Le parcours de Mylène prof de lettres stagiaire

À l’issue de vos études secondaires, vous obtenez brillamment un baccalauréat littéraire. Quels souvenirs gardez-vous de vos enseignants de lycée ? Avez-vous en tête une pratique pédagogique qui vous a semblé particulièrement efficace ?

Étrangement les enseignants du lycée m’ont moins marquée que ceux du collège où j’ai eu un vrai déclic pour le français, le latin et le théâtre. Néanmoins, je me souviens particulièrement du professeur d’anglais qui avait très bien compris que sa matière n’était pas du tout ma préférée et qui a su être très à l’écoute de mes difficultés et de mon stress face à l’épreuve du baccalauréat. Le professeur de théâtre a aussi marqué mes années lycée. C’était un homme passionné grâce auquel j’ai pu me retrouver un jour, seule sur scène pour un monologue, devant des centaines de personnes que j’ai réussi à faire rire… Grâce à ces deux professeurs, j’ai gagné énormément de confiance en moi. Ce n’est pas tant une pédagogie qui m’a marqué mais la dimension humaine essentielle au métier de professeur selon moi.

Votre parcours se poursuit avec deux années en classe préparatoire. Quels sont, selon vous, les principaux bénéfices et écueils d’une formation intensive de ce type ?

Les deux années de classe préparatoire ont été intenses, il n’y a aucun doute là-dessus. Il faut être très rigoureux dans le travail et ne pas compter les heures de révision. Ce sont deux années où les études deviennent nécessairement notre priorité si on veut réussir un minimum. L’enseignement qu’on reçoit reste aussi très magistral et traditionnel, de ce fait la densité des cours s’en ressent et il est facile de décrocher. Cependant, si c’était à refaire je n’hésiterais pas ; j’ai eu un enseignement encore très général et approfondi deux ans après le baccalauréat et cela m’a apporté une certaine culture générale et une ouverture sur le monde. J’ai apprécié aussi l’encadrement à mon encontre rassurant et semblable à celui du lycée, étonnamment, même si c’est un rythme de travail intense, la transition entre les années lycée et le post bac devient plus douce. Et surtout, ce sont des méthodes de travail efficaces que j’ai acquises et que j’ai pu réinvestir pour le restant de mes études.

De retour en Faculté, vous découvrez l’expérience d’EAP (Emploi d’Avenir Professeur) dans le même collège que celui dans lequel vous aviez été élève auparavant. Diriez-vous que cette fonction vous a conforté dans votre projet de préparer le CAPES ? Pourquoi ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ce « retour aux sources » ?

L’expérience d’EAP a sans doute été une des plus belles de ma vie honnêtement. Même si j’ai toujours su que je travaillerais dans le milieu de l’éducation, cela a définitivement concrétisé mon parcours scolaire. J’ai clairement vu l’objectif de mes études et cette expérience m’a ainsi énormément motivée dans ma voie, en y donnant finalement un sens concret. Les professeurs du collège et surtout ceux qui m’ont donné le goût du français et du latin étant pour la plupart encore présents dans l’établissement, c’était un véritable plaisir voire une certaine fierté d’être passé de l’autre côté, du statut d’élève à professeur à côté d’enseignants que j’admirais. Cependant, revenir aux sources m’a demandé un effort de lucidité : je me trouvais dans un collège de campagne, avec une bonne réputation, prisé dans les mutations et en plus j’en connaissais particulièrement bien les lieux et le fonctionnement. Il fallait donc que je me rende à l’évidence que tous les établissements n’étaient pas aussi accueillants avec des classes systématiquement faciles à gérer.

Lauréate du CAPES, vous êtes nommée fonctionnaire-stagiaire dans un collège de Besançon. Comment vivez-vous cette année de formation ? à l’Espé ? au collège ?

Avoir le statut de fonctionnaire-stagiaire n’est pas chose évidente. On est tiraillé entre l’envie de s’investir pleinement dans ce métier qu’on a tant désiré, et ainsi mettre fin à notre frustration, et on apprécie quand même le rythme « plus facile » permis par l’alternance entre l’Espé et le collège. Plus l’année avance, plus je gagne en assurance dans mon métier et de ce fait, on se sent parfois infantilisé quand du jour au lendemain vous redevenez élève après avoir été professeur. Je craignais aussi de devoir justifier ma légitimité à enseigner dans le collège mais pas du tout : bien que j’ai deux classes dont une particulièrement difficile, les parentes d’élèves m’ont toujours soutenue et il en est de même pour les collègues et les membres de la direction. Finalement le plus difficile reste de s’imposer comme une figure d’autorité face à ses élèves.

