisation du numérique dans le cadre de vos missions ?

Dans mes diverses missions (accompagnement des enseignants, des équipes, groupes de travail départementaux, participation au pilotage de la circonscription…), j’utilise beaucoup le numérique pour communiquer avec les personnes : enseignants, directeurs, collègues CPC, IEN, secrétaire…

Dans le cadre de la formation continue des enseignants, j’utilise le numérique pour concevoir des parcours spécifiques en lien avec des sujets définis, en complément d’interventions en présentiel. Ces parcours sont disponibles sur la plateforme académique FCP et réservés aux enseignants de la circonscription. Il s’agit de proposer, en plus des supports utilisés lors des présentations, des liens vers des sites qui permettent d’approfondir la réflexion avec des conférences en lignes ou des exemples de pratiques, ainsi que des documents ressources produits par l’institution, les formateurs ou les enseignants dans un esprit de mutualisation.

En lien avec la pédagogie, je conçois des documents en versions numériques (supports de travail : programmations, séquences, séances), destinés à être communiqués aux enseignants.

Toujours en lien avec la formation des enseignants, dans le cadre de mes interventions, j’utilise la vidéo pour faciliter le lien entre théorie et pratique. Afin de rester au plus proche de la réalité du contexte d’exercice, j’ai réalisé la majorité de ces vidéos en allant tourner en classe avec un caméscope numérique et en réalisant des montages qui permettent de servir au mieux le propos abordé. Le caméscope et le logiciel de montage utilisés  sont des investissements personnels.

Enfin, en ce qui concerne ma propre formation professionnelle, j’ai également recours au numérique. Régulièrement, je consulte des sites qui proposent des problématiques en lien avec la formation, et qui s’adressent aux formateurs ; il s’agit notamment des sites de l’IFE ou de l’ESEN, avec des conférences en ligne ou d’autres supports qui traitent de ces questions. Un espace destiné aux CPC est d’ailleurs alimenté dans ce sens sur la plateforme FCP.

 

2. Les avantages et les inconvénients ?

En ce qui concerne la communication, le numérique permet d’entrer plus facilement en relation avec les enseignants, via leur mail académique. Je peux ainsi transmettre aisément des informations : se mettre d’accord sur un rendez-vous, envoyer des documents, proposer de la ressource en ligne, recueillir des besoins, etc. Je suis aussi plus souvent sollicitée par ce biais pour des demandes d’information ou d’accompagnement.

De cette façon, certains des enseignants néo-titulaires n’hésitent pas à me soumettre leurs documents de travail pour avis avant de se rencontrer (suivi en classe ou réunion de travail). Cela permet un premier retour pour régulation de la conception de leur enseignement avant la mise en œuvre pratique et l’analyse accompagnée.

  • Mais cela ne peut fonctionner que si les enseignants consultent effectivement leur boîte académique, ce qui n’est pas encore systématique.

Le numérique permet de réduire les tirages papiers.

Il permet également de travailler à distance plus facilement (les ressources restant accessibles) et impose moins de contraintes de déplacements grâce à un ordinateur portable fourni à chaque CPC depuis plusieurs années déjà.

  • Cela demande que la maintenance de l’équipement soit régulière ce qui n’est pas le cas actuellement. L’utilisation du matériel personnel est très souvent nécessaire pour pouvoir être plus efficace.
  • Et du reste, l’accès internet n’est pas toujours disponible dans les écoles.

Cette facilité de travail offre également plus de souplesse dans la gestion du temps.

  • Mais de ce fait, il est plus difficile de poser des limites entre le temps professionnel et le temps personnel. Il y a un risque de voir ces tâches professionnelles liées au numérique (notamment de consultation et de réponse aux mails) déborder sur le temps personnel (en soirée, le WE, durant les congés) en plus de la charge de travail déjà réalisée dans la journée.

 

3. Les besoins en formation : pour vous ?

Mes besoins en formation sont liés à l’appropriation de nouveaux logiciels qui faciliteraient l’usage du numérique dans le cadre des formations. Je pense notamment à la maîtrise de logiciel de cartes heuristiques pour faciliter la construction de documents de synthèses de façon collective.

Une formation approfondie sur la formation numérique à distance me semble également nécessaire ; il s’agit non pas d’être formée sur le développement de plateformes ou d’outils utilisables (ce qui a déjà été fait par le passé), mais de réfléchir aux problématiques qui freinent l’accès des enseignants à ce type de formation et de trouver des réponses efficientes.

  • Pour les enseignants ?

Certains ont encore besoin d’être accompagnés pour débuter dans l’appropriation de l’outil informatique. Il s’agit de leur permettre d’accéder à ce mode communication qui s’avère incontournable aujourd’hui.

Mais pour la plupart, il s’agirait de proposer une formation à deux niveaux :

  1. Une formation pour optimiser l’utilisation du numérique dans le cadre de leur enseignement.
  2. Un accompagnement pour leur permettre une utilisation du numérique au service de leur formation professionnelle personnelle. Cette utilisation ne va pas de soi, et demande à être explicitée et accompagnée, si on veut que se développe effectivement une formation à distance gérée par les personnes elles-mêmes au service de leur développement professionnel.

Régine Ballandras, CPC Strasbourg 5

Chroniques d’un Professeur des Ecoles devenu Prof d’EPS

Enfant d’enseignants, j’ai eu la chance de ne jamais quitter l’école depuis l’âge de 3 ans ; même mon service militaire chez les Pompiers de Paris m’a permis d’enseigner.

L’Éducation Nationale m’offre ce que j’ai toujours souhaité : les conditions pour m’épanouir dans mon métier. Enseigner c’est avant tout éduquer, partager, rendre heureux les élèves dans leurs apprentissages.

Dès ma première année d’enseignement dans le primaire en 1998, Porte de Champerret à Paris, j’ai découvert le monde de l’USEP (Union Sportive Enseignement Premier degré) qui permet de proposer aux élèves, dans et hors temps scolaire, un    complément des enseignements de classe, par le biais sportif.

Fraîchement arrivé en Dordogne, je me souviens de l’appel téléphonique en 2004 de Stéphane Crochet, alors secrétaire départemental SE-Unsa, m’annonçant l’obtention du poste de directeur dans le village de Chantérac. Quelle joie ! Quelles responsabilités ! Un nouveau défi professionnel. Je découvre à ce moment tous les rouages d’une école.

Acteur local pour l’USEP, je décide quelques années plus tard de passer le CAFIPEMF (Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Professeur des Ecoles Maître Formateur) et deviens maître formateur en EPS : en effet, j’ai la chance d’obtenir un poste de conseiller pédagogique EPS en Dordogne. Je m’investis également davantage à l’USEP pour en devenir quelques années son président départemental.

En 2010, un collègue et ami obtient son détachement dans le secondaire pour être Professeur d’EPS… une passerelle magnifique à mes yeux, moi qui valorise l’EPS au quotidien depuis le début de ma pratique professionnelle et personnelle.

Je tente alors trois années de suite des demandes de détachement qui n’aboutissent pas. Rappelons que le détachement est la position d’un fonctionnaire placé hors de son corps d’origine mais qui continue à bénéficier, dans ce corps, de ses droits à l’avancement et à la retraite.

Arrivé à 40 ans, je découvre qu’une autre possibilité s’offre à moi sous forme d’accès à la liste d’aptitude. En effet, en dehors de la voie des concours externes ou internes, l’accès au corps des professeurs d’EPS est possible par inscription sur liste d’aptitude, sous certaines conditions de diplômes, d’ancienneté et d’âge notamment.

Et c’est  Yann Chandivert, élu SE-Unsa en CAPN (Commission Administrative Paritaire Nationale), qui m’annonce l’énorme nouvelle à la fin de l’année 2014-2015. Je suis admis sur liste d’aptitude et serai Professeur d’EPS stagiaire à la rentrée scolaire dans mon département, la Dordogne. Actuellement en poste sur un lycée professionnel, j’ai le plaisir d’enseigner l’EPS et de participer aux différents projets fédérateurs de l’établissement.

Ce qui change pour moi :

– La découverte du monde du secondaire, les relations pédagogiques et humaines au sein d’une plus grosse équipe pédagogique.

– Le changement d’élèves à chaque cours contrairement au suivi continu dans le primaire.

– L’approche de la relation et du suivi dans les apprentissages est différente mettant en avant l’importance du partage entre collègues.

– La continuité, pour moi, dans l’apprentissage de l’EPS.

– Les liens USEP et UNSS.

– Le constat de l’importance de l’accompagnement et de la valorisation que chaque élève est en droit de   recevoir malgré les difficultés scolaires et/ou sociales rencontrées.

– …

La fin d’année verra ma validation, je l’espère, par ma hiérarchie pédagogique et administrative, me permettant de participer au mouvement intra-départemental en Aquitaine. De nouveaux horizons s’ouvrent donc à moi, pour mon grand plaisir.

Stéphane CHAGNON

Olivier, prof d’EPS en EREA témoigne…

Comment abordes-tu l’EPS dans ton EREA ?

J’aborde l’EPS par l’objectif «  savoir jouer ensemble dans une bonne ambiance » c’est-à-dire en mettant la priorité (et non pas l’exclusivité) sur les compétences psychosociales. L’apprentissage en EREA n’est pas secondaire, mais il est impossible lorsqu’il y a trop de tensions entre les élèves dans le groupe. Le savoir jouer ensemble est une étape avant « le savoir apprendre ensemble » qui est lui-même une étape avant « le savoir apprendre avec les autres » sans pour autant que ces étapes soient totalement cloisonnées.

Les programmes EPS te semble-t-il adaptés pour le public scolaire d’EREA ?

L’esprit du programme collège est adapté aux élèves de SEGPA, mais le niveau d’attente est souvent trop élevé , sauf si l’on se centre sur un nombre d’APS réduit. Les jeux traditionnels tels que la balle assise (APS qui ne figurent pas au programme) ont une grande importance pour moi dans la construction de l’ambiance de cours car ils produisent toujours beaucoup de plaisir chez les élèves à jouer ensemble.

Quelles relations as-tu avec les collègues EPS des collèges et lycées généraux ? Avec tes autres collègues à l’EREA ?

Je fréquente les collègues du collège à l’UNSS et lors des stages de formation continue. Je participe également à une commission académique portant sur les publics dits «  difficiles » où j’échange avec des collègues qui ont des élèves en difficulté.

Concernant les collègues de l’EREA , les relations sont très bonnes et nous échangeons travaillons beaucoup ensemble. La mise en place d’EPI ne sera pas un problème pour nous sachant qu’ils existent déjà officieusement.

La formation initiale et/ou continue te semble-t-elle suffisante pour enseigner l’EPS en EREA ?

Je pense que tout simplement que, quelque soit l’établissement dans lequel on travaille, la formation initiale n’est jamais suffisante. Nous avons un métier où il faut toujours aller de l’avant et pour cela se former constamment. Concernant la formation continue, les stages proposés en EPS ne sont pas toujours adaptés à nos attentes. Je serais intéressé par des stages portant sur la gestion de dynamique de classe et le développement des capacités psychosociales et méthodologiques à travers la pratique du sport sans pour autant mettre de côté le besoin de sens pour les élèves.

Qu’est-ce qui a motivé ce choix professionnel et quelles améliorations faudrait-il selon toi apporter dans ce milieu professionnel ?

Mon choix est dû pour une part au  hasard, étant TZR et ayant choisi l’EREA comme rattachement administratif. Ce choix de rattachement est dû au fait que j’ai enseigné pendant 8 ans, en LP difficile et que cela m’avait  plu.

Pour améliorer le travail en EREA, il faudrait sortir du cadre traditionnel de cours , donner du temps pour faire les choses sereinement et donner plus de temps d’échanges avec les élèves. Ce qui est important c’est de construire une relation de confiance entre les élèves et le professeur. Cette confiance passe par la réussite et les progrès significatifs identifiés et reconnus par l’élève…

Comment s’est passée ta première année en EREA, puis l’adaptation de ta mission sur les années suivantes ?

