Le parcours de Lauryn, future PE

Durant vos « années collège », vous vous engagez dans la formation des JSP (jeunes sapeurs-pompiers volontaires). Comment est né ce projet pour vous ? En quoi consistait la formation suivie ? Quelles ont été les compétences développées pendant ces 2 années ?

Il n’y avait pas véritablement de projet. Il est apparu comme par magie. Je n’y avais jamais songé puisque je n’en avais jamais entendu parler. C’est lors d’une intervention de l’adjoint chef de centre, que je me suis engagée sans savoir réellement ce qui m’attendait. Mais lorsque la formation a débuté ce projet a pris plus de place que prévu puisque je me suis engagée dans le rang des sapeurs-pompiers volontaires. Pendant deux années vous apprenez les manœuvres incendies, les manœuvres spécifiques, le nom des véhicules, des tuyaux, de chaque grade. En d’autres termes tout ce qui fait référence au métier de pompier volontaire. À la fin de ces deux années, la formation est plus fine dans l’apprentissage puisque la clé est votre entrée dans une caserne. On vous apprend donc comment prendre en charge une victime, selon son état, les soins à lui administrer, quel type de matériel utiliser.
On vous forme pour venir en aide à des victimes, vous devez donc connaître le contenu théorique de A à Z. Vous ne pouvez pas avoir de doute. Lorsque vous arrivez sur l’intervention, on vous dirige, on vous donne des ordres, et vous devez les connaître par cœur. C’est en cela que cette formation m’a permis d’être rigoureuse. Il faut apprendre chaque geste, chaque parole, chaque commandement. J’ai su faire preuve d’intéressement et de rigueur pour être la meilleure possible lors de mes interventions.


Après le baccalauréat, vous vous lancez dans la préparation d’une licence STAPS. Qu’avez-vous envie de retenir de ce parcours universitaire ? Quelles sont les disciplines sportives qui ont votre préférence ? Pourquoi ?

Les premiers mots qui me viennent sont richesse et développement. La première année a été très difficile. Nous sommes en autonomie et la méthode d’apprentissage des cours est différente de celle du lycée. L’adaptation a été longue mais cela m’a permis de me rendre compte de quoi j’étais capable et que j’en étais capable. Ces trois années de licence m’ont permis de faire des rencontres avec des professeurs, m’ayant fait grandir et me découvrir.
L’apprentissage et la découverte de nouvelles disciplines a été un plaisir. Plus les années passaient, plus mon cursus me plaisait. La première année, c’est différent. C’est un tronc commun, nous apprenons des choses variées et non spécifiques. Malgré tout, les cours m’ont été très utiles et enrichissants. C’était un plaisir d’apprendre et d’aller en cours. L’année qui a suivi, l’envie a diminué. Le confinement est arrivé, la proximité sociale avec les professeurs n’existait plus et apprendre devenait très compliqué. J’ai eu des doutes, cela n’a pas été toujours agréable. Mais c’est en cette dernière année de licence que j’ai compris que ma voix était celle-là. Transmettre mon savoir à mes élèves.
Durant votre licence vous avez un sport prédominant : votre spécialité. Alors j’ai choisi la danse sans savoir ce qui m’attendrait. Et pour répondre à la question, c’est cette discipline qui m’a le plus plu. Dans un premier temps par le contenu théorique qu’elle m’a apportée mais aussi pour l’apprentissage personnel. La professeure qui dirigeait ce cours était particulièrement avenante avec ses élèves, à l’écoute, attentive. Elle installait avec vous une proximité et un lien qui séduit. C’est ce genre de professeure que j’essaye de devenir et j’essaie de mettre en place ces compétences lors de mes stages. On peut dire qu’en globalité les sports collectifs m’ont également beaucoup plus.
Alors que je me destine à être professeure des écoles, le travail en équipe est une des compétences que nous devons développer : mettre en place des stratégies, définir des pratiques en équipe ! L’esprit d’équipe est une des choses qui m’anime également dans la vie en générale.

Vous candidatez sur des postes d’assistant d’éducation et vous effectuez un premier remplacement dans un collège rural. Quelles missions vous ont été confiées ? Puis vous obtenez un autre contrat sur un poste à profil dans un collège urbain. Quelles sont vos attributions et vos motivations liées à cette nouvelle responsabilité ?

Alors que mon premier poste d’assistante d’éducation m’est offert, on m’a demandé de prendre les appels téléphoniques des parents, dresser la liste des absents et téléphoner aux parents si les absences ne sont pas justifiées, remplir les billets d’absences de retard. Durant cette période j’ai également fait la surveillance dans plusieurs lieux : à la cantine, en permanence et dans la cour lors des interclasses. Il n’y a pas que des tâches « administratives ». Lors des permanences il faut également aider les élèves qui en ont besoin, les écouter s’ils ont des soucis.
Dans le collège Albert Camus, mes missions sont différentes et plus adaptées à mon futur métier. Alors que le coronavirus fait augmenter le nombre d’absents, une de mes missions est de récupérer les différents cours de ces élèves. Mais pour moi celle se rapprochant davantage du professorat est le suivi de certains élèves. En d’autres termes, certains sont en décrochage, viennent très peu en cours ou rencontrent des difficultés, je reprends avec eux les différentes matières. On pourrait assimiler cela à du soutien ou des cours particuliers

Vous préparez actuellement le concours de professeur des écoles à l’Inspé. En quoi ce métier répond-il à vos attentes ? Les stages auxquels vous avez participé vous ont-ils conforté dans cette « vocation » ? De quelle façon ?

