La loi handicap a 10 ans

 

Cela fait 10 ans que la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées pose le principe que « tout enfant, tout adolescent présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant est inscrit dans l’école ou l’établissement le plus proche de son domicile qui constitue son établissement de référence. ». Où en sommes-nous aujourd’hui ?

L’engagement du SE-Unsa dans ce dossier n’est pas nouveau ! Depuis deux ans d’ailleurs, dans la perspective de cet anniversaire, nous avons organisé de nombreuses réunions dans les départements. Ce sont plusieurs centaines de collègues qui ont pu s’y exprimer : grâce à eux, nous disposons d’une photographie assez précise des besoins et des manques dont nous vous livrons les contours aujourd’hui.

Un peu plus de 240 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire et un peu moins de 100 000 bénéficient d’un accompagnement individuel. C’est une augmentation de plus de 55% depuis 2004. Cependant, les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire sont loin d’être à la hauteur des besoins. Sans l’engagement des enseignants, rien n’aurait été possible. Quel est le ressenti de la profession aujourd’hui ? Que reste-t-il à faire ? Quels sont les principaux obstacles ? Quelles améliorations doivent voir le jour ?

Cet anniversaire, c’est aussi le vôtre, enseignants, personnels d’éducation, d’orientation et d’accompagnement. Avec ce dossier, nous donnons la parole à ceux qui s’engagent au quotidien dans la scolarisation des élèves en situation de handicap.

Tout au long de cette année-anniversaire, le SE-Unsa conduira d’autres initiatives pour améliorer les conditions de travail des enseignants et de réussite de tous les élèves dans l’école inclusive que nous défendons.

Gilles Laurent, Délégué national ASH

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2 thoughts on “La loi handicap a 10 ans