C’est ma première année  à temps plein à l’EREA et elle se passe comme je m’y attendais. Tous les projets que j’ai mis en place prennent forme. On verra ce que cela donnera en fin d’année et les répercussions sur l’année suivante. L’année prochaine, je pense m’impliquer encore un peu plus en mettant en place en grand nombre d’EPI.

Comment organises-tu le sport scolaire dans ton établissement ?

Je pense que l’AS à l’EREA est essentielle et doit être coordonnée avec les cycles EPS. Je pratique en interne et je participe aux journées sportives de l’UNSS. Pour moi l’AS donne une dynamique à l’ EPS. Les élèves de l’AS sont très souvent des élèves moteurs en cours d’EPS. Le temps de l’AS est un moment privilégié pour le dialogue avec les élèves et la construction d’une relation de confiance entre les élèves et le professeur.

3 questions à Jean-François, PE

Jean-François est professeur des écoles en secteur urbain, il a un triple niveau CE2, CM1, CM2.

 

1. Quelle est ton utilisation du numérique pour préparer ta classe et au sein de la classe ?

En salle informatique (2h/enfant/semaine ; en groupe pour que les enfants soient seuls à l’ordi la majorité du temps), activités réalisées en alternance :

– apprendre à chercher sur internet (risques, pertinence etc)

– mettre en forme un travail déjà préparé sur papier (traitement de texte + insertion docs images)

– travail sur les articles sur le site de l’école (les enfants ne font pas la mise en page, c’est encore moi pour l’instant qui manipule WordPress)

– utilisation d’exercices en lignes sur des sites comme linstit.com ou matoumatheux

– utilisation de la messagerie et du blog de l’ENT de la classe

En classe : vidéoprojecteur pour projeter des pages web (préparation au passage en salle info)

Perso : j’aurais du mal à préparer la classe sans ordinateur (prep, docs élèves, recherches…) !

ENT : j’utilise Beneylu depuis 3 ans

Chaque enfant et chaque parent a un identifiant avec son mot de passe.

Messagerie : possibilité d’envoyer un message à tous les utilisateurs mais ceux des enfants doivent être validés (je suis prévenu à chaque envoi : 1/3 des enfants l’utilisent en dehors du temps de classe, entre 0 et 15 messages par jour en général soit entre 0 et 3 minutes)

Blog : possibilité pour les enfants d’écrire un texte visible par tous les utilisateurs (j’utilise beaucoup moins depuis que l’on utilise le site de l’école)

Cahier de texte : je note les travaux à rendre, les infos importantes (seuls les parents y ont accès, 2 minutes chaque soir de classe)

Messagerie : je communique avec tous les parents par mail (mail de classe)

2. Quels sont les avantages et les inconvénients de cet outil ? (conciliation entre vie pro et vie perso)

Tous les mots ou informations collées dans le cahier de liaison sont envoyés par mail. J’envoie aux parents les liens vers les nouveaux articles sur le site et les liens des albums photos des sorties et activités de classe

Quelques messages individuels pour aller plus vite que le cahier de liaison (et parce que j’écris mal…) : demande de docs, de rendez-vous…

C’est la messagerie qui prend le plus de temps mais c’est irrégulier (j’ai déjà eu des échanges de mails d’une vingtaine de lignes pour répondre à des interrogations mais cela reste rare)

Je donne le mail à la rentrée et je dis à mes parents d’élèves que je réponds à leurs messages. Je m’y astreins. Cela prend en général quelques minutes par semaines mais ponctuellement plus. Depuis que les mails arrivent sur le smartphone, cela permet d’y répondre n’importe quand et n’importe où. Je pense que cela me fait gagner beaucoup de temps de rendez-vous à l’école. Mais cela rentre dans la sphère « privée » puisque c’est hors temps scolaire.

ENT + messagerie me prennent quelques minutes par jour mais m’en font gagner en rendez-vous et en inquiétudes (retour parents : « je vois ce qu’ils font car il ne me raconte rien« , « je sais ce qu’il a à faire« …).

C’est la mise en ligne des photos et des articles sur le site de l’école qui prend le plus de temps mais c’est plus rare.

Inconvénient, c’est un peu tout le temps, il faut savoir couper le téléphone et l’ordinateur.

3. Quels seraient les besoins de formation que tu as pu ressentir que ce soit pour toi ou pour des collègues que tu as dû aider ?

Je pense que c’est autour de la gestion du réseau de la salle informatique. C’est un peu une crainte pour quelques collègues car ils pensent ne pas savoir quoi faire si ça plante. Ils appellent au secours de temps en temps.

WordPress pour le site de l’école : on a déjà eu la venue du référent tice mais cela n’a pas suffit pour certains (la directrice s’occupe de mettre en ligne leurs articles).

 

 

Accueillir un élève autiste en CP, Xavier témoigne…

Xavier est professeur des écoles depuis 2005. Il a toujours été dans des zones prioritaires et a pu travailler sur tous les niveaux de l’école élémentaire. Actuellement, il a une classe de CP sur Drancy en REP.

Il accueille un enfant dans sa classe dont le diagnostic serait un trouble autistique.  Il a fait ses trois années de maternelle puis est arrivé en classe de CP. La MDPH lui a accordé 18h avec une AESH sur le temps scolaire, les 6h restantes il est en prise en charge extérieure.

1. Comment s’est passée l’arrivée de ton élève en situation de handicap ?

Les élèves le connaissent de la maternelle. Ils étaient dans la même classe pour certains et dans la même école pour d’autres. Il y a une bonne intégration au sein de sa classe. Les autres élèves l’aident, ils sont gentils et bienveillants. Il n’est pas stigmatisé. Il est, cependant, assez solitaire, il ne va pas vers les autres. Dans la cour, il ne participe pas aux jeux collectifs. Cela vient de son trouble, il a des difficultés à entrer en communication avec les autres, à être en relation duelle.

Malgré les inclusions, il n’y a pas de réels échanges entre les élèves. Souvent, on constate dans les cours d’école que les élèves de CLIS ne jouent pas avec les autres.

Il a 2 AESH réparties sur 18h avec lui. Elles l’aident à le canaliser dans les apprentissages. Il n’est ni violent, ni perturbateur. Elles sont deux parce que leur contrat est établi pour un nombre d’heures pour plusieurs élèves. L’une d’elles travaillaient déjà avec lui l’année dernière.

Il sait des choses mais a des difficultés à les utiliser à bon escient. C’est difficile pour lui de réinvestir les apprentissages. Il n’a pas un énorme retard par rapport aux autres élèves pour le moment. Pour moi, le temps sans l’AESH est difficile, c’est un élève qui a besoin de la présence permanente de l’adulte sinon il se disperse, il se lève, se lave les mains plusieurs fois dans le point d’eau de la classe. Quand on lui rappelle les règles de la classe, cela le recentre.

L’année dernière, quand j’ai su que j’étais affecté sur cette école sur une classe de CP, j’ai demandé à assister à la réunion parents/professeurs. Nous ne savions pas encore quelle serait sa classe. Je n’ai eu aucune information sur la situation.

2. As-tu bénéficié d’une aide, d’une formation ou d’information pour l’accueillir ?

Je n’ai bénéficié d’aucune aide et encore moins d’information.

Nous sommes obligés de chercher par nous-même. Quand je dis nous je parle des AESH et moi.

3. Comment cela se passe-t-il en classe ? y-a-t-il un aménagement spécifique ? une prise en charge autre que celle de la classe ? Rôle de l’AVS ?

Les AESH ont eu une formation, cependant, aucune sur l’autisme spécifiquement. Elles sont très compétentes mais par rapport à ce qu’elles devraient apporter à cet élève, elles sont limités faute de formation. Nous n’avons aucune information sur la ou les prises en charge extérieures. Je ne sais pas qui s’occupe de lui en dehors de l’école. De plus, j’ai rarement vu les parents.

Cet élève a une bonne mémoire, il s’en sort sur tout ce qui concerne les apprentissages automatiques, il est rentré dans une lecture globale. MAIS entrer dans la syllabique, la combinatoire ce n’est pas possible pour l’instant. Je n’ai pas les moyens ni les connaissances pour l’aider et je ne dispose d’aucune formation pour m’aider à l’aider. Je suis obligé de faire avec mes propres moyens.

Ni moi, ni les AESH ne sommes formés pour l’accueillir dans de véritables conditions d’inclusion.

4. Quelles seraient tes attentes pour améliorer cette inclusion ?

J’aimerais un minimum de formation. Mes limites sont réelles, je n’ai pas été formé à enseigner aux élèves en situation de handicap « je ne sais pas faire ».

En discutant avec la psychologue scolaire, on s’est rendu compte des limites de l’inclusion. Elle-même a des connaissances limitées dans le domaine de l’autisme.

L’inclusion sociale est relativement bien faite. L’inclusion du handicap « y a rien ». Personne ne m’a jamais contacté pour m’expliquer quoi faire. La psychologue scolaire m’a donné des pistes mais encore une fois rien de vraiment spécifique à l’autisme.

La loi de 2005 est une bonne loi, mais ce qui est mis en œuvre ne suffit pas. Ce qui devrait être mené pour que cette loi soit efficace n’est pas fait. Il n’y a ni les moyens humains ni les moyens financiers. Il est impossible de mettre en place une bonne inclusion sans les moyens. Nous avoir imposé une loi sans nous expliquer comment nous donne l’impression qu’il s’agissait d’une loi pour faire plaisir aux parents, à un électorat.

Je suis incapable de le faire progresser comme il faudrait. L’année prochaine « qu’est qu’on va faire » ? Il va sûrement aller en ULIS. « Comment l’aider si nous ne sommes même pas formés ? ».

Nous sommes dans un secteur géographique où les REP et les REP+ sont en grand nombre. Nous devons faire face à des problèmes économiques, sociaux. Nous avons beaucoup d’élèves en difficulté sans être dans le champ du handicap. J’ai été formé pour ces élèves en difficulté mais pas pour ceux en situation d’handicap.

Je suis dans une classe avec un effectif idéal, je n’imagine même pas les collègues avec des classes à 30 et plus ! « On nous demande de réaliser des miracles ».

Je me demande si les adultes en situation d’handicap sont eux-mêmes bien inclus dans notre société. Est-ce que les moyens mis en place sont à la hauteur de la loi ou est-ce juste pour faire plaisir à un électorat ?

Quand j’étais en formation à l’IUFM c’était en 2004, la loi était en pleine conception. Je n’ai rien eu en relation avec l’ASH ou même l’idée d’accueillir des enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, j’ai dix ans d’ancienneté et je n’ai toujours rien. La formation continue ne m’a pas non plus permis de pallier mes carences. Si on veut vraiment que les élèves soient dans une réelle inclusion, il faut former les PE pour qu’ils puissent répondre aux besoins.

 

 

3 questions à Valérie, AESH

Je suis AESH en CDI depuis 2007, et depuis 2 ans en ULIS École. J’accompagne plusieurs élèves qui utilisent le numérique au quotidien : 
– Un enfant trisomique qui utilise quotidiennement le logiciel JOCATOP en numération, reconstitution d’image, algorithme
– et une enfant dyslexique/dysorthographique qui utilise le traitement de texte pour tout ce qui concerne la production d’écrits.

1- Quels sont les avantages de l’utilisation du numérique dans l’exercice de ton métier ?

C’est le côté « ludique » de l’outil, le travail de motricité avec la souris et l’autonomie par rapport à l’adulte (nécessaire auprès de lui pour le support papier). L’utilisation permet à mon élève dyslexique de produire un texte plus facilement : plus spontané, plus riche en vocabulaire lorsqu’elle n’a pas la double-consigne (produire un récit sans faire de faute). Elle utilise le correcteur d’orthographe, elle sait couper son texte, et ainsi elle sait se relire. Lorsque le correcteur lui offre plusieurs choix pour la correction, elle est capable de se poser les bonnes questions pour trouver la réponse juste.

2- Quels en sont les limites ?

