Témoignage de Loréna, AESH

Depuis combien de temps exerces-tu ce métier d’accompagnant handicap ?

Je travaille toujours avec mon élève et même si cela fait plus de 5 ans, j’apprends toujours autant sur son handicap et l’évolution de celui-ci.

Cela fera 6 ans le 25 janvier, j’attends maintenant des nouvelles pour obtenir un CDI !!

Comment es-tu arrivée dans ce métier ?

Une amie institutrice m’a parlé de ce métier, j’ai envoyé ma candidature au rectorat de Rouen, passé un entretien devant 6/8 personnes. J’avais un peu  d’expérience auprès d’un public épileptique, trisomique, d’intégration sociale, et j’ai été aide éducatrice. Tout cela m’a permis d’être embauchée.

Ce métier te plait-il ? Pourquoi ?

Oh que ce métier me plait…. Métier d’aide, de soutien, d’écoute, de patience, de communication, d’échange… Il faut être capable de s’adapter à des personnalités différentes et aux multiples façons de travailler.

Raconte moi deux faits marquants de ton activité professionnelle

Deux faits marquants !! Euh ….ce qui me marque, c’est que j’ai toujours été bien acceptée par les différents collègues et que notre rôle est pris au sérieux et reconnu par les enseignants.

Souhaites-tu continuer à exercer ce métier ?

Oui !  J’espère continuer encore quelques années, et avoir un CDI, puis ensuite, peut être que d’autres portes nous serons ouvertes dans l’Éducation Nationale ?!!

Pour toi, quel est le combat principal que le SE-Unsa doit mener pour défendre les AESH ?

Le salaire : ce n’est pas normal que l’on nous dise « ce mois-ci, vous n’aurez pas votre salaire en entier ».

Ou encore, avoir des infos sur notre métier, comment le faire, quoi faire ?  Je me suis auto formée à l’aide de livres et d’ internet, de rencontres avec des pros pour pouvoir comprendre l’handicap de l’enfant que j’accompagne depuis 5 ans maintenant.

J’ai dû attendre une réunion du SE-unsa l’année dernière, donc Au bout de plus de 5 ans de contrat, pour apprendre certaines choses sur nos contrats ou nos droits.

 Loréna, AESH dans l’académie de Rouen

Alain, PLP Génie thermique en Segpa

J’exerce en SEGPA depuis 7 ans et j’ai assumé deux ans durant la direction de cette structure dans mon département. Après avoir enseigné en lycée professionnel, j’ai eu une idée plus précise des bases et de la dynamique à apporter en Segpa à nos futurs élèves de C.A.P. L’adaptation scolaire exige une profonde réflexion sur les stratégies à mettre en place pour répondre à un besoin particulier des élèves en grande difficulté scolaire.

J’ai été impacté comme nous tous par la circulaire d’avril 2009. Elle a certes clarifiée nos missions en définissant les champs professionnels en remplacement des ateliers mais a été pensée uniquement pour les élèves en occultant les conséquences sur les PLP.

Pour moi, il reste beaucoup à faire pour que chacun puisse trouver sa place dans le champ où il exerce. Au regard de  la polyvalence qui est demandée pour occuper les postes de PLP des champs professionnels, force est de constater qu’il n’y a pas la reconnaissance et la formation nécessaire.

Même « muter » sur un poste de Segpa est compliqué car les postes sont étiquetés avec les anciennes spécialités des ateliers et n’intègrent pas la spécificité/diversité des champs.

Tous ces éléments sont source de malaise et d’incompréhension et sont de nature à dégrader les conditions de travail.

J’ai aussi été confronté à la problématique des remplacements : rien de prévu pour des arrêts de moins de 15 jours et au-delà, c’est en fonction des disponibilités, avec peu de solutions à la clé. Cela va à l’encontre des objectifs de la circulaire. Comment sortir de cette impasse ? Peut être en créant des zones de remplacement des champs professionnels.

J’ai par ailleurs effectué sur deux ans, mais sans temps de décharge, la formation  du 2CASH (Certificat Complémentaire d’Adaptation Scolaire au Handicap). Elle est de qualité mais souffre d’un manque de reconnaissance. Il n’est pas possible de compter uniquement sur la bonne volonté des enseignants. L’acceptation de la surcharge de travail sur la durée ne peut pas longtemps tenir face à l’absence de moyens et de volonté de la part de l’administration.