Dans le cadre de la préparation de votre Master, vous avez choisi un sujet de mémoire sur le thème du personnage du loup en littérature. Pourquoi ce choix ? Quelles sont vos premières conclusions ?

En élaborant ce mémoire, je voulais savoir si ce personnage du loup, qui m’a tant marqué quand j’étais enfant, était autant présent dans l’esprit des gens que dans le mien. Et il s’avère que oui : c’est un animal et un personnage omniprésent dans notre culture et dont le symbolisme est très fort. Traditionnellement associé au mal, à la perversité, il est intéressant d’observer le revirement culturel qu’il connait aujourd’hui : le loup est de plus en plus ridiculisé, humanisé. Celui qu’on considérait depuis toujours comme l’adversaire de l’homme devient progressivement son ami. Enfin ce thème est d’autant plus intéressant qu’il imprègne notre littérature et s’intègre parfaitement dans les programmes scolaires par l’étude des fables, des contes …

Vous montrez de l’intérêt pour une langue ancienne comme le latin qui est une « composante » de votre CAPES. Comment motiver les élèves dans l’enseignement d’une discipline qui n’est pas vraiment « à la mode » ?

Malheureusement, le latin devient une denrée rare aujourd’hui dans les établissements scolaires, et pourtant, il est tellement intéressant étudié ! Les élèves ont besoin de concret et de donner sens à leur apprentissage et le latin participe à cela. Le français est une langue complexe mais l’étymologie éclaire le sens et l’orthographe des mots, donne des moyens mnémotechniques aux élèves pour faciliter leur apprentissage. Le latin est au carrefour de plusieurs langues (l’espagnol, l’italien et le français notamment), il est donc utile pour les élèves d’y être familiarisé pour établir des liens entre les différentes disciplines, y trouver une certaine logique et concrétiser leur apprentissage. Il faut aussi s’efforcer, je pense, d’actualiser la langue : les hommes latins évoquaient des sujets qui sont tout à fait d’actualité aujourd’hui comme la recherche de l’amour, la politique… Le latin est une langue morte mais il faut s’efforcer de la rendre vivante dans l’esprit des élèves pour qu’elle perdure.

Parmi vos projets personnels à moyens termes, il y a l’envie de voyager dans divers pays d’Europe. Lesquels ? Pourquoi ? Vous sentez-vous prête, par la suite, à organiser des voyages scolaires sur ces territoires ?

Depuis toujours, je suis fascinée par tout ce que notre planète a à nous offrir : des paysages variés, des cultures enrichissantes, des rencontres incroyables, une ouverture d’esprit évidente… Je pense que voyager est la meilleure chose à faire pour se remettre en question, en tant qu’individu, en tant que membre d’une société. On grandit grâce au contact avec les autres et j’aimerais en profiter le plus possible. Mon rêve le plus grand serait de faire le tour du monde et j’espère sincèrement que j’aurai l’occasion de le faire. Sachant que jusqu’ici, en raison de mes études prenantes et de mes petites économies, je n’ai pas fait énormément de voyages, je suis extrêmement reconnaissante vis-à-vis des professeurs qui m’ont permis de voyager par le biais de mes études. J’espère me sentir assez prête, dans quelques années, pour accompagner mes élèves en voyage et pour susciter chez eux cet amour de la découverte, de la rencontre avec l’inconnu. Pour l’instant l’aspect organisationnel et la responsabilité que cela engendre m’effraient encore, mais je commence à voyager à une plus petite échelle en emmenant mes élèves au cinéma. Le reste viendra avec le temps !

Mylène Loureiro
Professeur stagiaire certifiée
Académie de Besançon

Le parcours d’Émeline, stagiaire PLP

Après un Bac ES et des études universitaires en sciences humaines, vous faites le choix d’une année Erasmus en Finlande. Que retenez-vous de l’approche pédagogique dans le système éducatif finlandais ? Quels dispositifs porteurs vous semblent transférables en France ?