L’an prochain, l’une de mes élèves partira au collège. La MDPH va-t-elle lui accorder un PC ? (inconvénient d’ordre financier je le concède)

3- Et toi te sers-tu du numérique ?

Pour ma part, l’ordinateur me permet de grossir des caractères, aérer des textes,… pour les TDAH.

3 questions à Audrey, certifiée en collège

Audrey, tu es enseignante certifiée en collège, responsable du numérique dans ton établissement et tu as également une décharge pour travailler au service DAN au rectorat de Nantes.

Tu as eu ton concours en 2005, tu as donc toujours utilisé le numérique dans ton métier. En quoi le numérique facilite ton travail ?

  • Dans le maintien de mon expertise dans ma discipline : J’ai accès à des livres en anglais, à des radios en ligne, à des vidéos  et des documentaires en anglais que je peux consulter à tout moment et facilement. Mon bagage linguistique et les compétences culturelles sous-jacentes ou associées peuvent  alors se maintenir plus facilement que si je n’avais pas le réseau internet.
  • Dans l’enrichissement de mes pratiques pédagogiques : en consultant d’autres projets provenant de d’autres enseignants ou de d’autres disciplines proposés sur les sites institutionnels ou dans des blogs ou pages Web de collègues français ou de pays étrangers, cela me permet d’explorer de nouvelles pistes de travail, de nouvelles façons de faire, d’envisager les choses autrement c’est-à-dire de faire évoluer mes pratiques et d’enrichir mes compétences professionnelles. C’est une base inépuisable pour être créative et pour essayer de répondre aux besoins pédagogiques du moment. L’ennui peut difficilement s’installer. L’envie de créer aurait été là sans le numérique mais le numérique rend les choses possibles immédiatement et il contribue à me rendre de plus en plus créative.
  • Dans la recherche de ressources authentiques pour créer des supports pédagogiques de tous types : textes, images, extraits vidéos, extraits de journaux, émissions radios , exercices en ligne sur des sites d’éducation anglophones destinées à des élèves étudiant l’anglais comme seconde langue etc. Sans internet et les outils numériques pour exploiter ces ressources brutes, je serais contrainte d’utiliser les manuels scolaires et la didactisation des supports serait moins aboutie et rapide à réaliser
  • Dans la mutualisation de pistes de projets, de documents ou autres avec mes collègues ou pairs : Les listes de diffusion, les réseaux sociaux, les mails etc facilitent ces échanges mais ne les créent pas. Il faut avoir envie de mutualiser pour ensuite le faire et avoir recours au numérique pour le faire. Le numérique ici facilite le transfert d’informations. C’est un outil.
  • Dans la différenciation et la personnalisation de l’accompagnement des élèves : Grâce au numérique et surtout à l’espace numérique de travail de l’établissement, le suivi des élèves, autour d’un projet avec production finale par exemple, est possible par des échanges de mails. Les élèves m’envoient leur production que je corrige et leur réenvoie. Ils complètent leur production, la corrigent, la font évoluer en fonction de ce que je leur ai suggéré. Et ainsi de suite. Le numérique me permet d’être plus précise et d’écrire des remarques plus longues. Les mails échangés constituent une base de conseils sur laquelle les élèves peuvent revenir quand ils veulent. Sans le numérique ce travail serait très fastidieux et très chronophage pour moi.
  • Dans la communication avec les familles/ avec l’extérieur de l’établissement : Les parents demandent des rendez-vous par mails facilement. Sans le numérique, cela pouvait prendre un temps fou.
  • Dans la communication des projets de la classe grâce à des articles publiés dans l’espace numérique de travail de l’établissement soit dans la partie « actualités » de l’établissement quand cela s’y prête, soit dans le blog anglais de la classe. Sans le numérique, cette communication serait restreinte aux murs de l’établissement.
  • Dans la mise en place d’une pédagogie active/par projets : Le numérique et l’espace numérique de travail de l’établissement  m’ont permis de mettre à disposition des élèves et des familles le développement de chaque projet au fur et à mesure qu’il se fait dans les classes et de mettre à disposition des élèves tous les documents utilisés en cours dans le blog anglais de leur classe. Les élèves peuvent revoir, réécouter, relire, refaire, ce qui a été vu en classe et ceux qui ont été absents peuvent avoir accès aux documents directement. C’est une mémoire digitale du cours et une extension du cahier de classe, c’est comme le cahier augmenté de la classe.

Quelles en sont les limites ?

  • Les limites sont d’ordre juridique : Ces limites concernent la question des données personnelles, la question des droits d’auteurs, des droits à l’image et du droit à la voix qui contraignent terriblement les usages du numérique. Ces points peuvent me bloquer dans mes pratiques. La création d’une charte numérique de l’éducation nationale serait un vrai plus.
  • La limite du matériel : Je ne parle pas de la distribution de tablettes ou de PC portable pour tous, qui serait pour moi une grosse erreur pédagogique, financière et politique. Si déjà chaque EPLE était équipé d’un réseau suffisamment puissant pour faire tourner tous les ordinateurs des classes, les VPI/TBI et autres périphériques ça serait positif et surtout rassurant pour les enseignants qui n’auraient pas toujours cette crainte de se dire « faites que ça marche demain car pas eu le temps de préparer un plan B ». Le renouvellement et la maintenance du matériel est à considérer comme un frein également car dépendant des collectivités départementales donc de très grandes inégalités selon les départements et les académies.
  • La formation des enseignants à la culture numérique et au numérique : Quand je parle de formation, je parle d’une vraie formation professionnelle en présentiel avec des objectifs, des compétences professionnelles à valider et une validation finale et qui se déroulerait en 3 ou 4 jours pleins et non pas en une journée de 9h30 à 16h30 ou en formation distancielle (ce qui est franchement ridicule surtout quand on doit manipuler des logiciels etc). La formation professionnelle au sein de l’EN est une arlésienne. Pour moi, le PAF est constitué de journées d’INformation et pas de formation.

Imagine que tu n’aies plus d’ordinateur, plus Internet. Qu’est ce qui te manquerait le plus pour travailler ?

  • L’accès aux supports pédagogiques authentiques et variés
  • La communication, le suivi individuel des élèves
  • La communication avec mes pairs
  • Les possibles infinis de créations pédagogiques

 

Un atelier philosophique au collège, témoignage

CPE TZR, Marielle est affectée cette année dans un collège rural. Elle fait le choix d’investir l’animation socio-éducative, champ professionnel par excellence des personnels d’éducation. Elle décrit dans cet article la démarche engagée lors de la mise en place d’un atelier philo, avec la laïcité en toile de fond. Un thème extrêmement porteur et qui vient en écho de l’actualité tragique que nous venons de vivre.

Pourquoi un atelier philosophique ?

Au départ, avec une collègue de lettres classiques, nous avions pour projet de travailler des fables en AP (accompagnement personnalisé) avec les classes de 6ème.

J’ai muté, donc ce projet n’a pu aboutir.

En arrivant dans ce nouveau collège, je souhaitais un projet similaire mais je n’ai pas trouvé de collègue intéressé.

La Principale m’a un jour présenté une écrivaine jeunesse, intervenante sur des projets dans le 1er degré.

Je lui ai parlé de mon envie d’initier les élèves à la philosophie. Elle était intéressée. Nous devions établir dans quel cadre, quel projet.

Rapidement le niveau 5ème a posé quelques soucis : manque d’envie en classe, pas d’initiatives, passifs en classe, manque de travail et d’attention.

On a donc choisi les deux classes de ce niveau.

J’ai lu l’appel à projet du rectorat sur la Laïcité.

On a donc décidé de lancer de projet : un abécédaire de la laïcité, avec tous les 5ème, à raison d’une heure par semaine, présence obligatoire.

Qu’est-ce qu’on a dit aux élèves ?

Que l’atelier philo est un espace de parole collective où peuvent s’exprimer les questions universelles des enfants et s’élaborer des réflexions critiques donnant du sens aux contenus scolaires. Rapport au monde, multiplicité des points de vue, réflexion sur les préjugés et l’opinion, l’atelier philo a pour but de favoriser l’émergence de sujets autonomes et responsables.

Quels sont les objectifs que nous avons visés ?

  • Permettre un espace où puissent se poser les questions universelles que les enfants se posent et qui ne sont pas prises en charge par les seules disciplines (sur la politique, la morale, la mort, le droit, etc.) ;
  • Donner du sens aux contenus scolaires en abordant des questions qui mobilisent et lient des savoirs transversaux ;
  • Apprendre à maîtriser les codes du débat en s’observant en tant que participant ;
  • S’interroger avec les autres, et ainsi prendre conscience qu’ils se posent les mêmes questions que moi ;
  • Développer les attitudes de solidarité, d’attention à l’autre, ainsi que la tolérance et l’ouverture d’esprit. En cela, l’atelier correspond tout à fait à une forme d’éducation citoyenne.

Quels impacts nous souhaitons observer sur nos élèves ?

L’atelier philo permet de questionner et de prendre de la distance par rapport à l’opinion commune, et par rapport à ses propres représentations.

Il améliore la communication du groupe et permet à l’enfant participant d’être considéré dans son individualité propre. Par le questionnement qu’il permet, l’atelier philo contribue à la construction de l’enfant comme sujet autonome : en effet, l’enfant doit élaborer sa propre réponse et non trouver « la bonne réponse » correspondant à l’attente de l’enseignant. Les réflexions développées dans le cadre de l’atelier sont propices à une meilleure compréhension du monde et favorisent le «pouvoir d’agir » des enfants.

Comment cela s’organise ?

Tous les élèves installent la salle à leur arrivée : un grand cercle de chaises.

Les adultes prennent des notes, pendant l’heure et le cahier est à la disposition des élèves quand ils le souhaitent, pendant la séance et à tout moment de la semaine (cahier dans le bureau de la CPE que les AED prêtent aux élèves à leur demande).

Les enfants prennent la parole quand ils le souhaitent, en levant la main. Toutes les paroles sont autorisées, mais il est interdit de parler lorsqu’un élève parle, il est interdit de se moquer.

Le niveau très faible de cette cohorte nous a obligé à nous questionner, à énormément travailler en amont. Le passage à l’écrit est difficile pour eux, c’est pourquoi nous avons décidé de prendre des notes, notes qui sont ensuite retravaillées avec eux (l’intervenante va en cours de Français une fois par mois ; je prends les élèves un lundi par quinzaine une heure ou deux).

Les premières séances ont été consacrées à la définition de la laïcité par Philippe Meirieu « La laïcité, c’est penser par soi-même et être capable d’avoir un regard critique sur les choses».

Puis nous avons travaillé sur la lettre L pour notre abécédaire. La semaine de la Laïcité au collège sera illustrée par les affiches des élèves (une dizaine), affichées dans la salle de réunion, salle centrale au collège. Nous allons ouvrir la séance de 13H à tous les adultes et élèves qui le souhaitent, et à 14H, aux CM2 de l’école du village.

En atelier, nous allons étudier une fable d’un prêtre jésuite indien, fable étudiée également au CM2 pour la séance de décembre : échanges, partage, entraide.

Pour la semaine de laïcité, nous lançons également une action solidaire : « Un cahier, un crayon pour le Mali », les élèves de 5ème en sont les ambassadeurs : avec moi, ils sont passés, en groupe, dans toutes les classes du collège pour parler de cette action, ainsi qu’à l’école primaire.

Nous avons également consacré une séance aux attentats de Paris : ce qui a été entendu et compris. Nous avons fini la séance par un poème d’Abdellatif Laâbi.

Suite aux attentats, avec tous les élèves qui se sont trouvés en étude le matin, nous avons échangé, à partir d’un powerpoint que j’ai retravaillé d’un collègue de lycée parisien, d’articles que j’ai apportés, de dessins, d’interrogations des élèves, et nous avons affiché sous le préau les textes que les élèves ont choisi.

Vous pourrez retrouver l’illustration de cela sur le site du collège : dans l’onglet Vie Scolaire / Clubs.