  1. Enseignante en classe de CE1, je tiens à apporter mon témoignage car j’ai une classe de 26 élèves, dont 5 relèvent de la MDPH.
    J’ai fait 9 demandes de Rased en début d’année (7élèves sont pris en charge 2 fois par semaine jusqu’aux vacances de février, puis l’aide cessera car la maître E doit désormais s’occuper des CP et des maternelles !) Pour compléter le profil : 5 redoublants de CP ou GS, 1 élève à trouble articulatoire (qui relèvera sûrement bientôt de la MDPH) et 1 élève qui souffre d’encoprésie (cet élève a les fesses souillées presque toute la journée).
    J’ai une AVSI 12h00 / semaine qui s’occupe d’un élève qui serait dyspraxique-dyscalculique-dyslexique-dysorthographique. J’écris « serait » car le diagnostic n’est pas encore posé. Ce qui signifie que nous devons « tâtonner » pour lui apporter notre aide.
    J’ai une autre AVS 9h00 par semaine (depuis octobre ! pas depuis septembre !) pour un élève qui, à la base avait une notification pour la CLIS TED mais que les parents ont refusée. Ce qui signifie que j’accueille aussi un élève qui a des TED. Lorsque je me renseigne (sur internet) sur les TED, car je rappelle que je n’ai reçu aucune formation spéciale pour cela, je m’aperçois que cet élève devrait évoluer dans un environnement serein, sans stress, afin de ne pas déclencher ses crises. Or je rappelle que je suis dans une classe de 26 élèves dont 7 ne savent pas lire en raison de problème de type dyslexie et que je dois beaucoup oraliser. Cet élève fait des écholalies. Je dois tenir ( en réalité rien ne m’oblige à le faire si ce n’est le bon sens) cet élève par la main dans les rangs afin qu’il ne se jette pas par terre, ne se claque contre les portes et l’avoir à l’oeil constamment (même en présence de son AVS) alors qu’il n’est pas seul à devoir être surveillé !!! Sans oublier qu’il fait des écholalies. Inutile de vous dire à quel point je suis frustrée de ne pouvoir lui apporter un réel projet individualisé comme il l’aurait eu en CLIS TED. Cet élève, bien que je fasse de mon mieux pour l’intégrer, lui apporter un renforcement positif, se voit souvent rappeler à l’ordre alors qu’il ne gère pas son comportement au vu de son trouble ! J’ajoute que j’ai un autre élève qui a reçu sa notification pour la CLIS, en décembre, et qu’il restera dans ma classe jusqu’à la fin de l’année. Cet élève venant d’une autre école, je n’ai eu aucune information sur ses difficultés, que j’ai peu à peu entrevues au fil des jours (car à la base cet élève savait lire). J’aurais aimé gagner du temps sur l’évaluation de cet élève ! Mais une fois de plus : aucune information !
    Je résume : Avec la douzaine d’élèves en difficulté que j’ai dans ma classe, je passe mon temps à différencier, à aménager, à me former sur mon temps personnel (soirées, vacances, jour de décharge au lieu d’être avec mes enfants car je suis à 75 %…), sans compter tout le côté administratif : demande de rased, ppre, gevasco….. + le temps passé à rencontrer les parents car il est important de prendre le temps de discuter avec eux, de les convaincre de prendre rendez-vous chez l’orthophoniste, d’insister (car chez nous, c’est 2 ans d’attente !)…
    Je le fais car si je laissais ces élèves sans remédiation, ils décrocheraient et ce serait aussi le « bazar » ! Et puis ne dit-on pas : quand quelqu’un n’arrive pas à marcher, regarde d’abord s’il n’a pas un clou dans sa chaussure ? Or cette année, je me rends compte que beaucoup d’élèves ne « marchaient pas bien  » dès la maternelle ou au CP, et que personne n’a vraiment cherché s’il y avait un clou !
    Je ne suis pas maître de CLIS !!! Et les autres élèves, j’ai parfois l’impression de les laisser de côté juste pour aider les élèves en difficulté ! Je ressens une énorme frustration ! J’ai envie de crier : changez le système ! Lorsqu’on a autant d’élèves en difficulté, on devrait avoir des classes moins chargées, des orthophonistes dans les écoles, des psychologues à l’écoute des enseignants, plus de maîtres spécialisés !
    Je voudrais juste pousser un cri : oui à l’accueil des élèves en situation de handicap, mais on ne nous en donne pas les moyens ! Lors des réunions d’équipe éducative, on me demande comment je fais pour tenir, ne pas être à l’arrêt ! Alors c’est ça la solution ? Me mettre à l’arrêt pour dépression, au lieu d’une meilleure prise en charge des problèmes soulevés par cette loi d’intégration ? Au passage, j’ajoute que presque toutes les 2 semaines, en raison d’arrêts de mes collègues (qui ne sont pas remplacées), j’accueille 2 à 4 élèves supplémentaires dans ma classe (qui prennent la place réservée pour mon groupe de besoin en lecture) ! Malgré cela , je ne suis pas à l’arrêt car j’ai mes convictions (je sais que mes élèves ont besoin d’un cadre et qu’être souvent absente les déstabiliserait). Tout ceci pèse sur ma vie de famille ! Si seulement ce commentaire pouvait être entendu en haut lieu, là où l’on décide de tout sans se préoccuper de ce qui se passe réellement sur le terrain. J’ajoute pour finir que la mairie nous octroie un budget de 19 € par élève, que nous n’avons pas de TBI, que nous disposons d’un seul vidéoprojecteur pour 8 classes. Mon école n’est pas en REP et l’équipe pédagogique n’est pas particulièrement soudée.
    Voilà, j’aurais aimé dire que c’est très bien cette loi d’orientation, que l’inclusion c’est super ! Mais hélas, ce n’est que du système D ! Je me demande si je reprendrai à temps plein car dans ces conditions, je ne me vois pas « tenir le choc » !
    Merci de me laisser m’exprimer.

  2. Bonjour Anne-Sophie,
    Le tableau que vous dressez de votre classe est bien sombre. Oui, l’accueil d’élèves en situation de handicap relève bien souvent du système D et encore une fois on a « voulu mettre le chariot avant les boeufs ». On fait une loi et après c’est aux enseignants de s’adapter avec les moyens du bord. Le fait de ne pas posséder de TBI ou de vidéoprojecteur n’est pas très grave à mon sens. Le plus grave c’est que personne ne vous vienne en aide dans cette situation. Avez-vous fait appel au conseiller pédagogique ASH de votre inspection, à l’enseignant référent de votre secteur ou à l’IEN ASH. Les élèves que vous décrivez, et qui sont reconnus par la MDPH, doivent normalement et réglementairement, être suivis par un établissement médico-social type SESSAD, pour votre élève dys ou autre, ou type hôpital de jour pour vos élèves présentant des TED ou autistes. Les professionnels de ces établissements peuvent être à votre écoute et vous apporter des aides supplémentaires. Je pense au psychologue, à l’éducateur spécialisé ou à l’enseignant spécialisé de ces établissements.
    A l’intérieur de votre école n’y a-t-il pas de possibilités d’échange de service, de décloisonnement ou d’inclusion de certains de vos élèves dans des classes plus adaptées?
    Votre école possède-t-elle une CLIS? Si oui, l’ennseignant spécialisé de cette classe peut peut-être vous apporter une aide ou des solutions.

    Bon courage à vous et j’espère que vous saurez trouver l’aide dont vous avez besoin tant pour votre bien être que celui surtout des enfants qui vous sont confiés.

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