Pour moi, les objectifs de la circulaire d’avril 2009 avec le chantier de la réforme des champs professionnels sont inachevés. Nous devons porter des revendications sur les exigences de notre métier et rappeler à l’administration son devoir de transparence et de reconnaissance professionnelle.

 

Alain BROUSSE
PLP en génie thermique
Académie de Bordeaux

 

Audrey, la SEGPA : une Belle Surprise en fait !

J’ai obtenu le concours en service et commercialisation (restaurant-service), le fameux CAPLP, en juin 2009 ! Le 15 juillet de cette même année, je reçois mon arrêté de nomination pour la rentrée de 2009 et là c’est la consternation…. FECAMP…. et poste en SEGPA. Je regarde sur une carte et je vois que la ville de Fécamp est à une heure de route de Rouen, ville où j’étais domiciliée… et je recherche la signification du sigle SEGPA : Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté… un grand mystère…. je n’étais pas plus avancée.

Je savais qu’en obtenant le concours je pouvais être mutée n’importe où en France. Et jusque là j’avais enseigné essentiellement en BEP, Bac technologique, BTS et Licence professionnelle mais aussi en UPI (ex ULIS).

Je n’ai pu prendre contact qu’à la fin du mois d’août avec le directeur de la SEGPA. L’accueil a été plutôt froid quand il m’a demandé si c’était un choix de venir enseigner en SEGPA et que je lui ai répondu que non… Pour arranger ça, je lui ai annoncé que j’étais enceinte et que je ne ferais donc pas toute l’année…

Les élèves de SEGPA m’ont été présentés comme des élèves ayant seulement des problèmes d’apprentissage, des élèves en grande difficulté scolaire, ce qui expliquait des effectifs peu élevés… maximum 4 en 1ère année et 4 en 2ème année de CAP, 8 en ateliers restauration 3ème !

J’ai découvert un public agréable en classe, sans problème de discipline (à part quelques uns mais qui ont été dirigés vers des structures plus adaptées à leurs problèmes de comportement) mais en grosse difficulté scolaire. Certains ne savent pas lire et d’autres écrivent très difficilement…. quand ce n’est pas les deux. Ces élèves ont des difficultés à participer à l’oral.

J’ai aussi découvert des élèves abîmés par la vie, confrontés à une réalité difficile à surmonter au quotidien. Certains ont tellement de choses à gérer sur le plan personnel que l’apprentissage n’est vraiment pas leur priorité. La plupart se connaissent depuis leur entrée en 6ème. Ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient pour gérer le groupe en classe. À ma grande surprise les non lecteurs sont souvent les meilleurs en pratique professionnelle. À leur contact, j’ai compris le rôle essentiel de l’enseignant. Ils passent 80% de leur temps dans les locaux de la SEGPA et l’ensemble de l’équipe est un socle fondamental dans leur épanouissement scolaire et leur réussite. On est des repères essentiels, avec un côté affectif. Certains ont du mal à nous « quitter » quand ils partent en stage.

 J’ai adoré ces 5 années passées à Fécamp avec mes 3èmes et mes CAP. Jai pris énormément de plaisir à voir évoluer les élèves autant sur le plan personnel (autonomie, épanouissement…) que sur le plan scolaire (des progrès parfois très significatifs).

J’ai fait énormément de projets avec eux. Des projets de tout les styles: expositions réalisées par eux-mêmes, voyages, concours de cocktails sans alcool, visites, manifestations diverses (partenariats avec maison de retraite, avec des écoles primaires….).

 Nous avons la chance d’avoir encore dans notre académie des formations qualifiantes en SEGPA (malheureusement plus pour longtemps) qui à la fois rassurent nos jeunes et favorisent leur réussite. J’ai été très fière de voir mes CAP réussir leur examen. Beaucoup plus que lorsque j’étais en lycée professionnel ! Ce diplôme est une étape importante et leur permet de quitter, pour certains, le « cercle vicieux » de leur vie.

Cette expérience a été riche mais avec le recul, je me dis que mon expérience en UPI a été importante pour mon adaptation en SEGPA. Et puis heureusement que ma volonté et que la force du travail d’équipe m’ont permis de surmonter les difficultés et les carences en formations de l’institution. Mais est ce bien normal d’envoyer des collègues entrants dans le métier et non volontaires sur des postes aussi complexes où la difficulté d’enseigner peut rapidement se transformer en souffrance ? Je ne le pense pas.