Vous trouverez également des informations sur l’autre club que j’anime, un club Japon.

Marielle PICHETTI, CPE Collège Charles Peguy, VAUVILLERS.

La transversalité comme levier de développement professionnel, le témoignage de Margaux

Professeur d’histoire-géographie, Margaux dispose d’une formation universitaire solide. Ouverte sur la transversalité, elle fait profiter les élèves de ses compétences, au-delà de sa propre discipline. Son passage en éducation prioritaire l’entraîne dans une vraie dynamique pédagogique qu’elle envisage d’amplifier au fil du temps.

1/ Après la réussite au baccalauréat, vous êtes admise à intégrer une classe préparatoire de renom. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Quelles sont les principales compétences que vous avez acquises au sein de ce parcours universitaire spécifique?

Après mon baccalauréat littéraire, j’ai intégré une classe préparatoire littéraire pendant deux ans (Hypokhâgne et Khâgne). Il y a une transition difficile entre l’exigence du lycée et la classe préparatoire en termes de capacité de travail et d’investissement. Les devoirs ne durent plus quatre heures, mais cinq ou six heures. Il ne faut pas se décourager et se montrer persévérant.

Malgré des moments parfois difficiles, la classe préparatoire nous apporte beaucoup. Nous avons un véritable suivi pédagogique et des enseignants à l’écoute. J’ai pu assimiler de nombreuses connaissances grâce à l’aspect pluridisciplinaire de la formation. On nous apporte des méthodes de travail et un esprit de synthèse. Je ne regrette aucunement mon passage par la classe préparatoire.

2/ En tant qu’enseignante stagiaire, vous êtes nommée dans un collège relevant de l’éducation prioritaire. Qu’avez-vous découvert, dans ce contexte d’établissement, en termes de pratiques pédagogiques différenciées ? de travail en équipe ? de liens entre les enseignants et les parents ?

Mon année de stage en collège en REP (réseau d’éducation prioritaire) a été très formatrice et enrichissante. Il a été rapidement nécessaire d’adapter mes pratiques pédagogiques car les parcours des élèves sont très variés : des élèves ayant des facilités, d’autres en grande difficulté ou encore non francophones. Il a fallu modifier mon enseignement en m’intéressant plus aux compétences qu’aux connaissances.

J’ai pu travailler cet aspect grâce aux précieux conseils de mes collègues. J’ai compris ce que travailler en équipe signifie. Je me suis sentie épaulée et j’ai toujours pu échanger sur mon ressenti, sur les difficultés des élèves ou l’adaptation de mes cours.

Les liens avec les parents sont plus ou moins simples à établir. Si un parent me sollicite, je réponds rapidement. J’ai constaté que c’est un véritable travail de coordination entre l’équipe pédagogique, les personnels de direction et les familles. La communication y est essentielle. Cette expérience a été pour une jeune enseignante un formidable enseignement.

3/ Lors des opérations de mouvement, vous obtenez une zone de remplacement et vous êtes actuellement rattachée dans un collège de centre-ville. Sans proposition de remplacement dans votre discipline, vous décidez d’investir l’aide à la scolarité et un projet d’éducation à la citoyenneté. Comment vis-tu ces 2 engagements qui sortent de ton champ disciplinaire ? En quoi l’enseignement transversal t’ouvre-t-il de nouveaux horizons ?

Actuellement Titulaire en Zone de remplacement sans poste, il est important de garder un lien quotidien avec les élèves, l’essence même du métier. En début d’année, l’aide à la scolarité était fondée sur le volontariat. Depuis la fin des vacances de la Toussaint, je suis des élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage.

Concrètement, je les aide dans la compréhension et dans l’apprentissage des leçons ou à la préparation des contrôles. Ils sont en petit groupe d’une même classe et nous pouvons vraiment prendre le temps de nous arrêter sur des points qu’ils n’ont pas compris. Ils déterminent eux même ce que le groupe peut travailler ensemble. Nous travaillons au maximum en ilots pour que les élèves puissent échanger. J’essaie de les amener à formuler et à auto évaluer ce qui leur semble difficile dans la leçon ou les exercices. Je ne veux pas que les élèves se sentent punis d’être là, mais y trouvent de l’utilité et un sentiment de réussite.

Je suis amenée à me remettre à des matières que je n’ai pas pratiquées depuis longtemps. Je sors de mon champ de spécialisation et je m’interroge sur la meilleure façon d’aider les élèves. J’établis des liens entre les différentes disciplines et de le mettre en évidence pour que les élèves se rendent compte qu’une connaissance peut être réutilisée dans plusieurs cours. La transversalité m’amène à me questionner sur mon métier. Mais c’est un enjeu très motivant.

Je participe à un groupe de réflexion (auquel appartiennent des personnels du premier et du second degré) sur les valeurs de la République. Nous nous demandons comment aider les enseignants (dont moi-même) qui abordent ces valeurs en classe dans ce contexte mouvementé. Ce travail et ces échanges sont très importants. En tant qu’enseignante, j’y trouve des réponses et je me pose de nouvelles questions sur ma pratique et ce que je transmets aux élèves.

Ces deux engagements sont très positifs dans l’accomplissement de mon métier.

4/ Vous envisagez une carrière dans l’institution sous le signe de la diversification pédagogique. Plus concrètement, quelles sont les pistes que vous avez en tête et pourquoi vous motivent-elles à ce point ?

Je souhaiterais acquérir plus d’expérience et diversifier mon parcours. Je suis intéressée par l’agrégation externe en attendant de pouvoir m’inscrire à l’agrégation interne. J’aimerais à moyen terme devenir tutrice, ou encore passer la certification d’histoire des arts. Je n’ai pas d’ambition précise, à part l’agrégation. Je privilégie l’exploration de nouvelles pistes comme la formation ou la participation à de nouveaux groupes de travail.

Crédit image : fdecomite cc

Témoignage : PEPS en lycée agricole

1. Comment abordes-tu l’EPS dans ton lycée agricole ? Y-a-t-il des spécifiés par rapport au lycée général ?

On suit le programme de la voie générale ou professionnelle en utilisant quasiment les mêmes textes que ceux de l’EN. La base est la même avec parfois quelques spécificités comme l’obligation de passer par la CP2 pour les filières technologiques par exemple. La plus grande particularité est le maintien de l’EPS obligatoire pour les élèves en post bac qui ont en BTS : 1,5h de pratique par semaine sur les deux ans, avec une évaluation des compétences, sur la base d’un niveau 4, complétée d’une analyse réflexive sur les apprentissages réalisés.

La plus grosse des différences est la taille et la population de nos établissements. En majorité, nous avons un taux d’internes élevé, d’où une dynamiques sur la vie associative plus importante. La population des établissements  agricoles change beaucoup. La forte baisse des effectifs des agriculteurs sur les trentes dernières années, et une entrée plus complexe dans le métier, font que les effectifs sur ces formations ont beaucoup changé. On constate une féminisation importante dans nos établissements due au fait que les cartes de formations ont été redistribuées. Une grande partie des établissements ont pris le parti pour sauver leur effectif de s’ouvrir à des formations plus orientées vers les métiers du service, en développant des formations qui existaient dans les anciennes maisons familiales. En EPS comme pour beaucoup d’autres disciplines, nous sommes à mon sens un peu plus proche (historiquement) des élèves car les faibles effectifs dans la plupart des établissements, permettent une proximité qu’il est difficile de créer dans des grand établissements. Nous avons la chance dans nos établissements de pouvoir disposer dans les organisations pédagogiques de plus de moyens, pour beaucoup d’établissements on peut compter sur une option, un montage de section sportive, ce qui crée ou stabilise une dynamique des équipes pour faire sortir l’EPS du quotidien des enseignements obligatoires.

D’autre part, nous fonctionnons depuis longtemps en pluri-disciplinarité avec la biologie, nos évaluations étaient liées dans les années 2000, chose qui s’est un peu perdue mais qui revient avec les enseignements dit « capacitaires » (le verbiage de l’agriculture confond ce terme avec la compétence de l’éducation nationale). La possibilité de faire fonctionner des actions communes avec d’autres disciplines est plus aisée et recommandée depuis longtemps, ce qui permet de faire sortir nos pratiques de leur « train train ».

Nous disposons dans l’ensemble des établissements uniquement d’infrastructures locales… dans des communes souvent peu équipées. Les gymnases ont souvent été développés dans les années soixante, avec l’EPS de l’époque. Je ne pense pas être défaitiste en disant que nous ne sommes pas bien lotis concernant les installations à notre disposition

2. Quelles relations as-tu avec les collègues EPS de l’Education Nationale ?

Elles sont plutôt cordiales mais se limitent au partage des activités d’UNSS dans la plupart des cas. Nous participons aux diverses réunions sur les bassins pour obtenir des installations, mais n’avons pas encore su ou pu développer de partenariat plus important. D’un point de vue de la formation professionnelle, un réseau des enseignants d’EPS Bourgogne Franche Comté actif, se réunit tous les ans avec l’inspection. Il a pour but de développer des pratiques communes, dans le cadre d’actions de formation qui peuvent avoir lieu à l’échelon régional. Nous avons déjà réussi à faire venir un collègue de l’EN sur une de nos actions de formation, mais il me semblerait opportun de pouvoir mutualiser à la fois les offres et les demandes…. un rêve. Dans le cadre des réseaux, un ou plusieurs enseignants par région (j’en  fais partie) sont membres d’un GAP (groupe d’animation pédagogique) qui se réunit tous les ans pour réfléchir sur des thématiques d’actualité, et être force de proposition. On retrouve dans ce GAP, les collègues secrétaire de région (ou animateur c’est selon), ainsi que l’inspection (deux inspectrices pour la France), et le formateur EPS de l’ENFA (Florent Wiezorek, à l’Ecole Nationale de Formation Agricole notre organisme de formation national)

3. Comment organises-tu le sport scolaire dans ton établissement ?

Le fonctionnement se fait en AS comme partout avec affiliation UNSS. Une particularité toutefois, la prise en charge par l’établissement assez fréquemment des déplacements sur les sites de pratiques. Nous pratiquons souvent le voiturage des élèves grâce à un parc de véhicules de service important. Par contre le faible nombre d’animateurs contraint un peu les choix dans les activités, et ne permet pas des engagements sur des pratiques en continu. J’ai souvent proposé sur des mercredi des activités différentes, avec parfois la difficulté à mettre en place des entrainements suivis pour les élèves que j’emmène… en général, les heures ne sont pas comptées. Le dynamisme dans les AS est associé souvent à celui des associations des élèves : dans chaque établissement les enseignants d’Education Socio Culturelle assurent dans leur service six heures d’animation, ce qui permet de créer avec eux une dynamique associative

4. Serais-tu favorable à la création d’un CAPEPSA (CAPEPS Agricole) ou bien la situation de détaché te convient-elle ?

Ma réponse sera celle d’un ancien contractuel de l’enseignement… et fortement influencée par treize ans d’activité sous ce statut de « bouche trou » éjectable.

Ma réponse est oui, et je m’en explique : a priori mon statut de Professeur Certifié de l’Enseignement  Agricole, acquis grâce au concours RAEP mis en place par la loi Sauvadet de 2012 n’existe pas vraiment. Il y a environ 6 ans, un concours était organisé pour permettre de recruter des enseignants en EPS dans l’EA. Ce montage réalisé au sein du ministère aurait été mis à mal par les syndicats (pas forcément le SE-Unsa) qui ont argumenté que ce statut n’était pas reconnu. On était aussi à l’époque face à ce constat que beaucoup de contractuels occupaient les postes des détachés de l’EN, mais avec des DGH qui baissaient fortement. Les détachements qui étaient de cinq sont passés en quinze ans à trois puis à une seule année. Une majorité des détachés ont craint à l’époque de devoir retrouver leur académie d’origine, d’où une grosse crainte de voir des postes occupés par de nouveaux titulaires originaires du ministère qui prendraient d’éventuels postes… l’argumentation de l’époque était donc « il n’y a qu’un concours, c’est le CAPEPS, passez-le« . On fait le même métier, sauf que le détachement EN vers l’EA est possible, mais pas l’inverse.