J’étais essentiellement à l’Université, mais j’ai pu avoir un aperçu de l’approche pédagogique dans le système éducatif finlandais et sans surprise elle est très différente de celle que nous connaissons en France. Je pense que ce que j’ai pu expérimenter à l’Université reflète assez bien le fonctionnement pédagogique en Finlande. Beaucoup de comportements que j’ai pu observer à l’Université semblaient intériorisés depuis longtemps.

Nous avions assez peu de cours magistraux, les finlandais ne sont pas dans une logique descendante des apprentissages, du prof vers les élèves/étudiants. Ce sont plutôt des apprentissages co-construits, chacun va à son rythme et est acteur de son propre apprentissage. L’école est là pour accompagner les élèves dans la prise de conscience de leur apprentissage. D’ailleurs, il n’y pas d’évaluation chiffrée dans école fondamentale (scolarité obligatoire de 7 à 16 ans). L’évaluation consiste en une appréciation sur l’acquisition des compétences et toujours dans une logique encourageante. Je me souviens que l’auto-évaluation était elle aussi très pratiquée dans un but réflexif sur les apprentissages en cours. En France, nous avons de plus en plus recours à l’auto-évaluation mais je pense que nous pourrions la rendre encore plus systématique à l’image de ce qui se pratique en Finlande. Il me semble que c’est un bon moyen de rendre les élèves acteurs de la construction et de l’évolution de leurs apprentissages. À mon sens cela permet aux élèves d’être plus conscients de leurs propres progrès.

À l’Université chaque étudiant s’inscrit à des modules en fonction de ses aspirations et envies. Par exemple, j’étais inscrite en géographie mais j’ai pu piocher des cours en économie, en sociologie ou en sciences politiques… Chacun construit progressivement ses savoirs et son parcours comme il le souhaite.

Les jeunes finlandais sont aussi, très tôt, amenés à coopérer de manière constructive et à travailler en groupe. Les classes sont généralement disposées en îlot.

Je me souviens aussi qu’en primaire et dans le secondaire, les cantines et les fournitures scolaires étaient gratuites afin d’offrir les mêmes chances de réussite à l’ensemble des enfants et de gommer les inégalités sociales.

Enfin l’anglais est introduit très tôt dans les enseignements, beaucoup de finlandais sont bilingues. Par exemple, à l’Université beaucoup de cours sont dispensés en anglais, mais ce n’est pas un frein pour les étudiants qui choisissent quand même ces enseignements.

À votre retour, vous vous engagez dans la préparation d’un Master de géographie avec une spécialité en développement et solidarité internationale. Pourquoi ce choix ? Sur quelle thématique portait votre mémoire et quels sont vos souvenirs de vos séjours en Afrique de l’ouest ?

J’ai décidé de m’orienter vers un Master professionnel de géographie du développement car je souhaitais devenir chargée de mission dans le domaine de la coopération et de la solidarité internationale. En seconde, après un voyage à Madagascar, j’avais déjà développé cet intérêt pour les questions de développement, cette idée était restée dans un coin de ma tête puis j’ai suivi mon cursus lycéen. C’est finalement lors de ma licence de géographie que cet intérêt s’est à nouveau manifesté. En Erasmus, j’ai suivi des cours de géographie du développement qui ont confortés mon choix. En entrant en Master à la Sorbonne, j’ai souhaité m’orienter vers les questions d’accès à l’éducation en milieu rural et plus spécifiquement en Afrique de l’Ouest.

Mon mémoire portait sur l’insertion socioprofessionnelle des jeunes burkinabés après des formations agricoles en milieu rural. Je menais cette étude d’évaluation pour les Maisons Familiales Rurales, dans ce cadre je suis restée 5 mois au Burkina Faso. Ces 5 mois ont été vraiment enrichissants.

Pendant un an, vous effectuez un service civique au sein du Cercoop. Que signifie ce sigle et quel est le principal objectif de ce dispositif ? Sur quels champs de responsabilité vous êtes-vous investie ?

Le Cercoop est un réseau régional multi-acteurs pour la coopération et la solidarité internationale en Bourgogne-Franche-Comté. L’objectif de cette structure est d’accompagner les actions de coopération et de solidarité internationale menées sur le territoire franc-comtois et à l’international et de favoriser les mutualisations entre les acteurs. Ma mission consistait à réaliser une cartographie et un état des lieux des projets de coopération franc-comtois (leurs domaines d’actions, les pays partenaires…). Mais j’ai aussi pu accompagner des porteurs de projet notamment dans le montage de projet à travers des formations.