Alors que je doute de mon orientation professionnelle, cette dernière période de stage me rappelle pour quelles raisons je suis à l’Inspé : transmettre des connaissances, un savoir théorique mais également social et éducatif à mes élèves. Être enseignant n’est pas simplement synonyme de transmission de savoirs purement théoriques. Il est primordial de susciter un intérêt chez les élèves, de trouver ce qui les anime, ce qui leur donne du sens. Ce que je trouve important dans ma formation ne concerne pas seulement les disciplines et les programmes, mais également le lien, trouver une pédagogie qui corresponde aux besoins de élèves. Prendre en compte leurs différences. Nos stages nous permettent de prendre en charge plusieurs créneaux, « d’être sur le terrain » et de nous préparer au mieux pour notre futur métier. Lorsque vous vous tenez devant vos élèves, que votre leçon les intéresse, qu’ils participent vous êtes fière, et c’est cette sensation qui vous dit : « tu peux être fière de ton travail, c’est ta voie » !

Comment voyez-vous le stage rémunéré en tant que professeur des écoles en M2 et quels sont vos objectifs pour mener à bien en même temps la préparation du concours et la pratique pédagogique ?

Je le vois comme un défi. Cette dernière année de Master risque de présenter une charge de travail conséquente. La préparation au concours, le stage lui-même, l’obtention du M2 et la validation du mémoire sont des éléments faisant partie de la liste à entériner l’année prochaine. Néanmoins, ce stage me sera bénéfique notamment dans la préparation du concours. J’y vois ici une opportunité de mettre en place des séances, de tester différents types de pédagogies, de préparer personnellement mes séances. Avec ce stage, j’aurai un avant-goût de mon futur métier, je saurai à quoi m’attendre. Ce sera pour moi l’occasion de m’exercer, commettre des erreurs dans la construction de mes séances, de me perfectionner afin d’avoir de solides bases pour ma première année de titulaire. Grâce à ce stage, je pourrai développer de nombreuses compétences pédagogiques, didactiques et théoriques. La charge de travail qui m’attendant l’année prochaine est importante, cependant je vais transformer l’aspect « travail » du stage pour en faire une richesse. Je dois allier le stage et la préparation au concours pour en faire une force, un pilier sur lequel m’appuyer afin d’en faire quelque chose de bénéfique. En somme, ce stage sera pour moi l’occasion de me préparer au concours en consolidant me savoirs théoriques mais également didactiques avec les différentes séances que je mettrai en place. Il sera profitable pour les épreuves orales orientées sur la didactique et la construction d’une séance pédagogique.

Lauryn Mayeur, AED dans un collège du Doubs et préparationnaire du CRPE

Olivier, prof doc dans un établissement français à l’étranger, témoigne…

Olivier, de l’académie de Nantes, a été affecté au sein de l’Agence des Etablissements Francais à l’Etranger (AEFE), pendant 2 ans, au lycée français de Marrakech, au Maroc. Il nous raconte son expérience, et fait le point sur les conditions de travail, d’exercice et sur ce qu’il retient de cette expérience de prof-doc à l’étranger.

Peux-tu me dire à quoi ressemblait ton CDI à Marrakech ?

L’établissement se situait dans le centre-ville de Marrakech, dans le quartier du Gueliz. Ancienne caserne militaire dans les années 50, Le CDI était un bâtiment à part en plein milieu du lycée. Quand je suis arrivé en 2017, le CDI sortait de 2 mois de travaux (clim, isolation, peinture, etc…), j’ai donc pu l’investir totalement et m’impliquer dans les choix de couleurs et de réaménagement. C’était donc un très bel endroit, très clair, très spacieux avec une superbe signalétique. On m’a laissé une grande liberté et j’ai eu un beau budget pour décorer le lieu. Et enfin grand privilège, nous étions à Marrakech avec des températures douces 10 mois de l’année, on a donc pu créer, en plus du coin lecture du CDI, un jardin de lecture avec des chaises longues et des tables de travail qu’on a fait faire par des artisans marocains avec de chouettes carreaux de ciment. Ce jardin a d’ailleurs été agrandi depuis mon départ, grâce à la documentaliste qui m’a succédé qui a monté un projet avec des élèves de seconde et qui a fait appel à une paysagiste locale. Bref un lieu magnifique qui me manque beaucoup aujourd’hui.

Est-ce difficile d’obtenir un poste prof doc à l’étranger ?

J’avais des rapports d’inspection plutôt positifs, je pense que ça aide. Outre la constitution du dossier que j’ai trouvée complexe, ça a été assez facile pour moi puisque j’ai eu des nouvelles du SCAC (Service de coopération et d’action culturelle), à qui j’avais envoyé mon dossier, rapidement, et obtenu le poste trois mois après avoir fait ma demande. Le SCAC de Rabat est très réactif et très présent au moment du recrutement, par mail : on t’informe que ton dossier est bien arrivé, que tout est complet, on répond à tes questions quand tu as besoin de connaître le protocole de recrutement…bref je me suis senti épaulé. Le proviseur du lycée n’a pris contact avec moi qu’une fois que mon dossier de demande de détachement et de mise en disponibilité avait été validé.

En quoi l’exercice du métier prof doc était différent à l’étranger?

Le métier reste le même, la reconnaissance est peut être plus grande à l’étranger (élèves et hiérarchie) et on a une plus grande marge d’action avec des budgets de fonctionnement plus importants. C’est surtout une question de personne : j’ai eu affaire à une équipe de direction qui te fait confiance, qui vient te voir quotidiennement pour prendre des nouvelles, qui t’implique dans la vie de l’établissement, un adjoint qui te dit merci et bravo pour ton travail, c’est rare en France !

Ton meilleur et ton pire souvenir de l’expérience prof doc à l’étranger ?