Franck Piriou

 

VAE, témoignage d’un membre de jury

Grégoire Domergue, professeur agrégé dans l’académie de Rouen, participe depuis plusieurs années à des jurys de validation des acquis de l’expérience (VAE).

Peux-tu nous rappeler en quoi consiste la VAE, à qui elle s’adresse et sur quel(s) diplôme(s) tu interviens en tant qu’évaluateur ?

Depuis la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, la VAE est une voie d’accès aux diplômes, titres et qualification qui vient en complément de la formation initiale ou continue. C’est un élément de la formation tout au long de la vie qui est devenu un droit inscrit dans le Code du travail et le Code de l’Education. Toute personne, quel que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, qui justifie d’au moins trois ans d’expérience en rapport direct avec la certification visée, peut prétendre à la VAE. Cette certification qui peut être un diplôme, un titre ou un certificat de qualification professionnelle doit être inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

J’interviens sur trois diplômes de BTS : AG PME-PMI, NRC et Technico Commercial.

Comment s’effectue concrètement cette validation ?

Cela se passe en deux étapes. Les candidats préparent d’abord un dossier (en général pendant un an), dans lequel ils démontrent en quoi leur expérience correspond aux critères du référentiel du diplôme visé. Ce dossier est ensuite transmis à au dispositif académique de validation des acquis (DAVA). Lorsque le dossier est recevable, il est transmis aux membres du jury pour qu’ils l’analysent. L’étape finale est un oral que passe le candidat. Les membres du jury se composent de professeurs intervenants dans les matières professionnelles et générales correspondant au diplôme visé, ainsi qu’un professionnel extérieur à l’Éducation Nationale. Cet oral permet d’approfondir ce qui est dans le dossier, voire éclaircir certaines zones d’ombre.

Combien de candidats se présentent à une validation et combien réussissent ?

En 2013, en France, sur environ 21 000 candidats ayant déposé un dossier (majoritairement au niveau BTS), 18 000 ont obtenu une validation dont 14 000 une validation complète.

As-tu été formé pour ce travail ?

Non, mais je sais qu’aujourd’hui une formation existe.

Comment es-tu rémunéré pour ce travail ?

Pour analyser le dossier d’un candidat, nous sommes rémunérés 2 h de travail, et pour l’entretien la rémunération est d’une demi-heure.

En revanche, ce qu’il faut savoir c’est que le taux horaire n’est pas celui d’une HSE de professeur. Pour les BTS, le taux horaire VAE est de 13,72 € brut de l’heure.

En somme, pour 2 heures d’analyse de dossier + une petite heure d’entretien, la rémunération est de 34,30 € (par candidat).

Il reste cependant une donnée qui n’est pas claire, nous devons préciser si nous intervenons sur un temps de face à face pédagogique. Ce que cela change, je ne sais pas…

 

 

De professeur contractuelle à CPE

1) Vous avez débuté votre parcours dans l’éducation nationale en tant qu’enseignante contractuelle d’italien. Que retenez-vous essentiellement de cette première expérience ?

C’était une expérience passionnante ! Je me souviens comme si c’était hier, de la première fois où je me suis retrouvée dans la salle de cours face à mes élèves. J’étais impressionnée bien sûr mais j’étais tellement heureuse d’être là devant eux et d’avoir l’opportunité de leur transmettre ma passion pour la langue italienne. Je me suis tout de suite sentie privilégiée ! Je rêvais d’enseigner depuis le lycée !

De cette première expérience, j’en retiens surtout le lien avec les élèves, pouvoir les emmener et partager avec eux des savoirs, des connaissances, une passion. Le métier d’enseignant est magnifique pour cela : pour la joie de transmettre ! Quelle fierté quand un élève est capable en fin de quatrième d’écrire ou de parler en italien, quelques lignes, quelques mots.  

2) Intéressée par la vie scolaire, vous avez exercée la fonction d’assistante d’éducation dans un collège périurbain. Dans le cadre de votre engagement, vous avez accepté des responsabilités quotidiennes et porté des projets qui dépassaient souvent les missions habituelles d’un AED. Pouvez-vous nous en dire un peu plus, notamment sur le projet des olympiades ?

Oui je me suis tout de suite intéressée à la vie scolaire de ce collège péri-urbain parce que je suis de nature à m’impliquer et à m’investir dans le travail, puis je suis organisée, c’était naturel pour moi. L’établissement était en pleine restructuration et l’équipe des encadrants était très dynamique et très novatrice, ce qui a porté une réflexion sur les dispositifs comme l’accompagnement éducatif. Pour rendre ce dispositif d’aide plus performant et renforcer les moyens que nous avions, il était nécessaire de porter les détails sur l’organisation, cela a nettement amélioré les conditions de travail des encadrants et des élèves dans l’unique but d’optimiser l’aide apportée aux élèves.

Sur le projet les Olympiades, j’ai adhéré très vite car il plaçait directement l’élève au centre de la problématique établissement et quelques compétences me permettaient d’y participer. Ces journées événements ont été créées au collège pour resserrer les liens entre tous les acteurs : élèves, enseignants, AED, CPE. Ce sont des journées organisées en collaborations avec les équipes pédagogiques et éducatives qui pensent les ateliers d’activités ou de découvertes pour les élèves. Ces journées sont pour les élèves une sorte de challenge à remporter par classe. C’est la classe qui a remporté un maximum de points par atelier qui est gagnante. Ce sont des journées de cohésion où l’on travaille différemment et où chacun peut trouver sa place plus facilement, s’identifier et développer un sentiment d’appartenance à son Ecole. C’est une notion très importante à développer. Elle est au cœur de la réussite des élèves. Un établissement dans lequel on se sent bien on y vient volontiers pour y travailler !

3) Dans la continuité de votre investissement en vie scolaire, vous avez naturellement opté pour la préparation du concours CPE et l’avez brillamment obtenu. Quels sont les 3 arguments majeurs qui vous ont fait choisir ce métier ? L’année de stage que vous venez de vivre vous a t’elle confortée dans votre choix ?

J’ai aussi été brillamment préparée, je n’oublierai pas toutes les personnes qui m’ont donné la force et la conviction d’être CPE ! C’est un grand bonheur pour moi de faire ce métier aujourd’hui.

*Le premier argument majeur est sans hésiter l’accompagnement des élèves, le suivi, l’écoute, les conseils, l’aide. Faire reprendre le sourire à un élève qui est en relation conflictuelle avec sa famille ou faire revenir en cours une élève qui veut démissionner, c’est ça pour moi le métier de CPE !

*le deuxième, c’est toute la partie technique, le CPE est un technicien qui pense, réfléchit, organise, guide. J’aime les métiers où l’on doit organiser.

*le troisième, c’est le volet animation et prévention, animer, donner de la vie, de la convivialité et informer pour mieux préparer nos jeunes, les guider du mieux possible pour en faire les meilleurs citoyens de demain !

Mon année de stage m’a confortée dans ce choix, je me suis sentie tout de suite à ma place avec les élèves, c’est eux qui m’ont montré que j’étais sur la bonne voie !

4) Vous êtes nommée à la rentrée dans une autre académie que la vôtre dont le fonctionnement relève d’une cité scolaire. Comment appréhendez-vous ce nouveau défi professionnel ?

Oui je suis nommée dans l’académie de Strasbourg dans un lycée professionnel assorti d’un CFA d’une capacité de 1200 élèves environ. J’appréhende ce défi de façon plutôt positive, j’arrive avec ma personnalité, mon expérience et ma conception de CPE. L’établissement est d’un point de vue architectural remarquable, les locaux sont agréables, les ateliers pour les élèves sont d’une grande qualité, les filières sont très intéressantes, il y a beaucoup de possibilités d’ouvertures sur de nombreux projets. Un premier temps d’observation sera nécessaire puis ensuite je choisirai les projets les plus appropriés pour l’intérêt des élèves et de l’établissement. C’est certain, je ne vais pas m’ennuyer !

Antonella

Céline ou la richesse d’une expérience de TZR

Céline Devaux nous fait partager son métier de CPE avec passion et conviction. « Itinérante » pendant quelques années, elle n’a jamais perdu son « Nord professionnel » : L’élève avant tout ! Affectée enfin sur un poste fixe, elle gagne une stabilité bien méritée et projette de s’investir pleinement dans son nouveau collège de Côte d’Or.

1) Vous êtes CPE TZR depuis 5 ans dans l’académie de Besançon. Vous avez exercé dans différents types d’établissement : collège périurbain de 700 élèves de la banlieue bisontine, lycée polyvalent d’une commune de Haute-Saône, collège rural de la région Doloise… Quel est le remplacement qui vous a le plus marqué ? Pourquoi ?

Le remplacement qui m’a le plus marqué est certainement le lycée polyvalent de Haute-Saône. C’était la première fois que j’exerçais dans un lycée avec deux autres collègues habituées à travailler en lycée.

Le travail de CPE est totalement différent en lycée. J’exerce ce métier car je veux être au service des élèves et œuvrer pour leur réussite. En collège, à chaque instant nous sommes sollicités de toutes parts, par les adolescents, les adultes et nous travaillons souvent dans l’urgence. Cette dimension « d’être au service des élèves » prend littéralement tout son sens car l’exercice de nos missions au collège implique que nous devons être sans arrêt à l’écoute des jeunes qui nous interpellent parfois pour de simples petits tracas. Nous devons être aussi extrêmement rigoureux par rapport au contrôle des absences, puisque les élèves sont soumis à l’obligation scolaire. Attentif également par rapport à leur circulation au sein de l’établissement, par rapport à leur sécurité dans les locaux. Nous faisons au quotidien des rappels au règlement intérieur. Nous travaillons aussi beaucoup avec eux sur l’éducation et l’apprentissage de la citoyenneté.

En lycée ce n’est pas la même chose, nous sommes également au service des lycéens mais ça se fait de manière indirecte : les adolescents sont plus autonomes, nous intervenons davantage dans le cadre administratif (plannings, « paperasses » administratives à gérer, constitutions des classes, préparation des examens…) Notre champ d’actions s’étend davantage sur l’orientation et le suivi des élèves.

Les lycéens sont moins demandeurs, moins présents dans notre bureau, le rapport à l’adulte est plus distant. Les entretiens avec les lycéens sont plus programmés qu’au collège.

En revanche, j’ai eu la chance de prendre en charge le dossier du du C.V.L (conseil de vie lycéenne), ce qui m’a permis de travailler au plus près d’un petit groupe d’élèves enthousiastes à l’idée de monter des projets pour améliorer leur cadre de vie.

2) De manière plus générale, quels sont les avantages et les inconvénients d’être CPE affecté en zone de remplacement par rapport à une affectation en poste fixe ?

Les avantages : les CPE TZR sont amenés à effectuer des remplacements dans des établissements différents (collèges avec ou sans SEGPA, ULIS, lycées, avec ou sans internat, LGT, LP, établissements ruraux, urbains à forts ou faibles effectifs..), ce qui demande une forte capacité d’adaptation. En fait, cela m’a permis de diversifier mon activité et, par voie de conséquence, d’étendre mes champs de compétences dans de nombreux domaines.

Les deux difficultés principales résident d’une part, dans la variété des responsabilités confiées au CPE, en fonction des diversités des établissements, des différences de fonctionnement propres à chaque établissement, et aussi des attentes différentes des chefs d’établissement.

D’autre part, le second inconvénient tient sans aucun doute dans la difficulté de conjuguer vie familiale et vie professionnelle dans la mesure où le CPE TZR peut être amené à faire plusieurs remplacements durant l’année.

Les horaires, les emplois du temps ne sont pas les mêmes en fonction des établissements et les chefs d’établissement n’ont pas non plus les mêmes attentes dans ce domaine pour organiser le service de vie scolaire. Cela implique que les collègues TZR doivent parfois trouver une assistante maternelle ou une garderie qui acceptent ces changements de planning.