Créatrice de lien social, vous décidez de lancer une association et vous vous impliquez dans plusieurs festivals. Et si vous nous en disiez davantage…

En effet, j’ai été engagée sur plusieurs projets associatifs, dans les domaines culturels et environnementaux. J’ai notamment monté une association de sensibilisation au gaspillage alimentaire par le biais de l’organisation de Disco Soupe. Ce sont des événements festifs de sensibilisation au gaspillage, nous collectons des fruits et légumes invendus auprès des supermarchés et producteurs puis nous les transformons en soupe, salade, jus avec le public qui épluche et découpe. Les participants changent de regard sur les produits qu’ils n’auraient peut-être pas consommés chez eux les considérant trop « moches, abimés »… J’ai aussi participé à l’organisation d’Alernatiba Besançon et à la mise en place d’un festival d’arts de rue, le Festival du Bitume et des Plumes. Il s’agit d’un festival gratuit avec des compagnies amateures ou professionnelles locales (cirque, théâtre, danse, clown, concert, expositions et ateliers…). Le but est aussi de faire découvrir la richesse du patrimoine urbain et historique de Besançon. Les spectacles ont lieu dans des cours intérieures et lieux insolites du quartier.

Vous exercez successivement les fonctions d’assistante pédagogique en éducation prioritaire puis d’assistante d’éducation en lycée professionnel. Quels sont les points communs et les différences entre ces 2 expériences ? Diriez-vous que ces missions ont eu un impact crucial dans votre décision de devenir enseignante ? Pourquoi ?

Le principal point commun entre ces deux expériences est probablement lié à la zone géographique dans laquelle se situaient ces deux établissements, à savoir un quartier de la banlieue de Besançon. Le public était donc sensiblement le même. J’ai d’ailleurs retrouvé les mêmes élèves. Mais globalement c’étaient des expériences assez différentes et néanmoins complémentaires qui m’ont permis de découvrir deux aspects de mon métier actuel. Au-delà des missions qui étaient différentes, c’est surtout la relation aux élèves qui étaient différentes car en tant qu’AP la posture est plus proche de celle de l’enseignant que de l’AED. J’ai d’abord été Assistante Pédagogique au collège Diderot. J’intervenais dans les classes en supplément et à la demande de certains professeurs (toutes disciplines confondues). J’avais aussi « la charge » d’une classe de 6e que je voyais en demi-groupe une fois par semaine (accompagnement dans leur nouveau rôle de collégiens, aide aux devoirs, mise à niveau dans certaines disciplines, aide à l’organisation…). Avec cette classe, j’intervenais aussi dans certaines matières en appui pédagogique aux professeurs (français et mathématiques). Enfin, je faisais de l’aide aux devoirs une fois par semaine, tous niveaux confondus. Ensuite, j’ai été Assistante d’Education à mi-temps au Lycée professionnel Tristan Bernard de Besançon. J’intervenais en journée et à l’internat, j’ai également été en charge de quelques heures dans le cadre du dispositif « devoirs faits » avec les 3e Prépa Pro. Je venais d’échouer au CAPES, je voulais tenter le CAPLP mais craignais un peu le public de LP or cette expérience a confirmé mon désir de passer le CAPLP lettres-histoire-géo. Alors oui, je peux dire que ces deux expériences ont eu impact crucial sur ma décision de devenir enseignante, elles ont d’ailleurs confirmé cette volonté de devenir.

PLP stagiaire en lettres-histoires, vous traitez de la transversalité disciplinaire dans votre mémoire et vous avez construit un projet de co-intervention avec un collègue. Quelle est la problématique de votre recherche ? En quoi l’approche interdisciplinaire vous semble t-elle répondre aux attentes des élèves ?

En effet, dans mon mémoire j’ai décidé de proposer et analyser une approche transdisciplinaire de l’Education au Développement Durable, en lycée professionnel et plus particulièrement avec une classe de seconde baccalauréat professionnel. La problématique de ma recherche est la suivante : quelle Education au Développement Durable en lycée professionnel à l’heure de l’évolution du concept de Développement Durable et de la réforme du lycée professionnel ?