Mon meilleur souvenir : Les élèves du lycée français sont pour la grande majorité d’entre eux extrêmement travailleurs, volontaires et brillants. Les élèves peuvent parfois applaudir à la fin d’une séance et vous dire merci, j’avoue que ça ne m’est jamais arrivé en France.

Pire souvenir : Quand la Wilaya (équivalent de la préfecture) qui fournissait les cartes de résidents m’a demandé un certificat de vie. Être devant l’agent en chair et en os n’était pas suffisant, il leur fallait un papier qui prouvait que j’étais bien vivant. Ça m’a fait rire !

Les mille et une initiatives d’un collègue prof doc de Boulogne-Sur-Mer

David Guigui est professeur documentaliste au Lycée Auguste Mariette, un lycée général et technique de centre ville à Boulogne sur Mer, de taille importante puisqu’il accueille presque 1796 élèves et étudiants, pour 178 agents, avec des CPGE, des BTS et un GRETA. Le CDI, avec 2 collègues, peut accueillir 80 élèves en libre accès (rez-de-chaussée), et 60 élèves (4 salles en mezzanine), pour une amplitude d’ouverture de 48h du lundi au samedi. La construction du CDI s’est terminée il y a 3 ans, c’est un des éléments importants du dernier gros chantier de rénovation du lycée.

Vous mettez en place des ateliers dans le CDI, peux-tu expliquer comment ils fonctionnent ?

L’idée de ces « ateliers » vient du concept des bibliothèques 2.0, issu lui-même de la mutation du web 1.0 (l’usager collecte et échange des informations) en web 2.0 collaboratif et participatif (l’usager sélectionne, produit et diffuse des contenus). En effet, les bibliothèques « propriétaires de l’information » se sont d’abord transformées en bibliothèques « d’usage de l’information », puis en bibliothèques « d’usage de services de l’information », puis en bibliothèques « d’usage collaboratif et participatif de l’information ».

Historiquement, la culture et les savoirs étaient la propriété patrimoniale exclusive des bibliothèques, puis sont devenus accessibles aux universitaires, puis au grand public sous contrôle des bibliothécaires, et enfin l’apparition du service public a permis l’accès libre à l’usager. Aujourd’hui, et notamment avec internet, il a la possibilité de devenir prescripteur, producteur et diffuseur avec son niveau d’expertise dans ses champs de compétences. Wikipedia, vaste projet d’encyclopédie collaborative, en est l’exemple le plus connu. Sur ce modèle de partage transversal de l’information, nous avons souhaité créer au CDI des moments conviviaux d’apprentissage, d’enseignement et de partage ouverts à toute personne de l’établissement souhaitant partager ses connaissances.

Est-ce que ce sont les élèves et collègues qui se proposent ou est-ce vous qui repérez des intervenants potentiels ?

Les 2 sont possibles, l’idéal pour nous étant une initiative personnelle ou collective. Lors d’événements institutionnels comme la semaine de la presse, des mathématiques, du développement durable, etc. nous lançons un appel d’offre à l’ensemble de la communauté via l’ENT, en sollicitant en priorité les personnes que nous savons compétentes dans le domaine.

Quand c’est un collègue qui présente quelque chose, comment est-ce perçu par les élèves ?

C’est lorsque le sujet abordé déborde des disciplines scolaires ou les décloisonne que l’on observe un rapprochement dans la relation entre l’adulte et l’adolescent. L’élève réduit souvent l’adulte à sa seule activité professionnelle au sein de l’établissement, ouvert à rien d’autre que ce pour quoi il est rémunéré (l’enseignant, l’agent de service, de restauration, l’administratif…). Inversement, l’adolescent n’est souvent perçu qu’à travers son profil d’élève dans l’établissement qu’il fréquente… Les compétences, les goûts, les savoirs-faire, les connaissances, la culture, la curiosité permettent de révéler une part inconnue de chacun, créant des affinités et du lien avec les autres.

Est-ce qu’il y a un programme à l’année, ou par période, un rythme régulier ?

Nous balisons dans l’agenda du CDI tous les événements locaux, académiques, nationaux et internationaux :

  • journée internationale des droits des femmes, de l’homme, de l’enfant, du handicap, contre l’homophobie, etc.
  • les semaines thématiques (mathématiques, presse, développement durable, goût, langues…)
  • Puis nous ajoutons d’autres dates en fonction de l’actualité, ou des initiatives personnelles ou collectives.

Comment est organisée la participation à une séance ?

La participation est la variable la plus délicate à évaluer dans les projets, surtout dans notre lycée où les élèves ont des semaines très chargées. La meilleure configuration est de fonctionner avec des personnes volontaires sur leurs temps libres, plutôt que de l’imposer à un groupe classe sur le temps de travail. Nous essayons toujours d’anticiper la participation en prévoyant une communication suffisamment en amont pour permettre l’inscription libre des volontaires ou pour inviter un public ciblé, et puis on peut toujours compter sur la participation spontanée du public de passage au CDI. De notre point de vue, la qualité l’emporte toujours sur la quantité, et si les 2 sont satisfaites, c’est un succès !!! La pause méridienne, avant 9h et après 16h sont les moments où le CDI est le plus fréquenté (comme dans beaucoup d’établissements).

Peux-tu donner des exemples de sujets qui ont beaucoup plu ?

Un « Club Manga » : 3 fois 1 heure par semaine au CDI à la pause méridienne, à l’initiative de 2 élèves de TL et TS (de 10 à 15 élèves).