3) Depuis le début de votre carrière, vous avez toujours eu à cœur de développer des projets mais aussi d’aller au-delà de vos missions de CPE. Qu’est ce qui vous pousse à vous investir à fond dans le métier ?

Tout simplement la réussite des élèves et l’épanouissement de chacun d’entre eux. Dans ma manière de servir, je poursuis l’objectif que tous les élèves progressent et trouvent leur voie dans leur projet personnel.

Si un élève se sent bien dans son établissement, si des projets qui répondent à ses attentes sont mis en place et si le cadre scolaire lui semble agréable, il aura le sentiment d’y être respecté et de vivre positivement son parcours scolaire.

Je suis persuadée qu’une partie de sa scolarité sera facilitée par ce contexte et je pense avoir un rôle central à jouer pour faciliter ses conditions d’apprentissage et son accompagnement au quotidien.

4) À la prochaine rentrée, vous serez affectée dans l’académie de Dijon. Une nouvelle page de votre parcours professionnel va s’ouvrir. Comment abordez-vous ce virage ? Quels défis vous donnez-vous dans votre futur établissement ?

Oui une nouvelle page se tourne à la rentrée. Je serai en poste fixe, seule, dans un collège de 650 élèves. Habituée jusqu’alors à changer d’établissements, de collègues et d’élèves quasiment chaque année, j’aborde cette stabilité positivement et sereinement. Le propre de notre métier c’est de savoir s’adapter vite et en toutes circonstances.

Ce collège de Côte-d’Or a été totalement reconstruit, donc j’aurai la chance de travailler dans de nouveaux locaux.

Mon challenge sera dans un premier temps de repenser la vie scolaire de A à Z en collaboration avec les AED et sous l’autorité de mes chefs d’établissements. Les élèves seront accueillis dans un nouveau bâtiment tout neuf. Ils découvriront en septembre leur nouvel univers, notamment les salles et les différents lieux (administration, vie scolaire, réfectoire, infirmerie….). Il s’agira donc d’organiser leurs déplacements, d’assurer leur sécurité, et d’être un maximum sur le terrain pour veiller à ce que les locaux restent en très bon état.

Dans un second temps, je m’appuierai sur mes prédécesseurs qui ont sans aucun doute mis en place de bonnes choses, et j’apporterai ma vision personnelle du métier. Une phase d’observation, même très courte, me semble nécessaire et me permettra l’élaboration d’un diagnostic et le repérage des difficultés ou des fragilités dans le fonctionnement quotidien. J’apporterai ensuite un regard neuf et proposerai des idées nouvelles à l’équipe éducative et pédagogique, en concertation avec l’équipe de direction.


5) Votre engagement professionnel laisse présager d’une progression de carrière accessible rapidement. Vous imaginez-vous occuper une fonction de personnel d’encadrement (chef d’établissement, IA-IPR…) dans les années à venir ?

Pour le moment non. J’attendais impatiemment d’être nommée en poste fixe pour enfin pouvoir travailler plus de 2 ans dans un même établissement et c’est chose faite à la rentrée de septembre.

Je vais pouvoir enfin développer mon champ d’actions en m’inscrivant dans la durée dans ce collège. Avec les années et le recul, je pourrai aussi assurer une continuité de service, observer et analyser davantage ma pratique et la remettre en question si besoin, avec pour seule ligne de conduite, « toujours faire mieux pour le bien être et la réussite de nos élèves. »

D’assistante en Angleterre… à prof d’anglais !

Avant de réussir le CAPES d’anglais, Morgane a vécu l’expérience enrichissante d’assistante de langue en Angleterre. Une aventure qui l’a marqué humainement mais qui a contribué à la confirmation de son projet professionnel de devenir enseignante…

Peux-tu nous préciser le contexte dans lequel s’est déroulé ton expérience d’assistante ?

J’ai été engagée par l’école de Woldingham, une école pour jeunes filles de 11 à 18 ans, située à 30 minutes en train de Londres. Nous étions deux assistantes de français, deux assistantes d’espagnol et une assistante d’allemand. Nous étions logées et nourries à l’école et nous recevions de « l’argent de poche » chaque semaine pour nos dépenses extérieures. Nous partagions toutes le même appartement. Ce fut ma première expérience en colocation ainsi que ma toute première expérience de « professeur » une année durant.

Mon travail se déclinait en deux tâches : je devais effectuer 15h au département de français et 15h à l’internat auquel j’avais été affectée. En effet, l’école accueillant de nombreuses élèves internationales, plusieurs zones d’internat étaient dispersées au sein du complexe. L’école était située en pleine campagne et la ville la plus proche, Woldingham, était à 15-20 minutes à pied, temps que l’on mettait également pour rejoindre la gare afin de se rendre à Londres. L’école comportait de nombreux bâtiments ainsi qu’un très grand terrain de sport.

Comment était organisé concrètement le service pédagogique de 15h par semaine ?

Les 15h de présence au département de français étaient elles-mêmes divisées entre les heures de bureau et les heures de conversation avec les élèves.

Lors des heures de bureau, nous créions par exemple des PowerPoint à la demande des professeurs, ce qui m’a permis de mettre en pratique mes cours de C2i2e et de me perfectionner. Nous devions également faire des photocopies et aider à la préparation d’événements culturels, comme la journée portes ouvertes, etc.

Les heures restantes étaient consacrées aux cours de « conversation » avec des élèves de la 3ème à la terminale, à raison d’une demi-heure par semaine pour chaque groupe de 3ème et 2nde et de 40 à 50 minutes pour les groupes de 1ère et de Terminale. Parfois, les professeurs nous demandaient de travailler un point de grammaire précis ou nous pouvions également répondre à des demandes venant des élèves elles-mêmes. Mais aussi parfois, nous pouvions travailler sur nos propres documents, tant que la thématique était respectée bien sûr. Ma relation avec les élèves était différente de celle qu’elles entretenaient avec un professeur. Nous étions là pour leur permettre de discuter avec une personne native car en classe, il est parfois dur de s’exprimer, si l’on est timide par exemple. En petit groupe, voire individuellement parfois, avec une personne native et jeune, les élèves étaient motivées, intéressées et très curieuses. Ces moments étaient privilégiés et j’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec ces jeunes filles car c’est exactement le mot qui convient. Il n’y avait pas de relation élève-professeur mais un vrai échange de culture, de traditions, d’avis et d’opinions.

Tu évoquais tout à l’heure une mission éducative, complémentaire à la mission pédagogique ? Qu’entends-tu par là et qu’est que cela t’a apporté ?

Le restant des heures stipulées dans le contrat était dédié à l’internat. J’ai été affectée à l’internat des 3èmes. Je travaillais 2 soirs par semaine et un week-end sur 2, du vendredi soir au dimanche soir. Les soirs, je surveillais l’étude et ensuite, je faisais des rondes dans les couloirs ou effectuais différentes « missions » pour mes supérieures. Les week-ends, je participais parfois à une sortie car, tous les samedis, étaient organisées des sorties shopping ou cinéma ou des visites. Mais la plupart du temps, je restais deux heures le samedi après-midi dans le bureau pour répondre aux demandes des jeunes filles si elles avaient besoin de quoi que ce soit et je faisais la permanence au gymnase le dimanche après-midi.

La relation avec les élèves était également totalement différente dans ce cadre, elles se confiaient et parlaient de leur vie, de leurs aspirations, de leurs passions et de leurs craintes. Certaines jeunes filles étaient mes élèves en cours de « conversation ». Mais à l’inverse des cours où nous ne parlions que français, à l’internat nous parlions anglais, et grâce à elles, j’ai gagné en confiance et en fluidité à l’oral. Partager un appartement avec 3 autres jeunes femmes qui ne parlaient pas français m’a également beaucoup aidé.

Durant ton séjour, as-tu confirmé ton intuition que la mission d’enseignante n’est pas uniquement tournée vers l’apprentissage de la langue mais aussi vers l’implication dans des projets ?

L’éducation anglaise est très portée sur l’artistique. J’ai ainsi eu l’opportunité de participer à la chorale de l’école mais une incompatibilité d’emploi du temps ne m’a pas autorisée à la saisir. En revanche, j’ai pu assister le professeur de théâtre, qui a monté avec les 1ères et les Terminales « Le songe d’une nuit d’été » au premier trimestre. Faire partie de ce projet et me voir accorder la confiance de ce professeur qui m’a complètement intégrée dans le projet m’a beaucoup touchée. Voir mon nom dans le programme lors de la représentation en tant qu’assistante du metteur en scène a été un moment très fort pour moi.

Avec l’autre assistante de français, qui est devenue une amie très rapidement, nous avons également chanté en duo « Je te donne » de Jean-Jacques Goldman lors de la « soirée internationale » organisée par une élève de terminale qui permettait aux personnes étrangères au Royaume-Uni de partager un peu de leur culture avec le reste de l’école.

Chaque semaine, chaque assistante avait droit à un jour complet et une soirée libres. J’ai décidé de me rendre à Londres et de prendre des cours du soir de théâtre lors de mon jour libre. De même, lors de mes week-ends libres, j’ai suivi des cours de comédie musicale. J’ai ainsi pu faire des rencontres et m’ouvrir à la vie citadine anglaise. Ces moments ont été uniques, ils m’ont permis de prendre davantage confiance en moi et de me faire un petit cercle d’amis, toujours là aujourd’hui.

Quelles perspectives après cette aventure ?

J’ai pris beaucoup de plaisir à vivre cette année à l’étranger et j’ai particulièrement apprécié les deux facettes de ce métier. Travailler au sein de cette école avec ces jeunes filles m’a conforté dans mon choix de carrière. Grâce à ce séjour, j’ai conforté ma pratique linguistique mais j’ai aussi développé de nouvelles compétences. Aujourd’hui, je me sens prête à exercer mon métier avec passion et dynamisme !

 

 

EAP, une expérience de terrain enrichissante mais qui demande du temps

Le dispositif « emplois d’avenir professeur » (EAP) est un dispositif d’aide à l’insertion professionnelle dans les métiers du professorat. C’est un pilier important de la réforme de la formation initiale des enseignants et une des mesures les plus sociales du gouvernement actuel. L’éducation nationale recrutera 18 000 emplois d’avenir professeur d’ici 2015. Ce dispositif offre à davantage d’étudiants boursiers la possibilité de s’orienter vers les métiers de l’enseignement en leur proposant un parcours professionnalisant et en les accompagnant financièrement.

Malgré une organisation parfois difficile, cela apporte une vraie plus-value en matière de préprofessionnalisation. Pour éviter de lourds problèmes d’emploi du temps, il vaut mieux accueillir un étudiant en L3.

 

Témoignage de Sandrine directrice d’école:

 

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?

Il est très intéressant pour l’équipe pédagogique d’accueillir une personne supplémentaire susceptible de co-intervenir ou de prendre en charge des petits groupes d’élèves. Cela permet des modes d’organisation pédagogiques différents. Les enseignants se questionnent sur leur pratique, envisagent de nouvelles possibilités de remédiation grâce à un adulte supplémentaire dans la classe.

Dans notre école, les classes de CP sont confrontées à une forte hétérogénéité et réfléchissent à organiser sur un temps identifié, un décloisonnement, avec des groupes de besoins en lecture. L’EAP pour prendre un groupe d’élèves est un atout et permet la constitution d’un groupe supplémentaire et d’alléger les autres en effectif.

D’autres enseignants envisagent de décliner des apprentissages d’une manière différente, sur des projets de classes, en co-intervention : ateliers scientifiques, activités plastiques, ateliers sportifs…

Après un temps consacré à l’observation du fonctionnement de l’école et des différents niveaux d’apprentissages, nos EAP  se sont déclarés très motivés et demandeurs pour se mettre en situation. Ils participent activement aux temps de concertation et de préparation qui définissent leur rôle dans les différentes classes et avec les différents groupes. C’est un préalable incontournable à leur participation aux activités avec les élèves. Il ne s’agit pas de les confondre avec un enseignant surnuméraire aguerri. Ils ont besoin d’être épaulés dans la gestion de leur groupe, dans la constitution des supports utilisés…

  1. Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Le relationnel est très important dans la rencontre EAP/école et il faut qu’il se sente à l’aise, par des moments qui lui sont consacrés, lui permettant de poser les questions nécessaires à une meilleure connaissance du système.