Je pense que l’approche interdisciplinaire peut répondre aux attentes de nos élèves concernant plusieurs points. D’abord, les élèves ont souvent du mal à comprendre la finalité des différents enseignements qu’ils reçoivent et à faire du lien entre eux. C’est pourquoi, il me semble qu’une approche collective, transversale et décloisonnée de certaines questions permettra aux élèves de faire du lien entre les différentes disciplines et de donner du sens à leur parcours scolaire mais également à leur formation en tant que futurs citoyens. Il me semble nécessaire que les élèves parviennent à donner du sens à leurs apprentissages. Aussi il me semble que l’interdisciplinarité permet de mieux prendre en compte la diversité des élèves et ainsi proposer une pédagogie différenciée.

Compte-tenu de la richesse de votre parcours, on imagine aisément que plusieurs projets trottent actuellement dans votre tête pour des échéances rapides ou plus lointaines. Nous donnerez-vous l’exclusivité de vos perspectives ?

En effet, j’aimerais mettre en place plusieurs projets avec mes classes à plus ou moins long terme.

D’abord, j’envisage d’aller à Verdun avec ma classe de 3e prépa pro, au printemps. La première guerre mondiale étant au programme d’histoire de 3e, il me semble intéressant que les élèves puissent découvrir et visiter un lieu de mémoire emblématique de ce conflit.

J’envisage aussi de faire intervenir des associations engagées dans la lutte contre le gaspillage alimentaire dans le cadre de mes cours d’Enseignement Moral et Civique et de Géographie, les questions du développement durable et de l’alimentation étant au coeur des programmes de seconde professionnelle.

Émeline Braud, Stagiaire PLP dans l’académie Nancy-Metz

Le parcours de Marion AESH

Après un Bac Littéraire, vous préparez un BTS NRC (Négociation Relations Clients). Sur quoi reposait à l’époque votre motivation pour envisager une carrière commerciale ?

J’ai toujours aimé le contact avec les gens, rencontrer les clients, échanger.
J’ai effectué plusieurs stages en Haute Saône où j’ai découvert divers milieux professionnels notamment dans le domaine de l’équipement sportif et les collectivités. J’aimais aussi le fait qu’en devenant commercial on avait une mobilité en venant à la rencontre du client. La diversité du travail me semblait aussi intéressante, et il n’y avait pas une répétition quotidienne dans les tâches à accomplir.

Assistante d’éducation dans un collège classé en éducation prioritaire, votre CPE vous a confié des responsabilités particulières dont le suivi quotidien des absences des élèves. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience, notamment dans vos relations avec les élèves, les familles et les enseignants ?

J’ai gardé un souvenir extraordinaire de mon expérience d’AED au collège. J’ai établi au fil des années des liens de confiance avec les élèves. Ils savaient qu’ils pouvaient toujours compter sur moi en cas de besoin. Je pouvais aussi être autoritaire quand cela était nécessaire mais tout en restant juste à leur égard. Le respect allait dans les deux sens ce qui au final apportait un climat beaucoup plus calme lors de mes surveillances en salle de permanence (surtout en cas d’effectif lourd comme 30 à 40 élèves).
J’ai aimé aussi travailler avec les enseignants, nous pouvions échanger ensemble, j’estime qu’il est important au sein d’un établissement de communiquer avec eux. J’ai toujours considéré que l’équipe pédagogique et éducative formait un tout.
Au fil des années les parents me connaissaient et savaient comment je travaillais. J’étais aussi un repère pour eux et ils m’identifiait comme une personne-ressource. Tout comme avec leurs enfants, j’ai noué des liens de confiance avec eux.

AVS-Co dans une classe Ulis, vous avez joué un rôle d’accompagnement en direction des élèves les plus fragiles de notre système éducatif. En quoi consistait concrètement votre rôle ? Quelles qualités personnelles avez-vous développées tout au long de cet engagement ?