Un « Atelier LSF » (Langue des Signes Françaises) : 1h par semaine au CDI à la pause méridienne, à l’initiative de 2 élèves de seconde et première (5 à 10 élèves + 2 enseignants)

Une « Japan Week » : à mon initiative, mais organisée en grande partie par le club manga, 1 semaine d’événements autour de la culture japonaise avant les vacances de Noël (ateliers d’origami, de furoshiki, de tawashi, d’amigurumi, de langue japonaise, de haïkus et une cérémonie du thé. Une dégustation de pâtisseries japonaises, un ciné-dégustation sur les dorayakis et un cours de dessin avec une mangaka ou encore une bourse aux mangas…). Ce fut un gros succès au CDI avec une belle participation de TOUTE la communauté du lycée, les élèves et le personnel, y compris la direction.

« L’instant culture » : 2 heures par mois à la pause méridienne à l’initiative de l’équipe des rédacteurs du journal du lycée, un rendez-vous au CDI pour parler de littérature, de cinéma, de théâtre… sur un thème ou une actualité (de 10 à 20 élèves et des enseignants)

Ateliers « Zéro déchet » : plusieurs demi-journées dans l’année sur la sensibilisation et les expériences pratiques quotidiennes visant à réduire la quantité de déchets, à notre initiative, avec la participation de l’association « Zero Waste Boulogne » (très bonne participation des élèves et du personnel du lycée)

Cours et compétions de Rubik’s Cube : plusieurs heures dans l’année, à l’initiative de 2 élèves de première et terminale S (10 à 15 élèves et 2-3 adultes)

Cours et compétition d’échecs avec ciné-débat sur le film « Le prodige » : 1 après-midi en mars, à l’initiative d’1 élève de BTS, avec la participation de bénévoles du club d’échecs de Boulogne (participation d’élèves et enseignants)

« Découverte de l’impression 3D » : 1 demi journée, à notre initiative, avec la participation du CRIAC qui ont amené les imprimantes, les ordinateurs et logiciels (8 classes sont venues observer une classe en train de concevoir et réaliser). Gros succès !

Présentation de l’engagement solidaire avec des témoignages d’expérience : 4 demi-journées, à notre initiative, avec la participation de France Bénévolat (10 classes environ).

Est-ce que vous avez des demandes sur des thèmes précis ?

Oui, les plus fréquentes sont le cinéma, la littérature, la BD et les mangas, les jeux vidéo, la programmation et l’informatique, la photo et la vidéo, les arts créatifs, la cuisine et la gastronomie, le bricolage, les jeux de société, l’écologie et le développement durable.

Est-ce que vous avez remarqué une incidence sur la fréquentation, ou l’image du CDI ?

La fréquentation est devenue plus variée, avec une augmentation significative de celle des « scientifiques » (élèves et enseignants) et du personnel non-enseignant. La dynamique événementielle du lieu évite son utilisation réduite à celle d’une salle de travail pour y faire ses devoirs. Ces événements permettent d’actualiser le fonds documentaire et de le mettre en valeur. Ce sont également des occasions de renforcer la position centrale du CDI dans l’établissement, de démontrer son ouverture culturelle et pluridisciplinaire (en particulier avec les sciences dures !)

Comment concevez-vous la place du professeur documentaliste dans ce dispositif ?

Au même titre que le CDI, notre rôle ne se cantonne pas à veiller au silence et enregistrer les prêts, cela nous permet d’assurer pleinement notre rôle de médiateur culturel et pédagogique entre les différents protagonistes de ces événements.

Quels sont les autres projets que vous aimeriez développer ?

Développer plus de DIY (Do It Yourself) autour du développement durable (produits ménagers, cosmétiques…), arriver à créer des événements périodiques du genre « repair café », des ateliers scientifiques de vulgarisation pour montrer ce que l’on fait dans les labos, des ateliers de sensibilisation et de découverte sur les personnes en situation de handicap, sous la forme de jeu de rôle pour se mettre à la place de…

Qu’aimerais-tu ajouter ?

Il faut être vigilant à ce que les sujets et les thèmes abordés puissent décloisonner les connaissances des disciplines tout en y faisant sens, et ne pas les présenter comme un obstacle à surmonter. L’idée est de pouvoir toucher le plus vaste public. le côté pratique doit vraiment l’emporter sur la théorie.

Ça y est, le CDI ressemble à celui dont je rêvais !

Professeur documentaliste au Collège Leconte de Lisle de Saint Louis, à la Réunion, Catherine Jogama s’est réjouie « Au bout de 8 ans, ça y est, le CDI ressemble à celui dont je rêvais ! »

Quels espaces pour quelles activités ?

« L’établissement, classé REP, accueille 850 élèves. Je souhaitais faire évoluer les espaces du CDI pour améliorer sa fréquentation : les élèves n’avaient pas conscience de la multitude d’activités possibles dans ce lieu : il n’est pas fait que pour lire !

Je me suis donc adapté aux besoins et envies de mes élèves pour faire évoluer l’existant, un grand espace divisé en deux salles. Aujourd’hui la première salle comporte de multiples « coins » appropriés à différentes activités : un espace informatique, un espace galerie d’art, un espace jeux de société, un espace de travail sur tables, et même une étagère dédiée au coloriage ! Chaque coin est matérialisé par un mobilier spécifique et une signalétique appropriée. Enfin la deuxième salle, séparée de la première par une cloison en partie vitrée, est une grande salle de lecture où se trouvent deux banquettes en bois pour s’asseoir de manière plus confortable – avant elles étaient ornées de coussins mais ils se sont vite salis. Ils ont tenus moins de 3 ans. Les tissus sont à déconseiller ! »

Quel est l’avantage de disposer de différents « coins » au sein d’un même lieu ?

Les élèves repèrent désormais très bien les activités qui sont possibles au CDI, et les espaces appropriés à telle ou telle activité. Les espaces sont identifiés au premier coup d’œil.

Un regret ?

Malheureusement quand je suis seule (ndlr sans assistante d’éducation), la salle de lecture, pourtant bien insonorisée, n’est pas accessible pour les élèves, pour des raisons de sécurité.