En ce qui me concerne, j’ai demandé et obtenu ma mutation dans une autre SEGPA pour la rentrée 2014 et je ne le regrette pas.

                                               Audrey CHRISTOL,
PLP service et commercialisation
SEGPA Collège Paul ELUARD
Saint Etienne du Rouvray

Géraldine, PLP en EREA…

Depuis septembre 2002, je suis en poste à l’EREA (établissement régional d’enseignement adapté) de mon département.

PLP en arts-appliqués, j’ai fait le choix de ce poste spécifique du fait de la nature du public (grande difficulté scolaire) et parce que je pouvais enseigner les arts-plastiques auprès des élèves de la 6ème et la 3ème  segpa et les arts-appliqués auprès des élèves de CAP métiers du bâtiment.

Cela correspondait à mon profil et aspirations : mettre mes compétences et passions au service des élèves en grande difficulté.

Quittant Garges-les–Gonesses, où j’étais titulaire au LP Arthur Rimbaud, pour la province, j’ai fait la demande spécifique de ce poste, puis passé un entretien avec le directeur de l’EREA avant d’y être nommée à titre définitif. À l’époque, ce poste était étiqueté PEP3 (je crois que cela n’existe plus).

Travailler à l’EREA m’a d’abord apportée la satisfaction de la collaboration avec des collègues du premier degré. Leur façon d’organiser l’espace–classe, leur manière de personnaliser complètement le travail pour chaque élève m’ont beaucoup aidé pour créer ma propre organisation adaptée à ma matière et aux besoins des élèves.

Travailler avec des personnes n’appartenant pas au même corps fait réfléchir sur le fonctionnement global de l’établissement et fait prendre conscience des missions de chacun, des différents points de vue, des objectifs globaux… On se rend vite compte qu’on fait tous le même métier, même si nos statuts sont différents. Et là, je me sens en parfaite cohérence avec la nature même du SE-UNSA.

Ces différences sont à la fois une richesse et source de tensions : comment concilier la solidarité avec les collègues et en même temps ne pas renier la particularité de son propre statut ?

Dans un EREA tout est possible : l’objectif est de s’adapter aux besoins de l’élève.

Il y a possibilité d’inventer, de tester des adaptations, d’avoir une cohérence éducative à l’internat et externat…

Les difficultés majeures restent d’avoir des temps de concertation suffisants avec tous les acteurs, de créer une dynamique d’équipe tout en respectant la liberté pédagogique de chacun, de créer des ponts entre tous les intervenants… et les budgets bien sûr qui rétrécissent d’année en année.

Un changement marquant est apparu suite à la loi sur le handicap de 2005 où on a vu le profil des élèves changer. Nos élèves ne relevaient plus uniquement de la grande difficulté scolaire. Certains sont aujourd’hui porteurs de pathologies dont nous ne sommes pas spécialistes et  que nous devons aborder sans formation ni information particulière. Du coup, même en effectifs de 16 élèves maximum, les choses se compliquent encore davantage…

 

Se former ?

Oui, j’y avais pensé. J’ai fait partie de la première promotion du 2CASH de notre académie sans le savoir au début.  Sur le PAF, je m’étais inscrite à une formation qui s’intitulait : « enseigner à des élèves à besoins particuliers ». Au fur et à mesure des journées de formation, nous découvrions qu’on attendait de nous de passer le 2CASH dont les modalités n’étaient pas encore bien fixées et qu’on ne voyait vraiment pas ce que cela pouvait nous apporter de plus, si ce n’est que d’être estampillés « profs pour classes difficiles ». J’ai donc suivi la totalité de la formation qui était d’une qualité exceptionnelle sans jouer le jeu de la certification. Du fait d’être en poste à l’EREA, ma carrière est de toute façon marquée par la couleur de l’enseignement adapté.

 

De la reconnaissance ?

Le courrier de rentrée du ministre et du recteur, ainsi que leurs vœux !

Sur la fiche de paie, je perçois mensuellement 33,02 euros d’indemnité Forfaitaire de Sujétion Spécial. Mon avancement est le même que tous. Je bénéficie d’une bonification de points pour demander ma mutation en fonction du nombre d’année passée à l’EREA (mesure spécifique de mon académie).