Il est parfois difficile de se dégager du temps pour expliquer le fonctionnement de l’école, les attentes institutionnelles, le rôle des partenaires, les obligations diverses… compte-tenu des imprévus qui peut y avoir à tout moment de la journée.

Les emplois du temps sont complexes à monter. Il s’agit de concilier les cours de l’étudiant et le volume horaire de présence établi par le contrat, d’adapter le planning en fonction des examens universitaires qui peuvent intervenir sur les jours de présence prévus à l’école. Si notre EAP de L3 n’a aucune difficulté à réaliser ses 12h hebdomadaires pour un emploi du temps simple à monter (quelques ajustements à la marge), notre EAP en M1 a beaucoup plus de contraintes liées à ses cours plus nombreux et le planning est plus complexe à caler. En effet, si pour des observations en classe, des journées ou demi-journées variables ne sont pas un frein, il n’en est pas de même pour la mise en place d’un mode de fonctionnement particulier incluant l’EAP, qui nécessite alors des temps de présence réguliers.

  1. Quelles perspectives voudriez-vous donner pour vous à cette expérience ?

Cette expérience de tutorat est une nouvelle facette du rôle d’animation et de management d’équipe que le directeur peut avoir. Elle m’encourage à me créer des outils performants (emploi du temps, portfolio) pour accompagner au mieux ces nouveaux collègues dans l’école, leur donner une vision très réaliste de la fonction d’enseignant, de comprendre par la mise en situation s’ils sont faits pour ce métier et les aider à s’intégrer.


Témoignage de Pierre-Arnaud EAP:

Pierre-ArnaudPourquoi êtes-vous entré dans ce dispositif?

Je suis entré dans ce dispositif pour plusieurs raisons :

  • Ce dispositif s’inscrit parfaitement avec mon projet professionnel : devenir professeur des écoles.
  • Il permet de très bien identifier la profession de professeur des écoles et tous les enjeux que ce métier recouvre.
  • C’est un excellent moyen de comprendre les notions théoriques que l’on aborde en cours (PAI/ PPRE/ REP).
  • Aujourd’hui le système éducatif fait face à de nouveaux défis. J’ai voulu comprendre les différences entre l’école que j’ai connue en tant qu’élève et celle qui existe aujourd’hui.
  • Afin d’avoir une vision des différentes façons d’enseigner, des différentes méthodes pédagogiques au sein de l’établissement mais également de pouvoir pleinement profiter de l’expérience des différents membres de l’équipe éducative.
  • Pour me permettre une plus grande indépendance financière en tant qu’étudiant.

Que vous a-t-il apporté ?

Ce dispositif a répondu à mes principales interrogations concernant le métier de professeur des écoles. Désormais dans une seconde phase j’espère acquérir une plus grande maitrise des enjeux du rôle d’un professeur des écoles dans le suivi d’un groupe d’élèves dans les différentes classes de niveau. À terme, j’aimerais être capable de mener des séances de cours.

Que pensez-vous du système éducatif que vous avez pu observer jusqu’à présent ?

Il s’agit d’un système éducatif complet qui a pour réel objectif la réussite de l’apprenant. Malgré les difficultés des élèves, l’ensemble de l’équipe éducative se mobilise chaque jour et n’est absolument pas déterministe quant à l’avenir des enfants. L’établissement développe de nombreux projets avec les enfants. J’ai été particulièrement surpris par l’ampleur des dispositifs mis en place pour les élèves : Psychologue scolaire, RASED, Classes d’inclusion scolaire.

Vos heures dans l’école sont reliées à un module de découverte professionnelle au sein de l’université ?

Si oui existe-t-il une plaquette explicative de ce module ?

Normalement le dispositif EAP est indépendant de la formation en Université. Toutefois étant en L3 Sciences de l’éducation une spécificité existe.

Au cours du semestre 6 nous avons comme matière obligatoire :

  • L’Unité d’enseignement 68 : Projet professionnel étudiant.

Le dispositif EAP trouve ainsi un lien avec ma formation dans cette matière de la manière suivante :

En fin d’année, un stage obligatoire doit être réalisé au sein d’une école maternelle ou élémentaire en L3 Sciences de l’éducation.

Les étudiants étant intégrés dans le dispositif EAP sont dispensés de ce stage car ils sont durant toute l’année dans leurs écoles respectives.

D’assistante d’éducation à CPE, le témoignage de Magali

La richesse du parcours de Magali ne peut que retenir notre attention. Elle exerce aujourd’hui le métier de CPE à la lumière d’expériences  précédentes qui donnent une autre dimension à sa pratique professionnelle. À la fois réflexive et pragmatique, elle s’apprête à découvrir de nouveaux horizons géographiques avec un objectif : avancer et se remettre en question.

1) Avant de réussir le concours de CPE, vous avez exercé la fonction d’assistante d’éducation dans un EREA du département du Rhône. Quels sont les grands enseignements que vous tirez de cette expérience, en particulier dans l’accompagnement des élèves en difficulté ?

Le travail en EREA (celui de Villeurbanne étant spécialisé dans la Déficience visuelle) est une leçon de vie.

À titre personnel, je n’avais jamais été confrontée à l’accompagnement d’un public porteur de handicap. L’ouverture d’esprit apportée par cette expérience est comparable à celle du voyage. La richesse des échanges avec des élèves qui parlent sans tabous de leurs difficultés conduit à la prise de conscience d’une réalité méconnue.

La collaboration est indispensable, non seulement avec les éducateurs présents sur le collège en permanence (surtout à l’internat), mais également avec l’équipe médicale (plateau technique important).

Certains élèves présentant des pathologies très sévères rendent impératifs une surveillance et un accompagnement accrus.

Il est évident que ce type de prise en charge favorise le lien à l’enfant. Il nécessite d’être à l’écoute des besoins des élèves tout en maintenant le même cadre que pour tout autre jeune de l’enseignement ordinaire.

Il faut trouver un juste équilibre entre l’adaptation bienveillante à un public particulier et la fermeté garante du cadre éducatif et indispensable à la bonne marche du service.

Le nombre restreint d’élèves par classe permet un suivi de plus grande proximité où chaque enfant doit être pris en compte dans sa singularité ( adaptation des supports d’enseignements et de travail inhérent aux différents troubles de la vision ). La « souplesse » pédagogique est un réel support pour un mode de travail et un accompagnement individualisé et ouvre un espace à l’initiative.

Paradoxalement il n’y a pas de misérabilisme et il m’est arrivé « d’oublier » le handicap de certains élèves qui ne sont pas définis par leur trouble mais bien par leur personnalité.

Je relèverai néanmoins le manque d’accompagnement des équipes éducatives qui y exercent puisqu’aucune formation (interne ou externe) n’est proposée aux AED.

La particularité de la cité scolaire de Villeurbanne est qu’une majorité des élève du LP ne sont pas déficients visuels. La mixité en est un atout.

Pour preuve, un repas dans le noir – pour sensibiliser les voyants à la déficience visuelle – a été organisé par des élèves de Seconde Gestion Administrative alors que je travaillais à l’EREA. Cette initiative fût une expérience incroyable que je recommande à tous les voyants et qui est plus parlante que tous les écrits que je pourrais diffuser (voir article).

Mon regard sur le handicap et l’enseignement adapté a évolué à travers la relation éducative tissée avec les jeunes de la cité scolaire.

2) La relation avec les familles est une dimension cruciale du métier de CPE. Vous avez suivi il y a quelques années une formation de médiatrice familiale. Quelles compétences avez-vous acquises dans ce cadre et qui sont transférables à l’exercice de votre métier d’aujourd’hui ?

DÉFINITION ADOPTÉE PAR LE CONSEIL NATIONAL CONSULTATIF DE LA MÉDIATION FAMILIALE (2002)

« La médiation familiale est un processus de construction ou de reconstruction du lien familial axé sur l’autonomie et la responsabilité des personnes concernées par des situations de rupture ou de séparation dans lequel un tiers impartial, indépendant, qualifié et sans pouvoir de décision – le médiateur familial – favorise, à travers l’organisation d’entretiens confidentiels, leur communication, la gestion de leur conflit dans le domaine familial entendu dans sa diversité et dans son évolution ».

La médiation est un pilier possible de la pratique du CPE. Les difficultés de communication entre la famille et l’établissement ou au sein même de la famille, cristallisent de la plupart des conflits qui se matérialisent à l’École.

Être un « tiers » qui fait circuler la parole sans jugement permet simplement à chacun de se faire entendre et se sentir écouté.

Si penser que cela est suffisant serait utopique, c’est néanmoins le cœur de notre beau métier.

Les incompréhensions et le manque de dialogue sont à l’origine de nombre de situations d’échec ou de décrochage scolaire.

Le simple fait d’apprendre à avoir une écoute active et de savoir reformuler est une aide précieuse dans la pratique. Cela permet, dans une certaine mesure, d’éviter les malentendus entre l’institution et les familles, dont les points de vue ont parfois tendance à diverger.

Cette formation m’a également permis de connaître les limites de mon rôle de CPE dans l’intervention de la sphère familiale, et d’apprendre à relayer aux professionnels du secteur lorsque la situation l’exige.

Envisager la profession sous le prisme de la médiation est une alternative dont la plupart des CPE se saisissent sans forcément la nommer. Notre posture singulière permet ce recours au dialogue en maintenant un positionnement de relative neutralité entre les acteurs.

J’ajouterais que si la médiation est un atout considérable dans la (re)-construction de liens avec les familles, c’est également un outil de communication incontournable au sein même des équipes de l’EPLE. Elle est nécessaire entre enseignants-élèves, équipes éducatives-Direction, CPE-AED…

Enfin la médiation entre élèves (médiation par les pairs) est une méthode qui a également fait ses preuves et dont devraient s’emparer plus d’établissements (en proposant une formation dans le cadre de FIL par exemple). Sensibiliser les jeunes dès le collège à la gestion des conflits par eux-mêmes  renforce l’autonomie, l’écoute et l’entraide, sources de la citoyenneté.

3) Durant votre année de stage, vous avez conduit une recherche sur le rapport à la loi dans l’établissement scolaire et à la pédagogie de la sanction. Considérez-vous que l’image du CPE en collège est encore très proche de celle du surveillant général ou voyez-vous une évolution positive dans les représentations des divers acteurs (enseignants, élèves, parents…) ?

Vaste question !

L’idée que les CPE ont de leur métier (ainsi que  le référentiel de compétences qui cadre notre profession) est aux antipodes de l’image de « surgé ».

Quant aux équipes,  leur représentation de la fonction dépend, à mon sens, d’une part du CPE en exercice (et de la conception qu’il a lui même de son métier) et d’autre part du type de collège dans lequel il « sévit »!

Les établissements sensibles sont plus souvent porteurs de projets innovants dans lesquels s’inscrivent (où sont à l’initiative) nombre de collègues CPE. Cette réalité ainsi que la relative « jeunesse » des personnels en fonction, permettent une évolution de l’image de « gendarme » à celle de  « conseiller d’éducation ».

Nous restons l’un des garants du cadre institutionnel (qui passe par le respect des règlements) et sommes partie prenante dans la sanction. Ce qui, selon la politique et le projet d’établissement, renforce ou non la redéfinition de notre rôle.

Je reste optimiste en considérant l’évolution même de la sanction : mesure de responsabilisations, réparation, portée éducative.

Cela tend  à mettre en exergue les valeurs d’accompagnement à l’éducation prônées par les CPE.

C’est pour cette même raison qu’il faut rester en lien et s’impliquer avec les familles, si possible, lors de moments clés (journées portes ouvertes, remise des bulletins, suivi de scolarité, création d’activités en partenariat…) en dehors de la punition et la sanction.