Votre dernière acquisition ?

Le budget d’équipement de l’établissement : chaque année de nouveaux investissements ont été réalisés à l’intérieur du CDI, à partir de devis effectués par le professeur documentaliste. Le dernier achat en date, des îlots « informatiques » pour proposer 12 postes aux élèves, en partie financés par le Conseil Général. 5 tablettes fonctionnent avec une borne WIFI, grâce à un projet « tablettes » au sein de l’établissement !

CPE… en passant par A jusqu’à Z

« CPE… ça consiste en quoi au juste ?»

Quinze ans de métier et toujours cette difficulté à expliquer mon travail aussi bien à d’autres professionnels, à des amis, à la famille, à mes enfants. Et la réponse est constamment horriblement réductrice.
Alors par quoi je commence ? J’ai combien de temps ? On va au plus rapide et au plus compréhensible par tous : les absences, les punitions, les permanences, les surveillants, mais du coup je ne parle pas des projets, de la course contre le temps et du coup j,ai cette frustration constante de ne pas avoir su parler de moi, de ce qui fait mon quotidien, donc le sentiment d’avoir complètement raté un oral.
En même temps, la question est presque un sujet de philosophie, non ?

« Qu’est-ce-qu’« Être CPE » ?

Et comme si le sujet n’était pas assez flou, le CPE est associé à un autre concept tout aussi flou « la vie scolaire ». Mais au moins il y a le mot « vie » et là j’ai un début de réponse à mon sujet de philosophie : le CPE est la personne qui s’occupe de tout ce qui touche à la vie des élèves dans l’établissement. C’est joliment dit mais je ne suis pas sûre d’expliciter mon quotidien.

Je vais essayer avec le sigle. On pourrait croire qu’il n’y a pas de quoi philosopher et pourtant : les universitaires et chercheurs voient (naturellement ?) dans le P de CPE de la… pédagogie​. Dans un article du Centre Alain Savary de septembre 2017 on lit qu’une « conseillère pédagogique d’éducation (CPE) » est membre d’une équipe en projet.

Je choisis la facilité et je vais vers le consensus : CPE = Conseiller Principal d’Education.

Oui mais en quoi ce sigle reflète-t-il mon activité, mes activités au quotidien ? Ma principale activité n’est pas de conseiller et du coup cela me gêne parce que j’ai le sentiment d’usurper une identité qui n’est pas la mienne. Et puis, si on confronte le prescrit au réel, il apparaît que :

  1.  Pour être… un conseiller, il faut être… consulté. Or, dans bien des situations (sanctions posées…) le CPE ne l’est pas pour différentes raisons (temps, organisation…).
  2. Pour être… force de propositions, il faut être reconnue dans sa professionnalité. Cela suppose en amont que l’expertise du CPE soit admise : si on se sait écouté, on est plus enclin à proposer ses idées (avec bien sûr l’assurance de ne pas en être dépossédé).

Par ailleurs, le principal conseiller du chef d’établissement varie en fonction de la problématique d’un élève : s’il est question d’une pathologie, le principal conseiller devient l’infirmier ; s’il est question de précarité, le principal conseiller devient l’assistant social. Et ce n’est pas que du médical ou du social c’est aussi de l’éducatif.

CPE : Le sigle serait donc trompeur ?

Ah les élèves ont finalement raison, il y a toujours des pièges dans un sujet de philo !

Mais j’ai été prévenue : c’est à moi qu’il revient de construire mon identité de CPE.

Donc, pour ma rédaction, inutile de rechercher sur internet les missions du CPE. Je construis moi-même : pas uniquement avec trois lettres : le C le P et le E.

Je vais prendre les vingt-six lettres de l’alphabet et je rends ma copie :

La/le CPE est ce Professionnel qui se veut au Quotidien Bienveillant avec les Elèves et leurs Familles. Soucieux de l’Inclusion de Tous, il veille Habilement au bien-être de chacun afin qu’aucun.e de ces futur·e·s Grand·e·s Citoyen·nes- (Y compris ces Wistitis qui s’amusent à faire les Zigotos) –Jamais ne Décroche des Apprentissages et que tous et toutes Réussissent. Ultra Vigilant, il tire le Klaxon dès que Nécessaire. En tout cas, c’est certain, ce n’est pas une Madame Ou un Monsieur X !

Et malgré tout l’alphabet, j’imagine ce que serait l’appréciation sur ma copie :
« Vous n’avez traité qu’une TOUTE PETITE partie du sujet ! »

Hanène Stambouli, C.P.E de l’académie de Créteil

Professeur de philosophie en classe préparatoire réservée aux bacheliers techno, Pierre témoigne…

Dans le système scolaire français les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) occupent une place particulière. Pour le SE-Unsa, elles ne sont pas sans défaut puisqu’elles participent de fait à une certaine reproduction sociale des élites. Le SE-Unsa souhaite que le rapprochement entre CPGE et université se poursuive dans le respect du statut des divers personnels (enseignants de CPGE, enseignants-chercheurs, agrégés et certifiés dans les universités) avec comme objectif à terme l’unification de l’enseignement supérieur. Dans le monde des CPGE, existent depuis quelques années des classes prépa réservées aux élèves issus des voies technologique ou professionnelle. Ces structures contribuent indéniablement à la démocratisation de l’accès aux grandes écoles. C’est pourquoi, le SE-Unsa s’y intéresse et les défendra, tant que les choses resteront en l’état, par ailleurs.
Nous avons rencontré Pierre Carrique, professeur de Philosophie, dans une de ces classes.

Pierre, tu es enseignant en CPGE-ECT dans un lycée de l’agglomération rouennaise. Peux-tu nous rappeler ce qu’est une CPGE-ECT, à quels élèves ces classes s’adressent-elles ? Et quels concours préparent-ils ?

