La transversalité comme levier de développement professionnel, le témoignage de Margaux

Professeur d’histoire-géographie, Margaux dispose d’une formation universitaire solide. Ouverte sur la transversalité, elle fait profiter les élèves de ses compétences, au-delà de sa propre discipline. Son passage en éducation prioritaire l’entraîne dans une vraie dynamique pédagogique qu’elle envisage d’amplifier au fil du temps.

1/ Après la réussite au baccalauréat, vous êtes admise à intégrer une classe préparatoire de renom. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Quelles sont les principales compétences que vous avez acquises au sein de ce parcours universitaire spécifique?

Après mon baccalauréat littéraire, j’ai intégré une classe préparatoire littéraire pendant deux ans (Hypokhâgne et Khâgne). Il y a une transition difficile entre l’exigence du lycée et la classe préparatoire en termes de capacité de travail et d’investissement. Les devoirs ne durent plus quatre heures, mais cinq ou six heures. Il ne faut pas se décourager et se montrer persévérant.

Malgré des moments parfois difficiles, la classe préparatoire nous apporte beaucoup. Nous avons un véritable suivi pédagogique et des enseignants à l’écoute. J’ai pu assimiler de nombreuses connaissances grâce à l’aspect pluridisciplinaire de la formation. On nous apporte des méthodes de travail et un esprit de synthèse. Je ne regrette aucunement mon passage par la classe préparatoire.

2/ En tant qu’enseignante stagiaire, vous êtes nommée dans un collège relevant de l’éducation prioritaire. Qu’avez-vous découvert, dans ce contexte d’établissement, en termes de pratiques pédagogiques différenciées ? de travail en équipe ? de liens entre les enseignants et les parents ?

Mon année de stage en collège en REP (réseau d’éducation prioritaire) a été très formatrice et enrichissante. Il a été rapidement nécessaire d’adapter mes pratiques pédagogiques car les parcours des élèves sont très variés : des élèves ayant des facilités, d’autres en grande difficulté ou encore non francophones. Il a fallu modifier mon enseignement en m’intéressant plus aux compétences qu’aux connaissances.

J’ai pu travailler cet aspect grâce aux précieux conseils de mes collègues. J’ai compris ce que travailler en équipe signifie. Je me suis sentie épaulée et j’ai toujours pu échanger sur mon ressenti, sur les difficultés des élèves ou l’adaptation de mes cours.

Les liens avec les parents sont plus ou moins simples à établir. Si un parent me sollicite, je réponds rapidement. J’ai constaté que c’est un véritable travail de coordination entre l’équipe pédagogique, les personnels de direction et les familles. La communication y est essentielle. Cette expérience a été pour une jeune enseignante un formidable enseignement.

3/ Lors des opérations de mouvement, vous obtenez une zone de remplacement et vous êtes actuellement rattachée dans un collège de centre-ville. Sans proposition de remplacement dans votre discipline, vous décidez d’investir l’aide à la scolarité et un projet d’éducation à la citoyenneté. Comment vis-tu ces 2 engagements qui sortent de ton champ disciplinaire ? En quoi l’enseignement transversal t’ouvre-t-il de nouveaux horizons ?

Actuellement Titulaire en Zone de remplacement sans poste, il est important de garder un lien quotidien avec les élèves, l’essence même du métier. En début d’année, l’aide à la scolarité était fondée sur le volontariat. Depuis la fin des vacances de la Toussaint, je suis des élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage.

Concrètement, je les aide dans la compréhension et dans l’apprentissage des leçons ou à la préparation des contrôles. Ils sont en petit groupe d’une même classe et nous pouvons vraiment prendre le temps de nous arrêter sur des points qu’ils n’ont pas compris. Ils déterminent eux même ce que le groupe peut travailler ensemble. Nous travaillons au maximum en ilots pour que les élèves puissent échanger. J’essaie de les amener à formuler et à auto évaluer ce qui leur semble difficile dans la leçon ou les exercices. Je ne veux pas que les élèves se sentent punis d’être là, mais y trouvent de l’utilité et un sentiment de réussite.

Je suis amenée à me remettre à des matières que je n’ai pas pratiquées depuis longtemps. Je sors de mon champ de spécialisation et je m’interroge sur la meilleure façon d’aider les élèves. J’établis des liens entre les différentes disciplines et de le mettre en évidence pour que les élèves se rendent compte qu’une connaissance peut être réutilisée dans plusieurs cours. La transversalité m’amène à me questionner sur mon métier. Mais c’est un enjeu très motivant.

Je participe à un groupe de réflexion (auquel appartiennent des personnels du premier et du second degré) sur les valeurs de la République. Nous nous demandons comment aider les enseignants (dont moi-même) qui abordent ces valeurs en classe dans ce contexte mouvementé. Ce travail et ces échanges sont très importants. En tant qu’enseignante, j’y trouve des réponses et je me pose de nouvelles questions sur ma pratique et ce que je transmets aux élèves.

Ces deux engagements sont très positifs dans l’accomplissement de mon métier.

4/ Vous envisagez une carrière dans l’institution sous le signe de la diversification pédagogique. Plus concrètement, quelles sont les pistes que vous avez en tête et pourquoi vous motivent-elles à ce point ?

Je souhaiterais acquérir plus d’expérience et diversifier mon parcours. Je suis intéressée par l’agrégation externe en attendant de pouvoir m’inscrire à l’agrégation interne. J’aimerais à moyen terme devenir tutrice, ou encore passer la certification d’histoire des arts. Je n’ai pas d’ambition précise, à part l’agrégation. Je privilégie l’exploration de nouvelles pistes comme la formation ou la participation à de nouveaux groupes de travail.

Crédit image : fdecomite cc

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