D’assistante en Angleterre… à prof d’anglais !

Avant de réussir le CAPES d’anglais, Morgane a vécu l’expérience enrichissante d’assistante de langue en Angleterre. Une aventure qui l’a marqué humainement mais qui a contribué à la confirmation de son projet professionnel de devenir enseignante…

Peux-tu nous préciser le contexte dans lequel s’est déroulé ton expérience d’assistante ?

J’ai été engagée par l’école de Woldingham, une école pour jeunes filles de 11 à 18 ans, située à 30 minutes en train de Londres. Nous étions deux assistantes de français, deux assistantes d’espagnol et une assistante d’allemand. Nous étions logées et nourries à l’école et nous recevions de « l’argent de poche » chaque semaine pour nos dépenses extérieures. Nous partagions toutes le même appartement. Ce fut ma première expérience en colocation ainsi que ma toute première expérience de « professeur » une année durant.

Mon travail se déclinait en deux tâches : je devais effectuer 15h au département de français et 15h à l’internat auquel j’avais été affectée. En effet, l’école accueillant de nombreuses élèves internationales, plusieurs zones d’internat étaient dispersées au sein du complexe. L’école était située en pleine campagne et la ville la plus proche, Woldingham, était à 15-20 minutes à pied, temps que l’on mettait également pour rejoindre la gare afin de se rendre à Londres. L’école comportait de nombreux bâtiments ainsi qu’un très grand terrain de sport.

Comment était organisé concrètement le service pédagogique de 15h par semaine ?

Les 15h de présence au département de français étaient elles-mêmes divisées entre les heures de bureau et les heures de conversation avec les élèves.

Lors des heures de bureau, nous créions par exemple des PowerPoint à la demande des professeurs, ce qui m’a permis de mettre en pratique mes cours de C2i2e et de me perfectionner. Nous devions également faire des photocopies et aider à la préparation d’événements culturels, comme la journée portes ouvertes, etc.

Les heures restantes étaient consacrées aux cours de « conversation » avec des élèves de la 3ème à la terminale, à raison d’une demi-heure par semaine pour chaque groupe de 3ème et 2nde et de 40 à 50 minutes pour les groupes de 1ère et de Terminale. Parfois, les professeurs nous demandaient de travailler un point de grammaire précis ou nous pouvions également répondre à des demandes venant des élèves elles-mêmes. Mais aussi parfois, nous pouvions travailler sur nos propres documents, tant que la thématique était respectée bien sûr. Ma relation avec les élèves était différente de celle qu’elles entretenaient avec un professeur. Nous étions là pour leur permettre de discuter avec une personne native car en classe, il est parfois dur de s’exprimer, si l’on est timide par exemple. En petit groupe, voire individuellement parfois, avec une personne native et jeune, les élèves étaient motivées, intéressées et très curieuses. Ces moments étaient privilégiés et j’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec ces jeunes filles car c’est exactement le mot qui convient. Il n’y avait pas de relation élève-professeur mais un vrai échange de culture, de traditions, d’avis et d’opinions.

Tu évoquais tout à l’heure une mission éducative, complémentaire à la mission pédagogique ? Qu’entends-tu par là et qu’est que cela t’a apporté ?

Le restant des heures stipulées dans le contrat était dédié à l’internat. J’ai été affectée à l’internat des 3èmes. Je travaillais 2 soirs par semaine et un week-end sur 2, du vendredi soir au dimanche soir. Les soirs, je surveillais l’étude et ensuite, je faisais des rondes dans les couloirs ou effectuais différentes « missions » pour mes supérieures. Les week-ends, je participais parfois à une sortie car, tous les samedis, étaient organisées des sorties shopping ou cinéma ou des visites. Mais la plupart du temps, je restais deux heures le samedi après-midi dans le bureau pour répondre aux demandes des jeunes filles si elles avaient besoin de quoi que ce soit et je faisais la permanence au gymnase le dimanche après-midi.

La relation avec les élèves était également totalement différente dans ce cadre, elles se confiaient et parlaient de leur vie, de leurs aspirations, de leurs passions et de leurs craintes. Certaines jeunes filles étaient mes élèves en cours de « conversation ». Mais à l’inverse des cours où nous ne parlions que français, à l’internat nous parlions anglais, et grâce à elles, j’ai gagné en confiance et en fluidité à l’oral. Partager un appartement avec 3 autres jeunes femmes qui ne parlaient pas français m’a également beaucoup aidé.

Durant ton séjour, as-tu confirmé ton intuition que la mission d’enseignante n’est pas uniquement tournée vers l’apprentissage de la langue mais aussi vers l’implication dans des projets ?

L’éducation anglaise est très portée sur l’artistique. J’ai ainsi eu l’opportunité de participer à la chorale de l’école mais une incompatibilité d’emploi du temps ne m’a pas autorisée à la saisir. En revanche, j’ai pu assister le professeur de théâtre, qui a monté avec les 1ères et les Terminales « Le songe d’une nuit d’été » au premier trimestre. Faire partie de ce projet et me voir accorder la confiance de ce professeur qui m’a complètement intégrée dans le projet m’a beaucoup touchée. Voir mon nom dans le programme lors de la représentation en tant qu’assistante du metteur en scène a été un moment très fort pour moi.

Avec l’autre assistante de français, qui est devenue une amie très rapidement, nous avons également chanté en duo « Je te donne » de Jean-Jacques Goldman lors de la « soirée internationale » organisée par une élève de terminale qui permettait aux personnes étrangères au Royaume-Uni de partager un peu de leur culture avec le reste de l’école.

Chaque semaine, chaque assistante avait droit à un jour complet et une soirée libres. J’ai décidé de me rendre à Londres et de prendre des cours du soir de théâtre lors de mon jour libre. De même, lors de mes week-ends libres, j’ai suivi des cours de comédie musicale. J’ai ainsi pu faire des rencontres et m’ouvrir à la vie citadine anglaise. Ces moments ont été uniques, ils m’ont permis de prendre davantage confiance en moi et de me faire un petit cercle d’amis, toujours là aujourd’hui.

Quelles perspectives après cette aventure ?

J’ai pris beaucoup de plaisir à vivre cette année à l’étranger et j’ai particulièrement apprécié les deux facettes de ce métier. Travailler au sein de cette école avec ces jeunes filles m’a conforté dans mon choix de carrière. Grâce à ce séjour, j’ai conforté ma pratique linguistique mais j’ai aussi développé de nouvelles compétences. Aujourd’hui, je me sens prête à exercer mon métier avec passion et dynamisme !

 

 

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