En tant qu’AVS-Co en classe Ulis mes missions étaient diverses. J’intervenais pour de l’aide aux devoirs avec les élèves, nous préparions des dictées données par l’enseignante.
Les élèves en classe ULIS sont tous inscrits dans leur classe de référence et, quand cela leur est possible, ils suivent certains cours avec leurs camarades : par exemple en histoire géographie, en mathématiques… À la demande de l’enseignante, je me rendais de temps en temps aux cours avec l’élève.
Les élèves de 3ème Ulis préparent comme pour les élèves de Segpa le CFG. Je les aidais à préparer leur dossier du rapport de stage, à s’entraîner pour l’oral et l’écrit. Le jour de l’examen, je les accompagnais, c’était pour eux une façon de les rassurer, de leur donner le dernier petit conseil.
J’ai développé durant ces deux années, beaucoup plus de patience car j’ai eu différents profils dont certains pouvaient être difficiles à gérer par moments. On devient beaucoup plus tolérant et j’ai appris aussi à prendre du recul.

Quelques années plus tard, vous décidez de vous investir en direction d’un autre public scolaire et dans une gestion individuelle des élèves. De quels publics s’agit-il et pour quelles missions ? Quels points communs et quelles différences entre chacun d’eux ?

Je suis AESH depuis un peu plus de deux ans, j’ai encadré de façon individuelle un élève de collège mais surtout des lycéens.
J’ai accompagné un élève de seconde autiste Asperger. Depuis l’année dernière, j’encadre deux jeunes filles : l’une en 1ère STMG atteinte d’une maladie génétique et l’autre en terminale ES qui est hémiplégique.
Le point commun que je retiens est d’abord que la présence de l’AESH les rassure beaucoup. Par contre les personnalités sont très différentes, les besoins aussi. Je suis « la secrétaire » de mon élève de terminale ES, je note ses cours, elle me dicte les réponses à écrire pour les DS ou les bacs blancs. Avec l’élève autiste Asperger, j’étais là pour l’aider à noter ses cours mais aussi pour le motiver à se concentrer en classe car il avait tendance à rêvasser, à décrocher. C’est pour cela que nous avions plusieurs heures d’aide aux devoir pour reprendre les cours qui lui manquaient et faisions les devoirs ensemble de façon à ce qu’il rentrer chez lui avec le travail déjà fait.

Votre investissement dans le suivi des élèves vous a amené à participer à plusieurs conseils de classe. Comment avez-vous vécu ces réunions ? Votre vision des élèves se trouvait-elle identique ou complémentaire à celles des enseignants ?

J’ai assisté au collège aux conseils de classe quand j’étais AVS-Co Ulis. Je notais les avis des enseignants dans les matières auxquelles les élèves assistaient.
Nous échangions beaucoup, les professeurs me donnaient aussi le ressenti des élèves, comment ils appréhendaient leur intégration dans la classe, si le niveau n’était pas trop difficile.
Je pense que l’échange avec les enseignants est très important, on peut recevoir ou donner des informations utiles concernant les élèves.

Sur un plan personnel et familial, vous êtes maman de 2 filles. Diriez-vous que votre rôle de mère a donné une autre dimension à votre fonction d’accompagnante d’élèves en difficultés ?

Oui, absolument, on n’a plus du tout le même regard vis-à-vis de la profession et de l’encadrement des élèves. J’ai développé une compassion beaucoup plus forte, je me mets davantage à la place des parents des élèves. Constamment, je me remets en question sur ma façon d’accompagner les élèves, de répondre à leurs attentes, à celles de leurs parents…
C’est aussi une vraie responsabilité, se dire que les parents nous confient leurs enfants afin qu’ils puissent suivre une scolarité la plus « normale » qui soit. Je me dis que j’ai accompli ma mission quand j’entends des parents me dire que leur enfant est plus en confiance en classe, que ma présence a été bénéfique dans leurs apprentissages.

Comment voyez-vous la suite de votre carrière ? Quel métier aimeriez-vous exercer dans 10 ans ?

Dans un premier temps, j’espère pouvoir obtenir un contrat AESH en CDI afin d’avoir une situation professionnelle plus stable.
J’ai toujours été baigné dans le monde de l’enseignement d’une part grâce à ma famille et à celle de mon mari où nous comptons beaucoup de personnes dans l’enseignement. J’aimerais peut-être essayer de repartir dans des études pour à mon tour enseigner. Mais pour cela j’attends que mes filles grandissent un peu pour avoir le temps de préparer ce projet ambitieux.

Marion Ben Ismael, AESH dans le 70