3 questions à Mathieu, professeur d’histoire-géographie-EMC en lycée

J’ai 43 ans, j’enseigne l’histoire-géographie-EMC dans un lycée général du centre-ville de Caen.

1. Quelle est la place du numérique aujourd’hui dans ton travail ?

Le numérique est omniprésent dans mon travail : cela va de la mise en page des documents « papiers » distribués à la classe à la préparation « d’activités numériques » « en ligne » pour mes élèves, en passant par l’animation d’un blog personnel destiné (entre autres choses) à développer l’autonomie de chacun !

2. Quels sont les avantages et les inconvénients de cet outil ?

Le numérique n’est pas une solution magique pour répondre à tous les problèmes de l’enseignant ou de la classe. C’est un outil qui offre la possibilité de diversifier les pratiques, de varier et d’adapter les activités proposées aux élèves. Le préalable est pour moi d’exploiter cet outil si les objectifs le justifient, pas simplement « pour faire du
numérique » !

Deux difficultés majeures persistent toutefois aujourd’hui : d’une part la dimension matérielle de l’affaire… à chaque fois que je prévois une longue séquence en salle informatique, je suis contraint de tester la compatibilité des ordinateurs de l’établissement, d’installer éventuellement les logiciels requis (et de passer par l’administrateur
réseau) de prévoir une solution « bis » au cas où il y aurait un « plantage du serveur » ou pas de connexion internet ! Ce qui arrive relativement fréquemment. D’autre part quand on réfléchit à partir des besoins des élèves, le temps de conception de l’exercice / de l’activité peut être considérable car il est rare de trouver le logiciel (libre) parfaitement
adapté à ce que l’on cherche et le temps d’auto-formation (jamais réellement pris en compte par l’institution) se révèle au final très important. Choisir le numérique, c’est gagner en efficience sur le plan professionnel, mais c’est aussi empiéter de manière marquée sur son temps personnel.

3. Et si tu devais t’en passer ?

J’ai du mal à imaginer mon travail sans le numérique: revenir aux feutres pour transparents, à la colle et aux ciseaux, et pourquoi pas à « l’épiscope » ? attendre que le collègue « ait fini » avec les bulletins des secondes 2 pour pouvoir les remplir ? Renoncer à mes séquences d’écriture collaborative ou de travail individualisé sur archives vidéos documentaires soigneusement mises au point et en perpétuel ajustement ? Je trouverais sans doute des solutions de remplacement, mais s’il peut s’avérer difficile de s’initier et de monter en compétence dans le domaine du numérique, il me semble encore plus compliqué d’y renoncer une fois que l’on a franchi le pas !

Mathieu Deforge

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