Le pari passionnant de la perspective de permettre à ces « élèves cassés » de reprendre confiance en eux afin de trouver une place dans notre société est un engagement fort, qui demande beaucoup d’énergie, de ressources et d’innovation pédagogique et reste toujours sans recette miracle ! Être prof en EREA devrait être une mission à durée limitée afin de pallier à l’épuisement et de maintenir une fraicheur et un dynamisme des équipes. Mais dans la réalité, il n’est pas toujours simple pour un PLP nommé dans un EREA de quitter ce poste qui ne peut être pourvu que par des personnes volontaires…

Enfin, il n’y a pas 2 EREA en France qui fonctionnent sur le même mode : modalités d’organisations diverses et variées, moyens disparates, nature des personnels (présence de PLP , PLC, profs des écoles, éducateurs spécialisés ou non etc…), nature des  niveaux d’enseignements (segpa, LEA, les deux ?) et profils des élèves.

Je vous le dis simplement : y’a du pain sur la planche !

 

Et moi, PLP en ASH…

Difficile d’évoquer la grande difficulté scolaire et l’inclusion des élèves en situation de handicap sans parler d’enseignement professionnel. Depuis 10 ans, le nombre d’élèves en situation de handicap a doublé et ce phénomène nous impactedésormais dans nos pratiques pédagogiques d’autant plus que ces jeunes ne sont pas toujours accompagnés comme il se doit.

Les PLP souffrent d’un manque d’informations et de formations. Ni le 2CA-SH, ni les formations locales et nationales ne sont à la hauteur des besoins et des enjeux.

Le SE-Unsa milite pour que la place de l’enseignement professionnel en Segpa, Érea et Ulis pro soit reconnue et que les PLP aient les moyens de remplir leurs missions.

 

Du côté de… la Segpa

De profondes mutations ont eu lieu, en particulier sur le terrain de l’enseignement professionnel. Seuls l’engagement et l’investissement des équipes ont permis ces adaptations. Mais la polyvalence qui est demandée aux PLP sur les champs professionnels ne bénéficie pas de la reconnaissance et bien souvent de la formation nécessaire.

Après l’interdiction de l’utilisation des machines dites dangereuses aux moins de 15 ans, l’accès à l’enseignement professionnel est de nouveau interrogé avec la limitation drastique du redoublement prévue dans la loi sur la refondation de l’école. De nombreux élèves pourraient intégrer les Segpa avec un an de moins.

Et maintenant ?

Un dialogue est engagé avec le ministère sur l’avenir des Segpa avec notamment une réflexion sur un développement de l’inclusion, dans un premier temps, en 6ème.

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Du côté des… Érea

Ils souffrent d’un manque de pilotage qui a débouché sur des conceptions structurelles très diverses (formations qualifiantes (LEA), SEGPA, scolarisation d’élèves en situation de handicap).

Et maintenant ?

Un groupe de travail ministériel a été lancé en septembre 2014. Il a montré la nécessité de rédiger une nouvelle circulaire pour redéfinir et actualiser les missions des Érea et des personnels.

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Du côté des… Ulis pro

Le développement des ULIS PRO est important et l’enjeu est bien de réussir l’inclusion de ces jeunes. Malheureusement cette réussite est compromise par l’insuffisance d’informations et de formations en direction des enseignants.

Et maintenant ?

Le ministère va lancer une réflexion en vue d’apporter des aménagements. Le SE-Unsa y sera présent pour défendre l’intérêt des élèves et des enseignants.

En savoir plus

La réalité d’exercice en ASH est multiple : chaque structure renvoie à un fonctionnement spécifique, à des conditions de travail particulières.

Pour couvrir l’ensemble du champ d’intervention des PLP en ASH, le SE-Unsa a demandé à plusieurs collègues de témoigner de leur expérience et de leur métier au quotidien.

 

Retrouvez ce blog métier les premières contributions de :

  • Géraldine, PLP arts appliqués en Érea, dans l’académie de Nantes
  • Alain, PLP Génie thermique en Segpa dans l’académie de Bordeaux (prochainement)
  • Audrey, PLP services et commercialisation en Segpa, dans l’académie de Rouen

Et vous ?

Quel est votre ressenti ? Quels obstacles rencontrez-vous ? Quels chantiers vous paraissent prioritaires à traiter ?

Les commentaires vous sont ouverts…