4) À la prochaine rentrée, vous serez affectée en Guyane à votre demande. Pouvez-vous nous dire ce qui est à l’origine de votre choix et en quoi il s’agit pour vous d’un défi professionnel ?

Arriver dans un établissement est en soi une découverte. Le faire en Amérique du Sud ajoute simplement des couleurs au voyage.

La Guyane est un département méconnu (vous seriez surpris par le nombre de métropolitains qui pensent que c’est une île !). La préservation du tourisme de masse est un gage d’authenticité et de préservation des cultures présentes sur ce territoire.

J’aspire à découvrir une autre perception de mon métier. Ouvrir mon champ d’expérience et m’enrichir dans la diversité culturelle et professionnelle. La construction de son identité passe aussi par une ouverture à l’autre.

D’autre part, j’ai eu l’occasion de suivre des formations en métropole qui ne sont pas forcément accessibles dans les DOM, et j’espère, à ce titre, pouvoir apporter ma contribution dans la création et la mise en œuvre de projets.

J’ai conscience qu’il est parfois compliqué de s’expatrier et une que cela suppose une certaine humilité envers sa terre d’accueil.

Un nouvel environnement, des saveurs et des représentations différentes permettent une mise en hauteur nécessaire à ma pratique. Il est indispensable de ne pas s’ancrer dans une routine professionnelle et s’obliger à prendre du recul pour rester efficient. Un départ outre mer n’est pas l’unique ressource à disposition, bien évidemment, mais c’est un défi humain et professionnelle que j’ai hâte de relever!

 

Témoignages sur les nouveaux rythmes

Du nord au sud, d’est en ouest, nos élèves vivent les nouveaux rythmes avec des organisations multiples et variées. Ici cela fonctionne bien, là c’est plus difficile. La place des APC, l’existence ou non d’activités périscolaires (TAP/NAP/NAE), la concertation ou le manque de concertation entre les différents acteurs, sont autant de facteurs qui influent sur la réussite de cette réorganisation des temps de l’enfant. Une chose est sûre, la matinée de classe supplémentaire implique une évolution dans les pratiques des enseignants, une adaptation minutieuse au service de la réussite de tous les élèves.

Des collègues apportent leurs témoignages :

Horaires : L-M-J-V : 8h30 – 11h30  / 13h30 – 15h45 et Me : 8h30-11h30

Horaires APC : lundi de 15h45 à 16h45

« La matinée du mercredi permet à l’ensemble des classes de travailler différemment autour d’activités de lecture et de production d’écrits ainsi que sur des projets de classe. C’est une matinée où le travail est efficace avec des contraintes différentes.

Les temps d’APC sont utilisés pour un travail sur la méthodologie pour certains élèves : apprendre à apprendre. Nous avons constaté des progrès sur l’apprentissage des leçons.  Pour le traitement de difficultés, notamment en mathématiques, les progrès ne sont pas visibles. Ce sont des élèves qui devraient bénéficier d’une prise en charge RASED que nous n’avons pas dans notre école et les APC ne peuvent palier ce manque.

Je suis à 100% pour des après-midis plus courts. Cela force à être plus respectueux de la durée des séances : maximum 1 heure. De plus, je n’ai pas l’impression d’en faire moins en histoire, géographie ou encore en sciences. Avec ces horaires, on peut faire 2 séances les après-midis, ce qui est bien suffisant. »

Sophie LOZANO, CE2, École primaire d’Ytrac, Cantal

 

Horaires : L-M-J-V : 9h – 12h  / 13h30 – 15h45 et Me : 9h-12h

Horaires APC : mardi et jeudi de 15h45 à 16h30

« Les activités du mercredi matin sont orientées autour d’un thème à l’année. Elles sont décrochées du reste de la semaine. Les élèves sont concentrés et très actifs durant cette matinée.

Les autres jours ont gardé une structuration plus rigide avec des apprentissages précis et des travaux en ateliers.

Les APC permettent la prise en charge d’élèves de GS par petits groupes sur des activités graphiques, et notamment sur le geste. Le petit nombre d’élèves permet d’être derrière chacun et d’amorcer l’écriture plus facilement.

Les après-midis plus courts sont efficaces en termes de concentration des élèves. En effet, celle-ci ne s’étiole pas au fil de l’après-midi. Il est enfin possible d’investir l’ensemble du temps de l’après-midi sans avoir besoin de terminer systématiquement par des activités ludiques. »

 Corinne DOUAT, PS/MS/GS,  École primaire de Parlan, Cantal

 

Horaires : L M J V    8h30 – 11h30 et 13h30 – 15h45 et Me 8h30 – 11h30

Horaires APC : de 11h30 à 12h

Dès 15h45 : temps d’accueil périscolaire avec ateliers et garderie au choix jusqu’à 16h45

« Après une période de pratique, il m’a fallu tout revoir en octobre 2013. Il fallait modifier l’emploi du temps afin de prévoir des plages horaires plus importantes pour les matières telles que l’EPS, l’anglais, la DDM, les arts. J’avais l’habitude de pratiquer chaque discipline plusieurs fois dans la semaine, mais cela ne fonctionnait plus avec les nouveaux horaires, il m’arrivait même de devoir « zapper » certaines séances… cela n’était plus possible !
J’ai donc décidé de regrouper le temps prévu pour chaque discipline les après-midis et j’ai également choisi de consacrer des temps du matin à ces enseignements, notamment le mercredi. Ces changements ont été bénéfiques.

Il m’a fallu également revoir mes progressions de français et de mathématiques car elles n’étaient pas tenables. Il semble nécessaire de prévoir plus de temps pour travailler une notion avec les nouveaux horaires (peu de possibilités de compléter une séance dans la deuxième partie de la journée au risque de ne faire que des maths et du français !)

De mon point de vue, les temps d’APC n’ont aucune influence sur les apprentissages. En ce qui concerne les comportements, il semble difficile de tirer des conclusions : les élèves pris en charge à la rentrée 2013-2014 n’étaient pas les mêmes. Il me semble aujourd’hui que la difficulté de comportement était due au changement, car à ce jour (18 mois après la mise en place des nouveaux rythmes) les élèves ont tous réussi à s’adapter.

J’ai fait le choix de maintenir les projets qui me tiennent à cœur mais il m’a fallu prendre sur mon temps personnel. Lors des sorties par exemple, je choisis de revenir à 16h30 comme avant afin d’avoir du temps pour découvrir un lieu dans de bonnes conditions.

Après des débuts déstabilisants, ce nouveau fonctionnement me convient. La lourdeur des journées n’existe plus et les apprentissages se font toujours dans la souplesse. Je pense que nous avons donc gagné en qualité. »

Céline VIALLET, CP/CE1, École élémentaire César Terrier, Pontcharra, Isère

 

SE-Unsa : « Quels sont les nouveaux horaires pour tes élèves ? »

Christophe : 8h15 – 11h30   13h30-16h  (Mardi et Vendredi)

8h15 – 11h30  13h30-15h (Lundi et Jeudi)

8h15-11h15 (Samedi)

« Les temps d’APC (contenus notamment) influent-ils sur les apprentissages, les comportements ? »

C : « Les temps d’APC sont surtout positionnés de 11h30 à 12h au cours des 2 journées courtes. Dès lors, le contenu et la forme que  peuvent revêtir ces activités sont limités sans parler de l’attention des élèves loin d’être à son paroxysme à ces horaires. Ainsi, l’impact souhaité sur les élèves est irrémédiablement restreint. »

« Les contenus des TAP/NAP (s’ils existent) sont-ils en lien avec le projet d’école ? Et inversement pour les APC en lien avec le PEDT ? »

C : « Les contenus des NAP sont juste liés au matériel dont disposent les agents, un matériel fourni le plus souvent par eux-mêmes. C’est seulement lorsque les municipalités ont un vivier intéressant d’associations que le PEDT est réellement en lien avec le projet d’école.  Il n’y a pour le moment pas d’APC en lien avec les PEDT. »

« Quel est l’impact des après-midis plus courts et/ou des matinées plus longues sur la construction des séances (enchaînement, durée…) ? »

C : « Les activités liées à l’EPS ou aux Arts visuels sont programmées durant les journées longues. Sinon, compte tenu du fait que je travaille par module, l’impact n’est pas véritablement perçu. S’il y a une heure de maths dans la matinée, il peut y avoir une séance de 45 min + une de 15 min ou encore 2 séances de 30 min selon les besoins. »

Christophe, enseignant en CE2/CM1 en Martinique

 

Faire fonction de chef d’établissement quand on est CPE, témoignage


Corinne, CPE très engagée dans son collège, a endossé  ponctuellement le costume d’adjoint au chef d’établissement. Expérimentée et diplomate, elle vit cette fonction transitoire comme une chance de diversifier sa carrière et de renforcer la cohésion entre les personnels de l’établissement.

 

  • Quelles sont les raisons principales qui vous ont conduit à accepter de faire fonction de chef d’établissement à plusieurs reprises dans le collège où vous travaillez ?

J’ai été amenée à faire fonction de principale adjointe à trois reprises dans l’établissement où je travaille depuis douze ans. Je suis attirée par ce métier parce qu’il peut être une évolution positive dans la carrière d’un conseiller principal d’éducation  et ça m’intéressait par ce biais de le découvrir. Les trois fois, c’est le chef d’établissement qui a proposé cette organisation car j’ai une bonne connaissance du fonctionnement de ce collège. J’ai accepté aussi pour rendre service à l’établissement car lors d’arrêts maladie, il n’y pas de remplaçant chez les personnels de direction et c’est régulier que l’institution fasse appel au personnel déjà présent.

  • Trouvez-vous que les compétences développées dans la fonction de CPE « prédisposent » à exercer celle de personnel de direction ?

Je dirais que c’est la personne qui fait la fonction… Il me semble qu’être investie, ne pas compter ses heures, être organisée, avoir de l’autorité, savoir prendre des décisions sont des compétences qu’un CPE doit avoir et qui me semblent  importantes également pour exercer le métier d’adjoint.

 

  • On dit que la façon d’incarner la fonction de CPE n’est pas la même selon le type d’établissement dans lequel on exerce. Partagez-vous ce sentiment dans la peau d’un chef d’établissement ?

Le CPE dans un collège est forcément sur le terrain car à cette période de l’adolescence, les élèves sont toujours en action et cela nécessite d’avoir pas mal d’énergie. Les élèves ne trouvent pas forcément de sens à ce qu’ils apprennent, ils ne se projettent pas.  Au lycée, on a affaire à des adolescents qui sont en passe de devenir des adultes et ils sont déjà dans une démarche de projet d’avenir professionnel.  Donc, oui, la façon d’exercer est différente.  Pour un adjoint c’est un peu pareil. S’il est au lycée,  il aura peut-être des tâches plus catégorisées et plus administratives mais encore une fois c’est une question de personnalité. J’ai pour ma part besoin d’être au contact des jeunes.  Par contre, il est vrai que dans la peau d’un chef d’établissement, le regard des autres adultes change et la relation avec ces derniers aussi. Le management est primordial dans cette fonction.

  • Quelles différences majeures voyez-vous entre le positionnement d’un adjoint ou d’un chef d’établissement ?

L’adjoint doit être loyal envers le chef d’établissement, il est son conseiller mais ce n’est pas lui qui décide au bout du compte. L’équipe de direction se compose finalement que de deux personnes minimum mais ce sont eux qui donnent « l’ambiance d’un établissement ». Cela nécessite un vrai travail d’équipe et des valeurs communes pour une collaboration réussie.

  • Comment voyez-vous votre avenir professionnel dans les cinq ans qui viennent ?

Dans cinq, dix ans, je me vois dans un métier relationnel, CPE sûrement mais peut-être dans un lycée professionnel ou dans un lycée si des possibilités de mutation s’ouvrent. Je tenterai peut être dans une année ou deux de faire fonction dans un autre établissement mais pour l’instant je privilégie ma vie de famille car c’est mon équilibre.

Corinne Choulet