Une CPGE-ECT est une classe préparatoire réservée aux bacheliers des bacs technologiques des filières STMG. Elle prépare à tous les concours d’écoles de commerce et de management, comme les bacheliers ES le sont par les ECE et les S par les ECS. Elle s’adresse aux élèves désireux de poursuivre et d’approfondir leurs études pour en tirer professionnellement le meilleur parti possible.

Comment se passe la sélection à l’entrée dans ces classes ? Y a-t-il un fort taux de pression ?

La sélection se fait à partir du dossier scolaire du bachelier, de la teneur des appréciations de ses professeurs, de son niveau de résultats dans toutes les disciplines, dans lequel nous essayons de déceler le potentiel et l’endurance du candidat. Il faut éviter d’engager sur des voies impossibles à tenir des jeunes gens qui risquent de n’en rien tirer d’autre qu’une impression d’échec. À de rares exceptions près, nos étudiants achèvent leurs deux ans de préparation, nous parvenons à un recrutement unifié autour du projet d’études. Par ailleurs, il existe sur le territoire une quarantaine de ces classes, et si l’on ôte les candidatures illusoires (il y en a de plus en plus), j’ai l’impression qu’un bachelier STMG capable d’y réussir trouvera un lycée preneur.

La sociologie du recrutement est-elle semblable à une CPGE ordinaire (on sait, par exemple qu’en moyenne, 57 % des étudiants en CPGE-ECE ont des parents cadres sup.) ?

Ce chiffre ne me paraît pas celui d’une CPGE « ordinaire » ! Cette ECE-là est plutôt d’arrondissements aisés de la capitale ! Ce n’est assurément pas un tel pourcentage qui se retrouve dans l’ECE du lycée Flaubert, où j’ai enseigné dix ans. Quant à notre ECT, j’évalue à 70 % le taux d’enfants d’ouvriers, d’employés, de paysans, de fonctionnaires de catégorie D. Il y a nombre de familles dont nos étudiants sont historiquement les premiers bacheliers. Un autre indicateur, le nombre de boursiers, offre cette année l’un de ses plus hauts étiages en seconde année : 25 étudiants sur 39, et son plus bas en première année : 6 étudiants sur 31.

Y a-t-il des différences avec une CPGE ordinaire en ce qui concerne la pédagogie mise en œuvre ?

Elles tendent nettement à se réduire, au point que je ne vois plus guère ce que signifie « CPGE ordinaire ». J’enseigne simultanément dans une classe préparatoire littéraire, et les obstacles à l’expression syntaxiquement correcte et lexicalement précise des idées sont identiques, la déshérence des textes est la même, la pauvreté du vocabulaire aussi sensible ; et dans les deux cas, l’adoption de séquences langagières de substitution, largement « médiatiques », qui figent la réflexion au lieu de la stimuler, apparait comme la signature de l’attitude intellectuelle ! Il faut partout commencer par déconstruire les obstacles scolairement accumulés afin de les réveiller de la « relation molle » entretenue jusqu’ici par la plupart avec l’école.

Les élèves réussissent-ils à intégrer une école ? Dans quelle proportion ?

Chez nous, quasiment tous y parviennent. 96 % en 2011, 95 % en 2012, 100 % en 2013, 2014 et 2015 – et dans l’une des 30 meilleures écoles de France (sur les plus de 700 existantes…).

Témoignage de Laëtitia, assistante prévention sécurité dans un collège

Laëtitia Marteaux est APS (assistante prévention sécurité) dans un collège rural du 70, elle nous raconte en quoi consiste son travail.

Vous avez mis en place depuis 3 ans un atelier « respect de vie au collège ». Quels sont les points forts de ce club ? Quelles en sont les principales réalisations ?

L’atelier respect et vie au collège est un atelier qui a pour but d’améliorer la vie des élèves au collège en leur apprenant à adopter un comportement autonome et responsable.

Les principaux objectifs poursuivis sont :

  • Avoir confiance en soi ;
  • Exprimer et communiquer les émotions ressenties ;
  • Développer des compétences de communication verbale et oser prendre la parole ;
  • Se respecter et respecter les autres ;
  • Exercer son sens de la responsabilité.

Tout au long de l’année, nous avons abordé plusieurs thèmes : respect, civilités/incivilités, jeux dits « violents », harcèlement.

À la fin de chaque séquence, les élèves créaient des affiches de prévention, affichées ensuite dans le hall du bureau de vie scolaire.

Les points forts du club :

  • Meilleure confiance en eux des élèves ;
  • Atteinte des objectifs fixés par chacun ;
  • L’attention portée à cet atelier (même pour les plus perturbateurs) ;
  • La fierté qu’ils ont eu à concevoir leurs affiches.

Au cours de cet atelier, les élèves ont aussi créé des panneaux avec 10 règles d’or à respecter, distribuées à chaque professeur pour leur salle de classe mais aussi affichées en salle d’étude.

Dans un dernier temps, j’ai créé un jeu de l’oie sur la citoyenneté, ce qui a permis de diversifier l’activité tout en conservant les mêmes objectifs.

Vous prenez en charge individuellement les élèves qui sont l’objet d’une mesure d’exclusion-inclusion. Considérez-vous que cette démarche soit plus efficace qu’une exclusion temporaire effectuée au domicile de l’élève ? Pourquoi ?

Je pense en effet que la mesure d’exclusion-inclusion est une démarche plus efficace qu’une exclusion temporaire à domicile, qui est plus vue comme une journée de congé pour les élèves.

L’exclusion-inclusion est une sanction qui fait réfléchir les élèves car ils sont encadrés par un adulte toute la journée et travaillent sur l’erreur qu’ils ont commise. Parallèlement, cela me permet de travailler plus efficacement et de faire comprendre plus facilement aux élèves leurs torts afin de trouver avec eux une solution pour améliorer leur comportement. Au-delà de la punition, cette journée est surtout l’occasion de les écouter et dialoguer avec chacun d’eux.

Impliquée dans l’établissement, vous siégez dans plusieurs instances de concertation. Lesquelles ? Quel intérêt y voyez-vous ?

Je participe à la commission hygiène et sécurité en mettant à jour le PPMS (Plan Particulier de Mise en Sûreté) et le document unique du collège. La participation à ces réunions est en lien direct avec les études que je poursuis actuellement.

Je participe également aux commissions de suivi, ce qui est intéressant pour moi car je peux donner mon avis sur les élèves que je prends en charge et parfois apporter des informations utiles.

Je suis associé aux travaux du CESC (Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté) pour parler de mes projets avec des partenaires extérieurs (pompiers, associations etc.)

À plusieurs reprises, vous avez participé ou vous avez organisé des sorties à l’extérieur de l’établissement. Avez-vous perçu, dans ce contexte particulier, des évolutions positives dans le comportement des élèves ?

Participer à des sorties extérieures avec les élèves est très intéressant car nous nous retrouvons dans un autre contexte que l’établissement proprement dit. Cette démarche permet d’avoir un autre contact avec eux, et de renforcer le dialogue et la confiance. Ainsi nous avons un autre regard sur les élèves et réciproquement. Ces sorties ont toujours été positives pour moi car c’est à cette occasion que j’applique ce que je leur apprends sur le comportement responsable et autonome. Je leur explique qu’ils doivent se montrer exemplaires et me prouver qu’ils en sont capables, les élèves apprécient que je leur accorde ma confiance.

Vous avez lancé à la rentrée un nouveau projet en partenariat avec les sapeurs-pompiers. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avons décidé cette année de mettre en place un projet intitulé « les cadets de la république ».

L’intérêt principal est de faire connaître aux élèves les différentes formes d’engagement citoyen au sein de la sécurité civile et l’esprit d’entraide, de solidarité et de dévouement. Le principe est de donner envie aux élèves, l’envie et la motivation de s’investir et d’acquérir des compétences relatives à la sécurité civile à travers une formation. Cette formation sert à intégrer des valeurs citoyennes partagées par les sapeurs pompiers, notamment la tolérance, la loyauté, le vivre-ensemble, et le goût de l’effort.

Ce projet citoyen se présente pour l’élève volontaire comme une option et implique un engagement sur l’ensemble de l’année scolaire

Quelles répercussions concrètes les mesures gouvernementales annoncées à la rentrée ont-elles eu sur votre travail ?

Suite à la note de service interministériel, l’accès au collège est davantage contrôlé depuis cette rentrée. Des horaires d’ouverture de portail ont été mis en place afin de surveiller plus efficacement les entrées et sorties du collège. Cette mesure est essentielle mais demande du temps (en moyenne 10 min chaque heure) et entraîne une nouvelle organisation pour un personnel de vie scolaire en nombre limité.

Avec les nouvelles mesures d’urgence en cas d’attentat, j’ai contribué à l’organisation d’un exercice d’évacuation.

En conclusion, je dirais que mon activité professionnelle requiert une rigueur certaine, est parfois chronophage mais s’avère passionnant et utile à la communauté scolaire.

Laëtitia Marteaux

Dispositif pour élèves poly-exclus, Sofien CPE, témoigne

Depuis quand ce dispositif existe-t-il et quels ont été les motifs de sa création ?

Le dispositif d’accompagnement des élèves poly-exclus (initialement nommé dispositif double-exclus) a été créé à la rentrée 2014. Le constat durant l’année scolaire 2013/2014 du nombre élevé de multi exclusions sur le département de l’Isère a été à l’origine de la création de ce dispositif.

Quelles sont les principales modalités de fonctionnement du dispositif ?

Nous accueillons principalement des élèves soumis à l’obligation scolaire (une trentaine par an) qui ont fait l’objet d’au moins deux exclusions définitives d’un EPLE durant leur scolarité dans le 2nd degré. Il peut s’agir d’un élève en voie générale comme d’un élève bénéficiant d’une prise en charge adaptée (SEGPA*, ITEP*). Mon intervention repose sur des rencontres hebdomadaires avec les élèves, leurs familles, ou les membres de la communauté éducative. Elle se déroule en deux temps : une première phase vise à faciliter au maximum l’intégration de l’élève dans son établissement d’affectation, et une seconde a pour objectifs de donner (ou redonner) un sens à sa scolarité et d’éviter ainsi son décrochage. Les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs sont adaptés à chacun et définis avec son accord. Pour les élèves de 4ème ou 3ème, la construction du parcours d’orientation fait partie des priorités.

Quelles sont les compétences liées au métier de CPE qui vous sont utiles dans l’exercice de cette mission ?

La première compétence, la plus importante à mes yeux, est l’empathie qui me permet de créer un lien fort, une véritable relation de confiance entre l’élève, sa famille et l’école. Ensuite, au quotidien dans l’exercice de cette fonction, je suis amené à transférer des compétences organisationnelles, d’écoute, de médiation, de conduite d’entretiens, de communication et d’adaptation à un public hétérogène. La formation suivie en psychologie de l’adolescent est d’une aide précieuse dans la gestion de situations parfois très lourdes. De même , je me sens plus efficace lorsque je fais faire preuve de beaucoup de diplomatie auprès de certaines équipes d’établissement accueillant les élèves.

Quels sont les personnels de l’éducation nationale et les partenaires extérieurs avec lesquels vous travaillez le plus ?

Je suis en relation permanente avec les équipes des établissements scolaires (chef d’établissement, CPE, Enseignants, COP*, AS*…), le DAASEN* de l’Isère qui pilote activement le dispositif, les services de la DEL*, le service social de la DSDEN* et les dispositifs relais. En parallèle, en fonction des situations, je m’efforce de collaborer et de maintenir un partenariat avec les services de l’ASE*/CODASE*, l’UEAJ* (Unité Éducative d’Activité de Jour de la PJJ*) et bien évidemment les familles.

Quel bilan provisoire faites-vous de ce dispositif ? Voyez-vous des points d’amélioration qui permettraient de faire avancer les choses ?

Après ces deux années de fonctionnement, le dispositif aura permis à plusieurs élèves de se réconcilier avec l’École. En construisant un parcours d’orientation choisi, ils se sont fixés des objectifs simples à atteindre. Bien sûr, il n’y a pas 100% de réussite chaque année car certaines situations d’élèves nous échappent. Toutefois, globalement et rétrospectivement, je m’aperçois que le regard sur l’exclusion commence à évoluer petit à petit. S’agissant d’un dispositif créé à titre expérimental sur le département de l’Isère, il me semble important et légitime qu’il puisse être un jour pérennisé localement puis généralisé aux autres académies.

À titre personnel, diriez-vous que cette mission vous conforte dans votre projet de devenir CPE ? Quels sont vos souhaits, vos aspirations ?

CPE contractuel depuis maintenant 6 ans, cette mission significative a réellement conforté mon envie d’exercer le métier de CPE grâce aux responsabilités assumées et aux différentes compétences nouvellement acquises et approfondies. J’espère avoir la possibilité en 2017 de passer le cap de l’admission au concours de CPE et ainsi me sentir « légitime » dans l’exercice d’un métier qui me passionne.

Sofien Rahmani

*Glossaire :
SEGPA (Section d’Enseignement Générale et Professionnelle Adaptée)
ITEP (Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique)
DAASEN (Directeur Académique Adjoint des Services de l’Éducation Nationale)
COP (Conseiller d’Orientation Psychologue)
AS (Assistante Sociale)
DEL (Division des Élèves)
DSDEN (Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale)
ASE (Aide Sociale à l’Enfance)
CODASE (Comité Dauphinois d’Action Socio-Éducative)
UEAJ (Unité Éducative d’Activités de Jour)
PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse)

 

 

Jean-Pierre, CPE, témoigne de la mise en place du parcours citoyen dans son collège

1) Pourriez-vous présenter les principaux enjeux du Parcours Citoyen et décrire comment le projet est né dans votre collège ?

Les enjeux du parcours citoyen sont multiples. L’objectif dominant est de faire connaitre aux élèves les valeurs de la république. Mais à mon sens c’est aussi les amener à exercer une citoyenneté participative. Le parcours citoyen est au cœur du domaine 3 du socle commun de connaissances, de compétences et de cultures dénommé : la formation de la personne et du citoyen.
C’est une réflexion collégiale des différentes équipes de l’établissement pour rendre plus lisible les nombreuses actions qui étaient menées au sein du collège. Cela s’est finalisé par la réalisation d’un livret de 6 pages qui recense mensuellement les actions qui vont se dérouler. Chaque mois possède une thématique propre. Par exemple pour mars, c’est le mois de l’information et de la prévention (semaine de la presse, théâtre forum sur le harcèlement, la violence, les addictions…).

2) Quelle est la place du CPE dans ce dispositif et quels sont ses partenaires privilégiés ?

Le CPE est présent tout au long du déroulement du parcours citoyen avec des moments forts dans l’année (octobre mois de la démocratie, juin mois du vivre ensemble) et des actions où il se positionne plutôt dans l’élaboration en amont. De nombreuses actions sont déroulent en classe avec les enseignants et des partenaires extérieurs (associations, artistes, écoles primaires du secteur, autres services de l’état). De ce fait cela recoupe notre mission de mise en œuvre de la politique éducative de l’établissement.

3) En quoi la mise en place du conseil de vie collégienne est-elle un atout supplémentaire dans la formation des délégués-élèves ?

Le CVC est une instance toute nouvelle au collège Les Villanelles, il fonctionne depuis janvier, il est composé du chef d’établissement, du CPE, d’adultes volontaires du collège, des délégués élèves et du conseiller départemental junior et son suppléant. C’est avant tout un lieu d’échanges et de travail, où les élèves peuvent proposer des améliorations à apporter à leur quotidien. Cette instance est consultative pour impliquer les élèves et privilégier des actions concrètes. Il s’agit aussi d’un lieu d’apprentissage de la démocratie puisque les élèves réunis en 4 commissions, sont confrontés à la réalité du fonctionnement du collège. Il y a été décidé de mener une action éco-solidaire avec une ONG de collecte des piles et batteries usagées pendant un trimestre.

4) Trouves-tu que la démarche du Parcours Citoyen a un impact positif sur les relations entre les élèves et les personnels de l’établissement ?

Le parcours citoyen est distribué aux élèves et affiché en vie scolaire, il est donc connu. C’est à mon sens aussi un outil de communication de ce qui se fait au collège. Il permet de repérer et connaitre facilement les temps forts de la vie de l’établissement. Son rôle aussi est d’être évolutif, c’est un parcours ; il ne doit pas être figé. Par exemple, l’action éco-solidaire décidée et menée par le CVC s’y rajoute et vient l’enrichir. Le collège Les Villanelles est inscrit dans l’expérimentation d’une démarche de soutien au comportement positif (expérimentation menée à Ottawa au Canada). La démarche du parcours citoyen vient s’inscrire dans la construction et la maintien d’un climat scolaire serein.

Jean-Pierre Vaillet